Vincent Guenzi Stratégiste Cholet Dupont : "Vers une hausse raisonnable des marchés en Europe".
Actualités économique et financière : Evolution de la stratégie d'investissement
Bourse : BCE et FED sont toujours à la manoeuvre
Résultats des entreprises, hésitation entre croissance atone en Europe et reprise US, le point sur l’actualité sur les marchés financiers et l’évolution de la stratégie d’investissement.
Mon invité avec Vincent Guenzi Stratégiste Cholet Dupont.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vincent Guenzi, bonjour. Vous êtes stratégiste chez Cholet Dupont. On va parler avec vous de stratégie d’investissement et de perspectives. Comment vous abordez les marchés en ce moment avec, on peut le dire, toujours les banques centrales à la manœuvre ? Qu’est-ce qui change le plus selon vous ?
Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont : C’est vrai que la présence des banques centrales constitue une espèce de parachute, de soutien pour les marchés, mais on voit bien que l’on manque un petit peu de dynamisme, un peu d’allant, parce que la croissance économique en Europe est toujours assez faible, voire morose dans certains pays, et puis les résultats ne sont pas encore tout à fait probants. On révise toujours encore un petit peu en baisse les résultats, la tendance va peut-être s’inverser mais ce n’est pas encore tout à fait sûr. Donc on voit bien que les marchés sont partagés entre une direction qui vient des États-Unis qui est assez porteuse et une direction européenne qui est un peu molle. Donc cela explique un peu pourquoi les marchés sont encore un peu hésitants. On a réagi à la hausse à l’annonce des dernières mesures de la BCE et puis on consolide un petit peu en ce moment, mais je crois qu’il n’y a pas de gros, gros risques aujourd’hui en Europe. Il y a encore l’hypothèse du référendum écossais, on verra bien ce que cela donne, et puis la situation en Ukraine qui n’est pas encore totalement aplanie. Donc voilà, il y a cela, il y a ces incertitudes géopolitiques, donc cela brime un peu les marchés, cela les empêche de progresser, mais on formule quand même une hypothèse de hausse raisonnable des marchés dans les prochaines semaines pour revenir tester les points hauts que l’on avait vus en Europe au printemps.
Web TV www.labourseetlavie.com : Oui parce que l’on pouvait dire que du côté des entreprises il manquait justement cette progression des résultats. Est-ce que ce qui se passe sur les devises, ce qui est en train depuis effectivement quelques semaines maintenant et la faiblesse de l’euro on va pouvoir peut-être un peu changer la donne ?
Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont : Oui, c’est quelque chose que l’on attendait et qui est en train effectivement de se mettre en place. Donc la traduction dans les comptes, on le verra peut-être dans le courant de l’année prochaine, au premier semestre ou au premier trimestre, mais c’est vrai que, d’un point de vue boursier, cela redonne un petit peu de force à des compartiments du marché qui étaient un petit peu délaissés, un peu le secteur de l’aéronautique, le secteur du luxe, des secteurs exportateurs bien entendu qui vont bénéficier de la dépréciation de l’euro.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, aux États-Unis, on pourrait dire tout de même qu’il y ait un débat sur ce calendrier de hausse des taux. Il y a certains effectivement qui voudraient que cela aille un peu plus vite, un certain nombre qui voudrait que cela aille un peu plus vite, est-ce qu’aujourd’hui il ne faut quand même pas avoir un peu de prudence par rapport au schéma que tout le monde… consensus finalement, consensus global ?
Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont : Bien sûr. Je crois que le consensus est vraiment en train d’évoluer. On sait qu’il va y avoir à un moment donné des modifications de la politique monétaire et on commence à être bien convaincu par le discours de la présidente de la Fed qui dit : « Nous allons rester très pragmatiques. » Donc cette hausse des taux sera très, très progressive pour ne pas risquer de casser la croissance américaine. Et la hausse des taux, par répercussion sur le marché obligataire sera également assez douce. Donc ce qui est en train de sortir de l’esprit des investisseurs, c’est que le jour où la Fed commencerait à changer sa politique monétaire, cela se passerait très mal pour les marchés. Je pense que dans un premier temps les marchés accepteront cela parce qu’on les aura préparés et cela permet peut-être d’avoir des perspectives pour le marché américain un peu plus élevées pendant l’année 2015 que ce que l’on avait au départ. Cela nous donne un potentiel d’appréciation supplémentaire parce que tant que les marchés restent convaincus que les taux d’intérêt ne seront pas un ennemi pour les marchés Actions, on va pouvoir revaloriser les marchés Actions. Comme il y a de la croissance des résultats, cela devrait quand même faire un potentiel de hausse un peu plus important pour les marchés américains, 10, 15, 20 %, on verra.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors il y a eu, si on fait un petit retour en arrière cette année, pas mal de surprises sur les marchés obligataires. On l’a vu en début d’année, on l’a vu encore cet été, des marchés obligataires qu’il fallait peut-être délaisser, mais quand on regarde la performance, on se dit : « Mince, il y avait peut-être pour l’investisseur des opportunités ? »
Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont : Cela fait partie des nombreux contre-pieds que l’on voit en bourse, peu d’investisseurs, peu de gérants prenaient un pari fort sur les marchés obligataires en début d’année, surtout sur les marchés les plus sûrs, les États-Unis ou l’Allemagne, où on avait tous conscience que les taux pouvaient baisser en Europe périphérique, mais voir des taux allemands autour de 1 %, il fallait vraiment être dans le camp des déflationnistes pour jouer cela. Et puis peut-être qu’en cours d’année, il y a eu des hésitations à venir jouer ce marché obligataire parce que l’on se disait : « Les taux sont déjà très bas, le jour où les taux américains remonteront, on sera pris un peu à contre-pied. On ne va peut-être pas gagner grand, grand chose. » Or en fait c’est vrai que sur trois ou quatre mois, il y a eu quand même des perspectives, pardon des progressions des marchés obligataires de 2, 3, 4 % en nominal parfois, donc cela valait le coup, vous avez raison. Est-ce qu’il faut encore y aller aujourd’hui ? C’est exactement le même débat. Acheter des taux allemands en dessous de 1 %, moi je n’ai vraiment pas envie. Des taux américains, je pense que l’on est un peu protégé parce que la hausse du dollar pourrait compenser une petite moins-value en cas de petite hausse des taux 10 ans américain, les taux périphériques ont encore peut-être un petit potentiel d’appréciation à la baisse. Donc garder ces produits-là, oui. En acheter davantage aujourd’hui, cela devient toujours un petit peu plus compliqué.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors du côté des grands marchés, il y avait eu, il y a quelques années de cela, un grand pari sur les pays émergents, c’est vrai que l’on parlait de cette croissance des pays émergents, on peut dire que là, avec la récession au Brésil par exemple, on peut être surpris par le fait que oui, des pays comme le Brésil qui peuvent sombrer rapidement ?
Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont : Bien sûr. Je crois que l’élément important cette année sur les pays émergents, les deux éléments importants, c’est premièrement une reprise globale que l’on a vue sur les marchés émergents parce que il y a eu un retour local, un retour au calme sur le plan des devises, on a moins craint la hausse des taux américains, le reflux large des capitaux vers les États-Unis, donc l’argent est revenu vers les pays émergents, cela fait une appréciation plus forte que l’on pouvait croire. Et la deuxième chose, c’est l’hétérogénéité c’est-à-dire qu’au sein des pays émergents, c’est devenu extrêmement difficile de jouer globalement parce qu’effectivement il y a le Brésil qui est en récession, il y a la Russie qui subit les contrecoups de la crise ukrainienne, la Chine va mieux, mais il y a trois ou quatre mois, ce n’était pas si évident que cela, le Mexique est plutôt en tête, cela tourne très vite au sein des pays émergents et c’est donc une classe d’actifs qui est probablement plus compliquée à appréhender sur le plan boursier et qui demande vraiment beaucoup de doigté, beaucoup de timing, et donc cela rend quand même difficile l’investissement là-bas, plus compliqué en tout cas.
Web TV www.labourseetlavie.com : Oui, plus compliqué. Si on reste en Asie, il y a bien sûr la question du Japon avec donc les fameux abenomics et puis cette hausse de TVA, est-ce que pour vous cela remet en cause, je dirais, ce qui peut se passer au Japon, ou cela va au contraire valider un petit peu ces théories économiques ?
Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont : Écoutez, pour l’instant, je temporise c’est-à-dire que je pense que, par rapport au scénario que l’on pouvait avoir sur le Japon il y a trois, quatre mois, les choses patinent un petit peu, ce qui n’est pas aberrant compte tenu de l’ampleur de la hausse de la TVA qui a été pratiquée de l’impact que cela a eu sur la consommation et sur la croissance au deuxième trimestre. Les premiers signes montrent quand même que le troisième trimestre devrait être un peu meilleur et que le pays devrait arriver à effacer un petit peu ce choc de la TVA. Mais ce qui manque maintenant vraiment au Japon, c’est une politique salariale un peu plus dynamique pour redonner du pouvoir d’achat et relancer la consommation. Le yen continue à se déprécier par rapport au dollar, donc c’est plutôt positif pour les exportateurs japonais, mais le pays est encore confronté à des défis gigantesques. C’est pour cela que pour moi c’est encore une espèce de pari parce que c’est un marché qui reste pas cher et qui a sous performé pendant des dizaines d’années, et que j’ai envie de jouer un petit peu, mais ce n’est pas encore totalement convaincant.
Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot des matières premières, on peut être étonné de voir le niveau du baril, le prix du baril de pétrole, compte tenu des conflits que l’on peut avoir dans certaines zones, en Irak, en Libye, on aurait pu penser que, à d’autres périodes, cela aurait un impact, que là finalement… est-ce que c’est un signal de l’économie mondiale qui a du mal à repartir ?
Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont : Non je pense que c’est directement corrélé à l’évolution du dollar. Pendant la période de 2003-2012 où le dollar se dépréciait, se dépréciait et puis il a commencé à s’inverser en 2009, vous savez qu’il y a eu un énorme boom sur toutes les matières premières, sur l’or qui a fait quasiment une bulle, il faut le dire, donc je pense que là, nous sommes revenus depuis quelques mois dans une période de réappréciation du dollar. Par contrecoup, il y a de la faiblesse sur les matières premières qui ne jouent plus comme l’or leur rôle de protection, de valeur refuge quand il y a des crises.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Vincent Guenzi d’avoir été avec nous.
Vincent Guenzi, stratégiste chez Cholet Dupont : Merci.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 21 septembre 2014.
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