Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : "Les actions européennes sont privilégiées, moins par défaut que précédemment".
Bourse : les actions européennes toujours en tête des convictions

22 mai 2016 14 h 06 min
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Des investisseurs qui s’interrogent sur la croissance économique à venir ?

Les marchés financiers ont du mal à trouver une tendance solide, en l’absence de convictions et de certitudes sur la macro-économie comme sur le scénario principal avec des risques politiques, le #Brexit au Royaume-Uni, les élections en Espagne, la hausse des taux aux Etats-Unis, la croissance chinoise, autant dire des sujets qui amènent des réponses très diverses…

Mon invité pour parler de la stratégie d’investissement est Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM qui estime que les actions européennes restent à privilégier.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Pierre Bismuth, bonjour.

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Bonjour Didier.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes directeur général de Myria Asset Management. On va parler avec vous de marchés et de perspectives. On dirait qu’on s’y perd un petit peu sur les marchés, même si finalement, on voit les investisseurs qui sont revenus, en tout cas sur la classe d’actifs actions. Quelle est un peu l’ambiance que vous trouvez en ce moment ?

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Alors, c’est vrai qu’on est dans un marché en faux plat, on va dire. Il y a beaucoup de volatilité dans la journée, parce qu’il y a des séances où on ouvre à – 1 et on peut finir à + 1. On n’est plus dans un marché complètement tourneboulé, je dirais, de janvier et février, mais c’est vrai qu’en Europe, on réagit beaucoup aux statistiques. Donc là aujourd’hui, après les minutes du FOMC, c’est vrai qu’alors, c’est plutôt une bonne nouvelle, on a des marchés un peu en berne, mais ça ne présage pas de la clôture ce soir.

Web TV www.labourseetlavie.com : Quand on regarde, les résultats des entreprises ont été plutôt positifs, mais on se demande si ça va tenir dans la durée, c’est-à-dire sur l’ensemble de l’année 2016.

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Je crois que les investisseurs depuis août 2015 se sont véritablement focalisés sur la croissance mondiale. On a eu beaucoup de crainte suite à la dévaluation du Yuan en août. Les craintes ont persisté jusqu’en février. On a eu un fort rebond depuis février et c’est vrai que les minutes du FOMC d’hier donnent quand même un espoir de rebond des marchés puisqu’on est très loin d’une récession aux États-Unis et même d’une récession mondiale.

Web TV www.labourseetlavie.com : On sent qu’on évolue comme ça, avec des hauts et des bas, sans avoir justement de conviction encore sur cette croissance économique mondiale, il y a eu une espèce de hoquet. Est-ce qu’on a un peu plus de visibilité ou ça reste encore un peu compliqué d’y voir clair ?

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Si on regarde ce qui se passe sur les marchés, c’est vrai qu’on est en faux plat, on est à – 10 depuis le début de l’année sur les marchés européens. On est globalement neutre, étal, sur les marchés américains, hormis le Nasdaq pour des raisons de constitution. Néanmoins, il y a beaucoup de dispersions sectorielles. C’est vrai qu’on a eu un premier signal à la troisième semaine de janvier d’un fort rebond des marchés des actions des ressources de base et c’est vrai que c’est un premier signal qui donne plutôt de l’espoir. Si on regarde le marché du crédit qui est généralement un indicateur avancé de ce qui va se passer sur la croissance, on ne peut pas dire que le marché du crédit soit réellement dépressif, plutôt très constructif. On a eu un fort rebond du marché du haut rendement aux États-Unis, donc avec la stabilisation du prix du baril du pétrole. Tous ces éléments nous incitent à être plutôt constructifs sur notamment les actions et les actions européennes en particulier qui sont en très fort retard par rapport aux États-Unis par exemple. Donc, c’est vrai qu’on a l’impression que le marché se cherche, mais quand on regarde de plus près, les bonnes nouvelles sont plutôt devant nous.

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement quand on a vu les réactions des marchés au cours des derniers mois, on a vu à un moment donné une corrélation entre hausse des actions, hausse des marchés pétroliers. Puis là, si on prend les derniers jours ou les dernières semaines, c’est plutôt arrêté cette corrélation. Il y a ce genre de phénomène aussi à gérer ?

