Dominique Hartog Président du Directoire Palatine AM : "Beaucoup d'éléments favorables pour la zone euro".
Crise en Grèce : Evolution de la stratégie et des perspectives d'investissement 2015
Aux Rencontres Paris Europlace 2015, la Web Tv www.labourseetlavie.com réalise des interviews de personnalités dans le domaine de la Finance.
Avec Dominique Hartog Président du Directoire Palatine AM nous parlons de la stratégie d’investissement au lendemain du référendum en Grèce qui a vu la victoire du “Non”.
Quelles conséquences sur la stratégie d’investissement des intervenants sur les marchés ? Doit-on revoir l’allocation d’actifs ?
Web TV www.labourseetlavie.com : Dominique Hartog, bonjour. Vous êtes le président du directoire de Palatine Asset Management. On va parler avec vous, donc vous êtes aux rencontres Paris Europlace, les investisseurs ici sont assez nombreux à écouter un petit peu ce qui se passe, à échanger, le sujet grec a été, reste majeur aujourd’hui pour les investisseurs. Comment, pour vous, il est aujourd’hui intégré ?
Dominique Hartog, Président du Directoire de Palatine AM : Il était déjà intégré. Hier, vous savez très bien qu’il y a eu… le 30 juin la Grèce a fait défaut vis-à-vis du FMI, que dimanche il y a eu 61,3 % pour le non, lundi cela a été très calme, très calme, très calme sur les marchés actions, encore -2 à Paris, -1,5 en Allemagne, -4 en Italie et au Portugal, mais tout cela pas grand-chose, et sur les taux finalement, le grand calme.
Web TV www.labourseetlavie.com : C’est cela qui est le plus rassurant, c’est la partie Taux ?
Dominique Hartog, Président du Directoire de Palatine AM : La partie Taux est assez rassurante puisque finalement cela n’a quasiment pas bougé, d’accord, 0,10 € sur les périphériques, mais la France n’a pas bougé, 1,20, et l’Allemagne au contraire, refuge, a baissé de quelques centimes. Alors c’est vrai que les spreads se sont, eux, un peu plus élargis. Quand on regarde l’ itraxx main il est quand même à 0,79, au plus haut depuis plus d’un an, mais 0,79, cela veut dire qu’un simple A européen emprunte à 0,79 plus le swap à 50 qui est à moins de 0,50, il va emprunter à 1,29, ce n’est pas cher. Et quant à l’ itraxx crossover sur le high yield, oui, lui, il a un peu plus souffert, à 3,40, ce n’est pas encore très élevé, et les taux des emprunts d’État venaient d’un plus bas historique, un plus bas que les pays n’avaient jamais connu depuis qu’ils existent. Donc c’est vrai que le 10 ans français avait touché 0,34 – 0,37, il est à 1,20, ce n’est pas cher. Même l’Italie et l’Espagne qui sont au même niveau à 2,30, elles viennent de 1,80 à fin décembre, mais 2,30, cela aurait fait rêver il y a encore un an.
Web TV www.labourseetlavie.com : Cela veut dire pour vous, ce sujet grec qui est quotidien, avec des déclarations, des confirmations, des infirmations, d’ailleurs cela fait beaucoup bouger les marchés à ce niveau-là, est intégré c’est-à-dire que, même si le pire des scénarios arrive, quelque part c’est un peu déjà acté dans les marchés ?
Dominique Hartog, Président du Directoire de Palatine AM : La Grèce n’est pas Lehman Brothers. Premièrement, la dette, c’est 320 milliards, elle est détenue essentiellement par des états, ce n’est pas un risque systémique. Il y a quand même des choses embêtantes c’est-à-dire que les marchés, les personnes, les gouvernants, ils ne savent pas, n’aiment pas l’inconnu. Et puis, qu’un train arrive en retard, cela passe, mais qu’il déraille, il pourrait dérailler dans la rue, et c’est cela que l’on craint. On sait que les taux ne vont pas monter au ciel, les taux de l’Espagne ou de l’Italie puisque la BCE achète tous les mois 60 milliards et qu’elle peut faire plus si elle le souhaite. Donc personne n’ira se frotter à une force de frappe pareille. Et pourquoi vous me voyez confiant ? C’est parce qu’il y a beaucoup d’éléments positifs. Et les trois éléments positifs pour la zone euro que tout le monde connaît, mais c’est bon de les répéter, des taux bas, un euro bas, un pétrole bas, ils sont toujours là et ils seront là pour les mois à venir, il n’y a aucun doute qu’ils soient là pour les mois à venir. Les taux bas, on aurait pu craindre une hausse des taux américains, on sait qu’elle sera progressive, par palier, modérée puisque le resserrement monétaire aux États-Unis sera progressif, c’est la Fed qui l’a dit. Deuxièmement, l’euro, il n’y a pas de raison qu’il grimpe, d’ailleurs il n’a pas bougé du tout, ces derniers jours, pourquoi ? Parce que, quand même, les taux américains ils monteront un peu, donc ce qui sera bon pour le dollar et ce qui devrait nous maintenir… Et puis, le pétrole bas, il a baissé de 10 % en trois jours, il est à 57 $ le baril. Si on compare aux 100 $ en moyenne l’année dernière, c’est encore un élément très favorable pour la zone euro.
