"Big Data" : Interview d'Edouard Fourcade Directeur Général SAS Institute.
SMS, mobile, réseaux sociaux, données de l'entreprise, les enjeux du "Big Data pour les entreprises
SMS, mobile, réseaux sociaux, données de l’entreprise, les enjeux du « Big Data pour les entreprises.
Alors que les chiffres concernant les données partagées, envoyés ou vues, ne cessent de croître avec l’utilisation des outils mobiles, si les entreprises avaient jusqu’ici une bonne notion de leurs données et des traitements sur le plan stratégie, l’explosion de l’internet qu’il soit fixe ou mobile a changé la donne.
Quels sont les enjeux aujourd’hui pour les entreprises, quel regard doivent-elles porter sur ces changements impactants leur activité, notre invité pour en parler est Edouard Fourcade Directeur Général SAS Institute.
Web TV www.labourseetlavie.com : Edouard Fourcade, bonjour. Vous êtes directeur général de SAS institute. On va parler avec vous d’un sujet peut-être encore inconnu, le Big Data, alors connu peut-être des spécialistes, de ces données, de ces multiples données que l’on peut trouver aujourd’hui entre les SMS, les vidéos, le mobile, tout ce que l’on va trouver aujourd’hui finalement de données éparpillées un petit peu sur beaucoup de supports, on parlait pour les services informatiques de cloud, de nuage il y a quelque temps, on en est déjà au Big Data, qu’est-ce que l’on trouve derrière ce Big Data ?
Edouard Fourcade, Directeur Général de SAS Institute : En réalité on trouve beaucoup de choses. Big Data c’est un vocable que l’on utilise depuis peu, mais en réalité c’est un phénomène qui existe déjà depuis pas mal de temps, et surtout qui s’est considérablement développé avec l’essor de différentes technologies, d’une part la téléphonie portable, donc les Smartphones qui incluent des GPS et des outils de localisation qui font que maintenant, où que vous soyez, on sait vraiment qui vous êtes, ce que vous avez fait de votre journée, quels sont vos centres d’intérêt, etc., et puis d’autre part l’essor bien évidemment des réseaux sociaux qui a rendu accessible au plus grand nombre des quantités d’informations considérables concernant absolument tout et n’importe quoi. Donc derrière le Big Data, il y a l’explosion d’un phénomène qui n’est pas tout à fait nouveau et il y a aussi la difficulté pour beaucoup, et pour les entreprises, de faire la part des choses entre ce qui est du bruit on va dire inutilisable et ce qui est réellement de l’information utile pour le business.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on en est déjà au 3V avec le volume de données, alors cela c’est ce que l’on constate au jour le jour avec ces millions de SMS, voire des milliards de SMS échangés, ces données, et puis la variété des données, ce qui est peut-être plus compliqué. Vous parliez des réseaux sociaux, entre le bruit et ce qui se passe réellement à tel ou tel endroit pour une entreprise, cela peut devenir stratégique.
Edouard Fourcade, Directeur Général de SAS Institute : C’est absolument stratégique, mais encore une fois il ne faut pas se laisser, je crois, emporter par la vague, comment dire, hurler avec les loups et se laisser emporter par des vagues de convenance. L’information, elle est effectivement présente à travers les réseaux sociaux de manière déstructurée parce qu’il y a aussi bien des commentaires textuels qui sont émis dans des forums de discussion, dans des blogs, que de manière vidéo, donc sous forme sonore, mais c’est également la prise de conscience qu’il y a beaucoup d’informations qui sont aujourd’hui à disposition des entreprises de manière très structurée mais qu’elles n’utilisaient pas jusqu’à présent. Je fais référence par exemple à tout ce qui provient d’éléments technologiques, de processeurs, de capteurs qui peuvent se trouver dans tout équipement utilisé dans l’industrie ou autre. Et donc en réalité, derrière ce phénomène de Big Data, se pose réellement la question qui est « comment puis-je prendre des décisions de plus en plus rapides face à un déluge d’informations ? ». Et donc on a bien évidemment, comme on disait, ces informations dont tout le monde a conscience parce qu’elles sont visibles par le plus grand nombre, mais il y a également toute l’information qui est déjà à disposition des entreprises et dont elles ne savent pas vraiment très bien quoi faire, et en tout cas elles sont soumises à cette contrainte de prendre des décisions de plus en plus éclairées et de plus en plus rapides, donc c’est effectivement, c’est le traitement de très grands volumes d’informations hétérogènes pour amener à des décisions très rapides. Donc c’est cette combinaison des trois facteurs qui rend la situation un peu critique aujourd’hui.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, est-ce que cela concerne forcément d’abord les directions informatiques, les fameuses DSI, ou peut-être qu’il va falloir avoir dans des entreprises, alors ce n’est pas encore pour tout de suite, mais à M. Big Data ?
