Christophe Couturier Directeur Général Ecofi Investissements : "La tendance reste à la hausse des marchés actions".
Stratégie d'investissement et évolution de l'allocation d'actifs
Après le rallye sur les marchés actions, les questions de flux se posent toujours et les choix pour les investisseurs sont plus ardus.
Mon invité pour en parler est Christophe Couturier Directeur Général Ecofi Investissements
Web TV www.labourseetlavie.com : Christophe Couturier, bonjour. Vous êtes le directeur général de Ecofi Investissements. On va parler de marchés avec vous et de perspectives. Commençons, si vous le voulez bien, par la Réserve fédérale américaine. Comment vous envisagez, vous, cette année 2015 pour la Fed ? On voit que chaque semaine cela bouge un petit peu ou en tout cas c’est un peu changeant sur la future sortie de cette politique monétaire, votre sentiment à vous ?
Christophe Couturier, Directeur général de l’Ecofi Investissements : Alors, ce que Mme Yellen a indiqué, c’est qu’elle serait pragmatique c’est-à-dire qu’elle monterait ses taux selon les données de l’activité. Donc, effectivement, depuis que le quantitative easing a été arrêté, à l’automne dernier, on est passé d’un indicateur « Que fait la croissance ? » à un indicateur « Est-ce que par hasard l’inflation est en train de bouger ou pas ? » Or l’inflation ne fait que baisser en raison de la hausse du dollar, en raison de la baisse du prix du pétrole. Tout cela donne une latitude supplémentaire à la Fed, une marge de manœuvre importante. Donc qu’est-ce que l’on regarde aujourd’hui ? C’est l’économie américaine va-t-elle trop vite ? Aujourd’hui la réponse est non. Le premier trimestre a été plutôt plus bas qu’attendu, notamment en raison d’aléas climatiques, donc je ne suis pas du tout inquiet sur l’activité elle-même, mais dans un premier temps, cela ne concourt pas à l’emballement de cette économie, donc la Fed n’a aucune raison de monter son taux. C’est d’ailleurs leur analyse, ils ont indiqué qu’ils ne le feraient pas prochainement, au mois de juin sans doute pas non plus puisque les données sont actuellement trop faibles, donc ils vont attendre de voir si l’économie s’emballe. Donc c’est l’analyse des minutes de la Fed, c’est ce qu’elle nous indique. Malgré tout, il y a une activité très robuste aux États-Unis, sous-jacente, donc la Fed le sait, le chômage est très bas, le marché du travail est fort, même si le dernier chiffre n’était pas très bon. Alors, évidemment, dès qu’il y a un chiffre moins bon, les gens se disent : « Mais est-ce que l’on n’est pas quand même déjà en train de ralentir ? ». Donc est-ce que cette attitude va rester ? mais notre analyse, c’est que les chiffres du premier trimestre sont trop bas pour des raisons climatiques et puis le blocage des ports, le deuxième trimestre sera bien meilleur, on le saura cet été, et dès le mois d’août, je pense, que l’on aura un petit quart de point sur les taux court terme.
Web TV www.labourseetlavie.com : Voilà, donc cela se dessine en tout cas à cet horizon-là. Qu’est-ce que cela change pour les investisseurs ? Parce que l’on a vu ce qu’avaient fait les marchés américains, on disait à un moment donné, avec cet effet dollar, ils ont gardé finalement pas même de l’attrait ces marchés si on regarde bien au cours des dernières années ?
Christophe Couturier, Directeur général de l’Ecofi Investissements : Sur les marchés actions ?
Web TV www.labourseetlavie.com : Oui.
Christophe Couturier, Directeur général de l’Ecofi Investissements : Sur les marchés actions aux États-Unis, les bénéfices des entreprises américaines sont bons. On avait tracé un petit indicateur synthétique de différents paramètres d’activité économique, des bénéfices, des productions industrielles, un indicateur synthétique, qui montre que le marché américain n’est pas surévalué. Donc il a progressé au même rythme que les performances de l’économie américaine. Donc notre analyse, c’est qu’il va continuer à progresser au même rythme que les performances des entreprises américaines. Alors, ces performances, elles sont soumises à deux effets contradictoires. D’une part, c’est devenu plus difficile pour eux d’exporter, vu la hausse du dollar, cela pénalise leur activité et cela pénalise aussi leur rentabilité des marchés export, donc un frein. En revanche, le reste de l’économie américaine, l’économie intérieure, va plutôt bien. Le prix du pétrole a baissé, c’est 600 milliards de consommation pétrole, baissé de moitié, c’est 300 milliards de pouvoir d’achat, donc tout cela concourt à l’accélération de l’économie. Donc il y a deux effets qui se contrecarrent. Donc nous, ce que l’on pense, c’est qu’il y aura une progression des bénéfices encore cette année, moins peut-être marquée qu’avant, donc normalement le marché américain devrait progresser un petit peu.
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté de la Banque centrale européenne, on est dans une autre dynamique, bien entendu. On voit que la Banque centrale européenne a déjà réalisé son programme, cela a été assez vite, on se dit aussi que cela perturbe toutes les valorisations d’actifs effectivement et que cela va continuer dans les prochains mois malgré ce qu’elle a déjà fait ?
