Marco Bruzzo Directeur Général Délégué Mirabaud AM : "L'effet dollar se verra de plus en plus dans les comptes des entreprises".
Bourse : Stratégie d'investissement et perspectives
Marchés et perspectives : après l’évolution du consensus macro-économique, comment évolue la stratégie d’investissement ?
Notre invité pour parler des marchés est Marco Bruzzo Directeur Général Délégué Mirabaud AM.
Web TV www.labourseetlavie.com : Marco Bruzzo, bonjour. Vous êtes directeur général délégué de Mirabaud Asset Management. On va parler avec vous des marchés et des perspectives sur ces marchés. On peut dire ensemble que l’on a vu effectivement une évolution, en tout cas en ce mois d’octobre peut-être plus compliqué, moins de lisibilité peut-être sur les marchés, comment vous abordez cette fin d’année vous ?
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : Nous, regardez, on reste relativement confiant. On pense effectivement que le mois d’octobre a été un peu une douche froide. Il y a eu pas mal d’éléments qui ont un peu calmé le marché, la baisse du prix du baril notamment, un ralentissement sur des indicateurs macro-économiques qui étaient un peu moyens, en Europe évidemment, mais aussi aux États-Unis. Donc globalement on était effectivement un petit peu refroidi par ce qui s’est passé, néanmoins il y a quand même un certain nombre d’éléments positifs pour les douze mois à venir, et donc on reste positif. On a été grosso modo avec une hausse de 10-12 % du marché pour la fin de l’année. On est toujours dans un scénario de hausse de 10-12 %, mais plutôt, on va dire, mi-juin 2015, mais on reste positif.
Web TV www.labourseetlavie.com : Qu’est-ce qui a le plus changé finalement ? C’est le consensus sur le scénario macro-économique qui jusqu’ici était assez clair et où avec ce qui s’est passé notamment en Europe, on a vu l’Allemagne notamment, la France on n’en parle même plus, mais cela a changé la vision qu’avaient les investisseurs peut-être de l’année 2015 ?
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : Oui vous avez raison. En Europe, ce qui a un peu vraiment surpris, c’est la baisse assez forte de l’Allemagne. Le mouvement s’est fait un peu attendre parce que jusqu’à la fin septembre le marché tenait très bien, et puis en octobre, d’un seul coup, cela s’est dégradé. On était à -15 % sur le CAC à la mi-octobre, pour vous dire, donc il y a eu vraiment un mini-krach. Alors certes il y a des ralentissements, mais aujourd’hui, il faut dire qu’avec la correction que l’on a eue, les marchés étaient presque dans le pricing d’une récession pour les deux prochaines années. Or, ce que nous on dit, c’est que certes il y a un ralentissement par rapport, j’allais dire, aux perspectives qu’il y avait en début d’année, mais on sera quand même avec une croissance grosso modo flat, voire légèrement positive sur l’Europe, mais pas en récession de 2 ou 3 % pour les deux années à venir. Or les valorisations des secteurs, notamment cycliques, ont pris en compte des scénarios noirs et donc ont emmené les marchés et certains titres beaucoup trop bas d’après nous.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc ce qui a amené certains investisseurs justement à revenir sur ce marché au fil de l’eau et au fil des opportunités ?
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : Oui exactement. Donc effectivement le rebond déjà, j’allais dire, a été en route puisque aujourd’hui on n’est « plus qu’à -5 », donc on a repris 10 % depuis le 15 octobre. Comme vous le savez, aujourd’hui, l’annonce de la banque du Japon a fait du bien, donc on a rebondi de 1,80, mais globalement effectivement on se rend compte que, avec la publication des résultats, avec un effet dollar positif qui va commencer à se voir dans les comptes et qui se voit et qui va se voir de plus en plus, les entreprises vont plutôt bien. Elles ont pratiquement toutes confirmées leur guidance, donc cela veut dire que la situation, certes, est légèrement revue mais elle n’est pas non plus catastrophique. Et donc dans ce contexte-là, je pense que les résultats du Q3 rassurent, l’effet dollar rassure et puis le traditionnel effet de fin d’année fait que les gens, pour la fin de l’année, veulent voir le marché un peu plus haut que là, donc je pense que l’on devrait avoir une fin d’année assez porteuse.
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des États-Unis et de la Fed, là on est sur ce mois donc où la Fed change effectivement du côté de son quantitative easing, est-ce que cela a été bien interprété par les investisseurs et est-ce qu’aujourd’hui on est un peu plus clair sur le scénario de la Fed ou il y a encore des doutes ?
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : Pour le moment, cela s’est plutôt bien passé, j’allais dire, puisque l’on a vu, il n’y a pas eu d’inquiétude majeure sur les bourses américaines. Effectivement le quantitative easing s’arrête, néanmoins les taux vont rester bas pendant encore très longtemps, nous on pense au moins jusque fin 2015, pour vous dire, donc il y a encore du temps, et le marché l’a très bien digéré. Donc, certes, il y a eu un ralentissement et une fin maintenant du quantitative easing, mais on l’a vu encore sur les chiffres du PIB hier au troisième trimestre aux États-Unis, l’économie américaine est bien repartie et effectivement c’est la zone mondiale où il y a le moins de risques pour les trimestres à venir.
Web TV www.labourseetlavie.com : Là vous dites, donc vous êtes un peu au-delà du consensus qui, lui, reste à peu près au mois de juin 2015, on va dire au deuxième trimestre 2015 aujourd’hui ?
