Tv Bourse : Interview Rémi Lelu de Brach Gérant Quilvest Gestion.
Marchés obligataires : stratégie et perspectives
Focus sur la classe d’actifs obligataires à privilégier en ce moment.
Rémi Lelu de Brach gérant chez Quilvest Gestion revient pour nous sur ces marchés qui ont finalement bien performé depuis le déut de l’année, l’environnement de taux bas est toujours là.
Quelles perspectives sur ce marché, le crédit et le High Yield ?
Web TV www.labourseetlavie.com : Rémi Lelu de Brach, bonjour. Vous êtes gérant chez Quilvest Gestion, spécialiste des taux. On va parler de ce secteur effectivement avec intérêt puisque finalement quand on regarde les performances des marchés au cours des derniers mois, finalement le marché obligataire s’est bien comporté, beaucoup d’investisseurs se sont laissés prendre d’ailleurs en disant « le marché obligataire il fallait le mettre de côté par rapport aux actions », qu’est-ce qui explique selon vous justement cette bonne tenue du marché obligataire, ce rallye de début d’année ?
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : C’est vrai que le marché obligataire, c’est un petit peu la classe d’actifs qui actuellement inquiète un peu tout le monde puisque les niveaux des taux sont historiquement bas et c’est vrai que l’on n’a jamais connu ce niveau de taux et que l’on se pose la question de savoir quand est-ce qu’ils vont remonter. Cela fait presque 20 ans que les taux baissent presque de manière continue, la question c’est quand est-ce qu’ils vont remonter. On ne sait toujours pas et c’est vrai que là actuellement, ce qui porte les marchés obligataires, c’est l’attitude de la Banque Centrale européenne et aussi indirectement l’attitude de la banque centrale américaine.
Web TV www.labourseetlavie.com : La banque centrale américaine, on peut dire qu’elle nous a donné un horizon 2015, mais il y a différentes interprétations. Il y a ceux qui pensent que les taux vont remonter et ceux qui disent qu’aujourd’hui finalement on va rester sur cet environnement de taux bas encore longtemps.
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : La banque centrale américaine, elle a déjà commencé en fait à prévenir qu’elle allait remonter ses taux. On ne sait pas exactement quand, en tout cas elle a commencé à baisser la quantité de quantitative easing qu’elle fait, les achats d’actifs diminuent, et on sait qu’elle est plutôt dans une phase où elle va être de moins en moins accommodante. En fait, ce qui se passe, c’est que les marchés pensaient qu’à un moment, quand ils ont commencé le quantitative easing, ils pensaient que cela durerait très longtemps, et puis à un moment cela a décidé de s’arrêter et les marchés se sont mis à peut-être sur-anticiper en fait cette position-là, et maintenant en fait, ce qui se passe aux États-Unis, c’est que la croissance repart peut-être pas aussi brutalement que ce qui était anticipé. On est sur une reprise aux États-Unis en fait qui n’est pas classique, notamment en fait le taux de chômage est maintenant très bas, 6,3 %, on considère que le taux de plein emploi est autour de 5,5 %, et donc le taux de chômage aussi bas, normalement on devrait avoir une reprise très, très solide, ce qui n’est pas complètement dans les chiffres pour l’instant. La reprise se fait un peu poussive, même si les chiffres sont très bons, et cela laisse… notamment il n’y a aucune inflation aux États-Unis, et pour l’instant les salaires ne remontent pas.
Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que cela ne peut pas être un sujet justement, sujet inflation, de dire que finalement elle va peut-être… cela va peut-être être un sujet pour la Réserve Fédérale américaine dans les prochains mois ?
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : En fait il faudra suivre le niveau des salaires. Si les salaires se mettent à remonter, effectivement la banque centrale américaine serait amenée à devenir peut-être un peu moins, encore moins accommodante. En tout cas pour l’instant, la banque centrale américaine a un boulevard parce qu’il n’y a pas d’inflation, la reprise se fait mais lentement, et donc du coup en fait elle a toute l’opportunité de ne pas agir, ce qui fait que ce qui n’était pas anticipé par le marché qu’elle est un peu plus accommodant que ce que l’on aurait cru à peu près actuellement.
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté de la Banque Centrale européenne, là on est dans un autre schéma, et si on regarde ce que pensent les investisseurs, effectivement on voit au mois de juin sans doute une nouvelle baisse de taux, d’ailleurs la Banque Centrale prépare peut-être le marché un peu à cela, on n’est pas du tout dans le même environnement là sur la partie économique effectivement ?
