Tv Bourse : Interview Julien-Pierre Nouen Economiste - Stratégiste Lazard Frères Gestion.
Stratégie d'investissement et perspectives

19 mai 2014 21 h 24 min
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L’environnement semble toujours favorable aux actifs risqués pour les investisseurs.

Revue de détails des actifs, des zones de croissance et des questions qui se posent aujourd’hui sur les marchés actions, et sur les autres classes d’actifs.

Mon invité est Julien-Pierre Nouen Economiste – Stratégiste Lazard Frères Gestion.

Web TV www.labourseetlavie.com : Julien-Pierre Nouen, bonjour. Vous êtes économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion. On va parler avec vous de marchés et de perspectives économiques. Comment vous abordez justement cette période avec, si on peut commencer par les États-Unis, notamment il y a ceux qui disent que on va avoir une forte reprise aux États-Unis, alors quand on regarde les indices boursiers, on a effectivement aussi des indices qui ne sont pas loin des plus hauts qui franchissent record sur record, quel regard vous portez aujourd’hui sur les États-Unis ?

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : Un regard plutôt positif. On a eu un premier trimestre marqué par un mauvais temps qui a pesé sur l’activité avec une activité quasi stable sur le premier trimestre. Mais par contre, on voit depuis le mois de février-mars, selon les indicateurs, un rebond qui se confirme au niveau des chiffres de l’emploi. Donc pour nous on est vraiment de l’ordre de l’accident en ce qui concerne le premier trimestre et l’économie américaine repart assez fortement et donc devrait continuer d’afficher de bonnes performances économiques qui vont soutenir les marchés boursiers.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on a quand même des questions en se disant « est-ce que ce sera… ? » ce ne sera pas forcément le type de croissance que l’on a eue ou que l’on a connue au cours des dernières années, on n’est plus sur le même type de croissance américaine tout de même ?

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : On reste assez confiant parce que ce qui a pesé sur la croissance américaine des dernières années, c’est aussi notamment les efforts de réduction du déficit qui ont été assez importants, pas forcément voulus par le gouvernement et parfois imposés par le Congrès, mais ils ont en tout cas pesé sur l’activité, et en 2014 ils pèsent beaucoup moins et ils devraient encore peser moins l’année prochaine. Donc on pense que une fois que l’on corrige ce facteur, l’activité devrait réaccélérer vers un rythme de 3 % et donc soutenir la croissance et l’évolution du marché de l’emploi avec des créations d’emplois toujours importantes.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Le scénario que vous privilégiez aujourd’hui sur les taux, là aussi, on pourrait dire qu’il y a un peu deux façons de voir les choses, il y a ceux qui disent « certes il y a cette normalisation de la politique monétaire de la réserve fédérale américaine, mais en même temps les taux vont rester bas encore longtemps et il ne va pas y avoir une remontée des taux l’année prochaine par exemple » ?

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : Alors, nous ne voyons pas une remontée des taux brutale dans l’immédiat. Ce que nous voyons en revanche, c’est que le marché de l’emploi américain commence, continue de se tendre, que le taux de participation ne remonte pas, donc cela plaide plutôt pour une baisse un peu structurelle liée à la démographie, et donc le taux de chômage devrait continuer à baisser au même rythme, ce qui va entraîner une accélération des salaires et donc de l’inflation, et sans doute plus tôt que ce qui est anticipé à l’heure actuelle. Donc cela devrait amener la réserve fédérale à normaliser sa politique monétaire plus tôt, ce qui va amener les taux à remonter, mais par contre on pense que la trajectoire va rester très… de remontée des taux par la réserve fédérale va rester prudente, ce qui devrait éviter tout accident.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Mais le sujet, ce sera donc plutôt l’inflation plus rapide que prévu qui va pouvoir effectivement… ?

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : Tout à fait, et qui sera aussi une très bonne nouvelle pour la zone euro puisque, si la réserve fédérale remonte ses taux avant la BCE, le différentiel de taux va sans doute amener l’eurodollar à baisser et donc être plutôt favorable à la conjoncture européenne.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Aujourd’hui, quand on regarde justement l’Europe, on voit du côté des marchés financiers, en tout cas de la bourse, être plutôt pas mal sur les indices, là aussi on trouve cette similitude avec les marchés américains, par contre sur l’économie, on a vu des chiffres sur la croissance au premier trimestre nuls en France, cela va bien en Allemagne, mais l’ensemble de l’Europe reste encore en difficulté.

