Claudia Panseri Stratégiste Société Générale Private Banking : "Trop d'optimisme dans les attentes pour la croissance 2015 en zone euro".
Bilan et perspectives 2015 pour la stratégie d'investissement

18 décembre 2014 17 h 34 min
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Actualités Bourse et perspectives 2015.

Retour sur l’actualité des marchés financiers, avec un retour de la volatilité, la performance des différentes classes d’actifs.

Mon invitée pour ce bilan et perspectives est Claudia Panseri Stratégiste chez Société Générale Private Banking.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Claudia Panseri, bonjour. Vous êtes stratégiste chez Société Générale Private Banking. On va parler avec vous de marchés et de perspectives. Peut-être pour commencer, un petit bilan de cette année 2014, comment vous avez, je dirais, vécu cette période-là ? Il y a eu quand même plusieurs temps forts pour les marchés, pour les investisseurs, qu’est-ce qui ressort de cette année 2014 ?

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : L’année 2014 est une année assez particulière par rapport aux années que l’on a vécues depuis 2011-2012. On a eu un retour de la volatilité, donc ça c’est très important, même si les acteurs des marchés ont plutôt tendance à dire que la volatilité était faible, on voit quand même des dispersions très importantes. C’est très intéressant de regarder les performances des différents actifs depuis le début de l’année. On voit clairement que l’obligataire a été le gros gagnant encore une fois avec… Il n’y a pas de pressions inflationnistes, donc les taux continuent à baisser d’un côté, et de l’autre côté, on a eu un marché Actions qui a été très volatil dans une fourchette très large. Donc, quand on regarde par exemple l’Euro Stoxx, on a eu des mouvements entre 2750 et 3300 et on a touché les 2750 deux fois cette année, donc on a eu des amplitudes, +15 %, – 15 %, +8, -8, et donc c’était très difficile pour la gestion de réussir à se positionner particulièrement dans ces mouvements haussiers, baissiers. Donc c’était une année globalement pour nous positive parce que l’on était neutre au départ, au début de l’année, positif sur les actions, on a réduit à plus neutre au bout de l’été en voyant un retour de la volatilité et une puissance et puis en allouant au niveau sectoriel notre exposition plus sur le secteur défensif.

Web TV www.labourseetlavie.com : On peut dire aussi bien entendu que les banquiers centraux, les Banques centrales restent à la manœuvre, cela a été important pour ces marchés, est-ce que vous diriez que le discours change ou que, du côté des Banques centrales, il y a toujours cette même volonté que, notamment pour les marchés Actions en tout cas, que la prise de risque fonctionne ?

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : Pour le moment il n’y a pas de changement des politiques monétaires, donc même, le changement, la première remontée des taux aux États-Unis, on pense que cela va se faire très tard l’année prochaine, donc beaucoup de gens attendent déjà une première remontée des taux en juin 2015, ce n’est pas du tout notre scénario. Nous, on le voit plutôt tardivement l’année prochaine du fait de l’appréciation du dollar et puis de la baisse du prix de l’énergie qui compte déjà un peu comme un resserrement monétaire, et donc dégage le risque d’inflation. Donc on imagine les taux rester très bas. Donc dans nos allocations, on a plutôt l’hypothèse des taux, même aux États-Unis, qui ne vont pas remonter au-delà de 3 %.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part ces marchés obligataires qui ont déjà performé en 2014 pourraient encore performer en 2015 ?

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : Ils pourraient performer en 2015 surtout dans les marchés obligataires où les durations sont plutôt longues dans le sens du souverain, et sur la partie courte aussi grâce à la compression des spreads de crédit. On a eu un élargissement des spreads de crédit depuis le mois de juin, donc à 80 pb dans la zone euro et à peu près 100 pb, un peu plus que 100 pb, aux États-Unis, aussi par l’effet de la baisse du prix du pétrole et l’impact donc sur les sociétés énergie aux États-Unis. Donc on pense que même dans le haut rendement, il y a encore de la possibilité sur le marché obligataire.

Web TV www.labourseetlavie.com : Ce qui s’est passé sur les marchés pétroliers, en cette fin d’année, une spectaculaire baisse du pétrole, est-ce que vous le mettez en relation avec la situation économique mondiale ou avec ce qui s’est passé sur les devises, notamment le dollar ?

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : C’est les deux. En fait, on le voit, il y a une plus faible demande pour le prix du pétrole, pour l’énergie en général, il y a la reprise des réacteurs nucléaires au Japon, donc une moindre demande, il y a la révolution énergétique aux États-Unis, donc là effectivement c’est plus structurel. On a aussi l’appréciation du dollar qui fait que l’on ferme les stratégies de carry trade, donc avec un impact négatif sur le prix du pétrole et sur les matières premières. Après, il y a une déflation, donc c’est vrai qu’au niveau global, les prix sont en baisse. On voit bien, même les salaires dans un marché en plein emploi aux États-Unis, au Royaume-Uni, l’inflation ne bouge pas, donc c’est tout à fait normal que, pour une question de causalité, le prix des matières premières et donc celui de l’énergie baissent.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot sur les marchés émergents, cela a été aussi cette année… On a vu le Brésil être en récession, quand on parlait de ces Brics il y a quelques années, c’était vraiment pour l’exemple, on se dit que c’est possible aussi que dans ces pays-là qu’il y ait des chutes, on voit qu’en Chine il y a une croissance plus faible, quel regard vous portez sur ces marchés ?

