Nathalie Renson Directeur Gestion Primonial AM : "La zone Europe est désormais sous-pondérée".
Stratégie d'investissement et perspectives dans des marchés plus agités

20 octobre 2014 14 h 14 min
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Stratégie d’investissement et perspectives dans des marchés plus agités.

Mon invitée Nathalie Renson Directeur Gestion Primonial AM estime désormais qu’il faut revoir le scénario central notamment pour l’Europe : « La zone Europe est désormais sous-pondérée » dit-elle, la confiance reste sur les Etats-Unis même si la question de la stratégie de la Fed pèse sur la visibilité.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Nathalie Renson, bonjour. Vous êtes directrice de la gestion chez Primonial Asset Management. On va parler avec vous des marchés et des perspectives sur ces marchés. Est-ce que vous diriez qu’en cet automne il faut revoir un petit peu le scénario principal que l’on avait jusqu’à aujourd’hui sur les marchés Actions notamment ?

Nathalie Renson, directrice de la gestion chez Primonial AM : Sur l’Europe effectivement, on a revu nous, en particulier, notre scénario central qui est beaucoup moins favorable puisque cela nous a conduit à sous pondérer la zone européenne, notamment les actions, mais aussi au niveau du crédit high yield sur cette zone. Pourquoi ? Parce que, on le voit bien, maintenant effectivement, les perspectives macro-économiques sont beaucoup plus sombres que ce que l’on avait pensé au départ, notamment en raison de l’Allemagne qui a subi de plein fouet les contrariétés, on va dire, de la Russie, avec un impact beaucoup plus important, on l’a vu. Donc on avait des instituts de sondage qui commençaient à donner un peu l’ambiance en disant « il va falloir revoir à la baisse les prévisions de l’économie allemande », ce qui a été fait effectivement concrètement hier par le gouvernement. Donc on sent bien que si la machine allemande ralentit, cela a un gros impact bien évidemment sur l’ensemble de la zone. Cela dit, on peut s’attendre effectivement en disant « puisque on est à un point très bas, pourquoi n’aurait-on pas à nouveau un bienfait de la Banque centrale européenne ? » On a vu malheureusement, à travers du TLTRO, au mois de septembre, et au travers de la dernière intervention de Mario Draghi, que finalement on a moins de soutien de ce côté-là. Pourquoi ? Pour le TLTRO, les banques prêtent beaucoup moins aux entreprises et aux particuliers. Pourquoi prêtent-elles moins ? Tout simplement parce que l’on est dans une période de récession économique et donc on a moins de demandes de crédits. Donc ça c’est un point très négatif et on a aussi peut-être une crise de conscience et de confiance sur la zone européenne.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors les États-Unis, on pourrait dire, ne sont pas forcément mieux lotis. Jusqu’à présent, il y avait un scénario assez facile ou assez clair qui prévoyait ce qu’allait faire la Fed en 2015 et il y avait surtout une confiance assez forte sur l’économie américaine, est-ce que c’est toujours le cas ?

Nathalie Renson, directrice de la gestion chez Primonial AM : Nous avons toujours une confiance forte sur l’économie américaine et effectivement nous partageons l’impression que le discours de la Fed est particulièrement désordonné. On a effectivement Janet Yellen qui s’exprime d’un côté mais on a d’autres présidents, on va dire, régionaux au sens des états de la Fed qui ont des discours parfois en désaccord avec le discours central de la Fed, d’où un phénomène de perturbation et de manque de lisibilité et de visibilité sur la politique globale des taux d’intérêt US. Donc après, est-ce que ce serait remonté à partir de mi-juin, en fin de juin 2015, mi 2015, ou plus tard ? Là finalement le marché ne sait plus où il va. Si on regarde du côté des fondamentaux des entreprises, on a effectivement des publications qui, pour l’instant, sont tout à fait correctes et qui d’ailleurs sont, quand on a un sursaut bien salué par les marchés, on a des marges qui sont très élevées, on le sait, mais on n’a toujours pas d’augmentation de salaire. Donc on peut penser que l’on est un top de marge sur les entreprises américaines et que si, effectivement, les salaires remontent, à ce moment-là, on pourrait avoir une compression des marges. Mais si les salaires remontent, ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle puisque cela déclencherait de l’inflation. Donc on est dans une spirale qui est quand même beaucoup plus positive et beaucoup plus robuste aux États-Unis que l’on est en Europe. D’où notre faveur pour des actions américaines, y compris pour les small-cap puisque l’on pense aussi que les valeurs domestiques américaines peuvent bénéficier de cette robustesse de l’économie américaine dans sa globalité, et aussi sur le crédit high yield qui a encore beaucoup de force de rappel et beaucoup de demandes, voilà.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que ce qui a pesé le plus selon vous, ce sont ces nouvelles incertitudes sur les perspectives économiques, finalement ce scénario de reprise de l’économie mondiale moins évident que cela aujourd’hui ?