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Oui. Alors d’autant plus qu’on a des phénomènes de recorrélation, décorrélation. Alors là, le marché du pétrole est parfaitement corrélé à la baisse du dollar, donc le pétrole monte sur un recul du dollar par rapport à l’euro. Là, il corrige depuis hier soir assez fortement. Mais en tout état de cause, on va dire que c’est des épiphénomènes. Sur le long terme, ce n’est pas véritablement ce genre de risques qui vont prévaloir. En juin, on va avoir le Brexit qui anime déjà pas mal les marchés. On surveille beaucoup le niveau de la livre sterling qui se reprend face à l’euro. Donc, alors que les sondages sont plutôt défavorables au fait de rester dans la Communauté européenne pour la Grande-Bretagne, c’est vrai qu’il y a beaucoup de nervosité aussi bien sur le marché des devises, que sur les taux ou sur les actions. Nous, notre métier, c’est de gérer ça plutôt à moyen – long terme. Alors, c’est vrai que le Brexit va être le prochain grand évènement.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des taux aussi, on a maintenant peut-être un peu plus de visibilité sur ce que peut faire la Réserve Fédérale Américaine. Est-ce que le calendrier se dessine de hausses de taux cette année ?

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Le marché est complètement drogué aux liquidités. Donc, dès qu’il y a une tentative de normalisation des taux d’intérêt, notamment aux États-Unis, on sent beaucoup de nervosité. Mais c’est vrai que la FED essaye de sortir d’un cercle vicieux où elle dit, finalement, les nouvelles macro-économiques sont bonnes. Du coup, les marchés commencent à baisser, le crédit commence à stresser, du coup, la FED recule et donc les marchés remontent et une fois qu’ils remontent, la FED, etc. Je pense qu’à mon sens, si les données macro-économiques sont bonnes aux États-Unis, une normalisation des taux d’intérêt ne peut être que bonne pour l’économie mondiale. Donc, on espère que si ce n’est juin, ça sera juillet. En tout cas, nous, on est plutôt positionnés favorablement pour une normalisation. Et encore une fois, c’est une normalisation et pas une hausse des taux, telle qu’on pourrait le comprendre historiquement, à savoir on tente de réguler l’inflation et la croissance économique en surchauffe. Pas du tout.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot des marchés émergents. Est-ce qu’il y a un regain d’intérêt sur ces marchés émergents ? Est-ce qu’il peut y en avoir un cette année ou c’est encore trop tôt ?

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Alors nous on regarde ça assez de loin, mais finalement on se demande s’il ne faut pas re-rentrer. C’est vrai qu’on a essayé de jouer le Brésil, mais en même temps le marché a fortement monté sur l’espoir de destitution de Dilma Rousseff. Maintenant que la nouvelle a eu lieu, on a l’impression que les investisseurs vendent un petit peu cette nouvelle. En tout état de cause, si on regarde les classes d’actifs émergentes, c’est vrai que les obligations ont un parcours très bon depuis le début de l’année. Si on regarde sur cinq ans, on est très loin des plus hauts. C’est vrai qu’en termes de rendement et de couple rendement – risque, on pourrait s’y réintéresser. Maintenant, tout dépend de comment les devises vont réagir avec ce nouveau chemin tracé par la Réserve Fédérale hier dans ses minutes.

Web TV www.labourseetlavie.com : On a mis de côté un peu la Chine, mais pourtant, elle est toujours là, avec une croissance un peu plus faible, avec parfois des informations contradictoires sur les risques bancaires notamment. Est-ce que ça peut revenir aussi inquiéter le marché ?

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Alors, on en a discuté hier avec l’économiste d’Aurel et c’est vrai qu’il y a beaucoup de rumeurs. C’est-à-dire que là, les créances douteuses sont estimées à 1,85 % de toutes les créances bancaires. On voit fleurir dans le marché des craintes de 15 à 20 % de créances douteuses sur les créances bancaires. En tout état de cause, c’est un marché, le marché chinois, qui est complètement régulé. Ce n’est pas une économie ouverte. Donc, c’est plus un risque politique qu’un véritable risque économique, compte tenu des réserves de change que la Chine a. Donc, il faut faire un peu attention aux fantasmes qu’on a vus surgir depuis août et donc il y a beaucoup de fantasmes. Il est possible, c’est vrai que c’est un risque qu’on a sur l’économie mondiale, le risque de fort ralentissement chinois. Mais en même temps, si on part du point de vue politique chinois, le risque à mon avis est très contrôlé par les autorités.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin. Toujours en faveur des actions, malgré ces soubresauts ?

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : En fait, compte tenu que la moitié des rendements sont négatifs en Europe, c’est vrai qu’on a peu d’alternatives aux investissements. En plus, on a un marché qui est très fortement en retard par rapport au marché américain et c’est vrai que les dispersions sectorielles et les dispersions entre actions font qu’il y a des choses à faire plutôt sur les marchés européens. Quand on voit les fonds américains, c’est très difficile de battre les indices de référence. Donc encore une fois, les actions européennes, moins par défaut que précédemment, sont quand même privilégiées chez nous.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Pierre Bismuth.

Pierre Bismuth Directeur Général Myria AM : Merci Didier.