Stéphane Furet Directeur Général Dorval Finance : "Sur l'Europe, bonne fenêtre d'opportunités".
Stratégie et perspectives 2015 sur les marchés

15 juin 2015 17 h 20 min
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Retour sur l’actualité des taux et des actions, l’actualité éco et les banques centrales, les évolutions de la stratégie d’investissement dans un contexte plus volatile.

Mon invité est Stéphane Furet Directeur Général Dorval Finance.

Sur les actions, « aller pas forcément sur les grands noms de la cote, mais sur des dossiers secondaires ».

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Stéphane Furet, bonjour. Vous êtes le directeur général de Dorval Finance. On va parler avec vous de marchés et de perspectives sur ces marchés. Comment vous avez, vous, abordé ce qui s’est passé au cours des dernières semaines ? On a vu cette remontée des taux, sur des graphiques c’était assez spectaculaire. On a été très bas aussi, il faut le rappeler pour les investisseurs qui suivent cela, bien entendu, est-ce que c’est de l’inquiétude pour vous, une certaine logique finalement, on arrive un peu à un point d’inflexion ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Oui, ce que l’on peut dire, c’est que le marché retrouve un peu ses esprits après avoir fait des excès à la baisse sur les rendements. Certainement que beaucoup d’investisseurs ont vu dans l’action de la BCE au début d’année le fait que les taux pourraient rester extrêmement bas, le Bund est quand même allé prés de 0 % sur 10 ans, c’est quand même, avec le recul, un peu surprenant. Donc là il y a une normalisation qui est aussi la traduction d’une reprise économique qui est quand même réelle dans la zone euro. Donc on revient quelque chose d’un peu plus conventionnel. Nous, globalement, dans notre gestion, c’est quelque chose que l’on avait plutôt anticipé, sachant que dans la sélection de nos investissements, on a un critère Valorisation qui est très important et toutes les grosses valeurs défensives internationales qui avaient atteint vraiment des sommets en termes de valorisation, pour nous, cela fait déjà pas mal de temps qu’on les trouvait trop cher.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part, c’est aussi ce timing qu’il faut savoir gérer puisque là on avait ces flux importants qui allaient… qui se déversaient vers l’Europe et puis qui donc avaient conduit les taux aussi bas ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Oui, absolument. Donc nous on reste relativement serein sur la poursuite de la reprise en zone euro, donc on a plutôt des investissements sur des valeurs qui vont profiter de cette reprise, donc avec une connotation un petit peu plus cyclique, mais avec des prix qui, selon nous, restent encore tout à fait raisonnables, eu égard à la croissance qui devrait aussi se reprendre sur les bénéfices.

