Nicolas Lesur fondateur Unilend : "le financement participatif est perçu comme une solution de financement des entreprises".
Rencontres Paris Europlace 2014 : financement participatif et perspectives
Rencontres 2014 de Paris Europlace.
A cette occasion la Web Tv a interviewé des personnalités qui intervenaient lors de tables-rondes.
Financement participatif et perspectives avec Nicolas Lesur fondateur Unilend.
Web TV www.labourseetlavie.com : Nicolas Lesur, bonjour. Vous êtes le fondateur d’Unilend. On va parler avec vous de financements participatifs puisque c’est l’activité de votre société. C’est un secteur qui a considérablement évolué en quelques mois avec des nouvelles réglementations, on en est où justement déjà de votre univers du financement participatif ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : L’univers du financement participatif effectivement en France depuis plusieurs mois, sous l’impulsion notamment de l’attention des pouvoirs publics et de cette nouvelle réglementation, il est de plus en plus sous les feux de la rampe, donc on s’y intéresse de plus en plus. Je crois que ce qui a marqué les derniers mois, c’est que le financement participatif est de plus en plus perçu comme une solution de financement des entreprises, et plus seulement comme quelque chose qui peut, même si il le fait toujours, financer des industries culturelles ou associatives. Et donc je pense que le vrai… le vrai décollage au bénéfice de l’économie réelle, j’allais dire, c’est vraiment la dernière tendance des derniers mois et c’est quelque chose qui, à mon sens, va se renforcer et s’amplifier.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc il y a eu effectivement de nouvelles règles, notamment sur l’investissement, l’investissement que pouvaient faire les particuliers, et puis pour les plates-formes une certaine transparence aussi sur la manière dont elles travaillent ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : Oui, c’est-à-dire que le financement participatif, par nature, est quelque chose qui est transparent c’est-à-dire que le principe, c’est bien de mettre en relation des contributeurs directement avec des porteurs de projets, et donc d’avoir un financement le plus déintermédié possible. Donc cette transparence elle est un peu au cœur du système. Donc c’est vrai que la réglementation appuie là-dessus, à la demande des acteurs d’ailleurs, mais aussi des associations de consommateurs et d’épargnants. Et donc c’est vraiment vers cela, de plus en plus, que l’on va. C’est exactement l’opposé de ce que l’on peut appeler le shadow banking c’est-à-dire que c’est au contraire le light banking au sens où il y a vraiment cette transparence qui construit tout le système.
Web TV www.labourseetlavie.com : On imagine que l’enjeu c’est aussi de sélectionner les « bons dossiers » comme le fait un investisseur professionnel, comment vous faites vous avec votre équipe justement ? Quel type de projets vous regardez et vous allez proposer aux souscripteurs ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : Justement c’est… effectivement tout le travail et la qualité des plates-formes se distingue sur la capacité de sélection parce que en face on propose des projets à des investisseurs souvent particuliers, pas toujours aussi avertis que des professionnels, même si ils le sont à leur manière très fortement en fait. Et donc l’idée c’est de travailler, vous savez, selon les règles habituelles de la finance, cela reste des maths et une analyse financière traditionnelle. Donc pour donner un exemple, nous, sur Unilend, on ne retient qu’environ 5 à 10 % des dossiers qui nous sont soumis au terme d’un processus en plusieurs étapes de filtrage par des ratios, mais aussi par un entretien avec les dirigeants, les experts-comptables, pour ne présenter que des projets qui nous paraissent recueillir les bonnes conditions pour rembourser leurs prêteurs.
Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce qu’il y a des secteurs qui se distinguent à la fois par le besoin et puis aussi peut-être par la sélection que vous pouvez faire d’entreprises justement ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : Alors, ce n’est pas tant les secteurs parce qu’en fait on constate il y a des besoins dans tout type de secteurs et dans toute la France que par la nature des besoins c’est-à-dire que par construction par exemple, là où les établissements de crédit vont être mal à l’aise à financer les projets sur lesquels ils ne peuvent pas prendre de sûreté, par exemple c’est du financement d’actifs immatériels ou de BFR de croissance, des plates-formes de crowdfunding vont apporter des solutions à ce niveau-là, donc typiquement des projets pour financer des brevets, de la formation, encore une fois du BFR de croissance, ce sont des projets qui sont très adaptés au crowdfunding, même si cela arrive également de financer de l’acquisition de matériels plus classiques.
Web TV www.labourseetlavie.com : On a dans vos choix des tailles d’entreprises, vous vous êtes sur un certain segment d’entreprises ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : Nous, c’est vraiment la petite entreprise c’est-à-dire que l’on est sur des emprunts de, en moyenne 100 000 €, donc cela s’adresse à des petites entreprises. Cela s’adresse en fait à 99 % des entreprises françaises, toutes celles qui ont des besoins quotidiens, et donc ce sont grosso modo des entreprises qui font entre 4-500 000 € à 4 à 5 millions d’euros de chiffre d’affaires et qui empruntent autour de 100 000 €.
