Débat économique sur le financement des PME avec Daniel Karyotis (Banque Palatine) et Christian Poyau (Micropole) : 1ère partie .
En fil rouge, Yves Maillot Directeur des Investissements et Gestion Actions Robeco Gestion

15 novembre 2011 12 h 54 min
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Financement des PME, Economie et perspectives dans notre magazine « l’Economie en VO ».

Dans ce magazine de débat économique sur la Web Tv www.labourseetlavie.com, nos trois invités pour parler Economie, Financement des PME/ETI, stratégie d’entreprises, banque…, sont :

– Daniel Karyotis Président du Directoire de la Banque Palatine (partenaire de ce magazine) et qui a écrit récemment « La France qui Entreprend » chez Democratic Book.

– Christian Poyau Président de Micropole société des technologies

En fil rouge, Yves Maillot Directeur des Investissements et Gestion Actions Robeco Gestion.

Dans cette première partie, nous commençons par la situation économique en Europe et sur les marchés financiers.

Web TV www.labourseetlavie.com : Bonjour à tous. Bienvenue dans « L’économie en VO », notre magazine sur la Web TV www.labourseetlavie.com. Cette semaine, on va évoquer bien sûr à nouveau les suites du G20 et puis on va parler également de financements des PME, d’entreprises de croissance avec nos invités cette semaine : Yves Maillot, bonjour

 

Yves Maillot : Bonjour.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes Directeur des Investissements et de la Gestion Actions chez Robeco Gestion, on verra avec vous ce que l’on peut dire de ce G20 qui apparemment n’a pas donné beaucoup de choses pour les investisseurs, en tout cas n’a pas assuré forcément les investisseurs. Et puis nos deux invités, Daniel Karyotis, bonjour

 

Daniel Karyotis : Bonjour.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes partenaire également de cette émission, il faut le rappeler, et puis vous êtes le Président du Directoire de la Banque Palatine. On verra avec vous parce que vous avez fait un plaidoyer pour les entreprises de croissance, en cette période un peu difficile pour les PME on verra pourquoi vous avez fait ce plaidoyer. Et puis Christian Poyau, bonjour

 

Christian Poyau : Bonjour.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes le Président de Micropole et on verra avec vous également, vous avez été dans une autre période Président de Croissance Plus, vous avez beaucoup évoqué ces sujets pour les entreprises, on verra si les entreprises de croissance en bourse ont également de l’intérêt. Alors on va commencer avec vous, Yves Maillot, parce que ce G20 visiblement a été perturbé, certains ont dit pollué, par la situation en Grèce avec les derniers événements, qu’est-ce que l’on peut en tirer quand même ? Est-ce que finalement ils reportent à nouveau un certain nombre de décisions du point de vue des investisseurs ?

 

Yves Maillot : Malheureusement, on ne peut pas en tirer grand-chose. En tout cas je pense que les marchés ne vont pas en tirer grand-chose de très positif si ce n’est de nouveau quelques très bonnes intentions, nous sommes dans un monde où on voit l’urgence de parler d’une seule voix, d’augmenter la coopération au niveau des politiques économiques. Donc je dirais que le message principal positif que l’on peut tirer de ce G20, c’est la nécessité d’accroître ces coopérations, il a été dit et on a insisté sur le fait que les économies qui disposent d’une dynamique de croissance un peu plus favorable, qui disposent de comptes équilibrés, fassent en sorte que leurs demandes internes soient motivées de façon à permettre aux économies chancelantes ou à comptes très déséquilibrés de se tirer de ce marasme, voilà. Mais il s’agit d’intentions. Pour le reste, un certain nombre de points ont été évoqués mais encore une fois aucune mesure concrète n’a réellement été prise et les marchés attendent maintenant des mesures concrètes parce que nous sommes aussi dans un monde où le temps ne joue plus notre faveur.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est-à-dire qu’il y a eu un certain nombre d’annonces, on les rappelle, au mois de juillet, après il y a eu ce qui s’est passé sur les marchés financiers, à nouveau ce plan, ce G20, mais on a encore du mal à voir comment la Grèce v sortir par exemple de sa situation d’endettement.

