L'Économie en VO : Débat économique avec Georges Liberman Pdg Xiring et Eric Cohen Pdg Keyrus (3ème partie) .
Invité économie : Mathieu Plane économiste à l'OFCE

6 novembre 2011 17 h 20 min
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Débat économique dans le cadre du magazine « l’Economie en VO » en partenariat avec la Banque Palatine.

Débat avec Georges Liberman Pdg Xiring et Eric Cohen Pdg Keyrus (3ème partie)

Deux entreprises au profil très tourné sur les technologies, dans un contexte économique marqué par un G20 sous influence grecque. Comment ses entreprises voient la situation économique actuelle évoluer ?

Quelles décisions prennent-elles dans ce nouvel environnement ?

En fil rouge Mathieu Plane économiste à l’OFCE.

Web TV www.labourseetlavie.com : Bonjour à tous. Bienvenue dans « L’économie en VO »., notre magazine de débat économique sur la  Web TV www.labourseetlavie.com. Nos invités dans ce magazine, Mathieu Plane, bonjour

Mathieu Plane : Bonjour

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes économiste à l’OFCE, on verra avec vous ce que l’on peut dire de ce G20 de Cannes, surtout les perspectives économiques, est-ce que l’on peut sortir de la crise dans la zone euro et à quelle échéance ? Et puis nos deux invités dirigeants d’entreprise avec nous, donc d’abord le PDG de Keyrus, bonjour Eric Cohen

Eric Cohen : Bonjour

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’être avec nous. Vous êtes spécialiste de la business intelligence, vous nous direz ce qu’il y a derrière ces mots et comment votre entreprise se développe sur ce segment. Et puis Georges Liberman, bonjour

Georges Liberman : Bonjour.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes vous le PDG de Xiring. Alors, on dit familièrement que quand on utilise sa carte Sésame, vous y êtes pour quelque chose dans l’interface qui est derrière la carte Vitale, on verra avec vous exactement comment se développe ce segment-là. Alors si vous le voulez bien tous les deux, on commence avec la partie économique qui nous préoccupe en ce moment et puis on verra également comment vous réagissez là-dessus.

Mathieu Plane, sur ce G20 en général, les communiqués du G20 sont pour une croissance forte, durable, équilibrée, on a l’impression qu’à Cannes on est encore dans un schéma difficile pour l’économie mondiale, c’est aujourd’hui la zone euro qui est au cœur de la crise ?

Mathieu Plane : Oui tout à fait, plus que jamais. Finalement les communiqués des G20 la plupart du temps sont pour une croissance équilibrée et durable. On voit bien que le problème c’est que les déséquilibres fondamentaux depuis 2009 n’ont pas été résorbés et la zone euro est un exemple assez concret de cela, on voit que l’on a des disparités extrêmement fortes aujourd’hui dans la zone euro avec effectivement aussi un délitement en termes de croissance dans les différents pays et surtout on n’a pas un renforcement de la solidarité. On voit qu’aujourd’hui les ajustements budgétaires qui sont demandés dans la plupart des pays sont extrêmement difficiles, ont du mal d’ailleurs à atteindre leurs objectifs, et du coup comme ces objectifs-là ne sont pas atteints, on renforce cette austérité qui a bien sûr pour conséquence une croissance molle, voire même éventuellement une récession en 2012 si on va plus loin dans l’austérité.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, si on fait un petit peu d’histoire, on se rappelle que la Grèce était considérée par la plupart des économistes comme finalement assez négligeable dans la zone euro, négligeable en poids économique de cette zone euro, en % du PIB de la zone euro, aujourd’hui on voit qu’elle est incontournable et que tout le monde, les Chinois, les Américains, bien sûr les Européens, essayent de faire face à cette crise.

