Nicolas Lasry Gérant Myria AM : "Une hausse de taux aux Etats-Unis qui ne devrait pas trop peser sur les marchés".
Stratégie d'investissement : perspectives pour l'allocation d'actifs

30 novembre 2015 18 h 21 min
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#Bourse : Dans un nouvel environnement, comment évolue la stratégie d’investissement ?

Tour d’horizon de l’actualité économique et financière : conséquence pour les investisseurs.

Mon invité est Nicolas Lasry Gérant Myria AM

Web TV www.labourseetlavie.com : Nicolas Lasry, bonjour.

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Bonjour.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes gérant chez Myria Asset Management. On va parler avec vous de marchés et de perspectives sur ces marchés. Dernière actualité en date cette semaine, c’est bien sûr ce que dit la Réserve Fédérale américaine. Est-ce qu’aujourd’hui ça conforte les investisseurs sur cette fameuse première hausse de taux attendue depuis maintenant de nombreux mois ?

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Oui, alors en fait, les investisseurs sont ce matin rassurés d’avoir un discours assez clair de la Réserve Fédérale américaine. Décembre devrait probablement être le mois d’une première hausse de taux, donc les investisseurs sont rassurés. C’est également un signal plutôt encourageant sur la santé économique des pays et notamment des États-Unis, mais également de la Chine. Puisqu’auparavant, la Réserve Fédérale américaine avait émis certains doutes sur la croissance chinoise. Donc globalement, des minutes de la FED plutôt encourageantes.

Web TV www.labourseetlavie.com : Aujourd’hui, on ne sait pas trop si ça va être effectivement un mouvement important ou pas. La plupart des investisseurs disent « Ça va être modeste, mais c’est un signal important. » C’est un début, ça fait 30 ans quasiment qu’on a eu des baisses de taux. C’est une nouvelle ère qui commence.

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Oui, tout à fait. C’est surtout une incertitude qui est levée. On attendait une première hausse de taux, qui n’est pas encore sûre, mais qui se dessine depuis plusieurs trimestres. Là on est relativement fixé. La probabilité de hausse en décembre va augmenter. Donc, le signal est clairement positif, l’incertitude baisse. Les opérateurs peuvent faire des scénarii assez clairs et se projeter dans l’avenir.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on sait en même temps, on voit d’autres banques centrales. On n’est pas dans la même configuration. Je pense à la Banque Centrale Européenne qui, elle, était plutôt dans une optique de peut-être élargir encore son quantitative easing, donc cet afflux de liquidités. On va avoir un peu une divergence des banques centrales ?

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Oui. Alors en fait, la BCE est en retard en fait par rapport à la Réserve Fédérale américaine qui avait commencé son QE en 2008. Donc, elle prend le pas sept ans plus tard de la FED et va probablement intensifier son quantitative easing. Donc les deux politiques sont divergentes, mais ce qui est important d’un point de vue global, c’est que les liquidités vont rester abondantes sur les marchés financiers.

Web TV www.labourseetlavie.com : Oui, parce que pour les boursiers un petit peu anciens, ils se souviennent de 1994. À l’époque, on parlait de la Bundesbank, la Buba, qui n’était effectivement pas dans le même créneau que la Réserve Fédérale américaine et ça avait créé effectivement beaucoup de pertes sur les marchés à l’époque.

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Oui. Mais je pense que depuis les banques centrales ont appris à communiquer et prennent en compte les réactions des marchés, d’où des discours très clairs. Les banques centrales ont appris à ménager les attentes et à gérer les marchés. Donc nous, ce qu’on anticipe chez Myria AM, c’est une hausse très légère et progressive des taux aux États-Unis, qui ne devrait pas trop peser sur les marchés.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, il y a un impact bien sûr qu’on attend sur les devises. Est-ce qu’il est aussi clair que ça ? La plupart, dans le consensus, on voit les investisseurs dire « Ça va faire monter le dollar ». Est-ce que c’est aussi simple que ça ?

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : On peut vraiment s’attendre à une hausse du dollar. En revanche, ce qui est sûr, c’est que la FED fera tout pour que cette hausse soit relativement légère parce que l’économie américaine pourrait être désavantagée par une hausse brutale et forte du dollar. Donc, on peut s’attendre à une hausse, mais très progressive.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, vous parliez tout à l’heure de la Chine. C’est vrai qu’on est là « rassuré », mais en même temps, on peut regarder de l’autre côté, du côté des matières premières. On voit le cuivre au plus bas. Je voyais ce matin le nickel également, il est plus bas depuis des dizaines d’années. Donc ça veut quand même dire qu’on a une croissance nettement plus faible en Chine.