Christophe Couturier, Directeur général de l’Ecofi Investissements : La Banque centrale européenne a proposé, elle met en œuvre un programme consistant à racheter pour 60 milliards d’euros de titres tous les mois, et cela jusqu’à fin 2016, donc oui, cela va continuer jusqu’à fin 2016, sauf si elle décidait de l’interrompre parce que… pour des raisons… si cela allait mieux par exemple. Mais pour l’instant, on est parti pour, jusqu’à fin 2016, 60 milliards arrivent tous les mois, cela fait 1140 milliards, et on vient d’en faire 60. Alors, vous avez raison, cela perturbe, cela écrase les courbes des taux, d’abord des pays les plus sûrs, la courbe des taux allemande est négative jusqu’à des durées relativement importantes de 6, 7 ans, la courbe des taux française est négative jusque vers 4 ans. Il y aura une propagation le long de la courbe des taux négatifs. La Suisse qui est dans un cas un peu particulier vient d’émettre à un taux négatif à 10 ans.
Web TV www.labourseetlavie.com : Historiquement jamais arrivé.
Christophe Couturier, Directeur général de l’Ecofi Investissements : Je pense que l’État allemand émettra un taux négatif à 10 ans au cours de l’année 2015, sans doute l’État français pourra-t-il émettra 10 ans à un niveau très proche de 0, comme ça, cela écrase la courbe. Ensuite, cela écrase aussi la hiérarchie des rendements des émetteurs privés. Donc déjà les triples A aujourd’hui sont très, très proches des taux négatifs, et puis cela va se propager, les simples A et bientôt les triples B seront à des niveaux de rendement très bas, cela écrase les spreads. Et donc l’investisseur qui a des obligations qui ne rapportent plus, ni d’États, ni d’émetteurs privés, va se tourner vers les actions. Alors, il peut se tourner un peu vers l’immobilier, mais l’immobilier, aujourd’hui, vous voyez, les prix baissent, il y a un bon rendement mais la valeur patrimoniale n’est pas très bien orientée puisque cela avait déjà beaucoup monté. Les actions, ce qui est plutôt en retard, sont aujourd’hui sous valorisées en Europe. Si on fait un petit calcul rapide, si vous prenez un taux long terme, prenons 1 % pour le taux 10 ans, on est en dessous, mais prenons 1 %, ajoutons une prime de risque de 3 %, alors que l’historique est plutôt 2, mais 3 parce que l’on est dans un marché très incertain, il faut prendre nos précautions, cela fait un taux de rendement équivalent long terme de valorisation de 4 %, qui correspond à un PER théorique de 25. Comme on est à 16, il y a encore 50 % à gagner. Ce n’est qu’un indicateur théorique qui ne tient pas compte de la progression des bénéfices qui devrait s’ajouter en termes de sous-valorisation et ces bénéfices vont-ils progresser ? Moi, ce que je constate, c’est que l’économie européenne va plutôt un petit peu mieux. Elle va mieux parce que, là aussi, baisse des prix de l’énergie, donc cela injecte du pouvoir d’achat pour les ménages européens aussi. Et puis la hausse du dollar, là c’est l’inverse. Nous, on était en récession, cela nous tire. Alors, les Américains, cela évite de les emballer, c’est positif, et nous on était presque en récession, cela nous tire. D’où les prévisions de croissance qui commencent à réaugmenter. Tous les grands organismes, banques centrales, observatoires, OCDE, tout cela, révisent leur croissance à la hausse. Et puis, mécaniquement, quand le dollar a monté, les grands exportateurs européens des grandes valeurs comme LVMH, comme L’Oréal, ils font une partie importante de leurs bénéfices en zone dollar. Mécaniquement, ces bénéfices en dollars vont se convertir en euros avec 30 % de mieux. Donc les premiers mois, même la première année, il y a des couvertures de change parce qu’évidemment il y a une gestion pilotée, donc on ne le voit pas tout de suite dans les bénéfices, mais ça, c’est à venir, et donc ça, ça montre que les marchés Européens sont très, très souvent sous valorisés.
Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin, donc on est obligé dans les portefeuilles d’être investi en actions si on veut aller chercher du rendement, il n’y a pas d’autres, quelque part, opportunités, il faut aller sur cette partie Actions ?
Christophe Couturier, Directeur général de l’Ecofi Investissements : En tout cas il faut avoir une composante Actions. Alors, est-ce qu’on l’a, ce que l’on appelle, en directionnel, c’est-à-dire on achète et puis on attend, ou est-ce que… il y a des stratégies plus élaborées, ce que l’on appelle des fonds de performance absolue, il y a un certain nombre de choses que l’on peut faire également pour avoir un petit peu de rendement, mais aujourd’hui il y a un marché que nous attendons d’un point de vue économique, il faut se souvenir que les actions, cela reste risqué parce qu’il peut se passer des événements géopolitiques qui viennent modifier la donne, donc le risque est toujours là. Mais, d’un point de vue économique, la tendance est très claire, elle est à la hausse des marchés Actions.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nos Christophe Couturier.
Christophe Couturier, Directeur général de l’Ecofi Investissements : Merci Didier.
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