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : Alors, l’environnement est complètement différent en Europe notamment parce que, si aux États-Unis l’inflation est très faible, elle a tendance à remonter un peu alors qu’en Europe elle continue de diminuer. La tendance elle est vraiment à la baisse de l’inflation et a une reprise qui est encore plus poussive et qui commence à peine à montrer le signe, et du coup en fait, en Europe, la Banque Centrale européenne est plutôt dans une phase où elle devrait être de plus en plus accommodante. Jusqu’à très récemment, elle communiquait beaucoup, mais on sentait bien que les dissensions au sein de la banque centrale, notamment dues aux Allemands, faisait qu’elle ne pouvait pas agir. Elle avait tendance à beaucoup communiquer pour compenser ce manque d’action.
Web TV www.labourseetlavie.com : Et là, de votre point de vue, cela va être effectivement dans les prochains mois, prochaines semaines, un nouvel environnement avec une action de la Banque Centrale européenne ?
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : Alors, de notre point de vue, actuellement ce qui se passe, c’est que la Banque Centrale européenne a commencé à vraiment très fortement s’engager et aussi parce que le marché commençait à se dire « quand est-ce qu’elle va agir ? » et là, Mario Draghi a vraiment… a tapé assez fort lors de la précédente réunion, il a notamment donné une date, c’est cela qui est très important, il a donné « dès juin, je pourrais agir, je suis confortable avec « agir dès juin » et après un certain nombre de banquiers centraux sont montés au créneau pour dire « il est très probable que l’on agisse. » Et moi il me semble que la banque centrale risque de perdre en crédibilité si elle n’agit pas dès le mois prochain.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on parlait de ce rallye obligataire de début d’année, pour les investisseurs effectivement, est-ce que cela veut dire qu’en 2014, on va dire malgré peut-être le fait que les actions soient favorisées par les plus grands de gestion, sur la partie obligataire il y a des stratégies à mettre en place ?
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : Sur la partie obligataire, en fait, ce qui se passe, c’est que beaucoup de gens anticipaient que les taux allaient remonter, ce qui semble se dessiner en Europe finalement, c’est que les taux ne sont pas prêts de remonter, en tout cas dans les six prochains mois, voire dans l’année suivante, notamment parce que l’on pense que la banque centrale va être plus accommodante, ce qui n’est pas du tout le cas des États-Unis. Ça, c’est quand même un environnement où les taux vont rester très bas, l’inflation va rester très basse, un environnement qui est porteur pour la classe d’actifs obligataires, particulièrement sur la classe Crédit, qui est les prêts aux entreprises, et notamment parce que les entreprises vont quand même assez bien et les entreprises vont bien et ont énormément de cash au bilan. Donc elles ont les moyens de rembourser leurs dettes et on ne voit aucun stress sur la classe d’actifs Crédit pour l’instant, même si c’est très cher dans les prochains mois.
Web TV www.labourseetlavie.com : Cela veut dire que de votre point de vue, notamment sur cette catégorie que l’on appelle High Yield, le haut rendement, compte tenu de cet environnement économique, cette situation des entreprises, il y aura des opportunités, il y a encore du rendement sur les prochains mois ?
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : Le rendement est de plus en plus faible, mais en fait par défaut, on a aussi de plus en plus de personnes qui sont obligées d’investir et qui sont à la recherche de rendements. Et en l’absence de défaut, d’augmentation du défaut d’entreprise et en l’absence de mauvaises nouvelles économiques, ce que l’on anticipe pas non plus, c’est une classe d’actifs qui va être effectivement intéressante dans les prochains mois et notamment parce que quand même le rendement est beaucoup plus élevé que sur l’ensemble des autres classes d’actifs, à part sur le marché Actions.
Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que de votre point de vue, peut-être pour terminer, d’autres issues sur la partie obligataire pour les investisseurs, d’autres possibilités d’investissement ?
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : Nous on conseille aussi les obligations convertibles, en partie parce que… ce qui se passe, c’est que actuellement les marchés sont très confiants et donc on a aussi une volatilité qui est très faible, et cela permet aussi d’avoir un mixte entre actions et obligations, et elles ne sont pas extrêmement chères actuellement en termes de valorisation. Sinon, sur l’obligation, on commence à se méfier par contre des marchés, des dettes d’emprunts périphériques, parce que c’est vrai que maintenant on commence à atteindre des niveaux qui sont en fait tout à fait en ligne avec les niveaux que l’on peut observer sur le Corporate, donc est-ce que cela vaut le coup pour les clients de continuer à acheter du risque sur le périphérique alors que finalement ils peuvent avoir des choses équivalentes sur le marché Corporate solide ? C’est la question que l’on se pose.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous, Rémi Lelu de Brach.
Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion : Merci.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 21 mai 2014.
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