Philippe Lesueur Gérant Cholet Dupont : "Nous trouvons des opportunités d'investissement".
Actualités et perspectives pour investir en 2014
Tv Bourse : Actualités et perspectives.
Avec mon invité Philippe Lesueur Gérant chez Cholet Dupont, nous évoquons la stratégie d’investissement, avec un nouvel environnement en cette fin d’année 2014, lié à une divergence de politique monétaire.
Le choix de valeurs permet selon Philippe Lesueur de trouver des opportunités d’investissement qui tiennent dans la durée.
Web TV www.labourseetlavie.com : Philippe Lesueur, bonjour. Vous êtes gérant chez Cholet Dupont. On va parler avec vous de stratégies et d’investissements, de perspectives sur le marché avec vous. Comment vous abordez cette fin d’année ? Et Peut-être un bilan pour commencer, cela a été une année difficile pour investir, trouver des idées, cette année ?
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Est-ce que cette année est très différente des autres ? Oui et non de notre point de vue. Oui certainement quand on regarde l’actualité, est-ce qu’elle a été difficile pour beaucoup ? Oui. Il faut dire que l’on sort d’une période assez exceptionnelle, plus de cinq ans maintenant où les marchés financiers sont sous dopage de la part des politiques monétaires des banques centrales. Et donc il y a une sorte de processus simple qui s’est mis en place, à savoir on suit les grandes indications et on prend de grandes décisions qui sont plutôt dans le macro-économique. Et depuis un an, à peu près, on voit que les choses commencent à être plus compliquées c’est-à-dire que ces politiques sont peut-être arrivées à leurs limites à la fois en terme de qui est possible, de ce qui est souhaitable, c’est sans doute vrai aux États-Unis, c’est moins vrai au Japon et en Europe on va en faire plus, et donc, cette divergence crée beaucoup d’incertitudes sur les marchés. Et donc ces décisions de gestion qui étaient très simples, qui emmenaient sur des grands mouvements type macro, il est progressivement remplacé par des décisions qui doivent être plus complexes, liées à des sous-ensembles particuliers, que ce soient des valeurs, des secteurs, des entreprises, des régions, des thèmes, et donc c’est sous cet angle-là bien plus difficile.
Web TV www.labourseetlavie.com : Justement de ce côté-là, est-ce que, en termes de valorisation, à peu près au moment où on parle, est-ce qu’il y a eu des excès sur les marchés si on prend les marchés français, marchés européens, ou vous trouvez que vous, on est pas en excès en termes de valorisation ?
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Moi j’ai du mal à me positionner là-dessus puisque valorisation suppose que l’on ait une idée sur le prix normal, et le prix normal, on voit bien que, comme les choses changent tous les jours en bourse, quelque part c’est une notion assez floue. Donc… en plus, quand on parle de valorisation de marché, c’est-à-dire une espèce d’agrégat énorme, on a à la fois des sociétés qui peuvent paraître prometteuses, chères, mais finalement dont le prix est justifié, des sociétés qui peuvent paraître en retournement, des sociétés qui peuvent paraître difficiles à comprendre, etc., des blocs qui sont valorisés sur certains critères, d’autres sur d’autres critères, donc valorisation des marchés dans leur ensemble, difficile de vous répondre. Maintenant sur des valeurs qui nous paraissent avoir des perspectives toujours favorables, est-ce que les excès sont là, ce n’est pas flagrant, donc ce n’est pas tellement une préoccupation aujourd’hui, de mon point de vue.
Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a eu un vrai mouvement sur le marché, c’est tout ce qui a concerné le PEA PME, cela a duré pendant une certaine période, là cela a concerné plutôt des valeurs moyennes, est-ce que ça, cela a conduit à, pour le coup, des changements, à éventuellement des sorties de portefeuille d’ailleurs puisqu’il y a eu quand même pas mal d’achats, plutôt fin d’année dernière, début d’année ?
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Alors là, le PEA PME, c’est encore une façon politique ou fiscale d’orienter les décisions des épargnants ou des investisseurs et cela touche par définition les petites entreprises, et par définition, c’est un marché qui est peu liquide, donc où les masses d’argent qui se déplacent peuvent entraîner des mouvements importants en termes de prix, en gros, c’est donc de valorisation. Nous on touche très peu à cela. Dans les fonds dont je m’occupe par exemple, on investit que dans des sociétés qui sont grandes et très liquides parce que justement ce problème de liquidité qui touche particulièrement les petites entreprises fait que quand les choses vont mal on se retrouve pris en porte-à-faux et cela peut être saignant. Donc nous on ne touche pas à ça. Alors la réponse est oui. Il y a eu une grande vague suscitée par ces décisions et puis on a sans doute été trop loin et on est revenu en arrière.
Web TV www.labourseetlavie.com : Quand on regarde justement du côté des grandes valeurs, que ce soit en France et en Europe, est-ce qu’il y a des secteurs qui se sont distingués, selon vous, qui vraiment méritent… et du coup peut-être d’autres qui vont mériter plus d’intérêt ?