Web TV www.labourseetlavie.com : Ce qui veut dire que pour les entreprises notamment, il va y avoir… on sera plus dans un processus de révision à la hausse de résultats futurs dans ce schéma-là ?
Dominique Hartog, Président du Directoire de Palatine AM : Tout à fait, pour les entreprises de la zone euro. Alors, ce qui est vrai pour la zone euro est un peu moins vrai pour la zone américaine puisque eux ils ont l’effet un peu inverse avec ce dollar qui se raffermit, ces taux qui montent un peu et la baisse du pétrole qui est moins favorable pour eux, et enfin, le coût du travail, eux, ils sont presque en plein emploi, augmente un peu. Donc les résultats des entreprises américaines devraient être un peu moins favorables.
Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a parfois des investisseurs qui glissent insidieusement… oui, la Grèce, certes, c’est là, on en parle beaucoup, mais finalement le plus important, c’est ce qui se passe en Chine, on voit un krach boursier pour une part, mais surtout l’économie chinoise, finaalement la manière dont elle va se sortir de ces problématiques ?
Dominique Hartog, Président du Directoire de Palatine AM : Parlons un peu de l’économie chinoise. Le krach, on peut penser que le gouvernement chinois, il va faire en sorte qu’il n’y ait pas de krack parce que ce serait mauvais pour la consommation des ménages, et qu’il y a un élément favorable en ce moment, c’est la consommation des ménages. Deux autres éléments favorables pour la Chine, c’est l’immobilier, l’investissement immobilier, cela marche toujours très bien, et enfin bien sûr, bien entendu, le yuan qui est sous évalué. Et si on regarde bien la croissance chinoise, c’est vrai qu’elle est ramenée vers 6,5, mais enfin 6,5, on ne va pas pleurer, mais les excédents commerciaux n’ont jamais été aussi… ils sont pléthoriques, ils n’ont jamais été aussi élevés. C’est vrai que quand on regarde dans le détail, les exportations baissent et les importations baissent encore plus vite, c’est pour cela qu’il y a ces excédents commerciaux pléthoriques, et tout cela, c’est un peu désagréable pour nous européens et pour les Américains parce que finalement les Américains et les Européens ont mené des politiques monétaires favorables mais cela a profité beaucoup plus aux Chinois qui ont un yuan sous-évalué.
Web TV www.labourseetlavie.com : On peut peut-être évoquer les pays émergents parce que, là, on parlait de pétrole, vous parliez de dollars, on sait que pour les pays émergents, c’est un peu la double peine parfois, pour certains d’entre eux, pas facile d’investir sur ces marchés-là, est-ce que cela veut dire que tant que ces sujets-là ne sont pas réglés… ?
Dominique Hartog, Président du Directoire de Palatine AM : Vous avez raison, tant que ces sujets-là ne sont pas arrivés, n’y allons pas. Allons déjà vers des choses un peu plus sécurisées. Quand tout monte, cela monte un peu plus vite dans les pays émergents, mais quand il y a ces incertitudes, restons dans la zone euro ou même, on ne va pas pleurer pour la zone américaine, mais restons dans la zone euro.
Web TV www.labourseetlavie.com : Sur le mot de conclusion, est-ce que quand même quand il y a ce type d’événements, il ne faut pas avoir peut-être un peu plus de cash dans cette période-là en se disant « On ne sait jamais » parce que on parlait de ces replis, ils n’ont pas été catastrophiques, ce n’était pas un krack, c’était une baisse d’indices, mais est-ce qu’il ne faut pas être un peu plus… justement être capable de réagir plus vite ?
Dominique Hartog, Président du Directoire de Palatine AM : Cela n’a pas été un krach boursier et rappelons que le CAC était à 4272 en début d’année, que l’on est toujours à près de 10 % de hausse, sans compter les 3 % de dividendes, cela fait 13 %. Alors il fallait sûrement avoir un peu plus de cash. Mais ce soir, s’il y a des déclarations favorables de l’Eurogroupe, cela peut monter. Le 20 juillet, si on trouve une solution d’ici le 20 juillet, cela sera difficile mais cela peut monter. C’est vrai qu’il valait mieux, par sécurité, se couvrir un peu avant ces événements qui étaient… dont on pouvait douter qu’ils ne se passeraient pas très bien.
Web TV www.labourseetlavie.com : Voilà, c’est une manière aussi d’être actif dans ces périodes-là. Merci Dominique Hartog d’avoir fait le point avec nous.
Dominique Hartog, Président du Directoire de Palatine AM : Merci Didier Testot.
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