Franck Noiret Directeur Associé Innovation Capital : "L'écosystème du financement des PME se développe".
Rencontres Paris Europlace 2014 : financement des PME et perspectives
Rencontres 2014 de Paris Europlace.
A cette occasion la Web Tv a interviewé des personnalités qui intervenaient lors de tables-rondes.
Franck Noiret Directeur Associé Innovation Capital nous parle du financement des entreprises.
Web TV www.labourseetlavie.com : Franck Noiret, bonjour. Vous êtes directeur associé chez Innovation Capital. On va parler avec vous de financements d’entreprises puisque c’est votre métier. On en est où justement dans ce secteur-là ? Est-ce que… on pourrait dire une entreprise, une PME, a plus de facilité de trouver du financement ? Ce n’est pas l’image que l’on a, compte tenu de la crise peut-être, mais est-ce qu’il y a plus de financeurs en quelque sorte ?
Franck Noiret, Directeur associé chez Innovation Capital : La réponse est clairement oui. Je crois qu’effectivement, depuis 2008, on a vécu une période de crise assez importante et effectivement il y a eu des problèmes économiques et on a pu avoir le sentiment que les choses devenaient plus dures. Mais je crois que dans ce domaine les pouvoirs publics ont plutôt bien réagi et ont lancé pas mal d’initiatives pour soutenir le financement des entreprises. Bien entendu on connaît le CICE, on connaît le financement de l’ECIR, qui sont un peu les acronymes emblématiques, mais au-delà, je pense que les initiatives qui ont été prises par les pouvoirs publics pour soutenir le financement des entreprises en France ont eu de bons effets. Et donc aujourd’hui finalement les choses sont mieux qu’elles n’ont été, donc… Par exemple il y avait un sujet au niveau de l’amorçage qui était un sujet très difficile il y a dix ans, il y a même cinq ans. Il y a un certain nombre de bonnes décisions qui ont été prises avec notamment la création du fonds national d’amorçage. Il y a eu des investissements qui ont été pris dans certaines sociétés de gestion qui ont permis d’ailleurs aussi de les consolider, et puis de s’assurer de la stabilité des équipes, et cela a permis aussi d’apporter des financements à pas mal de sociétés françaises dans le domaine des technologies. Il y a eu aussi pas mal de choses qui ont été faites pour finalement essayer de développer une communauté de business angels. Alors on sait que les choses peuvent toujours s’améliorer et qu’il peut toujours y avoir des traitements plus incitatifs, etc., et clairement nous n’avons pas autant de business angels que peuvent en avoir des pays comme l’Angleterre ou les États-Unis, mais par contre…
Web TV www.labourseetlavie.com : On disait qu’en montant aussi, le montant, les montants fournis aux entreprises…
Franck Noiret, Directeur associé chez Innovation Capital : Oui, on va en parler, mais donc mon point c’était le dire en fin de compte, quand on parle du terreau de business angels, il est là. En France, il y a beaucoup de gens très bien formés, beaucoup de serial entrepreneurs, beaucoup de gens qui finalement fait de l’argent, ils sont prêts à s’investir, à investir leur argent dans des entreprises et à aider, les accompagner dans la durée. C’est vrai que l’on ne parle pas des mêmes montants, notamment quand on compare avec les États-Unis, bien entendu ce sont des montants moindres, mais l’engagement auprès des sociétés en temps et en argent est quand même assez significatif, et certainement le terreau existe. Alors après on peut effectivement peut-être améliorer tout cela en ayant des politiques peut-être publiques un peu plus orientées pro business, mais, je dirais, le terreau est là, la volonté est là, et l’écosystème se développe, et nous-mêmes, nous investissons dans certains cas auprès de business angels que nous faisons venir pour jouer un rôle intéressant à nos côtés, auprès du manager, puisque ils ne sont ni investisseur professionnel, ni manager, je dirais, executive, et donc ils peuvent jouer un rôle intéressant notamment au sein d’un conseil d’administration.
Web TV www.labourseetlavie.com : Aujourd’hui les entreprises que vous allez regarder, elles sont plus ouvertes elles aussi puisque c’est aussi un sujet, finalement à accueillir ces financements ou ces investisseurs, elles ont plus intégré aussi cet aspect-là, peut-être pour un chef d’entreprise ce n’est jamais évident ?
Franck Noiret, Directeur associé chez Innovation Capital : C’est intéressant. Alors comme vous le savez, le processus d’investissement est un processus un peu darwinien c’est-à-dire qu’en réalité on parle beaucoup de equity gap, mais en réalité toutes les sociétés ne pourront pas forcément être financées et celles, les meilleures et celles qui ont le meilleur business plan ou la meilleure équipe, le seront, et ça c’est très important. Et donc, au jour d’aujourd’hui, si on regarde le marché français, le nombre de fonds, le nombre d’investisseurs, le nombre d’investissements qui sont faits, c’est assez significatif et certainement c’est reparti d’un très bon pied. Et puis par ailleurs, il y a l’autre bonne nouvelle qui est la réouverture du marché des IPO. Nous-mêmes, chez Innovation Capital, dans le premier semestre, nous avons fait 4 IPO, une sur le Nasdaq et trois chez Euronext, dont une en Biotech, TXL, et deux en IT que sont Anevia et ASK, et nous sommes très contents de cette réouverture des marchés qui nous donne beaucoup plus, je dirais… qui nous permet un peu d’arbitrer le marché privé vers ce marché public et qui, pour certaines sociétés et types de sociétés, sont un très bon “outcome”, je dirais.