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est aussi un des facteurs clés que les entreprises, qu’il y ait cette reprise, en tout cas qu’il y ait une croissance des résultats pour justifier un petit peu les hausses récentes, on a eu cet impact de la baisse de l’euro, est-ce que pour autant il est suffisamment significatif, il va être suffisamment significatif dans les comptes des entreprises parce que là on va dire que c’est ponctuel ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Oui, sachant que la baisse de l’euro n’a vraiment débuté qu’en toute fin du second semestre par rapport au dollar. Donc là on a encore les comptes du deuxième trimestre, du troisième trimestre, qui devraient être vraiment impactés, d’autant que bien souvent les entreprises ont des couvertures sur le change et donc, le temps qu’elles se débouclent, on n’a pas encore vraiment vu les impacts positifs. De la même manière d’ailleurs sur les frais financiers, on pense aussi que les analystes devraient être agréablement surpris sur le poste Frais financiers pour les prochaines publications du premier semestre.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des États-Unis, bien entendu, les investisseurs scrutent de près ce que dit la Réserve fédérale américaine, le calendrier reste un peu flou sur la hausse de taux, mais aujourd’hui il faut s’y préparer ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Oui, il faut s’y préparer, et d’ailleurs c’est plutôt une bonne chose, cela veut dire que la croissance est là aussi aux États-Unis. Donc le consensus attend autour de 2 % cette année, on est tout à fait en phase, nous, avec ce chiffre-là. Le premier trimestre, on le sait, était particulièrement faible, cela s’explique, et donc on pense aussi que l’activité va se reprendre peu à peu sur ce trimestre et sur la deuxième partie de l’année. Et donc, même dans une ambiance, je dirais, où les matières premières restent raisonnables, qui sont quand même la première source, le premier risque de reprise de l’inflation, certainement que dans le courant du deuxième semestre, on aura la première hausse de taux de la part de la Fed. Mais là, le marché réagit davantage aux excès obligataires faits sur le marché européen que sur une inflexion majeure sur la courbe des taux américaine.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que… il y a toujours ce scénario de 1994 que les investisseurs redoutent, est-ce que pour vous il faut toujours se méfier de ce qui pourrait se passer parce qu’on le voit, quand il y a des mouvements sur les taux, cela peut être assez rapide par exemple ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Oui, cela peut être très violent, d’ailleurs c’est très violent depuis une dizaine de jours. On pense que la remontée ne va pas être… on a déjà fait une grosse partie de la remontée, il faut rester serein sur la situation, l’inflation est attendue autour de 0,9 % en Europe, le Bund remonte déjà au-delà des 0,9 sur les niveaux actuels. Donc on peut encore se reprendre un petit peu plus, mais on ne va pas retrouver de taux largement supérieurs avant bien longtemps.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc cela veut dire que… parce que cette gestion de flux n’est pas évidente, mais y compris pour les banques centrales, c’est-à-dire qu’il y a eu tellement de flux qui sont venus sur les marchés que si on assèche à un endroit effectivement, on se dit que la réaction peut être brutale quand même ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : C’est vrai que même si les investisseurs, en particulier anglo-saxons, sont revenus sur les actions européennes en début d’année, le gros des investisseurs internationaux reste quand même très investi sur les marchés, les marchés obligataires, en termes de flux et de montants, ce qui explique pourquoi ces marchés-là peuvent bouger même aussi vite que les actions sur certaines périodes comme c’est le cas depuis quelques jours.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que votre analyse a changé du côté des pays émergents, pays qui ont pu être affectés d’une manière ou d’une autre par ce qui s’est passé sur le dollar, sur le pétrole aussi, est-ce qu’il y a toujours de la prudence sur ces marchés-là ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Oui, on reste assez prudent. Quand il y a un risque de tensions obligataires, on le sait, on l’a vu en 94, les fonds peuvent aussi se retirer très vite de ces zones-là, surtout pour les pays qui sont très dépendants de l’épargne extérieure. Et deuxième point, c’est aussi pour bon nombre de pays, en particulier le Brésil en Amérique du Sud, des pays dont la croissance est dépendante de l’évolution des cours des matières premières qui sont, pour l’instant, plutôt toujours sur des niveaux bas. Donc il n’y a pas de moteur suffisant pour relancer sur des niveaux bien supérieurs la croissance dans la plupart des zones des pays émergents.

Web TV www.labourseetlavie.com : Des investisseurs qui n’auraient pas participé à ces mouvements importants sur les actions par exemple, est-ce qu’aujourd’hui ils pourraient venir sélectionner des actions ? C’est possible ou c’est trop tard ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Oui, sur l’Europe, c’est une bonne fenêtre d’opportunités, là sur la partie Actions Europe, en prenant la précaution, une fois de plus, d’aller plutôt vers des valeurs qui restent à des valorisations raisonnables, qui vont quand même profiter dans leurs résultats d’une amélioration de la conjoncture, et donc pas forcément aller dans les grands noms, je dirais, de la cote, mais plutôt aller dans des dossiers secondaires qui restent à des prix attractifs.

Web TV www.labourseetlavie.com : La difficulté principale aujourd’hui pour la gestion, c’est d’être capable, dans des périodes de baisse qui peuvent arriver, de ne pas trop baissé, on va dire ?

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Oui, absolument, toujours bien résister dans les périodes de baisse et pour pouvoir se réexposer. On a le dossier grec qui a aussi bien pollué le marché depuis des mois. On espère que l’on est quand même proche d’un premier dénouement. Donc la période est effectivement propice avant la publication des résultats au titre du semestre, à partir de la fin juillet.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Stéphane Furet d’avoir été avec nous.

Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance : Merci à vous.