Interview de Yannick Petit Président Allegra Finance .
PME - ETI et introductions en Bourse : bilan et perspectives
Introductions en Bourse : bilan pour les PME et les ETI.
Dans un contexte plus favorable à la Bourse en 2013, pour les marchés actions, quel bilan peut-on faire des introductions en Bourse depuis 2008 ? C’est l’objet de l’étude reéalisée par Allegra Finance.
Nous en parlons ainsi que du lancement d’EnterNext, nouveau nom pour la Bourse des entreprises, avec Yannick Petit Président Allegra Finance.
Web TV www.labourseetlavie.com : Yannick Petit, bonjour. Vous êtes le président d’Allegra Finance. On va parler avec vous d’une étude que vous avez sortie sur les introductions en bourse pour les PME et ETI, comme on dit, entreprises moyennes. Alors est-ce que l’année 2013 est mieux partie que les autres années ou est-ce que l’on reste toujours pour ces PME, pour ces ETI, dans un climat de petit peu difficile pour aller en bourse ?
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : Malheureusement, je dois concevoir que la bourse attire un peu moins que ces dernières années. Les dernières grandes années d’introductions boursières sont avant la crise des subprimes, donc 2007, plus de 50 introductions sur le marché PME-ETI. En 2012, on a vu déjà que c’était plus difficile, et le début de l’année 2013, avec 5 introductions, est un petit peu en dessous de l’année 2012.
Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que vous diriez que c’est parce qu’il y a moins d’appétit des investisseurs clairement ou est-ce que c’est lié à autre chose ?
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : Moi, je lie cela à un phénomène de cycle où aujourd’hui on est « en anticipation de sortie de crise », toute la concentration est sur les grandes valeurs, le CAC 40, aujourd’hui, si vous regardez, il est plus intéressant pour un investisseur d’aller sur des valeurs du CAC 40 parce que il y a plus de performances, plus de liquidités. Le jour où l’on inversera la tendance, quand les petites valeurs seront plus performantes, pas forcément plus liquides, ça, ça n’arrivera jamais, mais en tout cas dès que l’on aura high risk, high return, donc un plus gros, une plus belle performance sur des petites valeurs, à ce moment-là les investisseurs reviendront. Donc là on est dans le recovery c’est-à-dire on est en train de reprendre de l’intérêt sur le marché actions à travers le CAC 40 et la liquidité va redescendre et la performance, là aussi, reviendra assez facilement sur les petites valeurs.
Web TV www.labourseetlavie.com : Quand on regarde un petit peu dans le détail, on en a reçu ici même pas mal d’entre elles, on a vu à nouveau, comme lors de la dernière vague d’ailleurs, le secteur pharmaceutique, que ce soit medtech ou biotech, mais ce secteur-là, maintenant ce qui est devenu d’ailleurs un vrai secteur à la bourse de Paris ?
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : Oui, ce qui s’est passé au cours des trois dernières années, c’est un phénomène assez simple à comprendre. Les sociétés qui avaient nécessité d’aller lever des fonds, donc à savoir les sociétés en pertes qui ont besoin de renforcer leurs fonds propres et de rechercher des financements en permanence, ne se sont pas souciées des conditions de marché. Leur survie c’est d’aller chercher de l’argent et donc la bourse est un moyen efficace pour trouver de l’argent, notamment dès que l’on est sur des montants significatifs, ce qui est le cas des biotech-medtech, et la bourse a été un moyen efficace pour elles de lever de l’argent dans des conditions qui étaient compliquées. A l’inverse, si on prend une entreprise traditionnelle qui elle fait du chiffre d’affaires, fait du résultat, cette entreprise, qui voit les conditions de marché et qui voit notamment peut-être des niveaux de valorisation jugés trop bas, peut décider de reporter sa décision d’introduction en bourse parce qu’elle n’a pas nécessité d’aller immédiatement à la bourse, elle peut attendre 6 mois, 18 mois, 24 mois, ce qui est le moins le cas des biotech, je pense que le phénomène est tout simplement la nécessité d’aller chercher l’argent sur les marchés financiers.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, quand on regarde effectivement entre 2007 et aujourd’hui, on voit cette baisse que vous avez mentionnée, est-ce qu’Alternext pour autant a pris sa place pour ces petites sociétés, alors on a parlé des biotech, il y en a d’autres, mais effectivement pour un premier accès à la bourse quelque part ?
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : Alors Alternext a clairement trouvé sa place. Cela a été le marché dédié aux PME où beaucoup d’entreprises sont venues sur ce marché. On a environ 165 valeurs cotées sur ce marché, moyenne des fonds levés par entreprise autour de 6, 8 millions d’euros, donc on voit que l’on a un segment de marché qui fonctionne avec, je dirais, des investisseurs qui ont répondu présent sur cette typologie d’entreprise. Donc là-dessus, c’est un succès. Globalement Alternext depuis sa création continue d’attirer des entreprises, c’est même je crois le marché qui aujourd’hui attire le plus grand nombre d’entreprises sur le segment PME-ETI.