 

Yves Maillot : Oui, parce qu’elle a d’abord un problème politique. Il y a d’ailleurs en amont des questions qui se posent, à savoir : « est-ce que l’on peut continuer à assurer une pérennité de la présence d’un État dont les finances n’ont manifestement que très très peu de chances de se rétablir dans le contexte actuel, mais on continue à évoluer dans un schéma où effectivement la Grèce ne sortirait pas de la zone euro et il semble que les choses soient de plus en plus compliquées au quotidien à gérer en Grèce. Donc c’est vrai que la Grèce a focalisé les attentions de ce G20. Pour revenir d’ailleurs sur les points principaux points traités, on peut parler du rôle du FMI qui évidemment va croissant. Alors le FMI va disposer ou doit disposer de moyens supplémentaires, on sait très bien qu’un certain nombre de pays dits émergents mais qui sont des vrais pays de croissance et qui sont en général des pays aux comptes excédentaires, vont plus participer au FMI à l’avenir, ils le demandent, en contrepartie on voit bien là les enjeux de pouvoir et le balancement du monde au niveau géopolitique. D’ailleurs à cette occasion on a un pays dont la dette est très très importante en termes de poids, qui est l’Italie, qui est mis sous surveillance sans que l’on sache d’ailleurs pour autant qu’elles vont être les mesures concrètes et l’attitude concrète du FMI concernant l’Italie.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que cela veut dire que c’est le plus mauvais scénario qui est en train de s’installer, c’est-à-dire celui que certains investisseurs évoquaient il y a déjà quelques mois en disant « il y a un risque de contagion, et après la Grèce effectivement d’autres états, les fameux PIGS, sont en jeu, c’est-à-dire que chaque état au fur et à mesure va être sous surveillance. On parlait des taux d’intérêt sur l’Italie en ce moment qui sont très élevés.

 

Yves Maillot : Malheureusement je serais un petit peu contraint de dire que oui on est sur un schéma qui ressemble…, un schéma en tout cas si ce n’est catastrophe qui enchaîne les mauvaises nouvelles. Alors le cas de l’Italie est très inquiétant, il est très différent de la Grèce. L’Italie est un pays, il faut le rappeler, dont le solde primaire est équilibré, voire positif, c’est la charge de la dette évidemment qui pose problème dans un contexte où la méfiance, la défiance augmentent. Les taux d’intérêt montent jour après jour sur les emprunts d’État italien et renforcent ce mécanisme pernicieux d’emballement, sachant que la dette publique italienne est la troisième plus importante au monde. Donc là on a affaire à un problème réellement très aigu, très différent du problème de la Grèce qui a une refonte complète de son système de gestion à revoir très rapidement maintenant.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Qu’est-ce que cela veut dire en termes d’investissement dans ce contexte-là parce que l’on a bien vu qu’il y avait des risques Pays du coup qui s’étaient installés pour l’investisseur, aujourd’hui il ne peut plus évacuer cela, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Comment va trouver des endroits sûrs pour investir ?

 

Yves Maillot : C’est de plus en plus compliqué effectivement. Ce sont des éléments qui créent des distorsions en termes de flux de capitaux de plus en plus fortes. Ces distorsions veulent dire que il y a des déplacements de capitaux de plus en plus accrus vers ce qui fait figure de valeur refuge, principalement au moment où nous parlons, les emprunts d’État américain et les emprunts d’État allemand, poussant les intérêts toujours plus bas sur ces emprunts souverains et créant quelque part, on peut le craindre, un phénomène de bulle, évidemment cela se faisant au détriment des dettes souveraines sur lequel la méfiance augmente, voire la confiance disparaît totalement et au détriment malheureusement, je dirais, des actifs qui créent la valeur économique à long terme que sont l’investissement dans les capitaux propres des sociétés. Donc on a quelques valeurs refuges qui focalisent la majorité des capitaux, des placements d’ailleurs qui révèlent la grande frayeur des investisseurs comme les métaux précieux, l’or, et puis en termes de dette souveraine, les emprunts des grands États, les plus puissants ou les mieux gérés.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Daniel Karyotis, je me tourne vers vous, le banquier ici présent, cela vous gêne ce nouvel environnement de taux, ce nouvel environnement de marché, cela vous gêne dans le quotidien ?

 

Daniel Karyotis : C’est plus que gêné, je pense que le terme est un peu faible. Cela nous contraint dans notre activité au quotidien parce que le problème de la crise telle qu’on la connaît aujourd’hui, c’est que à l’heure où on parle on n’en voit pas la sortie. Elle est d’ailleurs très différente de la crise que nous avons connue en 2008, crise très difficile qui est touché d’abord principalement le secteur bancaire et financier, mais quatre mois, cinq mois plus tard, avec bien sûr des initiatives qui avaient été prises par les banques centrales et les États, nous avons trouvé des voies de sortie.