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Il y a des secteurs qui se sont distingués, ce sont les secteurs où il se passe quelque chose, et donc tout le monde l’a vu, en particulier par exemple le secteur de la santé. Il y a des secteurs qui ont laissé la place à beaucoup d’espoir, de déceptions, et ainsi de suite plusieurs fois, type le secteur financier. Derrière cela, ce qui me semble pouvoir se dégager, c’est quelque chose que l’on connaît en fait depuis bien plus longtemps, c’est que l’économie ne s’arrête jamais, c’est-à-dire que l’on soit en période de prospérité ou en période de crise, en fait les entreprises sont sans arrêt en train de se repositionner, de se repenser, de se restructurer, de faire des choix dans leur type d’activité, dans leurs perspectives, etc. Et donc vous avez à la fois ce que l’on voit de manière très forte depuis maintenant deux ans, une accélération des mouvements de fusion-acquisition qui sont une illustration de ce fait, et vous avez aussi pas mal d’opérations qui ne sont pas nécessairement porteuses, au sens macro-économique du terme, effectivement la croissance n’est pas très forte, mais qui permettent à des entreprises spécifiques de trouver des dynamiques positives et de se positionner dans une perspective bien plus longue. Et nous, notre travail en termes de gérant, c’est bien cela, c’est de trouver non pas si l’ensemble va aller bien ou pas bien, mais de trouver que les déplacements à l’intérieur de cet ensemble pour trouver des opportunités d’investissement. Et sous cet angle-là, notre gestion qui est moins sur des grands agrégats, des grandes masses économiques, mais plus orienté vers des entreprises spécifiques, est bien calé sur…
Web TV www.labourseetlavie.com : Si vous aviez un exemple justement de valeurs et d’entreprises qui, dans la période où, effectivement vous l’avez rappelé, si on prend l’Europe ou la France, il y a une faible croissance, voire pas de croissance, arrivent à se distinguer, il y en a une que vous mettriez en avant en disant : « celle-là par exemple, elle a montré un savoir-faire » ?
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Je pense qu’il y a beaucoup d’entreprises qui, en fait, ont montré cette année que la stratégie qu’elles ont mise en place depuis déjà plusieurs années est tout à fait pertinente quel que soit l’environnement économique. On peut en particulier parler d’entreprises qui sont dans des secteurs en relative modeste croissance mais où, pour justement répondre à la crise, on est forcé de dégager de la productivité, des économies d’échelle, etc., se développent en complétant leur activité de base par des petites acquisitions, voir des plus grandes, et qui développent leurs modèles existants depuis plusieurs années, quelles que soient les conditions de marché. Prenons par exemple Aryzta, société suisse qui fait de la viennoiserie industrielle, prenons Brenntag, une société allemande qui fait de la distribution de produits chimiques, prenons Bunzl, une société anglaise qui fournit des consommables pour entreprises, donc des noms qui ne sont pas nécessairement connus de tous, mais qui en fait sont des entreprises qui développent une stratégie qui a bien été élaborée depuis plusieurs années et qui ne sont pas contraintes dans cette stratégie pas l’environnement actuel.
Web TV www.labourseetlavie.com : On a parfois parlé de pricing power dans certains secteurs en disant… c’est un élément, ça, qui peut être un facteur important effectivement que l’entreprise puisse dans son secteur, malgré tout, on va dire, malgré cet environnement qui n’est pas forcément favorable, réaliser cette croissance ?
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Pricing power, j’irai même plus loin, en fait, nous, notre façon d’aborder les choses, c’est plutôt d’essayer de mieux comprendre la décomposition de la chaîne de valeur ajoutée, de savoir comment une entreprise se positionne dans l’ensemble de la chaîne qui est son écosystème et sa capacité à capter ou non de la valeur, et évidemment, le pot de terre contre le pot de fer, le pot de terre est souvent mal placé, donc des entreprises qui sont dans une position défavorable, même si elles sont formidablement bien gérées, innovatives, etc., malheureusement s’en sortent mal. Donc le pricing power, ce n’est pas seulement un rapport de force, c’est un bon positionnement vis-à-vis des fournisseurs, vis-à-vis des clients, et dans la capacité à prendre de la valeur tous les jours.
Web TV www.labourseetlavie.com : Aujourd’hui, votre horizon d’investissement, il est… cela veut dire que votre portefeuille il va beaucoup évoluer, pas beaucoup évoluer justement ?
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Non, non, on est vraiment dans cette logique un peu structurelle. On essaie de trouver des entreprises qui développent des bons business model, dans une chaîne de valeur ajoutée où elles sont capables de capter de la valeur, justement comme on vient de le dire, et qui sont capables de prospérer à horizon de trois à cinq ans, après on ne sait pas, mais qui sont capables, en tout cas à horizon prévisible, de continuer à déployer ce modèle et à avancer quoi qu’il arrive. Alors évidemment, après les opportunités plus court terme font que elles sont un peu freinées ou pas dans leur développement, mais cela ne change pas la dynamique qu’elles développent.
Web TV www.labourseetlavie.com : Et vous diriez que le marché reconnaît ce type de valeurs parce que cela peut être pour un gérant embêtant si vous êtes contrariant par exemple et que ces valeurs-là n’arrivent pas à progresser comme vous le souhaiteriez ?
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Je dirais, en tendance dans la durée, le marché les reconnaît, en phase plus courte, à plus ou moins court terme, vous avez des effets moindres sur le marché qui font que l’attention se déporte vers autre chose ou autre, mais cela revient quand même. Et nous, typiquement dans la gestion que l’on développe, lorsque le marché est très enthousiaste mais à tendance à faire un peu moins bien parce que l’effet de mode nous noie un petit peu et puis quand le marché va très mal on voit la pertinence de cette gestion où là on est nettement meilleur que la moyenne. Et en tendance plus longue, en réalité, le couple rendement/risque est meilleur, mais pas tant parce que la performance des meilleurs, la performance est comparable à l’indice ou un peu meilleure, ça d’accord, mais c’est surtout parce que le risque est plus faible, et donc le couple rendement/risque est nettement meilleur.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Philippe Lesueur d’avoir été avec nous.
Philippe Lesueur, gérant chez Cholet Dupont : Je vous en prie.
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