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : L’Europe est toujours en convalescence. On a effectivement des pays qui sous-performent, notamment la France, et des pays qui surperforment, au premier rang l’Allemagne, mais aussi l’Espagne où les indicateurs sont plutôt bien orientés. Lorsque l’on regarde les indicateurs agrégés comme les indices PMI, ils plaident pour une poursuite de l’accélération. D’autres indicateurs que nous regardons comme l’enquête sur les politiques de crédit des banques de la BCE, montrent là aussi une amélioration, donc nous restons assez confiants sur la poursuite de la reprise dans la zone euro.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc il y a une justification là aussi sur les marchés, qu’est-ce que l’on peut dire si on fait une parenthèse sur la valorisation parce que l’on parlait de records aux États-Unis, en Europe on n’est pas loin effectivement de niveaux intéressants aussi de ce point de vue-là, niveaux assez élevés, valorisation, on n’est pas… on n’est pas trop valorisé sur ces marchés actions ?

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : Non parce que nous restons en fait sur les résultats de bas de cycle, donc qui sont relativement déprimés. Si on regarde le marché européen, le PE Forward est de l’ordre de 14, ce qui est en ligne avec ce que l’on avait pu connaître au début des… entre 2003 et 2006, mais ce ratio de capitalisation des actions s’applique à des résultats qui sont relativement déprimés. Nous pensons que la poursuite de la reprise dans la zone euro, dans un contexte aussi de liquidités abondantes, devrait aider les résultats des entreprises à afficher des progressions importantes, entre 15 et 20 % sur 2014, qui vont tirer les marchés.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : L’Europe justement avec la banque centrale européenne, vous disiez… qui elle effectivement n’est pas dans le même processus que la réserve fédérale américaine, est-ce que l’on attend encore beaucoup de la banque centrale européenne de ce point de vue-là ?

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : Au vu des dernières déclarations, on va avoir très certainement à la réunion de juin une nouvelle baisse des taux, et donc un taux de dépôt négatif, ainsi que dans des modalités qui restent sans doute encore à définir, un dispositif de soutien des prêts aux petites entreprises, donc soit par une opération dite de LTRO conditionnée aux prêts aux petites entreprises ou des achats d’ABS, mais pour nous le premier scénario reste le plus probable.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot effectivement pour terminer aussi sur les pays émergents, est-ce que de votre point de vue la crise que l’on a connue est derrière les investisseurs ou il peut y avoir à nouveau des crises justement compte tenu aussi de la politique monétaire que l’on a évoquée, monétaire de la réserve fédérale ?

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : La conjoncture reste moyenne dans les pays émergents. On a eu une réponse de politique monétaire qui a plutôt rassuré avec des banques centrales qui ont remonté les taux pour aider leurs devises à se stabiliser, ce qui a fonctionné. Les flux ont été assez importants à la vente, ce qui plaide pour une stabilisation de la situation. Je pense que la question de la remontée des taux américaine est inévitable et donc anticipée d’une certaine manière par les investisseurs.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, l’allocation d’actifs, comment elle évolue chez vous sachant, comme on a vu, que finalement au premier trimestre, il y avait des choses à faire sur les marchés obligataires, ce qui n’est pas forcément le pari de beaucoup d’investisseurs ?

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : C’est vrai que nous pensions que les taux européens allaient plutôt… en tout cas les taux allemands allaient plutôt poursuivre leur remontée. Maintenant on était aussi très favorable à des actifs risqués qui, comme la dette des pays périphériques ou les obligations à haut rendement qui ont permis de bien profiter aussi de cette baisse des taux, à partir des niveaux actuels on ne pense pas qu’il y a quoi que ce soit à attendre en performances supplémentaires. Notre pari reste celui essentiellement d’un investissement sur les actions et notamment sur les actions de la zone euro qui, pour nous, offrent donc des valorisations qui se sont normalisées mais un potentiel de croissance des résultats encore assez important.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Julien-Pierre Nouen d’avoir été avec nous.

 

Julien-Pierre Nouen, économiste chez Lazard Frères : C’est moi qui vous remercie.

 

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