Economie en VO : Débat économique avec Christophe Cremer (Prestashop) et Carole Walter (Come & Stay), la 1ère partie .
En fil rouge Pierre-Yves Gauthier Stratégiste chez AlphaValue

25 novembre 2011 13 h 14 min
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Dans ce magazine de débat économique sur la Web Tv www.labourseetlavie.com, nos trois invités pour parler Economie et stratégie d’entreprises :

L’Economie en VO, la première partie, avec Christophe Cremer Directeur Général Prestashop, Carole Walter Pdg de Come & Stay et en fil rouge, pour la partie Bourse – Marchés, Pierre-Yves Gauthier Stratégiste chez AlphaValue.

Web TV www.labourseetlavie.com : Bonjour. Bienvenue dans « L’économie en VO », notre magazine de débats économiques sur la Web TV www.labourseetlavie.com. Dans ce numéro on parlera de e-commerce, d’Internet, on verra si ces secteurs se portent bien en pleine période de crise économique. On parlera bien entendu également de marchés, de stratégies sur ces marchés. Nos trois invités pour en parler cette semaine, Carole Walter, bonjour

 

Carole Walter : Bonjour.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes le Pdg de Come & Stay. On parlera avec vous de Lead Generation, on verra ce qu’il y a derrière. En gros quand on reçoit un mail de constructeurs automobiles par exemple, c’est souvent à cause de vous. On verra ce qu’il y a derrière. Christophe Cremer, bonjour.

 

Christophe Cremer : Bonjour.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes vous le Directeur Général de Prestashop, spécialiste de logiciels notamment pour la création de sites de e-commerce. On verra comment se porte ce secteur, et puis vous êtes l’ancien Directeur Général de MeilleurTaux.com, ce n’est pas donc votre première aventure d’entrepreneur. Pierre-Yves Gauthier, bonjour.

 

Pierre-Yves Gauthier : Bonjour.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes le stratégiste d’Alphavalue un cabinet de recherche indépendant et d’analyses indépendantes.

 

Alors on va commencer avec vous cette émission, comme on le fait traditionnellement. Un point marché après tout ce qui s’est passé, on peut dire qu’il y a eu beaucoup de choses sur le plan politique mais du coup qui intéressent forcément les marchés, on pense bien entendu à la Grèce avec un nouveau gouvernement, l’Italie avec un économiste désormais à la tête du gouvernement italien qui est en train de constituer son gouvernement, les politiques finalement ont couru après les marchés, ont essayé de trouver des réponses à ce qui se passe sur les marchés ou à ce que demandent les investisseurs, comment se sont passés ces derniers jours ?

 

Pierre-Yves Gauthier : C’est exactement cela, les politiques ont couru après le marché et les marchés ont eu donc la peau des politiques. Il faut dire les choses comme ça, c’est extrêmement brutal et déplaisant dans l’ordre naturel des choses puisque l’ordre politique a vocation à être un ordre élu, donc c’est extrêmement déplaisant de voir que le principe de démocratie dans l’immédiat est un petit peu bafoué puisqu’on force par les événements de marché à des changements politiques, mais c’est aussi le reflet d’une gestion politique dans les pays qui nous viennent à l’esprit que sont la Grèce et l’Italie, qui a été extrêmement insuffisante et beaucoup trop visible par son refus d’obtempérer en quelque sorte vers des politiques d’ajustement. Donc là je crois qu’il y a un bon message, c’est que le monde politique bouge, et il y a un message plus inquiétant, c’est que l’on ne peut pas se permettre d’avoir un rythme politique qui soit imposé par les marchés financiers bien évidemment.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on pourrait dire que ces questions de dettes souveraines, quand on regarde le paysage européen aujourd’hui, on a l’impression que c’est le pire des scénarios qui est en train de se produire, c’est-à-dire celui des dominos avec ces fameux pays périphériques c’est-à-dire qu’on est parti de la Grèce, et puis on arrive effectivement à l’Italie qui est, en termes de dette, beaucoup plus important, et en termes d’impact sur la zone euro beaucoup plus important.

