L'Économie en VO : Débat économique avec Régis Arnoux CIS Catering et Chris Connors HCL Technologies (1ère partie) .
L'économie avec Christian Parisot (Aurel BGC)

2 novembre 2011 14 h 55 min
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Débat économique dans le cadre du magazine “l’Economie en VO” en partenariat avec la Banque Palatine

Débat avec Régis Arnoux CIS Catering et Chris Connors HCL Technologies (1ère partie). Point sur l’économie avec Christian Parisot (Aurel BGC).

CIS Catering est une entreprise basée à Marseille qui est présente dans de nombreux pays et offre des services (cantine, hôtel plateformes.. logement nourriture services..) pour des acteurs du secteur minier et pétrolier notamment.

HCL Technologies est une entreprise indienne de services informatiques qui a connu au cours des dernières années une forte croissance malgré la crise. Le pdg de la société Vineet Nayar a écrit un livre à succès “Les employés d’abord, les clients ensuite” (“Employées First, Customers Second”), qui montre la transformation de cette SSII indienne en prestataires de services de niveau mondial. Un parcours intéressant à découvrir.

Deux entreprises au profil très international, dans un contexte économique perturbé. Comment s’adaptent-elles ?

La première partie nous amène aussi avec Christian Parisot à décrire par le menu la situation économique en Europe : la Grèce reste au coeur des inquiétudes.

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Bonjour à tous. Bienvenue dans notre magazine économique « L’économie en VO ». Cette semaine un magazine avec toujours trois invités. On va parler beaucoup d’international avec Régis Arnoux qui est le PDG de CIS Catering, bonjour.

 

 

 

Régis Arnoux: Bonjour

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’être avec nous société basée à Marseille mais qui est présente dans le monde entier, on aura l’occasion d’en reparler. Et puis Chris Connors, bonjour

 

 

 

Chris Connors : Bonjour

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes le Directeur Général France et Benelux de HCL Technologies. Votre PDG indien a écrit un livre qui s’appelle « Les employés d’abord, les clients ensuite », on reviendra avec vous sur cette thématique. En période de crise économique, comment on a pu transformer une société de services informatiques indienne, on verra ça concrètement. Et puis, pour l’économie, Christian Parisot, bonjour.

 

Christian Parisot : Bonjour.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’être avec nous, vous êtes chef économiste chez Aurel BGC. Je vous propose de commencer avec Christian Parisot pour comprendre un peu ce qui se passe aujourd’hui dans la zone euro. On a des informations, des calendriers, des dates qui s’annoncent de rendez-vous importants, qu’est-ce que l’on peut dire aujourd’hui sur la zone euro, on va sortir de cette crise ? On va trouver des solutions à cette crise financière ?

 

Christian Parisot : Il faut espérer parce que c’est vrai qu’on a aujourd’hui des politiques qui sont un peu au pied du mur. Il faut apporter des solutions, des solutions assez importantes, rapides, il faut résoudre cette défiance.

 

Aujourd’hui on a un gros problème, c’est une perte de confiance des marchés vis-à-vis de la zone euro, il faut rassurer, il faut mettre en place des politiques. Il n’y a pas de solution idéale. Je ne vais pas vous dire qu’il y a une solution magique, non, ce serait trop simple. Il y a plein de solutions à mettre en place, aucune n’est idéale, il y aura un coût derrière. On ne peut pas recapitaliser les banques et dire derrière : « on a évité le risque bancaire » parce que les marchés vont dire : « si on recapitalise les banques, c’est qu’il y a vraiment un risque souverain, donc est-ce que l’on n’est pas en train d’accréditer ce risque souverain ?». Donc on le voit, il n’y a pas de solution idéale. Il faut partir dans l’esprit qu’on est quand même dans une crise de défiance très profonde, qu’il faut que les politiques aujourd’hui rassurent, la balle est dans le camp des politiques. Mais la vraie question que l’on commence tous à se poser maintenant, c’est le coût, l’addition que l’on va payer parce que l’on a eu quand même une forte volatilité des marchés durant cet été, et ça ce n’est jamais neutre sur l’économie réelle. Alors on va espérer que les politiques redeviennent crédibles rapidement, qu’on rassure les marchés rapidement pour éviter les impacts, mais on sait d’ores et déjà, et on commence à le voir, il y a des conséquences sur l’activité économique.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On a vu des chiffres effectivement qui indiquaient une récession dans la zone euro, c’est le principal risque aujourd’hui que l’on pressent ? C’est-à-dire que effectivement avec ces plans d’économie, avec cette crise financière et boursière, que la zone euro freine brutalement ?

 

Christian Parisot : C’est vrai que la croissance en zone euro était une croissance faible. Quand vous avez 1 % de croissance, vous tombez plus vite dans le négatif que quand vous êtes à 3 %. Donc on est aujourd’hui dans un choc, on a eu un choc assez violent sur les marchés mais qui affecte aujourd’hui le comportement des chefs d’entreprise.

 

Je vais vous donner deux exemples extrêmes, les semi-conducteurs, l’acier.

 

L’acier aujourd’hui, le patron d’Alcoa disait : « je n’ai plus de commandes. Pourquoi ? Parce que tout le monde anticipe qu’il y a une récession, tout le monde anticipe qu’il y a une chute des prix de l’acier, donc tout le monde tire sur ses stocks, réduit ses stocks, pour finalement payer moins cher son acier demain. Donc, ça c’est auto-réalisateur.

