Débat économique avec Daniel Karyotis (Banque Palatine) et Christian Poyau (Micropole) : 3ème partie .
En fil rouge, Yves Maillot Directeur des Investissements et Gestion Actions Robeco Gestion
Financement des PME, Economie et perspectives dans notre magazine « l’Economie en VO ».
Dans ce magazine de débat économique sur la Web Tv www.labourseetlavie.com, nos trois invités pour parler Economie, Financement des PME/ETI, stratégie d’entreprises, banque…, sont :
– Daniel Karyotis Président du Directoire de la Banque Palatine (partenaire de ce magazine) et qui a écrit récemment « La France qui Entreprend » chez Democratic Book.
– Christian Poyau Président de Micropole société des technologies. En fil rouge, Yves Maillot Directeur des Investissements et Gestion Actions Robeco Gestion.
Dans cette troisième partie, nous évoquons les perspectives pour le financement des entreprises.
Web TV www.labourseetlavie.com : Yves Maillot, on sent bien que c’est un peu les difficultés du moment, c’est de savoir où placer, on parlait d’investissement dans l’immobilier, de défiscalisation, etc. les Français sont incités à aller vers certains actifs, côté entreprise aujourd’hui, la bourse ce n’est pas évident. Il y a deux millions de français je crois qui sont sortis d’investissements en direct, qui sont partis de la bourse à cause de ces crises, Daniel Karyotis rappelait effectivement crise Internet 2000 et les dernières crises, cela fait beaucoup ?
Yves Maillot : Je reste persuadé que le placement actions demeure le meilleur placement évidemment sur longues périodes. Je crois comme l’environnement économique que l’on a décrit est très anxiogène, les marchés financiers qui ont pour rôle d’anticiper, d’assurer une liquidité, le valorisent parce que l’on appelle non dans notre jargon « la volatilité » et à cet égard les entreprises qui sont cotées sur le marché financier subissent cette volatilité et évidemment d’un point de vue psychologique, elle est très mal vécue par les épargnants. C’est un petit peu l’avantage de placements d’entreprises à travers ce que l’on appelle le Private Equity qui permet d’une part de bien mettre en adéquation l’horizon d’investissement avec ce qui est réellement l’investissement dans une entreprise et puis d’éviter ces à-coups que peuvent subir les investisseurs ou les épargnants, ce qu’ils connaissent quand ils mettent de l’argent dans l’immobilier par exemple, ce qui en fait aussi une vertu aux yeux d’un épargnant – j’allais dire – traditionnel. Donc il est peut-être intéressant de favoriser ce type d’investissements pour réconcilier un peu les épargnants dans nos économies avec l’entreprise. Parce qu’il faut dire aussi que la connotation des marchés financiers de l’investissement dans les entreprises à travers le marché a quand même beaucoup souffert ces derniers temps et ce que l’on connaît, ce que l’on vit sur les marchés en ce moment en rajoute un petit peu.
Web TV www.labourseetlavie.com : Sur les spéculateurs, sur la spéculation de la bourse.
Yves Maillot : Et finalement ces phénomènes d’hyper fréquence, de mouvements très importants de déplacements de capitaux donnent aux yeux du grand public et du petit épargnant une image très très négative du placement en actions dans un pays où la culture économique et financière est toujours traditionnellement beaucoup plus portée vers l’État, l’obligataire, l’immobilier plutôt que vers l’entreprise et la création de richesse à travers l’entreprise.
Christian Poyau : Si je peux me permettre, là c’est un sujet que les gouvernements devraient et doivent intervenir. Je vais prendre l’exemple tout simple qui est le trading haute fréquence. Aujourd’hui je crois que c’est plus de 50 % de transactions boursières qui sont faits par des automates, mais dans quel monde vit-on ? C’est-à-dire que c’est une machine qui à la nanoseconde dit : « le cours monte ou descend », on est aux antipodes de ce qu’est la bourse. La bourse, on estime qu’une entreprise a un potentiel de développement, donc on spécule au sens clair du terme, mais on a une vision, c’est une réflexion, ce sont des chiffres, c’est une analyse, ce n’est pas des machines, donc il serait impératif les gouvernements interdisent, non pas régulent, mais interdisent ce genre de produits et il y en a d’autres que l’on pourrait citer bien évidemment. Là pour le coup, les politiques, je pense, manquent vraiment à leur devoir et c’est quelque chose qui est « facile à faire. » Là, je ne comprends pas pourquoi ils n’agissent pas sur ce genre de choses.
Web TV www.labourseetlavie.com : Daniel Karyotis, pour redonner la confiance, alors vous avez cité un certain nombre d’entreprises dans votre livre pour dire il y a des entreprises qui vont bien dans ce contexte que l’on a décrit qui est plutôt un contexte morose mais comment on va pouvoir redonner la confiance justement aux particuliers et aux entreprises aussi ?
