Cyrille Collet Directeur de la Gestion Actions CPR AM : "Il faut attendre la FED".
Bourse : évolution de la stratégie d'investissement après un

30 août 2015 10 h 55 min
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S’il fallait s’inquiéter de la Grèce au début de l’été, la Chine s’est invitée dans l’agenda des investisseurs et la dévaluation du Yuan a constitué le facteur déclencheur de peurs et de nouvelles inquiétudes sur la situation de l’économie mondiale.

Simple correction boursière ou vraie sujet pour les semaines qui viennent, nous faisons avec nos dressons avec nos invités un panorama complet de ces marchés.

Mon invité est Cyrille Collet Directeur de la Gestion Actions CPR AM

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Cyrille Collet, bonjour.

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Bonjour.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes directeur de la Gestion Actions chez CPR Asset management. On va parler avec vous de marchés et de perspectives sur ces marchés. Ce qui s’est passé au cours des dernières semaines, alors certains parlent de consolidation, d’autres de crack.

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Bonne consolidation.

Web TV www.labourseetlavie.com : Bonne consolidation. Est-ce que c’est une alerte ? Comment vous qualifieriez ce qui s’est passé ?

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Prise de bénéfices sur les marchés européens, défiance sur les chiffres macroéconomiques qui peuvent venir de Chine ou des États-Unis. Et surtout pour nous, il y a un mouvement qui est important, c’est la sortie des contrebandiers, des gens qui pensaient que les marchés actions allaient monter quoi qu’il arrive, qui sont très performance absolue ou qui sont sur des niveaux de risque finalement assez faibles et qui ne peuvent pas accepter une sous-performance des marchés actions. On l’a vu notamment aux États-Unis où il y a eu des automates qui ont traité énormément certains jours. On va dire que ce n’est pas une purge saine parce qu’une purge, c’est toujours délicat. Mais finalement, c’est une remise à plat de beaucoup de choses, de marchés actions qui ne montent pas forcément. Et sur la période, on ne peut pas dire que les gens qui d’habitude sont longs soient beaucoup intervenus, soit à l’achat, soit à la vente. Il y avait plus d’options d’achat finalement ces derniers jours que d’options de vente. Mais en attendant, il fallait que les choses se normalisent un petit peu.

Web TV www.labourseetlavie.com : Ce qui s’est passé en Chine, il y a eu d’abord la dévaluation du yuan et puis après ce qui s’est passé sur la bourse de Shanghai. Est-ce que finalement on a sous-estimé un petit peu le risque chinois ?

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Je ne sais pas si on l’a sous-estimé. Ce qui m’étonne vraiment, c’est que de juin à décembre 2014, on le disait à peu près deux fois par jour ou trois fois par jour, il y a une bulle sur le marché chinois des actions. Et là quand on voit malgré toutes les baisses, on est à + 22 ou 23 % depuis le début de l’année. On est à + 200 % sur trois ans. Donc, c’est un marché qui était beaucoup trop haut, qui était gonflé par des gens qui s’endettent pour investir en bourse, par des clients finaux, par finalement très très peu de mains institutionnelles sur le marché, toujours pas de fonds de pension, ainsi de suite, même si le gouvernement chinois est en train de régler le jeu. Donc voilà, on est plus sur le dégonflement d’une bulle, que tout le monde a appelé « bulle » pendant très longtemps, et que le jour où elle se dégonfle, on appelle ça « crise ». C’est ça qui nous a paru un peu étonnant et qui peut expliquer certains excès par certains investisseurs.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous parliez d’économie, est-ce que ça ne révèle pas derrière les marchés, puisque le bourse de Shanghai, ce n’est pas l’économie chinoise, qu’il y a peut-être plus de risques sur la croissance économique ?