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : On pense aujourd’hui, comme déjà il y a un an, on ne traite plus les marchés émergents comme un seul marché. Donc on n’utilise plus l’expression des Brics. Clairement, cela fait depuis deux ans que l’on est négatif sur la Russie et le Brésil parce que les deux pays manquent de réformes et qu’ils ont fait face à des niveaux d’inflation assez élevés pour pouvoir activer la politique monétaire. Côté Chine et Inde, nous sommes vraiment très positifs. Sur la Chine, on est très positif depuis le mois de juin et sur l’Inde dernièrement on est passé positif, même si les valorisations en Inde ne sont pas attractives, mais ce que l’on voit, c’est que la croissance des pays émergents doit baisser forcément, mais la contribution à la croissance mondiale est grandissante. Donc même si la Chine a un PIB de l’ordre de 5 à 6 %, ce PIB sera moins volatil, donc beaucoup plus intéressant dans le sens que c’est une moindre prise de risque par rapport aux pays émergents, et surtout on a une policy mix, politique monétaire et politique budgétaire, qui sont extraordinaires dans le pays. On voit les réformes qui sont faites sur le marché immobilier, le secteur bancaire a été fortement déprimé. Avec ces réformes qui vont couvrir le marché immobilier, plus des réformes pour rendre le pays moins sensible aux chocs extérieurs, on imagine beaucoup plus de croissance interne, des profits inondent en Chine plus que dans les autres pays développés, donc sans doute c’est une des thématiques importantes de 2015, et 2014 aussi, c’était « go east », donc aller vers l’Asie, c’est parce que c’est là que l’on voit vraiment la croissance dans les années à venir.

Web TV www.labourseetlavie.com : Si on revient en Europe, on a vu cette année 2014 assez compliquée avec ce qui s’était passé en Allemagne, quel est votre scénario justement pour 2015 ? On est toujours sur une faible croissance en zone euro ?

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : Oui, on est toujours sur une faible croissance en zone euro, et surtout avec une pression déflationniste qui va avoir un impact sur les croissances des profits. C’est vrai que l’on a vu l’euro se déprécie un peu, mais la dépréciation de l’euro vis-à-vis du dollar n’est pas suffisante pour pouvoir soutenir la forte croissance des profits. Et malheureusement aujourd’hui il y a beaucoup trop d’optimisme par rapport aux attentes des croissances pour l’année prochaine et on pense que cela peut être un point de déception pour les investisseurs de la zone euro.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part ce côté même avec une faible croissance, les résultats des entreprises sont là, vous, vous ne croyez pas pour l’instant à ce scénario-là ?

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : En fait, on ne voit pas vraiment les croissances des entreprises qui sont là parce que en début d’année, on a… le consensus attendait +15 % de croissance des profits, si on arrive à +3 en fin d’année, c’est déjà très, très bien. Il faut savoir que le troisième trimestre a été bon parce qu’il y avait un effet base extraordinaire du fait que le troisième trimestre 2013 n’était pas bon. Donc à partir du quatrième trimestre 2014, l’effet base n’est pas bon du tout parce que on se souvient bien que la révision des indicateurs avancés, on l’a eue fin d’année dernière. Donc on commence à revenir sur des croissances des profits qui vont être stables depuis un an, donc cela veut dire une croissance très faible. Donc on ne croit pas à ce que le consensus affiche en termes de croissance des profits, même pour l’année prochaine.

Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion justement entre pays émergents, zone euro, on vient d’en parler, États-Unis, quels sont les investissements que vous privilégiez pour, on va dire, début 2015 ?

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : Sur les actions, on est toujours très positif sur le Japon, très positif sur l’Asie, plus particulièrement sur la Chine et sur l’Inde. On a une pondération sur les Etats-Unis qui est neutre mais avec, je dirais, une surexposition aux secteurs cycliques, donc on croit tout le temps au Made in US, donc à ces sociétés qui produisent aux États-Unis. Sur la zone euro, on est négatif avec un positionnement assez défensif, et l’exposition au bêta, on la protège à travers des durations longues sur l’obligataire, et on a aussi du haut rendement avec des durations courtes, donc un portefeuille qui est clairement très diversifié chez nous.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Claudia Panseri d’avoir été avec nous.

Claudia Panseri, stratégiste chez SG Private Banking : Merci.