Web TV www.labourseetlavie.com : Là vous avez vu que cela c’est un petit peu fermé, ce marché des IPO, vous avez ressenti cela aussi comme… ?
Franck Noiret, Directeur associé chez Innovation Capital : Oui effectivement sur… on a pu le ressentir sur les dernières sociétés que l’on a introduites, mais les explications sont assez claires. D’abord la réouverture du marché des IPO est un phénomène assez récent, donc quelque part beaucoup de sociétés étaient en attente d’un potentiel IPO, donc il y a eu une tendance à se bousculer au portillon, notamment en Q2, après les résultats, enfin la clôture des bilans. Et donc pour les sociétés qui sont arrivées au moment où il y avait un peu le pic, le pic dans le papier offert, clairement cela veut dire qu’il était beaucoup plus difficile d’attirer l’attention, d’avoir du mind share pour les boîtes qui étaient des PME, mais elles ont quand même réussi à s’introduire, et ça c’est une super nouvelle. Mais c’est sûr qu’étant donné que le marché a été fermé pendant plusieurs années, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait un peu de surplus, etc. Cela quoi on peut s’attendre, c’est que tous les acteurs de la chaîne un peu se coordonnent de manière à lisser le volume d’entrées, de manière à ne pas tuer la poule aux œufs d’or.
Web TV www.labourseetlavie.com : Exactement. Sur les secteurs, vous avez parlé d’un certain nombre effectivement de société, il y a des… l’high T, la santé, les objets connectés, est-ce qu’il n’y a pas des effets de mode parfois justement un petit peu ? Comment on évite cela quand on est investisseur ?
Franck Noiret, Directeur associé chez Innovation Capital : Nous clairement… pour nous, le marché public est un débouché, mais il vient un peu en fin de course, je dirais, à un stade avancé. Nous on part beaucoup plus tôt et on essaie bien entendu de partir toujours avant le hipe parce que une fois que c’est le hipe, ce n’est plus dans nos prix et ce n’est plus dans le business model. Alors je ne sais pas si on peut caractériser certains secteurs souffrants plus de hipe que d’autres, ce qui est sûr, si vous voulez, et là on revient à la structure du capital-risque en France, ce qui est sûr, c’est que les fonds dans la santé ou dans la Biotech sont peu nombreux et ne sont pas d’une dimension suffisante pour accompagner la société, au-delà de 10 ans, souvent 15 ans. Et donc, si vous voulez, il s’est trouvé que le marché Euronext était un bon relais, non pas nécessairement pour sortir les venture capitalistes, mais plus pour continuer à financer la boîte qui a pu se financer sur un marché qui prend le relais, en fin de compte, des capitaux investisseurs, donc ça c’est la première chose. Donc je dirais que c’est plutôt l’intensité capitalistique du secteur qui a fait que le marché qui s’est ouvert était un marché particulièrement bon et réceptif pour les Biotech. Pour l’high T, par contre c’était assez différent puisque le marché de l’high T est un marché très différent, qui apparaît comme moins risqué, plus, je dirais, facilement compréhensible, et pour lequel le marché privé fonctionne assez bien, et finalement sur lequel on peut rentrer et sortir dans des délais plus courts, certainement à l’intérieur de l’horizon de temps de 10 ans d’un fonds. Et donc là il y a eu beaucoup moins de IPO finalement, et nous avec Anevia et ASK, finalement on est probablement le fonds de capital-risque qui a amené la plupart ou les deux seules boîtes de high T pratiquement cette année. Je crois qu’il y a eu une SSII et puis il y a eu une boîte qui ressemble à Anevia qui vient de s’introduire, mais finalement elles sont peu nombreuses, donc il y a de l’appétit des investisseurs pour celles-là. Alors le clim tech, ça c’est un sujet intéressant, je crois que ça c’est un sujet plutôt qui est dans l’air du temps, qui parle aux gens, et donc il y a eu un engouement pour ces sociétés, un parce qu’il y en avait assez peu de cotées, deux parce que le papier était assez rare, trois parce que beaucoup de gens voulaient participer à ces nouveaux modèles émergents dont ils entendent parler dans la presse, avec leurs enfants, etc., donc effectivement ce sont plutôt des sujets un peu BtoC, où il y a un intérêt dit BtoC très fort. Clairement, non on est moins dans ce domaine-là.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous, Franck Noiret, donc sur ces financements d’entreprises.
Franck Noiret, Directeur associé chez Innovation Capital : Merci à vous.
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