Bruno Fine Président Roche-Brune AM : "Ne pas être présent sur du risque, c'est perdre l'opportunité de voir son capital être rémunéré".
Bourse : Stratégie et perspectives pour l'allocation d'actifs :
Retour sur l’actualité des marchés financiers, perturbés par la politique monétaire de la FED, pas aussi lisible qu’il n’y parait.
Les investisseurs, ont dû admettre que l’économie mondiale était moins robuste qu’anticipée.
Beaucoup d’arbitrages sur le marché également.
Web TV www.labourseetlavie.com : Bruno Fine, bonjour.
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Bonjour Didier.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes président de Roche-Brune Asset Management. On va parler avec vous de marché et de perspectives, des marchés qui en cette fin d’année sont plus compliqués sans doute. Comment vous voyez les choses, vous, en ce mois d’octobre ? Est-ce qu’il faut être un peu plus agile ? Qu’est-ce qu’il faut faire ?
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Alors, si on se positionne sur le mois d’octobre, on peut peut-être parler de comment était le marché au mois d’octobre 2014. Et là, il s’est passé en un an beaucoup de choses. En un an, en octobre 2014, on était revenu à des niveaux désagréables pour le marché actions européennes et puis on a vu que la fin d’année était très bonne et un très très bon premier trimestre 2015. Et trop vite, trop fort, fondé sur deux éléments : l’élément de perspective de révision à la hausse des résultats des entreprises européennes et des effets d’aubaine, le baril et la parité euro / dollar en faveur de l’euro et des exportateurs. Et puis, l’été est arrivé, la Chine, et en fait, tout se passe comme si aujourd’hui, les investisseurs d’une façon générale, sachant que ce ne sont pas eux qui font que le marché, il y a beaucoup d’arbitrages, beaucoup d’ETFs, beaucoup d’opérations courtes. Mais dans l’horizon long, on peut considérer que tout se passe comme si le niveau des valorisations était revenu à la baisse – ça, c’est un problème de multiples – et que l’autre considération, c’est un différé dans la croissance des résultats, donc une possible anticipation d’une moindre croissance qu’anticipée sur les résultats.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc, on arrive peut-être à cette idée que la reprise économique qu’on voyait un peu partout, c’est cette croissance des résultats qui justifiait ces évolutions de marché. Il faut peut-être revoir un petit peu les choses.
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Alors, ça sera plus long, plus dur, mais la remontée sera plus forte. Et je pense que la croissance va être plus longue à se mettre en place, mais Mario Draghi l’a dit « Le quantitative easing, la facilité, se maintiendra ». Ce qui compte, ce n’est pas ce que fait M. Draghi, ce qui compte c’est ce que les investisseurs et les émetteurs décident de faire en termes d’investissement. Tout se passe également comme si la perspective de reprise de la croissance que nous, nous avions proposée pour 2016, soit différée à mi 2016 – 2017. Parce qu’il y a un retard dans les investissements et que ce sont les investissements qui font la croissance, qui font les résultats de demain, qui font la confiance. Donc, il y a un peu de prudence à avoir d’ici la fin d’année.
Web TV www.labourseetlavie.com : En même temps, vous parliez de ces mouvements techniques puissants. On voit parfois sur des titres ou certaines valeurs effectivement, une valeur qui peut perdre 50 %, les rattraper peu de temps après. Donc, on voit bien ces mouvements techniques de robot même qui viennent perturber le marché, mais sur un temps très court.
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Je suis content que vous évoquiez ça parce qu’effectivement, il y a presque un tarif robotique au profit warning. Un loupé dans un résultat, le tarif, c’est – 15. C’est presque un tarif indiqué et conseillé. Et puis en sens inverse, une recommandation Broker qui corrige, c’est + 15, + 30. Alors, on a vu deux choses se passer qui ont été un peu perturbantes, ce sont des annulations dans des opérations de fusion acquisition. Ça a beaucoup perturbé. Et puis, c’est vrai qu’on a eu des sociétés américaines, on a vu le cas de dialogue semi-conducteur qui a baissé, non pas par une mauvaise nouvelle, mais parce qu’il est allé faire ses courses un peu trop cher et que la prime était trop payée et que la dilution était là. On a vu des dossiers, aujourd’hui un dossier comme Virbac. C’est tout à fait intéressant, très grande transparence dans le communiqué sur le chiffre d’affaires qui fait que la société rebondit de 10 %. Donc, on intègre aujourd’hui normalement une volatilité extrême avec des + 15 et des – 15 tout à fait régulièrement.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on dit aussi, si on dit que le scénario change avec moins de croissance, les fameuses valeurs de croissance souvent jouées par les investisseurs, parce que la croissance était, la reprise était là et les valeurs cycliques, ça pose question.