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Comme je le disais au départ, il y a une vraie question sur la véracité ou la qualité des chiffres qui nous viennent du gouvernement chinois. Mais on peut aussi se poser la question si on est vraiment au plein emploi aux États-Unis, puisqu’il y a beaucoup d’économistes qui se la posent. C’est sûr que le gouvernement chinois administre beaucoup de choses. Par moment, il a arrêté 60 % des cotations sur les valeurs. On ne peut pas appeler ça de l’économie très libérale. Il y a effectivement au niveau du transport ferroviaire ou de la production électrique des chiffres qui sont assez faibles. Mais par contre, quand on regarde les exportations dans la zone avec le Japon, avec la Corée, la Chine continue de tourner. Il y a moins d’achats de matières premières, c’est évident, mais ce n’est pas un pays qui est en crise économique. C’est un pays qui ralentit. Alors, est-ce qu’ils ralentissent à 3 – 4 % ou à 7 % comme ils le disent ? C’est vrai que la nuance entre ces différents chiffres peut poser question. Mais on n’est pas sur une fin du monde en Chine. On est sur un cycle de transition vers une économie plus libérale, avec des enjeux énormes du côté social et du côté environnemental. Donc, on ne peut pas demander finalement aux Chinois de faire en cinq ans ou dix ans ce que d’autres ont mis cinquante ou soixante ans à faire. Donc voilà, c’est une économie en transition et c’est un marché totalement en transition qui va vers du libéral, mais encore une fois, avec beaucoup de particuliers et très très peu d’institutionnels présents. Et là, la dernière mesure qu’ils ont prise nous paraît très très bonne. C’est de dire aux fonds de pension, vous allez pouvoir investir sur le marché local. Le Japon a fait ça il y a deux ans avec GPIF. Et aux États-Unis, si vous regardez un peu qui tient le marché américain, ce sont les fonds de pension et les entreprises. Pour qu’un marché soit moins « volatile» ou moins erratique, il faut des gros institutionnels qui le tiennent hors ce n’était pas vraiment le cas pour le marché chinois.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on parlait de l’économie chinoise. L’économie américaine aussi pose question. Est-ce que véritablement, quand on voit par exemple ce que dit la FED ou ce qu’on entend du côté de la FED, on a l’impression qu’il y a encore pas mal d’hésitations ?

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Il y a surtout ce que ne dit pas la FED et qui angoisse beaucoup de gens. On était un peu sur juin sur la hausse des taux. Donc là, on est plutôt sur septembre. Ce qu’on peut dire a priori aujourd’hui, c’est qu’intrinsèquement sur la qualité de l’économie américaine, il devrait y avoir hausse des taux. Maintenant, dans les minutes qu’a communiquées la FED en juillet, ils ont bien « avoué » que la situation grecque, que la situation chinoise, avaient pesé pour un report de cette hausse de taux. Nous, on reste sur septembre, même si aujourd’hui beaucoup de gens sont passés sur décembre. Et l’intervention de M. Dudley, le patron de la FED de New York hier allait dans ce sens-là, en disant on est un peu hésitant, on a peur d’eux et ainsi de suite. Mais le problème, c’est qu’ils ne vont pas pouvoir repousser trop longtemps. En 2016, c’est une année d’élections aux États-Unis, donc c’est très délicat pour la FED de monter énormément les taux ces années-là. Donc nous, on reste sur septembre. Mais ça serait le meilleur signe finalement. Le signe que les investisseurs attendent. C’est les chiffres économiques sont réellement bons, c’est avéré, ça va mieux, on rentre dans une politique de normalisation des taux de la FED qui sont restés quand même très bas pendant longtemps. Donc pour nous, ça serait un très bon signal.

Web TV www.labourseetlavie.com : Et en même temps, on est toujours dans un environnement américain ou européen sans inflation.