 

Pierre-Yves Gauthier : Oui, c’est exact. On a dit et redit que le vrai problème c’était l’Italie puisque c’est elle qui a un encours de dette à refinancer qui est absolument colossal de l’ordre de 200 milliards d’euros, mais on a trouvé des réponses. Le problème était qu’il y avait une absence de réponse politique, il semblerait qu’il y ait au moins une réponse technique qui sera accompagnée nécessairement d’une réponse politique dans les six mois à douze mois qui vont suivre en termes d’élection à la fois en Grèce et en Italie. Donc on peut imaginer que le jeu normal de la réaction en quelque sorte d’un espace économique mal dirigé vers un espace économique mieux dirigé s’est mis en place et que sur ce plan-là les marchés vont réagir positivement. Ce qui était extrêmement troublant pour les marchés à partir de l’été 2011, c’est vraiment l’absence totale de réactivité notamment du côté de l’Italie et c’est ce pourquoi les efforts, en quelque sorte, des spéculateurs comme on les appelle fréquemment se sont concentrés.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on entend néanmoins, malgré peut-être ces meilleures nouvelles du côté politique, que la France aussi est menacée, on entend même certains intervenants dire : « de toute façon, le triple A de la France, les marchés disent déjà qu’il est perdu. » Ce débat-là est important aussi pour nous ?

 

Pierre-Yves Gauthier : Il l’est terriblement. On a mis beaucoup d’égo dans ce triple A et ceux qui l’ont perdu, les Américains, ont mis aussi beaucoup d’ego, donc le débat est probablement un peu troublé. Mais là aussi la réactivité du gouvernement français en termes d’adaptation de l’effort budgétaire a été un peu lente, les dernières étapes sont probablement les bonnes mais il a fallu quand même un mois de réflexion pour venir durcir le plan. Et on sait dès aujourd’hui que le ralentissement malheureusement qui paraît un petit peu inévitable sur 2012 devrait conduire à un complément de plan d’ajustement. Donc c’est un problème de prise d’initiative qui trouble les marchés et on sait qu’en France on a tergiversé sur des sujets ridicules comme les niches fiscales beaucoup trop longtemps.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on pourrait se dire aussi aujourd’hui du côté des entreprises, et on parlera avec nos intervenants dans quelques secondes, du côté des entreprises, à force d’avoir tous ces plans de rigueur, les entreprises qui se portaient bien, qui avaient pour beaucoup d’entre elles retrouvé une bonne santé financière, qui ont du cash, vont quand même commencer à souffrir dans les prochains trimestres ?

 

Pierre-Yves Gauthier : C’est ce que l’on voit puisqu’il y a une dimension auto réalisatrice de ces inquiétudes puisque le système bancaire est au ralenti pour être poli, pour ne pas dire qu’il cesse de distribuer du crédit, et donc évidemment cela enclenche une nécessité de la part des entreprises de réduire un petit peu leur activité pour faire face, pour préserver la trésorerie et donc de fil en aiguille, la machine économique est en train de se ralentir parce que la machine financière, celle qui amène du crédit par l’intermédiation bancaire, est en fort ralentissement quoiqu’en disent les banquiers. Donc oui il y a un côté auto réalisateur et l’élément de confiance qu’apporte le politique en donnant des directions claires est absolument indispensable pour remettre en route cette dimension Financement de l’économie.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Christophe Cremer, sur cette situation qui est loin d’être évidente, alors on pourrait dire que vous avez connu d’autres crises par le passé, comment vous la vivez cette crise-là ?

 

Christophe Cremer : Disons que c’est une crise déjà financière, on en a parlé, ce sont les marchés qui sont en train de spéculer, mais visiblement à juste titre, la situation de la Grèce était impossible de tenir, la situation de l’Italie non plus, donc les marchés ont juste soulevé une situation qui ne pouvait pas continuer. Effectivement il va y avoir des mesures structurelles et finalement au total c’est une bonne chose. Maintenant l’effet auto réalisateur c’est ça : c’est les particuliers n’ont pas trop confiance, réduisent leurs consommations, et encore plus embêtant, les entreprises réduisent leurs investissements. Donc on va rentrer dans une phase sans doute croissance zéro, même voire croissance négative. Je dirais que de toute manière cela fait partie de notre système d’avoir des évaluations, et ce qui est le plus important, c’est que les pouvoirs politiques prennent la mesure des difficultés, vont réduire les dépenses, vont réduire les déficits. Vous vous rendez compte, en Grèce c’était 12 % de déficit. Comment on peut imaginer qu’un pays puisse vivre avec 12 % de déficit ? En France on est à 6 ou 7 %. C’est juste impossible à tenir et donc il est temps de prendre des mesures et là la confiance reviendra.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : En même temps, on voit ce manque de visibilité, cela vous gêne sur l’entreprise que vous dirigez, le fait que l’on est tout ce flou sur nos perspectives finalement ?