Web TV www.labourseetlavie.com : L’investisseur qui viendrait effectivement, qui serait intéressé par telle ou telle entreprise, qu’est-ce qui va se passer une fois qu’il a souscrit ? Quel type d’informations il a parce que on parle ici, même sur ce média de la bourse, on sait qu’il y a des rendez-vous parfois quotidiens, il y a de la communication, il y a des rendez-vous trimestriels, des résultats de fois par an, il y a de l’info. Pour vous, une fois qu’il a investi, c’est ce qui se passe ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : Dans le prêt, l’info est un peu différente c’est-à-dire que la première info, c’est le remboursement qui arrive tous les mois, c’est déjà une bonne nouvelle. Mais si vous voulez, on est dans un schéma dans lequel il n’y a pas une cotation à suivre en permanence. Il y avait eu un emprunt qui a été fait à un moment donné et puis un remboursement qui se fait tous les mois pendant 3, 4, 5 ans. Après, il y a un suivi évidemment au fil des années, mais ce suivi se fait un peu différemment c’est-à-dire que l’on a des emprunteurs qui, même spontanément, vont donner des nouvelles de leur projet aux prêteurs. Typiquement, un de nos emprunteurs qui avait emprunté 100 000 € au mois de décembre dernier pour ouvrir une boutique à Paris, assez opportunément d’ailleurs au moment des soldes au mois de juin, a donné des nouvelles de sa nouvelle boutique parisienne en invitant ses prêteurs à venir faire un petit tour dans la boutique pour les soldes. Donc là, cela permet de diffuser ce genre de nouvelles.
Web TV www.labourseetlavie.com : C’est typiquement les liens que l’on peut trouver dans le financement participatif ? On sait que sur certaines plates-formes, il y a… en quelque sorte on vous demande de donner un peu en échange de cet apport, on a un peu cette spécificité ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : On a cette spécificité-là. Il y a quelques semaines, on a financé un restaurant, on a des prêteurs qui nous ont écrit en disant qu’ils avaient été dîné dans ce restaurant, qu’ils avaient été très bien reçus. On a même des emprunteurs qui se contactent entre eux pour jouer les synergies, un horloger et un fabricant d’accessoires de décoration. Donc en fait, toute cette population-là, cette communauté que l’on bâtit, elle crée des liens entre elle assez spontanément, en fait, ce que nous on essaie de faciliter.
Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce aujourd’hui vous avez des entreprises qui viennent et reviennent chercher des fonds ? C’est arrivé ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : On a tout à fait cela parce qu’en fait d’abord elles ont bâti un début de confiance avec une communauté de prêteurs puisqu’elles ont déjà remboursé. Et puis, leurs besoins peuvent être assez réguliers. Vous avez par exemple des entreprises dont le métier, c’est d’obtenir des contrats pour mettre en location-gérance du matériel audiovisuel ou des choses comme cela, et qui donc, à chaque contrat, ont besoin de financer le matériel. Donc potentiellement ces entreprises peuvent revenir régulièrement pour financer ce matériel et ce sont des projets qui sont très concrets, très identifiables par les prêteurs, donc qui fonctionnent très bien.
Web TV www.labourseetlavie.com : On pourrait dire qu’il y a une multitude de plates-formes, on vous voit aujourd’hui, comment vous allez faire vous pour grandir, pour vous faire connaître et pour prospérer ?
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : Alors, grandir et se faire connaître, c’est forcément un long chemin, mais c’est important d’avoir en tête que c’est un métier qui en fait va… dont la clé, c’est la taille, c’est-à-dire qu’il ne faut pas imaginer qu’il doit y avoir des milliers de petites plates-formes locales. Au contraire, je pense que c’est un métier dans lequel on va assez rapidement assister à une concentration, y compris européenne, parce qu’en fait ce sont des métiers qui ont besoin de volume pour exister. Donc, dans la mesure où ce sont des métiers de places de marché sur Internet, avec une mise en relation entre une offre et une demande, la clé, c’est la liquidité offerte par la place de marché. Et donc, l’avenir, c’est une croissance qui soit la plus soutenue possible, par tous les moyens dont on peut disposer, évidemment classiques, mais au bénéfice en fait des deux populations, des investisseurs et des porteurs de projets, parce que c’est là qu’ils trouveront les uns le plus de dossiers auxquels prêter ou investir, et les autres le plus de liquidités pour financer rapidement leurs projets.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Nicolas Lesur d’avoir été avec nous.
Nicolas Lesur, Fondateur de Unilend : Merci beaucoup.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 18 juillet 2014.
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