 

Aujourd’hui la situation est très différente parce que l’on voit bien que nous sommes confrontés à la montagne des déficits publics de l’ensemble des pays européens, et même au-delà d’ailleurs de l’Europe, et l’on voit bien qu’il faudra du temps, beaucoup de temps en réalité pour faire en sorte de revenir à une espèce d’équilibre. Donc c’est vrai qu’aujourd’hui on a quand même un certain nombre de clignotants qui sont plutôt à l’orange, pour ne pas dire au rouge, donc c’est assez compliqué, en tout cas c’est ce que nous disent aussi les chefs d’entreprise que nous avons l’occasion, que j’ai l’occasion de côtoyer au quotidien. Donc oui il y a quand même aujourd’hui un climat d’incertitude. Il y a des voies pour en sortir, peut-être que l’on pourra bien sûr les aborder, mais aujourd’hui c’est vrai avec l’épisode grec, j’ai envie de dire la dramaturgie grecque de ces derniers jours, avec aussi la pression qu’il y a sur l’Italie, on peut dire quand même qu’au mois de novembre 2011, la situation est un peu compliquée à gérer.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Christian Poyau, chef d’entreprise, cette situation comment vous la vivez au quotidien ? Vous voyez des clients qui sont un peu attentistes dans votre domaine ?

 

Christian Poyau : Ecoutez pour l’instant, on a des clients dans tous les secteurs d’activité, donc, vu de ma fenêtre, j’ai à peu près une vision qui reste au niveau de Micropole évidemment, mais il n’y a pas d’affolement de la part des entreprises. Cela ne veut pas dire qu’elles ne soient pas très vigilantes et elles suivent le dossier de manière très très (time code 08 :43) mais il faut bien voir qu’il y a une dichotomie énorme entre macro-économie et micro-économie.

 

Les entreprises au sens large, grandes ou moyennes, peut-être que les toutes petites, c’est beaucoup plus dur, mais depuis plusieurs années on a des situations économiques très dures donc on est très prudent, on a peu de dettes, on a du cash, on est très vigilant, etc. et puis cela fait longtemps que l’on a réduit les dépenses. Les entreprises sont plutôt en bonne santé. Simplement elles ont devant elle une période extrêmement confuse, établir les budgets 2012 je pense qu’il faut embaucher des cartomanciennes, c’est à peu près la seule solution. Donc c’est vrai que cela crée un climat d’attente.

 

Maintenant, ce que je voudrais dire là-dessus, c’est quoi. C’est la crise des dettes souveraines est une crise évidemment très importante. Il ne faut pas se leurrer, elle ne va pas être réglée en six mois ou un an, c’est Mme Merkel qui a dit avec raison : « il va falloir 10 ans. »

 

Maintenant, cela ne veut pas dire que pendant 10 ans on va être au bord du marasme total (time code 09 :33), ce qui veut simplement dire, c’est : est-ce que l’on est dans la bonne direction ? Le sentiment que j’ai aujourd’hui c’est que les États principalement cherchent simplement à régler, vous savez c’est comme un bateau qui aurait un trou d’eau, le trou d’eau ça serait la dette et on cherche simplement à trouver la taille de la pompe pour évacuer l’eau, mais on ne règle pas le problème de la dette. La confiance reviendra quand ? Quand les États auront annoncé clairement, et cela commence par la France aussi d’ailleurs, que l’on est dans la bonne direction pour réduire les dépenses publiques et pour revenir à un budget équilibré, même si cela prend quatre-cinq ans, parce que personne ne peut régler ce sujet en six mois. Mais le jour où on aura le sentiment, où les marchés, les entreprises, le monde économique global aura le sentiment que les gouvernements de tous les pays, notamment européens, seront dans la bonne direction, même si elle est longue, là, ce jour-là, la confiance reviendra parce que sur le fond du terrain économique globalement, il y a plein de choses à faire en Europe et dans les pays émergents évidemment.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Parce que si l’on a pas la confiance aujourd’hui, les consommateurs vont à consommer, les entreprises auront du mal à convaincre les consommateurs de venir ?

 

Christian Poyau : Les entreprises se tournent encore plus vers l’international, c’est là où est la voie de développement.

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