Mathieu Place : Oui tout à fait, on voit bien que la Grèce effectivement est un maillon faible de la zone euro, de par le fonctionnement institutionnel de la zone euro, on voit effectivement que le poids de la Grèce est très faible. Mais aujourd’hui, ce n’est pas la Grèce qui inquiète, c’est la contagion aux autres pays, et notamment à l’Espagne, à l’Italie, qui sont des poids lourds de la zone euro et dans ce cas-là on voit bien que le Fonds Européen ou les autres acteurs institutionnels ne pourraient pas venir sauver la zone euro avec un risque d’éclatement de la zone euro, ce qui serait catastrophique pour l’ensemble des pays de la zone euro avec, bien sûr, dans le cadre d’une crise systémique, on voit que les États-Unis ne seraient pas épargnés et la Chine aussi s’inquiète de la situation de la zone euro.

Donc effectivement une situation grecque qui est en fait un poids extrêmement léger du monde, on a finalement par ce risque de diffusion de crise un intérêt à venir trouver une solution pour la Grèce. Il faut voir qu’aujourd’hui les pays ne sont pas altruistes vis-à-vis de la Grèce, on n’essaie pas de sauver la Grèce pour sauver les Grecs, c’est pour sauver réellement la zone euro. Or aujourd’hui on voit que l’on a des échecs dans les négociations et on voit que la Banque Centrale Européenne justement ne veut pas aller plus loin dans cette intervention-là pour sauver la zone euro et la Grèce, ce qui justement laisse douter quant à l’avenir de la zone euro.

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement, on a l’impression qu’il y a eu deux temps, le temps des politiques qui ont essayé de gagner du temps, on se rappelle du plan du 21 juillet, on se rappelle de ce qui s’est passé sur les marchés financiers peu après, on voit là ce qui est en train de se passer à Cannes, on espère effectivement des solutions tout de même, mais on a l’impression qu’il y a ce temps des politiques, et le temps des investisseurs qui effectivement voient après la Grèce, voient déjà l’Italie, voient d’autres pays, si la solution n’est pas trouvée pour la Grèce, effectivement d’autres pays sont concernés par cette crise.

Mathieu Plane : Tout à fait, c’est-à-dire que l’on voit bien que les politiques courent  derrière les marchés financiers aujourd’hui et on voit que les investisseurs ont bien compris le dysfonctionnement aujourd’hui de la zone euro, les problèmes notamment institutionnels, les problèmes de gouvernance économique, les problèmes de régulation qu’il peut y avoir au sein de la zone euro. Or aujourd’hui on voit que la seule réponse qu’apporte la zone euro c’est d’amplifier les plans d’austérité face à une crise qui est de plus en plus forte. Or aujourd’hui on voit bien que dans les grandes zones du monde, il faut garantir une stabilité financière et pour cela, c’est notamment le rôle des banques centrales, or on voit que le traité aujourd’hui ne permet pas de le faire.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que l’on peut tout de même prévoir autre chose que des plans de rigueur, et derrière ces plans de rigueur comment on peut éviter de faire freiner l’économie ? Finalement, on a l’impression que garder de la croissance cela va être finalement très difficile si tous les plans de rigueur sont mis en place.

Mathieu Plane : Tout à fait. C’est-à-dire que l’on voit bien que l’on a cet effet d’austérité qui joue sur l’activité. Il faut savoir que le ralentissement que l’on connaît aujourd’hui ne tombe pas du ciel. C’est bien sûr la mise en œuvre de tous les plans de rigueur dans tous les pays de la zone euro et dans les autres pays notamment du monde, on voit aujourd’hui que les plans de rigueur vont bien jouer sur l’activité interne des pays, mais aussi par le commerce extérieur vont jouer aussi sur vos exportations et on voit que par exemple la zone euro est une zone commerciale extrêmement intégrée, donc la rigueur des autres vous allez l’importer et donc on voit qu’aujourd’hui on n’a pas de bouffée d’oxygène avec un euro qui reste quand même malgré tout très fort. Donc la réponse des plans de rigueur, même si l’on peut dire que dans ce contexte c’est nécessaire, aujourd’hui va trop loin. Or si on tombe en récession en 2012, on voit que l’on ne sera pas à l’abri d’une dégradation, notamment dans le cas de la France, si on veut tenir nos objectifs de réduction des déficits publics, la conséquence ça sera sûrement une récession et cette récession ne nous garantit pas de garder le triple A.