Nathalie Renson, directrice de la gestion chez Primonial AM : On le voit bien, il y a aussi un problème de discours. Quand, l’année passée, en 2013, Bernanke avait dit « on va commencer à ralentir les interventions de la Banque centrale », cela a plongé toutes les classes d’actifs dans un, sinon un krach, mais une forte baisse. Et donc cette année, on a quelque chose qui est peut-être un petit peu plus organisé, mais pas forcément beaucoup plus, et donc on a sur les marchés Actions en tout cas un phénomène de risque off parce que l’on manque de visibilité. Là où l’on est plus prudent, c’est sur les émergents. Nous, nous sommes bien implantés sur les émergents, pas dans leur globalité parce que il y a des pays dont on ne veut pas, mais en revanche, sur les marchés sur lesquels nous sommes, cela a particulièrement bien résisté. Si toutefois on devait avoir de nouveau ce sentiment d’insécurité pour les investisseurs et de manque de clarté, il pourrait effectivement y avoir un repli aussi sur des pays émergents, et cela, on ne le souhaite pas parce que cela veut dire que l’on repartirait dans un triple deep et finalement c’est là la question, c’est est-ce que l’on price, est-ce que l’on valorise un triple deep ou pas ? Ça c’est pour l’instant, c’est un peu trop tôt pour le dire.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part il y a plus d’incertitude aujourd’hui et c’est pour cela que les marchés n’aiment pas, les investisseurs n’aiment pas cela, et puis on pourrait dire, si on regarde du côté des matières premières, là on avait clairement les cours du pétrole chuter en quelques mois, et en général ils sont annonciateurs de ce qui se passe sur l’économie, il y a plutôt de l’anticipation côté matières première ?

Nathalie Renson, directrice de la gestion chez Primonial AM : Oui, alors il y a plusieurs phénomènes aussi pour le cours du pétrole, je ne suis pas spécialiste Pétrole, mais il y a aussi des phénomènes géopolitiques et il y a aussi des tiraillements entre OPEP et non OPEP. Donc je ne vais pas rentrer dans le débat de la production des États-Unis, etc., mais bon, on sent qu’il y a aussi un tiraillement sur ce sujet-là. Là on a vu que les événements géopolitiques n’avaient pas eu finalement d’impact sur le prix du pétrole, et là on est passé de, on va dire, 100 $ à 84 ce matin, ce qui est quand même limite effondrement, enfin vraiment une énorme surprise, et effectivement, là aussi, on intègre un ralentissement de la croissance mondiale. Donc, jusqu’à quel point ? Là pour le moment je ne peux pas répondre.

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement, on était jusqu’ici assez en faveur d’actifs risqués, notamment les actions, il y avait aussi cette quête du rendement puisque on a encore vu récemment le taux allemand atteindre encore un plus bas, le plus bas du plus bas, là c’est encore… l’année 2014, de ce côté-là, sera extraordinaire sur la partie taux, et du coup cette question de rendement, elle reste pour les investisseurs un vrai enjeu d’aller chercher du rendement ? Est-ce que l’on peut encore en trouver quelque part, en dehors des actions ?

Nathalie Renson, directrice de la gestion chez Primonial AM : C’est effectivement une bonne question. Donc les actions européennes, on a bien vu… nous, en fait, ce que l’on anticipe sur la fin de l’année, c’est une volatilité importante sur ce marché-là et donc ce n’est pas forcément là où on a envie d’avoir le plus de tranquillité. Donc nous on continue à bien aimer les actions américaines et pour l’instant on tient la pose en estimant que on a du bruit que sur ce marché-là, mais fondamentalement il n’y a pas de remise en question à notre sens, hormis cet aspect discours peu clair de la Fed. Donc on maintient notre position sur les actions américaines et sur le high yield américain qui est aussi quand même une classe, moins risquée certes que les actions, mais qui est quand même porteur de risques, en tout cas plus que les obligations gouvernementales. Donc les obligations gouvernementales, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, effectivement là on a un repli toujours, ce n’est pas maintenant que nous, nous allons-nous porter dessus, ça c’est évident, maintenant c’est beaucoup trop tard, soyons clairs. En revanche, classe d’actifs dette qui nous semble toujours intéressante, c’est la dette émergente. Mais bon, là aussi, il faut intégrer tout ce qui est question de devises parce que là on a des devises locales qui peuvent être parfois mouvementées aussi et donc il ne faut pas se tromper, là non plus, dans ses investissements. Mais, pour le moment, la dette émergente résiste très, très bien également de la même façon que certains marchés frontières sur les actions émergentes. Les small-cap asiatiques résistent aussi et donc on a une préférence aussi sur l’Asie plutôt que l’Amérique latine. Nous ne sommes pas présents sur le Brésil, nous ne sommes pas présents non plus sur la Russie et sur la Chine. En revanche, nous sommes présents sur l’Inde, c’est le seul des quatre BRICS, nous n’avons que le I finalement, et aussi l’Indonésie, des choses comme cela. Donc parce que l’on a une histoire particulière à raconter et donc on a vraiment envie de discriminer nos investissements pour faire face à une volatilité qui est importante et dans un sell-off généralisé, comme on peut l’observer en ce moment sur les marchés, il faut aussi savoir tirer partie et faire du picking en stock-picking, bond-picking, fund-picking, pour aller chercher la performance là où il y en a encore.

Web TV www.labourseetlavie.com : On suivra cela. Merci Nathalie Renson d’avoir été avec nous.

Nathalie Renson, directrice de la gestion chez Primonial AM : Merci à vous.

 

Cet interview a été tournée au Club Confair, 54 rue Laffite, 75009 Paris :

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