Julien-Pierre Nouen Economiste - Stratégiste Lazard Frères Gestion : "Toujours très favorable aux actions de la zone euro".
Bourse : Perspectives pour la stratégie d'investissement
QE (assouplissement quantitatif) après la décision prise par la BCE en Europe, croissance économique aux USA, marchés émergents, marchés obligataires, tour d’horizon des principales questions pour la stratégie d’investissement.
Mon invité pour un tour d’horizon des questions d’actualité est Julien-Pierre Nouen Economiste – Stratégiste Lazard Frères Gestion.
Web TV www.labourseetlavie.com : Julien-Pierre Nouen, bonjour. Vous êtes économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion. On va parler avec vous de marchés et de perspectives sur ces marchés. Commençons peut-être par l’Europe avec ce quantitative easing et ses effets. De votre point de vue, la donne a été changée par effectivement cette décision de la Banque centrale européenne, sur peut-être le regard que l’on porte sur les marchés européens ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Sur les marchés, on a clairement eu un impact, on l’a vu depuis le début de l’année, les marchés européens se sont très bien comportés. Sur l’économie, ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est que les choses s’amélioraient déjà depuis quelques mois. Lorsque l’on regarde les chiffres de croissance du quatrième trimestre dans la zone euro, on voit du mieux, on voit du mieux notamment en Allemagne, une poursuite de l’accélération en Espagne, alors évidemment on a la France et l’Italie qui restent un petit peu en retrait, mais on avait du mieux, et notamment au niveau de la consommation des ménages.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc là, cela va accompagner, cela va aider, je dirais, globalement la zone ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Oui, c’est un facteur qui jouera également en contribuant essentiellement à faire baisser l’euro, notamment face au dollar, et puis c’est aussi un facteur de confiance. Un des gros canaux de fonctionnement du quantitative easing, c’est en jouant sur la confiance, en montrant que la banque centrale agit.
Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a bien sûr le dossier grec. Il est à chaque fois relativisé et puis on voit tout de même quelques accès de faiblesse, est-ce que finalement cela veut dire que les investisseurs parient sur le fait que l’on trouvera une solution ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Pour l’instant effectivement les marchés sont très sereins sur le dossier grec, on voit très peu d’impact à propos de réunions qui se passent plutôt mal pour l’instant. Pour nous, en fait, il y a plusieurs aspects. Effectivement la probabilité d’un accord reste quand même assez importante, et le deuxième point est que le scénario noir finalement aurait moins d’impact qu’il y a quelques années de cela parce que la Grèce a un impact moins important sur les bilans bancaires, notamment, qui aurait été le principal canal de distribution parce qu’on a aussi le quantitative easing de la BCE qui fait que la BCE va acheter une grande quantité de titres d’à peu près tous les pays de la zone euro, et donc une envolée des spreads peu probable dans ce contexte.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc, quelque part, même si on peut, cela peut arriver que la Grèce sorte de la zone euro par exemple, le scénario le pire, cela peut effectivement, non pas bien se passer, mais en tout cas être amorti ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : On aura sûrement de la volatilité à court terme mais nous pensons que l’impact de moyen terme pour la zone euro sera très, très mesuré.
Web TV www.labourseetlavie.com : Aux États-Unis, on est dans un autre contexte, mais là aussi, cela a un peu été modifié par peut-être les derniers chiffres macro-économiques, et puis cette envolée du dollar, on a un nouveau scénario qui se met en place pour les taux aux États-Unis ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Nous restons confiants sur l’idée d’une remontée des taux au deuxième trimestre par la banque centrale et on pense qu’elle le fera à un rythme assez soutenu, par la suite qu’elle le remontera sans doute à chaque réunion. Lorsque l’on regarde les déclarations de la Réserve fédérale, elle a plutôt tendance à vouloir considérer que l’impact de la baisse du prix du pétrole sur l’inflation sera transitoire, que cela a aussi un impact très positif sur l’activité, et in fine, donc, sur le marché du travail et sur les salaires qui restent la variable clé, un petit peu, pour l’évolution de l’inflation aux États-Unis. On a pu voir que les chiffres d’emploi de janvier étaient encore très forts, notamment une forte progression du salaire horaire, qui faisait suite à une baisse au mois de décembre, mais le chiffre a quand même été important. Et nous restons confiants sur l’idée que la banque centrale va commencer ainsi que de remontée au deuxième trimestre et que cela sera un cycle assez classique dans son rythme de remontée.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc pas forcément, pas de décalage comme parfois on peut l’entendre, justement compte tenu de ce qui s’est passé sur le dollar par exemple, pas forcément de décalage ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Le dollar est effectivement la variable clé qui pourrait influencer, pour nous pas forcément sur le début des remontées de taux, mais sur le rythme. Effectivement, si on voyait que le dollar poursuivait son raffermissement contre toutes devises sur les prochains mois, on pourrait avoir une Fed qui sera un peu plus prudente avec… peut-être intercaler des réunions où elle ne fait rien entre ses remontées de taux.
Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que l’horizon s’améliore sur les pays émergents de votre point de vue ou est-ce que il y a toujours un certain nombre de nuages ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Pour l’économie mondiale et pour une grande partie des pays émergents, la baisse du prix du pétrole est une très bonne nouvelle. Elle redonne du pouvoir d’achat aux consommateurs, lorsque l’on regarde les simulations que le FMI a pu faire sur l’impact de la baisse du prix du pétrole, ce sont les pays émergents importateurs de pétrole, et au premier rang desquels la Chine, qui en bénéficient le plus. Après, évidemment, de l’autre côté, vous avez des pays qui sont exportateurs très liés aux matières premières et notamment au pétrole, on pense évidemment à la Russie pour qui la situation sera plus compliquée. Et entre les deux, vous avez par exemple un pays comme le Brésil où on est vraiment sur des problèmes liés à un modèle de croissance qui reposait beaucoup sur la consommation et pas assez sur l’investissement, qui pénalise la croissance. Mais globalement, lorsque l’on regarde l’ensemble des pays émergents, il y a plus de gagnants que de perdants à la baisse du prix du pétrole.
Web TV www.labourseetlavie.com : On est quand même dans l’attente… C’est toujours l’économie américaine qui est la locomotive de l’économie mondiale ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Jusqu’à présent effectivement, sur 2014 en cela a été le cas. Pour nous 2015 sera peut-être une année de rééquilibrage justement par rapport à cette croissance mondiale. La remontée du dollar fait partie des facteurs de rééquilibrage. Cela va un petit peu prendre de la croissance sur une économie américaine qui était vraiment très, très bien orientée pour en redonner au reste du monde. Et donc, on devrait voir une poursuite de l’amélioration dans la zone euro, au Japon également, et dans un certain nombre de pays émergents.
Web TV www.labourseetlavie.com : Oui, le Japon où la politique économique et les décisions prises avaient pu avoir un impact, le Japon, pour l’investisseur, quel regard vous portez, vous, sur ce marché ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Nous portons un regard toujours très positif sur le Japon. On pense que l’essentiel, ce n’est plus les aspects, on va dire, un petit peu ponctuels liés à la baisse du yen, aux politiques monétaires de la banque centrale, c’est le fait que lorsque l’on regarde la troisième flèche de l’Abenomics, sa conséquence, c’est d’améliorer la manière dont les entreprises japonaises sont gérées, donc on a des entreprises japonaises qui sont plus attentives aux retours aux investisseurs, et donc ce qui fait que la profitabilité des entreprises japonaises s’améliore et on a vu que la progression en fait importante du marché japonais sur deux ans s’est faite sans une très grosse augmentation des multiples.
Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, l’évolution de votre allocation d’actifs, toujours favorable aux actions, mais quels sont les arbitrages que vous faites ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Nous restons toujours très favorable aux actions, essentiellement de la zone euro. On pense que l’on va encore voir sur les prochains trimestres l’impact de la baisse de l’euro dans les résultats des entreprises, que la conjoncture s’améliore dans la zone euro. Il ne faut pas oublier que, l’année dernière, avec une croissance très médiocre, les entreprises de la zone euro ont affiché une croissance des résultats similaire à celle des États-Unis, et donc on pense que cela sera toujours très positif pour les actions de la zone euro pour cette année 2015.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc cela reste effectivement le marché privilégié ?
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Tout à fait.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Julien-Pierre Nouen d’avoir fait le point avec nous.
Julien-Pierre Nouen, économiste stratégiste chez Lazard Frères Gestion : Merci.
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