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Alors, ça va mieux. Le problème de l’inflation de premier niveau, elle est quasiment invisible avec la baisse des prix du pétrole et des matières premières. Mais par exemple aux États-Unis, on est quasiment à + 1,8 % d’inflation, hors énergie et hors matières premières. Chez nous, ce n’est pas encore exactement ça. Et c’est vrai que si le Yuan continue à dévaluer, que si on achète moins cher à l’extérieur, on va importer un peu de déflation des pays émergents. Mais d’un autre côté, on a pris l’exemple de la bulle tout à l’heure, on ne peut pas dire le premier client de tout le monde est en train de faire des réformes pour pouvoir aller mieux à moyen terme et du coup être triste de ça. Donc oui, c’est vrai qu’au niveau de l’inflation, ça va être un petit peu compliqué. On espère que le critère marché de l’emploi prévaudra dans la décision de la FED de septembre.

Web TV www.labourseetlavie.com : Si on revient sur l’Europe, après avoir eu une dépréciation de l’euro face au dollar, on a eu une petite appréciation. Est-ce que ça veut dire que la BCE pourrait peut-être agir à nouveau ?

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : On a vu 1,10 $ pour 1 €. Là, ces derniers jours, on était remonté à 1.16, on est déjà redescendu à 1.13. Pour nous, c’est plus des anticipations sur la hausse des taux de la FED. Si jamais les gens anticipent que ça va vraiment se faire en septembre, le dollar va s’apprécier puisqu’il s’apprécie en général jusqu’à la deuxième ou troisième montée de taux. Et si les gens pensent que ça va être décembre, ça pourrait revenir un tout petit peu. Mais il n’y a pas de raisons fondamentales à une appréciation de l’euro aujourd’hui.

Web TV www.labourseetlavie.com : Pour les investisseurs qui auraient un peu raté ces épisodes-là, ils auraient pu regarder sur les marchés obligataires. Il n’y a pas eu finalement de baisse de taux si spectaculaire que ça. Au contraire. On peut se poser des questions sur quoi faire finalement.

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Le marché obligataire qui est resté plus calme. Le marché de crédit était quand même assez volatil, notamment aux États-Unis. Le marché obligataire est resté très calme. Et du coup pour nous, ça valide vraiment la thèse des contrebandiers, c’est-à-dire ces gens qui sont sur les marchés actions alors qu’ils n’ont rien à y faire. Ce n’est pas une crise au sens premier du terme, ce n’est pas une crise économique, ce n’est pas une crise financière. C’est une bulle qui se dégonfle. Il y a des gens qui sont sur des marchés actions qui vont peut-être retourner sagement vers des marchés obligataires ou vers des marchés moins volatils. Et c’est vrai que la bonne tenue du marché obligataire, c’est plutôt une bonne chose.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin sur justement cette allocation d’actifs. Avant l’été, la plupart des gestions étaient en faveur des marchés actions et notamment l’Europe d’ailleurs.

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : On avait quand même évoqué le « sell in May and go away » et de réduire l’exposition pendant l’été. Donc pour le coup, on était quand même assez content de ça.

Web TV www.labourseetlavie.com : Aujourd’hui, est-ce que ça change ?

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Aujourd’hui, il faut attendre la FED. C’est-à-dire qu’il faut attendre le 17 septembre. On a repris des positions sur des valeurs qui avaient beaucoup dévissé. On a racheté un petit peu dans la baisse, dans les mandats où on avait une grosse main sur l’exposition. Mais en moyenne, on n’a pas été très actif. On a des petits achats, mais des achats de sélection, pas des vrais achats d’allocation. On est resté exposé correctement dans notre partie diversifiée sur les marchés actions. Pour nous, le signal prochain, c’est le 17. C’est encore un peu tôt pour acheter maintenant. C’est évidemment beaucoup trop tard pour vendre. Le 17, on aura la clé des prochains mois.

Web TV www.labourseetlavie.com : Eh bien, on suivra ça. Merci, Cyrille Collet.

Cyrille Collet, Directeur, Gestion Actions CPR AM : Merci.