Web TV www.labourseetlavie.com : Triple A effectivement. Alors je vais me tourner vers les deux chefs d’entreprise qui sont dans ce studio. Georges Liberman, comment vous analysez ce qui se passe en ce moment ? Est-ce que cela  vous inquiète puisque vous travaillez, vous, avec les États compte tenu de vos activités, est-ce que cela vous inquiète cette situation dans la zone euro ? Comment vous la vivez ?

Georges Liberman : Nous on la vit, je dirais, il y a une double approche en fait. Nous, nous vendons de la dématérialisation, de la sécurité, de l’économie de coût pour les gouvernements. Donc l’austérité passe par la réduction des dépenses, la réduction des dépenses passe par l’optimisation de l’organisation des États. Donc de ce point de vue-là c’est plutôt positif pour l’activité de l’entreprise puisque notre activité vise à réduire le coût de l’État, tout ce qui est dématérialisation des procédures administratives, tout ce qui est sécurisation. Je prends l’exemple de Sésame Vitale que vous citiez, 1 milliard de feuilles de soins électroniques où l’électronique a remplacé du papier, c’était salué comme un des grands succès de l’État français en termes de réduction des coûts. Donc tout cela est en train de se diffuser un peu partout en Europe, mais comme toute réduction de coûts, bien sûr, elle nécessite un investissement initial. Donc on est sur une tendance forte de marché potentiellement très important parce qu’il va falloir réduire les coûts des États. Et puis à chaque fois malgré tout il y a cette nécessité de prise de décision à court terme d’investir pour réduire les coûts dans le futur, qui fait que on est quand même très attentif à observer ce qui se passe dans chacun des pays en Europe.

Web TV www.labourseetlavie.com : Eric Cohen, sur cette situation, vous-même dans votre activité, on sent qu’il y a cette inquiétude effectivement en ce moment de la part peut-être d’entreprises et peut-être de clients ?

Eric Cohen : Tout à fait, en fait il faut rester assez pragmatique, on essaie à la fois de développer l’entreprise et rester sur une dynamique de croissance puisque on est positionné sur des sujets, donc la business intelligence, qui permet justement aux entreprises d’analyser leur business et de prendre des décisions, tant des décisions qui peuvent être des décisions de rationalisation de coûts ou des décisions de création de nouveaux marchés. Donc c’est vrai qu’en temps de crise ou pas en temps de crise, on a besoin de gérer son information et de la piloter. Donc je dirais qu’en termes d’activité, on est plutôt sur un bon positionnement, un bon secteur. Maintenant effectivement, par rapport à tout ce qui vient de se dire concernant une potentielle récession en 2012, on se doit d’être assez prudent dans nos perspectives budgétaires même si on reste sur des croissances assez fortes puisque nous venons de publier notre chiffre d’affaires T3 où on fait  plus de 20 % de croissance organique par rapport à l’année dernière, ce qui est quand même assez énorme dans le marché du conseil des technologies, mais effectivement on doit faire preuve de rigueur, de prudence, mais rester tout à fait optimiste et mobiliser l’ensemble des ressources de l’entreprise pour continuer à gagner des parts de marché.

Web TV www.labourseetlavie.com : Dans votre secteur, quelque part on n’annonce pas une récession, elle arrive brutalement, comment ça s’est passé ?

Eric Cohen : Il y a des signaux. Ce que l’on voit aujourd’hui dans le secteur, dans la demande, il y a effectivement un frein qui commence à être visible auprès des institutions financières, on pourrait dire les banques et les assurances, on sent des ralentissements de projets, des décalages effectivement de prise de décision, on reporte ça en 2012, on attend de faire les exercices budgétaires 2012, donc ce ne sont pas des très bons signes mais maintenant il y a d’autres secteurs effectivement de l’économie, comme le secteur de l’énergie ou les industries etc. où finalement les grandes transformations engagées continuent pour le moment à être présentes et les gens ont besoin quand même de l’innovation et de la technologie pour améliorer leur position de marché et faire face aux enjeux stratégiques de leur groupe.

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