Web TV www.labourseetlavie.com : Oui, il y a eu, en tout cas du côté des entreprises elles-mêmes, quand on a vu les résultats de ces introductions en bourse, elles ont plutôt bien fonctionné, alors il y en a certaines qui peut-être ont attendu un petit peu avant que les investisseurs viennent les voir, mais ensuite il y a eu des parcours déjà assez sympathiques.
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : On a de très beaux parcours d’introduction en bourse, d’autres moins performants. Si on regarde en fait par rapport aux indices, je n’ai pas fait dans cette étude, mais j’aurais pu me livrer à l’exercice comme je l’avais fait un certain temps, à savoir d’investir 100 € dans toutes les introductions en bourse ou de mettre ces mêmes 100 € sur le CAC 40, on se rend compte que l’on a des performances qui sont relativement proches. Donc de ce point de vue, je dirais que les introductions en bourse n’ont pas démérité.
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des perspectives, on est toujours sur ces marchés donc avec peut-être certaines entreprises qui ont besoin d’aller en bourse, d’autres qui peuvent attendre, quel est votre sentiment sur les prochains mois ? Est-ce qu’il va y avoir des fenêtres d’opportunités, comme disent les investisseurs ?
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : Je vois effectivement plusieurs opportunités liées à deux facteurs. Le premier facteur, c’est le lancement prochain par Euronext de sa plate-forme PME-ETI dont on connaîtra le nom dans les tout prochains jours, donc en un mot un endroit dédié aux PME-ETI pour lequel on aura des équipes dédiées, des analyses, des intermédiaires qui vont se consacrer à ce marché, donc cela je pense que c’est un atout considérable pour ce segment de marché. L’autre atout est beaucoup plus du côté des investisseurs et l’annonce qui a été faite par le gouvernement de la création du PEA PME va contribuer à l’évidence à irriguer le marché des PME, et donc on pourrait voir là dans quelques mois, dès l’annonce de la mesure, un flux de liquidités venir sur ce segment.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc là peut-être effectivement aujourd’hui encore un manque de visibilité de ces segments, de ces valeurs, même si on a parlé d’Alternext, et donc des investisseurs qui pourraient être tentés d’y aller, d’avoir peut-être une plus grande visibilité sur finalement leur horizon d’investissement et la variété d’entreprises ?
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : Moi j’invite même les investisseurs à regarder dès maintenant en tous les cas les opportunités offertes par les PME-PMI pour les raisons que j’évoquais sur le plan, on va dire, structurel, mais également sur le plan conjoncturel, on observe que dans les reprises de cycles, ce sont les PME qui profitent immédiatement des sorties de crise, donc on va voir vraisemblablement les résultats s’améliorer très rapidement sur les PME-PMI. Et l’autre point que j’évoquais, dès lors que d’une certaine manière le CAC aura fait le plein de sa performance, l’argent et les liquidités redescendront sur les valeurs les plus petites, les plus moyennes, avec un effet évidemment de geyser puisqu’avec peu de liquidités les valeurs risquent de monter assez rapidement. Donc on devrait voir ce phénomène je pense assez rapidement notamment avec les annonces qui sont évoquées. Donc il y a une conjonction de facteurs qui me fait dire aujourd’hui qu’il y a vraisemblablement un rebond à attendre des PME-ETI dans les mois, voire semaines qui arrivent.
Web TV www.labourseetlavie.com : Et puis peut-être en conclusion rappeler aux investisseurs que parfois dans certaines ETI ou certaines PME, il est plus facile de comprendre le business model, ce sont peut-être effectivement des PME ou des ETI dont on peut voir les réalisations assez facilement et donc cela peut être aussi une opportunité intéressante.
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : Il y a l’opportunité sur le segment et il y a l’opportunité sur le dirigeant parce que vous avez en face de vous immédiatement le dirigeant et un ou deux collaborateurs, on n’est pas en train de parler d’une équipe dirigeante dont on ne sait plus qui fait quoi, là on a vraiment un entrepreneur qui s’investit dans son entreprise, qui a une vision de son entreprise, et soit on la partage, soit on ne la partage pas, mais, vous avez raison, il y a une proximité avec la société qui n’a rien à voir avec les grandes valeurs.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous donc sur ces introductions en bourse d’ETI et de PME, Yannick Petit, on rappelle que vous êtes donc le président d’Allegra Finance.
Yannick Petit, Président de Allegra Finance : Merci beaucoup.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés 29 mai 2013
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