Edouard Fourcade, Directeur Général de SAS Institute : En réalité, cela concerne les deux. Cela concerne bien évidemment les directions informatiques parce que lorsque l’on veut traiter un très grand volume d’informations, on pourrait faire l’analogie avec un moteur de Formule 1, si vous composez, si vous concevez plutôt un moteur de Formule 1 extrêmement performant, la première question qui va se poser c’est comment je fais pour l’alimenter avec du carburant qui est propre pour éviter qu’il toussote et pour lui permettre de donner le maximum de ses performances. Et donc la direction informatique elle est bien évidemment concernée par ce que elle doit, pour faire face à cet essor de Big Data, s’assurer que toute son infrastructure, toutes ses données sont en état d’être traitées de manière efficace et de manière rapide. Mais d’un autre côté, c’est également le fait ou le centre d’intérêt de beaucoup de directions Métier parce que, que l’on soit dans le secteur bancaire ou que l’on soit dans le secteur de la grande distribution ou dans l’industrie manufacturière, les décideurs ont réellement besoin, encore une fois, de pouvoir prendre des décisions business éclairées très rapidement. On peut citer plein d’exemples mais lorsqu’il s’agit d’évaluer l’exposition au risque d’une institution financière et faire donc des calculs de tests ou des calculs de risque, cela requiert des traitements de volumes d’informations absolument considérables et surtout cela requiert de pouvoir tourner un très grand nombre de scénarii dans un temps très rapide parce que le temps financier n’est évidemment pas le même que le temps de la réflexion. Il faut pouvoir prendre dans la journée quelquefois des décisions importantes alors que dans un passé pas encore si lointain on s’autorisait à les prendre dans la semaine ou dans le mois. Mais dans d’autres industries que l’on pourrait développer, que ce soit encore une fois dans l’industrie manufacturière lorsqu’il s’agit de prévoir la probabilité de défaillance d’un équipement, les investissements sont tellement lourds que l’on ne peut plus se permettre aujourd’hui d’avoir des interruptions non planifiées d’équipements qui ont demandé des investissements très, très conséquents, donc en réalité c’est tout le monde qui est concerné par cela.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on l’a vu quand on avait parlé du cloud, des interrogations des entreprises en se disant « mais vraiment est-ce que j’en ai besoin ? », il y a des questions de sécurité aussi, alors là effectivement on parle de volume, on parle de rapidité, on se dit que là aussi il y a des questions de sécurité c’est-à-dire comment on va pouvoir sécuriser à la fois l’accès à ces données et en même temps le fait que il ne puisse pas y avoir des intrusions dans ce Big Data ?
Edouard Fourcade, Directeur Général de SAS Institute : Alors, je vais être un peu iconoclaste, mais je crois que c’est un peu un faux problème c’est-à-dire que bien évidemment il y a une réalité derrière cette question-là, mais nous sommes, en tout cas en France, frappés par un syndrome qui est vraiment le syndrome de l’ingénieur français qui consiste, face à toute innovation ou à toute structure technologique, à se poser toutes les questions, à savoir pourquoi est-ce que cela ne fonctionnerait pas ? Et pourquoi est-ce que je ne l’utiliserais pas ? Est-ce qu’il ne faut pas faire ci d’abord et cela d’abord ? Et on va couper le problème, on va le saucissonner, on va l’étudier sous toutes ses formes, on va le secouer pour avoir plein de raisons, plein d’excuses pour ne pas faire. Et les seules réelles avancées technologiques que l’on fait ce sont celles que l’on a conçues nous-mêmes, exemple le Minitel, alors que dans la culture anglo-saxonne, une fois que les premières étapes ont été franchies, une fois que l’acte de foi, on va dire que la conviction a été établie et que l’on a défloré le sujet de manière assez conséquente, on accepte une zone de doute, une zone d’incertitude, et on bascule dans le monde opérationnel. Donc je pense que la question de la sécurité, la question de l’accès aux données, tout cela, ce sont des vrais problèmes, mais je ne crois pas qu’il faille d’attendre d’avoir les réponses à toutes les questions que l’on se pose avant d’avancer sinon on sera les dindons de la farce.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, l’autre sujet, bien entendu, c’est le ROI, le retour sur investissement, effectivement de se dire le chef d’entreprise il va investir sur ce Big Data, sur des solutions, mais je gagne quoi ? Cela va être la question qu’il va vous poser d’ailleurs et qu’il posera à d’autres acteurs.
