Interview de Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin.
Résultats annuels 2009 de Michelin

12 février 2010 12 h 20 min
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A l’occasion de la publication des résultats annuels 2009 de Michelin, nous sommes allés interviewer Jean-Dominique Senard Co-Gérant de Michelin.

Extraits principaux de l’interview vidéo.

WebTV www.labourseetlavie.com : Jean Dominique Senard, Bonjour, vous êtes co-gérant de Michelin, on va parler avec vous, de vos résultats 2009, de vos objectifs, de la stratégie et des perspectives, si on en revient sur l’exercice 2009, la question des investisseurs est de savoir si le point bas sur vos marchés qui ont été fortement attaqués en 2009 a été atteint quelque part au cours du quatrième trimestre ?

Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin : “On a vécu une crise en 2009 dont on n’avait jamais pu imaginer l’ampleur dans les années précédentes et que dans cette crise au passage le management extrêmement resserré du groupe a permis de traverser l’orage dans des conditions très très honorables comme vous le savez et surtout, je crois qu’on a réussi à renforcer les structures du groupe, la structure financière en particulier pour le rendre encore plus robuste ; maintenant cela dit sur votre point , lorsqu’on a vu l’évolution des marches au cours de l’année, on a vu quelques points bas c’est vrai dans le cadre du tourisme camionnette, probablement à la fin du premier semestre où ensuite on a eu un rebond technique d’une part dans le marché de la première monte parce que les constructeurs automobile ont bénéficié de tous les programmes d’aide à l’industrie automobile, mais c’est aussi dans le marché du remplacement parce que le déstockage des distributeurs a cessé et mécaniquement il a bien fallu remplacer les pièces et en plus cet hiver tout à fait important qui a permis au marché du pneu de l’hiver de s’épanouir. E t donc en effet les points bas que l’on a connu en juin sont derrière nous c’est vrai aussi dans le poids lourd où un premier semestre un peu effrayant que ce soit en première monte ou en remplacement les mêmes phénomènes ce sont enclenchés et on a assisté au même phénomène. Pour autant dire que c’est la fin de la crise, honnêtement, je ne le pense pas, quand on compare la fin du quatrième trimestre de l’année dernière et la fin du quatrième trimestre 2007, un an auparavant on s’aperçoit qu’on reste à des niveaux beaucoup plus bas, on a un rebond technique, je ne pense pas qu’on puisse qualifier cela d’une reprise économique réelle.”

WebTV www.labourseetlavie.com : Dans ce contexte-là, que peut faire Michelin, puisqu’on imagine que le début d’année 2010 va être un peu du même ordre, cela s’améliore mais on n’est pas sur ce qu’on peut appeler une vraie reprise ??

Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin : “On accompagne cette reprise, on a une amélioration un peu mécanique, comme je vous l’ai dit, dans le tourisme camionnette peut être plus là que dans d’autres domaines, et donc notre travail va consister à accompagner cette évolution avec une visibilité relativement faible, mais après tout avec ce qu’on a vécu en 2009, on est relativement armé pour faire face à 2010. Il va falloir gérer avec soin l’évolution des capacités utilisées dans nos usines, afin d’éviter les à coups qui pourraient être mauvais sur l’ensemble de l’exploitation générale de Michelin et je dirais, il va falloir être extrêmement vigilants et réactifs. La bonne nouvelle, c’est qu’on a pu démontrer en 2009, l’incroyable réactivité de Michelin, dans un contexte extrêmement volatile, Si c’était un peu moins volatile en 2010, ce ne serait pas plus mal.”

WebTV www.labourseetlavie.com : Un élément, qui peut paraître étonnant d’ailleurs, c’est que vous avez pu augmenter les prix, globalement vous avez augmenté les prix dans un contexte où la crise est sévère, c’est peut-être pas le moment d’augmenter, ça été possible ?

Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin : Vous savez, en 2009, on a bénéficié des hausses de prix que nous avons mis en place en 2008, pour faire à la très forte hausse que nous avons eu à ce moment-là et nous les avons maintenu ; et nous avons joué notre rôle de leader dans l’industrie, en maintenant ces prix à des niveaux identiques. Maintenant, nous nous retrouvons avec une nouvelle hausse des matières premières, pour y faire face, nous devons et c’est absolument indispensable, nous devons passer des hausses de prix, c’est une condition du maintien de nos marges, nous les avons annoncé en Amérique du Nord, aujourd’hui nous les avons annoncé en Europe, en tourisme camionnette et en poids lourds, il faut que ces hausses passent dans le marché, elles sont une condition du maintien de nos marges et à terme une condition de la pérennité de notre entreprise, donc nous y serons très attentifs et nous verrons bien comment les choses évolueront”.