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : Oui parce que l’on pense que les États-Unis ne vont pas faire l’erreur d’intervenir trop tôt et de relever les taux, peut-être qu’ils arriveront peut-être un peu après, mais au moins ils assureront que tout s’est bien passé. Donc nous on considère que c’est notamment un soutien du marché puisque les taux restant très bas, cela va être assez favorable pour les actions américaines globalement et pour les actions européennes qui effectivement, elles, sont très en retard et devraient bénéficier aussi d’une revalorisation dans la mesure aussi où, en Europe, toutes les mesures gouvernementales qui sont prises maintenant depuis un an, un an et demi, vont porter leurs fruits l’année prochaine.
Web TV www.labourseetlavie.com : On a eu aussi des investisseurs qui espéraient beaucoup des interventions de la Banque centrale européenne, de Mario Draghi, la dernière fois il semble que cela a été un peu compliqué et que finalement ils en espéraient peut-être un peu trop, est-ce que finalement la Banque centrale n’est pas un peu coincée puisqu’il y a ce risque de déflation qui est là et puis finalement ces mesures qui n’aident pas autant l’économie qu’elle le souhaiterait ?
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : La Banque centrale européenne, c’est quand même l’une des dernières banques centrales au monde qui n’a pas agi massivement et, effectivement, en octobre, début octobre il y avait beaucoup d’attentes qui ont été un peu déçues, vous avez raison. Maintenant, la prochaine réunion a lieu le 6 novembre et peut-être que, dans le cadre du 6 novembre, des prémices d’annonces vont être faites. Mais le quantitative easing à l’américaine n’a pas du tout été fait en Europe et donc, en Europe, si Mario Draghi annonce certaines mesures, notamment en cette fin d’année, cela pourrait être un soutien pour le marché. Il se garde encore cette cartouche. Peut-être qu’effectivement, en termes de timing, les gens l’attendaient dès le mois d’octobre, ce sera peut-être là le 6 novembre, mais cela signifie quand même que potentiellement il y a encore une occasion pour que les marchés européens rebondissent grâce à cela.
Web TV www.labourseetlavie.com : Un point sur les marchés émergents, on parle des marchés émergents effectivement aujourd’hui, comment vous regardez ce qui se passe en Chine ? On voit effectivement cette croissance qui est là mais qui est plus faible que ce que l’on avait effectivement précédemment, compte tenu peut-être de ce repositionnement de l’économie chinoise, est-ce que de ce côté-là il y a des craintes ou des espoirs que cela se passe peut-être plus calmement ?
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : Sur les marchés émergents, il ne faut pas oublier qu’il y avait la grosse manne du quantitative easing aux États-Unis qui soutenait beaucoup les marchés émergents. Nous on considère que les marchés émergents aujourd’hui sont plus « à risque » notamment que les marchés européens. Alors, vous avez raison, la Chine a ralenti un peu plus que l’on s’y attendait. On ne voit pas un effondrement de la Chine, on continue à imaginer une croissance de l’ordre de 7 à 7,2 %, mais il y a quand même un certain nombre de risques notamment du fait des flux de liquidités qui ont inondé les marchés émergents du mois de mars à maintenant et qui ont expliqué un fort rebond de ces marchés. Sur la Chine effectivement, on reste relativement neutre mais on ne voit pas de particulières bonnes surprises pour un redémarrage fort.
Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin sur l’allocation d’actifs, comment évolue-t-elle entre ces marchés actions et les marchés obligataires ? On pourrait le dire aujourd’hui qu’il y a des investisseurs qui, sur les marchés obligataires, ont fait de bonnes performances alors que le consensus disait « non, vu les niveaux de taux, il n’y a plus rien à faire » ?
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : Oui, nous, en tant que gérant d’actions, effectivement on est très positif sur les actions européennes pour vous dire. Sur la partie obligataire, effectivement les taux ayant encore baissé, on continue à dire qu’effectivement il faut rester, au mieux, neutre, mais ce n’est pas du tout le moment, en ce qui nous concerne, de renforcer en tout cas les obligations d’État, on va dire. Par contre, sur les actions, ce que l’on peut dire, et sur les actions européennes, c’est qu’effectivement il y a un gros rattrapage à jouer notamment des valeurs cycliques qui, comme je vous le disais, ont beaucoup plus baissé que le reste du marché. On est sur des P/E relatifs au plus bas depuis novembre 2008, au moment de la crise de Lehman, donc cela montre bien que l’on a eu des inquiétudes massives. Là, sur les publications que l’on a actuellement, on voit que dès que les publications sont à peu près en ligne, on a des rebonds forts, on a eu Renault hier qui a repris 5 %, Alcatel qui a sorti aussi des chiffres supérieurs, cela a pris 16 %, donc il y a un potentiel de rebond à jouer sur ces valeurs cycliques qui, aujourd’hui, montrent que, certes, l’environnement reste un peu difficile, mais, de par les réductions de coûts, de par les croissances de marge, peuvent résister. Donc si elles résistent, elles peuvent rebondir du fait qu’elles avaient beaucoup baissé avant.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Marco Bruzzo d’avoir été avec nous.
Marco Bruzzo, Directeur général délégué de Mirabaud AM : Merci.
Cet interview a été tournée au Club Confair, 54 rue Laffite, 75009 Paris :
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