Sébastien Lemonnier Gérant Mansartis : "On reste optimiste sur les marchés actions".
Actualités et stratégie d'investissement

22 novembre 2014 20 h 46 min
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Regard sur l’actualité économique et financière.

Après plusieurs alertes sur les marchés actions, les investisseurs y sont revenus, comment aborde-ton ces marchés ?

C’est l’objet de notre interview avec Sébastien Lemonnier Gérant Mansartis.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Sébastien Lemonnier, bonjour. Vous êtes gérant chez Mansartis. On va parler avec vous de stratégie sur les marchés et de perspectives. Comment vous abordez cette fin d’année ? Si on dresse un premier bilan, cela a été facile cette année ou il y a eu quand même pas mal de mauvaises surprises ?

Sébastien Lemonnier, gérant chez Mansartis : Non, cela a été très compliqué. Cela a été compliqué pour beaucoup de gérants, il y a peu de gérants qui arrivent à surperformer les marchés européens, c’est aussi compliqué parce qu’il y a peu de styles d’investissements qui fonctionnent…, ni la value, ni de la croissance. Et quand on regarde dans le détail, finalement ce sont quelques secteurs qui ont tiré plutôt les marchés à la hausse ou en tout cas qui les ont empêchés de baisser. On a eu les événements géopolitiques avec l’Ukraine et la Russie qui sont venus aussi déranger, des mauvaises nouvelles macro-économiques, on pensait peut-être que l’on avait un peu vu le bout et finalement il y a encore un peu de révision, notamment en France, notamment en Allemagne. Mais malgré tout, on reste, chez Mansartis, à la fois optimiste sur les marchés Actions dans leur globalité, pas uniquement parce que c’est une classe d’actifs attractifs par défaut, on estime qu’aux États-Unis il y a encore beaucoup de croissance et que les marchés ne sont pas si chers que cela, notamment si on retraite du cash généré par les sociétés. En Asie au Japon, on a plutôt des choses qui nous poussent justement là aussi à être investis, et puis sur l’Europe, zone que je gère, on est aussi relativement confiant puisque, même si on a des déceptions sur les chiffres d’affaires des sociétés ou en tout cas pas de vrais relais de croissance comme cela peut être le cas par exemple aux États-Unis, on a des marges de société qui se tiennent plutôt bien, on a des générations de free cash-flow qui sont aussi très solides et qui, à mon avis, justement servent d’amortisseur par rapport à tous ces risques macro-économiques…

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est-à-dire le fait par exemple qu’il n’y ait pas de croissance ou en tout cas des grosses inquiétudes sur la croissance, cela n’empêche pas certaines entreprises européennes de délivrer de la performance ?

Sébastien Lemonnier, gérant chez Mansartis : Cela peut être plus challenging sur certaines industries, notamment tout ce qui est plus cyclique ou la construction. Par contre quand on regarde les valorisations, le marché n’a pas attendu finalement ces mauvais chiffres macro-économiques, moi dans les grosses convictions que j’ai, dans le portefeuille, j’ai du Lafarge, j’ai du Vicat, j’ai du Imérys, et ce sont des titres où, si je prends l’exemple d’Imérys ou de Vicat, on anticipe déjà un début de récession finalement en Europe, donc on n’y est pas encore, ce sont les valorisations qui me disent cela. Donc s’il y a un potentiel à la hausse, peut-être qu’à court terme ce serait un peu challenging, mais en tout cas à court terme, on a aussi peut-être un potentiel de baisse qui est relativement limité, et ce qui du coup nous encourage parce que de l’autre côté, on a M. Draghi qui est là aussi pour nous protéger. Il faut avoir en tête que son mandat, à la différence de la BCE, c’est l’inflation ou la déflation, ce n’est pas la croissance comme aux États-Unis, et donc si on a de la déflation, ce que tout le monde est un peu, à mon sens, en train de surjouer, je ne dis pas que cela ne va pas arriver, je dis que c’est déjà un peu anticipé. On a M. Draghi qui est là aussi pour nous protéger. Donc c’est pour cela que je trouve qu’il y a un bon couple rendement/risque sur les actions européennes.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté justement des secteurs que vous avez évoqués, là par exemple un secteur, est-ce qu’il y a des… Est-ce que vous raisonnez, vous, par valeur plutôt que par secteur ?

Sébastien Lemonnier, gérant chez Mansartis : On raisonne par valeur, parce qu’on fait vraiment du stock-picking. Après, on fait bien sûr attention en termes de risque sur le portefeuille. En revanche, ce qui est aujourd’hui évident, c’est qu’il y a des vrais écarts de valorisation. Si je prends des sociétés dites défensives, moi je trouve qu’elles se payent un petit peu trop cher aujourd’hui. Si je regarde des acteurs comme Unilever, comme Nestlé, qui sont certes de bonne qualité, mais qui se paient plutôt avec 10 % de prime, 15 % par rapport à leur historique, alors qu’il n’y a pas forcément de croissance, même dans les pays émergents, cela ralentit. A contrario des valeurs cycliques, je vous parlais tout à l’heure de la construction, je regarde aussi attentivement le secteur Automobile, un secteur que je trouve assez intéressant parce que l’on a eu à la fois des révisions à la hausse, des bénéfices par action des sociétés, alors que même c’est un secteur qui a sous performé. Donc en fait, dans le marché avec le stock-picking, j’ai aujourd’hui ces biens dans ce fonds où je me sens plutôt à l’aise aussi compte tenu de la valorisation, et c’est quelque chose qui est plus trop en train de fonctionner d’ailleurs ces derniers temps. On a des mouvements de rotation sectorielle qui sont plutôt en faveur justement de cette stratégie que l’on a chez Mansartis sur le fond Mansartis Europe.