WebTV www.labourseetlavie.com : Il y a un changement de cap sur 2009 du côté des investissements 2009 il y a un frein, globalement, 2010-2011 visiblement vous reprenez lez investissements alors, quelles seront les priorités ?

Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin : “Clairement le niveau que l’on avait atteint en 2009 n’était pas soutenable il était très circonstanciel au moins a-t-on pu démontrer qu’on était capable d”atteindre l’objectif en terme de niveau que l’on s’était fixé, cela montre la réactivité du groupe dans ce domaine. Alors maintenant on va remonter un peu plus, on va passer au- dessus du milliard 100 à peu près, sans excès, dirais-je, parce que nous avons quelques devoirs, en termes d’investissement, d’abord il nous faut continuer à améliorer la compétitivité de nos usines dans les pays matures, l’un des objectifs principaux de la stratégie de Michelin, il faut que nous ayons dans les pays matures des usines qui soient parfaitement compétitives par rapport à des usines de concurrents en Asie qui importerait ses pneumatiques en Europe et la bonne nouvelle, c’es tuq je crois que nous sommes en train de réussir, démontrer que nous sommes capables d’avoir des bateaux industriels en Europe et Amérique du Nord extrêmement compétitifs. Et puis l’autre aspect, est de faire tout ce que nous pouvons pour aller aussi vite que possible dans nos nouvelles implantations dans les pays à forte croissance…”

WebTV www.labourseetlavie.com : On pense à la Chine qui devient le premier marché automobile

Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin : “La Chine, vous avez raison, depuis l’année dernière a démontré par sa croissance, 65% de croissance de la demande automobile, est devenu le premier marché automobile devant les Etats-Unis. Au fond la demande est là, la croissance même si elle connaît au fil des années qui viennent des hauts et des bas, restera robuste et nous avons besoin d’accentuer notre présence fortement dans cette zone c’est un des piliers de la stratégie de Michelin, il est incontournable (…) Ceci se traduit mécaniquement par des investissements, notre usine chinoise qui est en route doit maintenant poursuivre sont implantation“….

WebTV www.labourseetlavie.com : D’abord de la croissance organique ?

Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin : “De la croissance organique en effet, des projets dont je vous parle là, que ce soit en Chine, en Inde, au Brésil, ce sont des projets Michelin qui reprend par ce biais la création d’usines nouvelles”.

WebTV www.labourseetlavie.com : En même temps vous avez indiqué que sur cette zone, il y avait une restructuration ou quelque part de la consolidation à venir et là Michelin pourrait être un acteur de cette consolidation si des opportunités se présentent ?.

Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin : “Si l’opportunité se présentait, il faut être simple dans ce domaine, il faut savoir être opportuniste, cela dit pas n’importe comment ni à n’importe quel prix, si une circonstance se présentait qui nous permettait d’accélérer en quelque sorte notre présence dans la zone, nous la considérerions bien volontiers, mais j’ai souvent indiqué, qu’il fallait pour cela plusieurs conditions, il fallait être deux et puis il fallait que cela fasse du sens sur le plan stratégie du groupe et que cela puisse à l’évidence être créateur de valeur et que cela puisse se faire dans des conditions d’intégration globale sereine. Ce ne sont pas forcément des conditions faciles à réunir mais quand elles le sont…nous serons ouverts à cela“…

WebTV www.labourseetlavie.com : En conclusion, vous dites que groupe vise un cash flow positif, c’est le seul élément que vous donnez au marché, tout en indiquant que cela ne sera pas le cash flow positif que vous avez eu en 2009, c’est lié à quoi principalement, qu’est-ce qui sera le plus difficile ?

Jean-Dominique Senard Co-Gérant Michelin : Bien entendu, ce ne sera pas de l’ordre de ce que nous avons vécu cette année qui très exceptionnel et très positif au demeurant. Tout simplement parce que nous allons vivre en 2010 une circonstance différente, telle que nous percevons les choses aujourd’hui, la correction en termes de croissance que nous avons vécu en 2009, va faire naturellement que les besoins en fonds de roulement vont croître, nous n’aurons pas la même situation en termes d’utilisation de nos capacités, ne serait-ce que pour cela nous aurons une situation de trésorerie qui sera forcément moins évidente que celle de 2009. J’ajoute que si nous prévoyons d’augmenter nos investissements ce sera un besoin de ressources qui va apparaître et qui sera relativement fort relativement fort. Du coup l’objectif qui vous paraît peut être anodin, est en fait un objectif important et du coup un vrai défi ! Mais vous sentez que si nous le tenons et si il es très partagé dans le groupe Michelin aujourd’hui, c’est que chacun comprend que c’est une manière d’assurer la pérennité de l’entreprise en renforçant ces grandes équilibres économiques. Ce thème-là est très partagé dans le groupe aujourd’hui et c’est important pour l’avenir“.

©www.labourseetlavie.com – 15 février 2010

Category: L'INTERVIEW