Daniel Karyotis : Là encore je dirais il n’y a pas de solution miracle, il n’y a pas LA solution miracle. Mais parlons déjà aujourd’hui des entreprises qui marchent bien. Moi je suis toujours atterré quand on évoque le fait qu’il faille fabriquer ou trouver une France industrielle, déjà le premier constat c’est que la France industrielle aujourd’hui existe. Quand on dit « il faut fabriquer des leaders mondiaux, des leaders européens », mais regardons, nous les avons déjà. Donc moi j’ai envie de dire, mon premier propos c’est de dire plutôt à chaque fois de focaliser l’économie française uniquement, principalement au travers des sociétés du CAC 40, regardons ces entreprises de taille intermédiaire qui vont de 50 millions d’euros à 500 millions d’euros – à la rigueur j’ai envie de dire peu importe la segmentation -, et vous verrez aujourd’hui que vous avez déjà des leaders mondiaux. Et notre rôle, une fois qu’on les a mis dans la lumière, c’est de faire en sorte aussi quelque part que non seulement leur positionnement soit confirmé demain mais que l’on puisse nous les aider, quand je dis nous, c’est nous les banquiers, nous les investisseurs, pour faire en sorte effectivement que ces boîtes continuent à s’agrandir parce que parfois, j’ai l’exemple d’Altrad qui est passé de 100 millions à 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, c’est énorme quand même sur à peine 20 ans, et je suis intimement persuadé que cette entreprise avec des moyens additionnels peut encore doubler sur les cinq prochaines années sa taille de chiffre d’affaires. Donc c’est ça le message principal. Mettons-les dans les lumières et après donnons-leur les moyens de grandir parce qu’elles ont encore réellement un énorme potentiel de croissance.
Web TV www.labourseetlavie.com : On compare souvent aux États-Unis forcément, en disant aux États-Unis Google est né et Google n’existait pas, et beaucoup d’entreprises, Twitter existait pas. Alors on parle souvent d’entreprises technologiques aux États-Unis, en France qu’est-ce qu’on va pouvoir trouver comme futur aux entreprises ?
Daniel Karyotis : Il y a les deux. Mon propos aussi : n’opposer pas et n’opposons pas les nouvelles technologies, la high tech, au secteur traditionnel. Il y a des pépites partout. Quand je vous dis qu’Altrad, le numéro un mondial des échafaudages, vous voyez vous êtes dans le secteur traditionnel. Quand vous voyez que des entreprises comme Kayser dans la boulangerie ou Petrossian dans le caviar ou Bell&Ross, les montres qui n’existaient pas en 1980, aujourd’hui connaissent des croissances à deux chiffres, je pense que l’on doit s’inspirer en réalité de tous ces modèles. Oui pour la high tech, oui pour les bio technos par exemple mais oui aussi parce que nous avons des secteurs traditionnels aujourd’hui classiques qui ont aussi d’énormes potentiels de croissance.
Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot de conclusion Christian Poyau ?
Christian Poyau : Je suis d’accord avec ce qui vient d’être dit. Moi, j’aime beaucoup le secteur high tech, j’en suis bien évidemment, mais c’est tout à fait vrai. L’innovation, ce n’est pas réservé à la high tech. J’ai vu une entreprise qui faisait des portes en bois et qui avait innové en mélangeant du bois et du plastique, enfin il y a plein de choses à faire d’une manière générale. Ce qu’il faut simplement, c’est aider les entreprises à se développer. Je fais juste un focus sur l’international parce qu’aujourd’hui les ETI qui se développent à l’international n’ont quasiment pas d’aide. En ce qui me concerne, à Micropole, on a acheté une entreprise en Chine, cela fait six mois, non pas pour faire du offshoring mais pour se développer sur le marché à Shanghai et à Hong Kong. Les aides que l’on a obtenues, c’est zéro parce qu’on est une ETI et qu’on ne bénéficiait pas des aides ou alors on avait droit à 5000 EUR, ce qui dans le cas n’était vraiment pas très intéressant. Mais arrêtons aussi de nous comparer aux États-Unis avec Google etc., on n’est pas sur un marché domestique de 400 millions d’utilisateurs, donc de toute façon on ne peut pas faire exactement la même chose. Par contre l’inverse il y a plein d’entreprise, il y a plein d’entrepreneurs, l’esprit d’entreprise en France est très fort et est supérieur aux autres pays. À Shanghai savez-vous quelle est la deuxième communauté internationale ? Ce sont les Français, il y a les Américains, mais après ce sont les Français. Donc beaucoup d’esprit d’entreprise, beaucoup d’envie, simplement aider les ETI effectivement comme vous le disiez à l’instant en les mettant un petit peu en avant et puis alors surtout réduisons le coût du travail. Si il y a une ligne de force qui doit être prise par le prochain gouvernement, c’est réduire le coût du travail que cela soit autant pour les services, pour l’industrie ou pour le primaire, tout le monde est d’accord sur ce sujet-là. On a plein de choses à faire, il ne faut absolument pas tomber dans le catastrophisme, on peut faire plein de choses en France.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci. Ce sera le mot de la fin positif après cette discussion dans « L’économie en VO ». Merci à tous les trois d’avoir été avec nous, merci à vous de nous avoir suivi.
© www.labourseetlavie.com 15 novembre 2011. Tous droits réservés.
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