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Alors, bien sûr, les trois mamelles de la croissance, vous les connaissez : l’investissement, la consommation et l’exportation. C’est pour ça que dans un portefeuille, en fait, tout est toujours cyclique. Mais vous pouvez vous répartir sur le mode de croissance. Celui-là, je pense qu’il n’est pas remis en cause, mais il est un peu différé. C’est son niveau de multiple qui peut être révisé. Par contre, il existe des sociétés qui sont solides et qui offrent des cash-flows très largement disponibles au-delà de leur financement courant, qui vont permettre des dividendes. Ne nous trompons pas, on va revenir à regarder le dividende deal pour ceux qui savent le faire. Et puis, il y a deux autres pans que nous, nous regardons et qui font partie du portefeuille, c’est ce que j’appelle, ceux qui sont capables de faire des efforts de productivité et ceux qui font des efforts de solvabilité de restructuration. Je citerai Nexans qui en France est un des dossiers les plus intéressants, parce que le gros du travail a été fait en restructuration. Il y a du potentiel sur cette valeur.
Web TV www.labourseetlavie.com : Justement, les entreprises vont devoir peut-être gérer cette nouvelle croissance molle, croissance faible, plus faible qu’attendue. Donc là, on va peut-être voir la différence entre les entreprises qui savent faire ses profits attendus par les investisseurs et celles qui vont avoir du mal parce que la croissance globale n’est pas là.
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Alors, c’est vrai, la croissance molle, c’est une moyenne. On peut se dire que dans les niveaux, l’économie mondiale va croître à un rythme moyen de 3 %, avec plutôt des pays qui vont se trouver autour de cette moyenne, donc à moindre écart à la moyenne. En revanche, en termes de rythmes d’investissement, vous avez des sociétés et des pays et des zones pour lesquels les taux de croissance des investissements sont supérieurs à 10 %. Deux secteurs sont en très fort ralentissement, on l’avait vu en début d’année, mais c’est confirmé, c’est bien le secteur pétrolier et le secteur des matières premières. Mais beaucoup d’investissements avaient été faits. Et je ne suis pas désespéré de la mamelle consommation dans le monde. Donc oui, la moyenne est autour de 3 % pour la croissance, mais il y a des poches et on pourrait presque se poser la question dans les émergents s’il n’y a pas quelque chose à faire et avec une prédilection peut-être pour l’Inde. Mais là, je ne fais pas de la macro. Je fais simplement un constat que ce sont des gens qui bénéficient à plein de l’effet d’aubaine microéconomique du pétrole bas.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, il y a effectivement, vous parliez de pays émergents, on voit Nestlé qui fait un avertissement parce qu’il y a ces… effectivement, très présent dans les pays émergents, et on a ces effets devise qui viennent effectivement affecter l’entreprise.
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Oui, c’est vrai qu’il y a les trois dimensions. La dimension macroéconomique locale sur l’émergent donc, pour Nestlé, Nestlé est bien au service de consommateurs des pays émergents, il n’y a rien à dire. Vous avez deux effets négatifs : c’est un effet de marge propre au métier, donc leur croissance fait qu’on peut vendre à moindre marge et le deuxième effet, c’est l’effet comptable, c’est le rapatriement des résultats dans une devise qui a été massacrée. Mais très franchement, ce comptable, il faut le dépasser pour vivre l’économique. Est-ce que Nestlé sert des consommateurs dans les pays émergents ? La réponse est oui. Donc, c‘est plus difficile. Schneider en France c’est pareil.
Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin pour l’investisseur qui regarde ces mouvements un petit peu fort, ceux qu’on a vus au cours de l’été, mais on a eu aussi une surprise Volkswagen, ils ont peut-être un peu peur d’investir en bourse aujourd’hui. Comment on investit ?
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Alors là, je suis vraiment content qu’on parle de ça, parce que ça veut dire qu’une chose. C’est que la bourse, c’est d’abord le fondamental, mais le fondamental, ce n’est pas que le financier. Le fondamental, c’est aussi l’extra-financier, c’est aussi la considération de la réputation. On se rend bien compte que petit à petit, tout compte dans la prise en compte du risque. Mais à coup sûr, ne pas être présent sur du risque, c’est perdre l’opportunité de voir son capital être rémunéré. Je répète qu’on est dans un univers de taux durablement bas et que je vois beaucoup trop d’investisseurs se déplacer vers des obligations dont le risque crédit n’est pas forcément remarquable puisque tout le monde s’est précipité sur les bonnes signatures et donc, il n’y a plus beaucoup de rémunérations. Donc, le risque action reste encore une fois un bon risque.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Bruno Fine.
Bruno Fine – Président de Roche-Brune AM : Merci.
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