Aymeric Diday Directeur Gestion sous mandat Pergam : "Il faut s'intéresser plus aux sociétés injustement sanctionnées".
Bourse : l'après Brexit et l'investissement sur les marchés
Un été meurtrier pour les marchés financiers après le #Brexit ? Quelles sont aujourd’hui les interrogations des investisseurs ?
Comment évolue la stratégie d’investissement ? L’été peut être compliqué pour les investisseurs, dans ce contexte, que faire ?
Nous parlons de cette actualité économique et financière post Brexit, avec mon invité Aymeric Diday Directeur Gestion sous mandat Pergam.
« Investir en plusieurs fois pour lisser son prix d’achat », parmi les recommandations.
Web TV www.labourseetlavie.com : Aymeric Diday, bonjour.
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Bonjour.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes directeur de la gestion sous mandat chez Pergam. On va parler avec vous des marchés post-Brexit. Quand on a ce type d’évènement violent sur les marchés, avec des réactions, des indices actions qu’on a pu voir, comment on réagit ? Est-ce qu’on est attentif bien sûr à ce qui se passe ? Est-ce qu’on agit sur le marché ? Est-ce qu’on est en dehors des marchés ?
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Alors, il y avait déjà des incertitudes avant le vote, puisqu’on n’était pas sûr que le remain allait être voté. Donc, il est clair qu’il y avait des anticipations, des choses à faire avant le vote. Et on avait réduit déjà les pondérations actions, gardé une certaine poche de liquidités dans les portefeuilles. Donc, au moment du vote, on arrive, en n’étant pas surchargé en actions. Ça, c’est déjà une première chose. Ça permet lors d’évènement comme celui qu’on a connu vendredi matin, donc une ouverture très fortement dans le négatif, de pouvoir dans un premier temps absorber la nouvelle, regarder l’évolution des taux d’intérêt, d’échanges, des matières premières, mais également de voir le marché actions réagir très fortement. Donc oui, on intervient. Oui, il faut commencer à intervenir parce que de temps en temps, il y a de l’exagération sur certains secteurs d’activité.
Web TV www.labourseetlavie.com : De votre point de vue, on peut, sans retrouver ce qu’on a eu vendredi, une fois le choc passé, mais garder la volatilité qui est née de cet évènement, pendant quelque temps ?
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Il est clair que la volatilité a été très importante. On ne s’attendait pas à ce vote-là. Ça, c’est clair. Donc, on a une baisse très forte. De là à dire que toutes les incertitudes sont levées, non pas du tout. Donc, le marché détestant les incertitudes, il est très clair qu’on va continuer à avoir de la volatilité dans les prochains jours. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que oui, on agit ; oui, on réalise certains arbitrages dans son portefeuille. On est actif, mais on ne va pas tout de suite dire, « Voilà, on a eu une catastrophe, il y a le marché, c’est ce qu’on appelle sell-off, le marché est au plus bas, on se met à acheter très fortement ». Non, ce n’est pas ça. On prend son temps, on réfléchit. On agit parce qu’il y a certains arbitrages quand même à réaliser et on commence tranquillement à remettre un tout petit peu de risque dans les marchés.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors pour les investisseurs, ce n’est jamais évident ce type de période. On a vu qu’il y avait eu aussi des évènements politiques en Espagne. Alors, différents bien sûr du Brexit. Mais on a l’impression qu’aujourd’hui les investisseurs s’intéressent autant à l’aspect politique, à ce type de décision que finalement au marché et à la macro-économie.
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Exactement. Alors ça, c’est une nouveauté depuis une petite dizaine d’années. C’est qu’on a toujours dit, les investisseurs connaissent peu de choses en économie, sont loin des grandes attentions des politiques et on s’aperçoit que de plus en plus, avec les médias qui ont pris une place importante dans la vie de tous les jours, on a des investisseurs qui sont de plus en plus au fait des décisions politiques, mais également des conséquences économiques que ça peut avoir sur la vie de tous les jours. Donc, la connaissance économique est plus importante que ce qu’on a connu dans le passé. Et donc, l’investisseur aujourd’hui commence vraiment à comprendre les enjeux qu’il y a d’une décision, comme celle qu’on a eue la semaine dernière.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc, il va avoir son calendrier macro-économique et son calendrier politique.