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Tout à fait. La croissance en Chine est en ralentissement. Mais ce qui est en train surtout de se passer, c’est qu’on a une économie qui va d’une économie très industrielle qui importait beaucoup vers une économie plus centrée sur la demande locale et sur la consommation. Donc la typologie de la croissance chinoise change. ça se ressent dans les résultats des entreprises puisque toutes les sociétés européennes très exposées aux exportations voient leur activité en Chine chuter. En revanche, la consommation tient, notamment la consommation de base. Des sociétés présentes en Chine comme Seb affichent des résultats toujours en forte croissance dans le culinaire. Donc, on voit bien que l’économie chinoise se transforme et va vers une économie de consommation.

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a des investisseurs qui par rapport à ces marchés émergents sont encore très prudents, même aujourd’hui. D’autres se disent qu’au contraire, il y a peut-être des opportunités d’investissement. Quel est votre regard sur ces marchés émergents aujourd’hui ?

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Alors nous globalement chez Myria AM, on a une position plutôt neutre, voire encore négative sur l’ensemble de la zone. Simplement parce que c’est des marchés impactés par les flux et que la hausse des taux aux États-Unis va entraîner un retour des liquidités sur les marchés américains. Donc globalement, on n’est pas encore très confortable sur la zone émergents. Par contre, si on regarde dans le détail, certains pays sont dans de meilleures santés que d’autres et peuvent afficher des valorisations intéressantes. On peut penser au Mexique par exemple, qui est un pays dont la croissance est encore forte, qui est très proche des États-Unis et donc qui bénéficie de la santé de l’économie américaine. Mais sur la Chine et sur le Brésil, qui sont quand même les deux pays qui ont focalisé l’attention des investisseurs, c’est encore trop tôt pour nous.

Web TV www.labourseetlavie.com : Si on revient sur l’Europe, on avait en tête qu’il y avait une croissance un peu meilleure effectivement en route. Est-ce que c’est vraiment le cas ? Est-ce que les marchés européens présentent toujours de l’attrait pour les investisseurs ?

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Alors, les marchés européens sont pour nous attractifs pour la simple et bonne raison que les banques centrales sont à la manœuvre et feront tout pour relancer la croissance et lutter contre le risque de déflation. Après, dans les chiffres et dans l’économie réelle, la reprise est relativement lente. On a des indicateurs avancés macro-économiques encourageants sur le fond de la consommation et de l’investissement, mais ça ne transparait pas encore vraiment dans les chiffres. Pareil au niveau de la micro-économie. Les résultats du 3e trimestre viennent de terminer et sur un indice large comme le Stoxx 600, on a des bénéfices en baisse de 20 %, 5 % inférieurs aux attentes des analystes. Donc, la reprise n’est pas encore là, mais l’alignement des planètes dont on a beaucoup parlé s’est maintenu tout au long de l’année et devrait progressivement se voir dans les résultats des entreprises, probablement l’année prochaine.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin. Bien sûr, avec ce qui s’est passé à Paris, on a pensé peut-être à un impact côté investisseurs qui auraient pu peut-être faire un certain nombre d’arbitrages. Est-ce que ça a été le cas ? Est-ce qu’on a senti quelques changements ?

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Alors globalement, les marchés ont appris à intégrer ces évènements tragiques. Les marchés lundi ont peu réagi. Ils ont ouvert en baisse pour finalement se stabiliser. Et on a vu effectivement des arbitrages sectoriels lundi. Les secteurs du tourisme, des loisirs et dans une moindre mesure du luxe, étaient en baisse. En revanche, le secteur de la défense et de la sécurité a bien performé. Donc, on a vu des arbitrages. C’est aujourd’hui peut-être encore trop tôt pour savoir s’il y aura réellement un impact. Si on se penche sur les attentats du mois de janvier, finalement, on n’a pas vu d’impact à la fois sur les marchés et sur la croissance du premier trimestre qui était très bonne en France.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Nicolas Lasry d’avoir fait le point avec nous.

Nicolas Lasry –Gérant de Myria AM : Merci à vous.