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a, c’est vrai, des tendances un petit peu historiques, là on est en fin d’année, donc il y a ce côté rallye de fin d’année qu’aiment bien les gérants ou les investisseurs, il y a quand même des risques géopolitiques, il y a quand même un certain nombre d’inquiétudes en ce moment ou en tout cas quand on regarde l’actualité, aujourd’hui les marchés restent dopés quand même par cette aide des banques centrales ?

Sébastien Lemonnier, gérant chez Mansartis : C’est le cas aux États-Unis. Ce n’est pas forcément encore le cas en Europe. Combien d’investisseurs justement se plaignent comme quoi Draghi ne fait pas assez. Les mouvements de fin d’année, il y en a, c’est toujours très compliqué à anticiper. Chez Mansartis on a une vision long terme, donc ce n’est pas parce que on s’approche de la fin de l’année calendaire que cela change quoi que ce soit. On gère le patrimoine de nos clients sur une approche longue, pour certains sur 10, 20, 30 ans parce qu’on a des client très fidèles. Moi quand j’investis dans une société, je la regarde sur un horizon normalisé c’est-à-dire sur trois à cinq ans, justement quand les choses se rationalisent, quand les événements exceptionnels, imprévisibles finissent par disparaître, et donc moi j’essaie d’en profiter avec des inefficiences de marché qui j’ai pu justement constater pendant l’été, ce qui m’a permis aussi de renforcer, vis du stock-picking, pas mal de small et mid-cap qui avaient été fortement délaissées avec des mouvements de flux importants, mais finalement c’est là où on l’on fait en général les meilleurs courses pour les investissements des 18, 24 prochains mois.

Web TV www.labourseetlavie.com : Oui parce que là on peut dire qu’il y a eu un double mouvement, il y a eu en fin d’année dernière quasiment à l’époque dont on parle, un mouvement d’achat, il y a eu le lancement retardé du PEA-PME et il y a eu effectivement, pour ces valeurs-là, de l’intérêt et puis il y a eu, ce que vous avez rappelé, après des valeurs qui ont été largement délaissées.

Sébastien Lemonnier, gérant chez Mansartis : C’est vrai que les small et mid-cap, par définition, historiquement génèrent plus de croissance que les large-cap. Elles ont aussi finalement réussi tout leur travail de restructuration. Elles ne sont pas si domestiques que cela. C’est vrai que souvent on a en tête que ce sont des valeurs purement européennes, franco-françaises, sur le marché français, finalement ce sont des acteurs globaux. Si je regarde un acteur comme Plastic Omnium dans l’automobile, ses clients sont partout dans le monde, donc cela a été aussi sur-joué parce que malheureusement il y a toujours des phénomènes de flux. Quand on crée un nouveau produit, comme cela a été le cas en France, cela tire aussi les valorisations vers le haut. Les investisseurs américains qui étaient rentrés en début d’année avaient peut-être été aussi un peu excessifs en disant « tiens, ce qui va se passer… enfin, ce qui s’est passé aux États-Unis va se passer en Europe » et puis, quand tout le monde panique, comme cela a été le cas pendant l’été, on a là des fortes baisses. Donc il faut réussir à faire le dos rond sur éventuellement les valeurs que l’on a en portefeuille et sur celles que l’on n’a pas mais qui sont de bonne qualité, ce sont des très bonnes opportunités, c’est ce que j’ai fait sur plastic Omnium, sur une société italienne qui s’appelle Ima qui un leader incontournable sur les machines qui produisent des sachets de thé, qui produisent aussi des packaging pour l’industrie pharmaceutique, dont deux business qui sont vraiment très défensifs, mais cela n’a pas empêché le titre de baisser de 40 %. Donc quand on est un investisseur à long terme, c’est plutôt une très bonne opportunité.

Web TV www.labourseetlavie.com : De votre point de vue, il reste justement… il restera des opportunités d’ici la fin de l’année pour justement avec ce type de valeurs qui, peut-être, peuvent être à un moment donné décotées parce que délaissée par les investisseurs ?

Sébastien Lemonnier, gérant chez Mansartis : Moi je continue à en trouver. Alors c’est sûr que j’ai déjà des convictions fortes dans le fonds. Si jamais le marché venait à rebaisser, notamment sur des acteurs comme Vicat dont je vous parlais, comme Imérys, pourquoi pas aussi Volkswagen, j’en profiterai pour renforcer. Et puis on continue de trouver de nouvelles idées, pareil plutôt sur des valeurs cycliques. Donc il faut aussi faire attention en termes de construction de portefeuille, ou alors sur des sociétés qui sont un peu en changement de statut. On a beaucoup travaillé ces derniers temps sur Veolia Environnement où justement on pense qu’il se passe beaucoup de choses… après la partie restructuration, la boîte est sauvée, et je pense que 2015 sera l’année de Veolia en termes, à la fois, de nouvelle croissance sur des nouveaux marchés, mais surtout en termes de free cash-flow, puisqu’on a une perception des investisseurs, alors peut-être moins maintenant en France, mais en tout cas aux États-Unis c’est encore vraiment le cas, c’est une société qui est capable de générer du free cash-flow, et je pense que à la fois elle va être capable de le faire et elle va sans doute pouvoir doubler ses retours sur capitaux employés à horizon de trois, quatre ans. Donc c’est une société sur laquelle on est rentré récemment, où on est très confiant.

Web TV www.labourseetlavie.com : Typiquement la société à regarder. Merci d’avoir fait le point avec nous Sébastien Lemonnier.

Sébastien Lemonnier, gérant chez Mansartis : Merci.