Edouard Fourcade, Directeur Général de SAS Institute : Absolument, alors il y a certains secteurs où c’est très facile, d’autres où c’est plus difficile. Là où c’est facile, c’est lorsque l’on est par exemple dans des sujets autour de la détection de la fraude. La fraude aux assurances, par exemple, si on veut combiner l’exploitation de données internes à la compagnie d’assurances telles que l’historique des sinistres, etc., avec des données externes c’est-à-dire l’analyse de réseaux sociaux pour essayer de comprendre si le M. Jean Dupont qui a déclaré trois sinistres au fin fond de la Creuse en 2012 est le même que M. J. Dupont du département juste voisin et qui a une boutique sur Internet qui vend des pièces détachées automobiles, est-ce que c’est la même personne ou pas ? Donc ça, c’est un enjeu qui est important. Donc il y a certains secteurs comme cela dans lequel l’exploitation des Big Data et l’exploitation de méthodes analytiques avancées sur ces gros volumes peut apporter un bénéfice absolument évident. Lorsque l’on est dans des domaines dont on entend parler aujourd’hui qui sont la e-réputation par exemple, essayer de savoir comment est-ce que je dois réagir si tel et tel événement se produit, quel est l’impact sur mon image de marque, etc., on arrive à avoir une perception assez intuitive de la valeur ajoutée que peut apporter cette analyse de réseaux sociaux. Il n’y a pas beaucoup d’entreprises qui encore aujourd’hui ont basculé dans la mise en œuvre opérationnelle de cela parce que effectivement là-dessus le retour sur investissement est délicat. Cela dit, on est également dans une période de crise, cela n’a échappé à personne, et donc en période de crise, tout investissement est regardé plusieurs fois avant que la décision ne soit prise.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part, le Big Data…, les acteurs qui proposent des solutions devront faire peut-être cette preuve-là puisque les directions informatiques sont plutôt aujourd’hui en train de freiner les dépenses…
Edouard Fourcade, Directeur Général de SAS Institute : Oui, oui absolument, mais on arrive à décliner la valeur ajoutée dans plein de domaines parce que cela peut être aussi bien le domaine de l’analyse des coûts avec un niveau de finesse extrêmement grand qui permet justement à celui qui a besoin de faire des réductions de coûts de savoir où les faire, mais cela va être également dans le domaine industriel la capacité, donc, à prévenir ou à anticiper des défaillances de systèmes qui coûtent extrêmement cher quand ils ne sont pas planifiés mais qui coûtent trois fois rien à corriger de manière anticipée, donc là encore il y a des domaines applicatifs ou dans lesquels la valeur ajoutée est considérable et pour lesquels les discussions sont assez bien avancées, et puis il y en a d’autres qui sont un petit peu de la futurologie, qui font plaisir intellectuellement parce que on se dit que…, on imagine qu’il y a une voie tracée, qu’il y a de nouveaux business à inventer, qu’il y a de nouvelles choses à faire, mais le ROI n’est pas franchement évident, donc il y a un peu tout.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Édouard Fourcade d’avoir fait le point avec nous donc sur ce Big Data que l’on va continuer à découvrir au cours bien sûr des prochaines années. On rappelle que vous êtes donc le directeur général de SAS Institute.
Edouard Fourcade, Directeur Général de SAS Institute : Merci.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés 5 avril 2013.
A propos de SAS Institute : la société est leader mondial du décisionnel et des solutions de business analytics et le plus important éditeur indépendant du marché du décisionnel avec un chiffre d’affaires mondial de 2,870 Mds de dollars en 2012.
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