 

Christophe Cremer : Oui alors là, nous on est quand même dans le e-commerce et puis disons Prestashop, quand je suis arrivé, on était 17 personnes, aujourd’hui on est pratiquement 70, plus 8 personnes aux États-Unis, donc c’est un phénomène d’évolution des modes de consommation. Figurez-vous qu’en Angleterre pratiquement 90 % des Anglais ont acheté sur Internet au cours des six derniers mois, vous imaginez. Donc c’est un phénomène qui est en train d’évoluer à grande vitesse, on dit que c’était l’ordre de 14 à 15 % de progression du e-commerce. D’abord c’est une opportunité, le e-commerce, mais c’est aussi une obligation, donc une évolution très rapide, des sites qui ont besoin d’évoluer et de répondre au mieux aux attentes des consommateurs. Et donc pour Prestashop je dirais que de ce point de vue-là tout va bien bien sûr.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Carole Walter, votre entreprise a été créée au début des années 2000. Alors on pourrait dire que vous aussi vous avez vécu certaines crises, crise de l’Internet, crise assez difficile, la crise aujourd’hui comment vous la vivez ? Il y a eu des changements du côté de vos clients, des comportements et les consommateurs ? Qu’est-ce qui s’est passé pour vous ?

 

Carole Walter : Alors, la crise est probablement devant. On n’est pas encore dedans. Les enjeux principaux c’est, on vit de la publicité. Est-ce que les annonceurs vont continuer à investir alors qu’ils anticipent peut-être des baisses de leur chiffre d’affaires. Ça c’est une première tendance que l’on évalue, et puis la deuxième, c’est ce que disait Christophe, c’est quand même un transfert des modes, non plus de consommation, mais de production de la publicité du traditionnel off-line vers le on-line. On est encore dans ce transfert de mode. Donc on est un peu sur deux flux qui sont l’un effectivement des tendances économiques qui sont ralenties par l’environnement tout autour de nous, et puis un flux qui est quand même tout aussi fort de transfert des consommations publicitaires vers l’Internet.

 

Et puis on est soutenu aussi par des nouveaux usages consommateurs qui sont notamment le temps qu’ils passent sur les réseaux sociaux. On voit aujourd’hui, par exemple dans les pays asiatiques qui ont eu une modification encore plus rapide que ce que l’on a pu avoir en Europe, du temps passé devant les écrans, et aujourd’hui 20 % des budgets de l’Internet sont investis sur des réseaux sociaux alors que c’est de l’ordre de moins de 20 % actuellement. Donc on a ces tendances qui sont assez fortes. Voilà donc il y a deux flux, il y a deux courants. On va essayer de se mettre sur celui qui va dans le bon sens.

 

Christophe Cremer : Nous, un exemple que l’on aime bien donner, c’est celui de La Redoute qui nous sert souvent de modèle d’ailleurs dans les city commerces performants. Voilà une entreprise qui il y a cinq ans faisait moins de 5 % de son chiffre d’affaires sur Internet et qui cette année va en faire 60 %. 60 % sur Internet, c’est juste formidable parce que cela veut dire que l’on peut conquérir maintenant les marchés étrangers, cela veut dire que l’on a plus de facilité pour modifier son offre, pour l’élargir. Donc cela veut dire que le e-commerce c’est aussi l’opportunité quand les entreprises se donnent les moyens d’investir, parfois même de changer de culture. La Redoute, un des événements, c’est qu’ils sont passés d’une collection par an à trois collections par an et que bientôt ils auront peut-être une collection par mois. Tous ces phénomènes-là, il faut les accompagner, il faut les anticiper si on veut réussir.

 

Fin de la première partie.

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