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Qui peut coïncider et qui peut avoir des conséquences l’une sur l’autre. Ça, c’est très clair. Quand on voit aussi, on a eu certes l’évènement de vendredi avec le Brexit, mais on a eu également les élections qui elles, pour le coup, on s’attendait à avoir un résultat tout autre, beaucoup plus extrémiste et au contraire, plutôt conservateur par rapport à ce qui était attendu en Espagne. Donc, on a aujourd’hui plutôt une interrogation sur les sondages et les instituts de Paris qui aujourd’hui se sont un tout petit peu trompés sur ces deux derniers évènements.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, il y avait presque un évènement qui avait été oublié, c’était un petit peu ce qu’allait faire la Réserve Fédérale Américaine, en tout cas les chiffres de l’emploi américain qui étaient effectivement regardés de près par les investisseurs. Ils ont été un petit peu mis de côté. Est-ce qu’aujourd’hui, avec ce qui s’est passé, avec ce qu’a dit aussi la FED, on reporte finalement encore la hausse de taux tant annoncée depuis tellement de mois ?
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Mme Yellen, elle avait déjà un mandat de repousse le plus longtemps possible les échéances, donc c’est ce qu’elle a fait l’année dernière d’une façon magnifique en ne remontant les taux qu’en décembre. Cette année, c’est un peu le même cas. Elle va essayer de remonter le plus tard possible les taux. Mais par contre, elle aura un petit souci quand même. Elle a deux petits soucis, Mme Yellen. Le premier, elle a une élection présidentielle à la fin de l’année. Donc, quid d’une remontée de taux en pleine période électorale ? Je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment pour remonter les taux. Le faire tout de suite, ça paraît un tout petit peu compliqué. Si ce n’est qu’elle a un petit souci d’inflation. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, l’inflation aux États-Unis est remontée au niveau de 2 %, qui est l’objectif que s’est fixé la banque centrale pour intervenir, pour ne pas risquer de surchauffes de l’économie américaine, de surchauffes d’inflation qui pourraient à mal cette croissance qui est assez faible finalement aux États-Unis. Donc, elle va quand même devoir, à un moment donné, prendre cette décision. Elle va, je pense, quand même la repousser un petit peu, peut-être pas pour juillet ni pour août, mais peut-être pour septembre, juste avant les élections, pour faire quand même ce geste qu’elle devra faire pour des raisons économiques, mais c’est peut-être aussi un petit peu logique, la logique de remonter des taux.
Web TV www.labourseetlavie.com : On a vu des réactions aussi sur les devises, bien sûr sur la devise britannique, mais on a vu aussi le dollar et l’euro. Est-ce qu’il y a un risque ce de côté-là de mouvements de change importants, au-delà de la livre, de ce qu’a fait la livre ?
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Au-delà de la livre, on a eu ce qu’on appelle un peu de recherche de qualité. Donc l’économie qui pour le moment est en croissance la plus, on va dire, pérenne, ça semble être les États-Unis, donc il y a eu des achats massifs de dollars. Le dollar est passé de 1,13 à aux alentours aujourd’hui à peu près de 1,10. Donc, il a fait un mouvement quand même relativement important en quelques jours. On a eu également un petit mouvement sur le franc suisse, mais on a plus eu dans les devises « l’or » qui par contre s’est envolé. Il vaut plus de 1 300 dollars l’once. C’est un niveau qu’on n’avait pas vu depuis bien longtemps. Donc attention, parce que c’est vraiment l’actif sécuritaire par excellence. Quand on commence à acheter de l’or, c’est qu’on commence à se prémunir de gros risques, de risques importants dans les marchés financiers.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc, c’est ce qui conduit à rester prudent, même si les marchés sont un peu volatils, qu’il y a des baisses à nouveau, mais pas des baisses spectaculaires. Mais quand on envisage l’été boursier ou l’été financier, on se dit, il faut forcément être prudent.
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Alors, il faut être prudent d’une manière générale quand on investit sur les marchés. Ça, c’est une première chose. Les dernières crises nous ont habitués à devoir être prudents. Maintenant, il faut bien être clair sur une chose, le Brexit est une décision politique qui va mettre beaucoup de temps à avoir des conséquences économiques au niveau financier. Donc, on va à un moment donné se dire, ça suffit. Les marchés sont relativement peu chers, les sociétés, ça ne va pas changer leurs carnets de commandes, pas changer leur chiffre d’affaires, donc il y a un moment où le marché financier va commencer à pricer, à valoriser ce scénario-là et se remettre à monter. Donc, dire qu’il faut être encore plus sécuritaire que ce qu’on est aujourd’hui, je ne suis pas sûr. Le gros de la baisse, j’espère en tout cas, est fait et donc il faut s’intéresser plus aux cas d’investissement qu’on va rechercher maintenant, aux sociétés qui ont été injustement sanctionnées et pour lesquelles on va chercher les points d’entrée, c’est-à-dire le bon moment pour réinvestir voire le faire en séquences. C’est-à-dire ne pas le faire en une fois, mais en plusieurs fois pour lisser son prix d’achat.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Aymeric Diday.
Aymeric Diday – Directeur gestion sous mandat Pergam : Merci.
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