 

Deuxième exemple, c’est Texas Instrument qui a publié aussi ses résultats qui n’étaient pas très bons. Pourquoi ? Parce que toutes les commandes se sont effondrées sur le mois de juillet. D’un seul coup les industriels, les gens qui sont dans l’automobile ont dit : « j’ai trop de stocks ». Alors ils avaient beaucoup stocké avec le séisme au Japon, ils avaient eu peur d’avoir des pénuries de semi-conducteurs, donc ils ont stocké. Le troisième trimestre a été un petit peu en deçà des attentes et puis il y avait cette crise de cet été, on se dit : « est-ce qu’il n’y a pas un risque de récession ? » Donc d’un seul coup, effondrement des commandes sur juillet, août, septembre – cela ne s’est pas amélioré sur septembre -, donc là on voit qu’il y a une chute d’activité dans les semi-conducteurs assez violente parce que c’est un déstockage de leurs clients, et c’est là où l’on est un petit peu dans le côté auto réalisateur c’est-à-dire que ce comportement des industriels qui veulent réduire leurs stocks affecte immédiatement la production, et si derrière on a des licenciements, naturellement on a un risque de récession.

 

Donc il faut espérer, c’est un problème de confiance, qu’ils se trompent, qu’ils déstockent trop massivement, que derrière l’économie reprenne et que finalement la consommation tienne le coup, que l’activité dans les pays émergents n’est pas si mauvaise que cela, on a eu quelques éléments un peu rassurants sur la Chine. Donc si ça ça tient, on aura un petit rebond technique sur la fin de l’année. Maintenant on est en Europe donc on n’est pas sur une croissance forte, et puis on a ce durcissement des politiques budgétaires qui va naturellement peser énormément sur la conjoncture.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Régis Arnoux, ce qui se passe sur la zone euro, alors vous, vous êtes à l’international sur des zones, des endroits où l’on ne va pas en vacances – on va en parler ensemble – mais ce comportement, cette ambiance de la zone euro, est-ce que cela vous incite en tant que chef d’entreprise à freiner vos investissements ?

 

Régis Arnoux : Non. Je dirais que nous on est plutôt en position totalement antinomique puisque on accompagne l’énergie de la planète, c’est-à-dire le pétrole, le para-pétrole, le gaz et les matières premières dans le domaine minier, dans un certain nombre de matières premières qui sont très demandées, que ce soit le fer, le cuivre, l’or, la bauxite, etc. et donc on est positionné sur des pays émergents et l’analyse très générale que je peux faire, les pays dits développés sont en décroissance, ont des problèmes qu’ a expliqué Monsieur très rapidement, mais des problèmes très sérieux y compris de compétitivité, et donc à l’opposé on constate que les pays dits émergents tirent la croissance mondiale et c’est précisément dans ces pays que l’on est positionné aujourd’hui et avec une forte croissance.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors Chris Connors, vous, du côté d’une société indienne implantée aussi en Europe, comment on voit cette zone finalement ?

 

Chris Connors : En fait, pour nous, en tant que société indienne, en investissements sérieux en Europe aujourd’hui, on voit cela comme une opportunité. En fait HCL pendant les années 2008 jusqu’à 2010 a eu une croissance entre 27 et 28 % justement à cause du fait que les sociétés, pendant la première crise que l’on a vécue, étaient en pleine réflexion de qu’est-ce qui pourrait changer pour rendre plus efficace leur modèle et c’est justement dans ce milieu-là qu’une entreprise plutôt nouvelle arrivée en France, en Europe – on est là depuis 10 ans mais par rapport aux autres, on est nouvelle arrivée – qu’est-ce que l’on peut apporter qui est différent ? Alors pour nous, c’est une opportunité.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, votre société de services informatiques qui pendant la crise – ce qui est quand même relativement rare – c’était les années 2008-2009 – vous avez réussi tout de même à progresser à la fois en termes d’activité mais vous avez complètement changé aussi, le modèle a changé ?

 

Chris Connors : Oui, le modèle a bien changé pendant cette période-là. Il y a deux éléments : d’abord je dirais qu’il y a trois budgets qui sont opérés par les DSI dans une période de crise. Le premier budget c’est le budget qui est au sujet de faire tourner l’entreprise, les systèmes, les processus, pour faire vivre l’entreprise. Le deuxième, c’est les projets qui peuvent rendre l’entreprise plus efficace mais avec une rentabilité ou un retour à très court terme. Et le troisième budget, c’est les projets avec un retour mi-terme et long terme. Ce dernier budget, c’est clair que dans une période de crise, avec une incertitude, cela disparaît presque tout de suite. Alors HCL peut aider dans le premier budget de produire des économies dans les opérations des systèmes informatiques et dans le deuxième budget qui est autour des projets avec un retour à court terme.

 

C’est vrai que HCL a bien changé le modèle d’opération il y a quelques années. Vous avez remarqué là-dessus au début du programme, il y a Vineet Nayar qui est notre Pdg qui a lancé un programme, une philosophie de management qui s’appelle : « Les employés d’abord, les clients ensuite » et là c’est en fait, on est une société de services avec 80 000 personnes, les gens qui comptent chez HCL Technologies sont les gens qui sont devant nos clients tous les jours. Alors qu’est-ce que l’on peut faire en tant que leur patron d’assurer que ces gens ont le pouvoir de prendre les décisions très très vite, d’avoir une agilité et une réactivité devant le client et c’est ce modèle-là qui assure que nos clients voient une intensité d’engagement qui nous distingue devant nos concurrents aujourd’hui.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors c’est un changement aussi important dans la mesure où peut-être au début on voyait l’Inde comme un sous-traitant informatique uniquement, on va dire le offshore comme disent les sociétés de services informatiques européennes qui allaient chercher la main-d’œuvre en Inde, et aujourd’hui on voit des groupes indiens qui effectivement face à l’évolution de leurs marchés se sont dit que si ils restaient sous-traitants, ils allaient peut-être être marginalisés finalement par les grandes sociétés américaines ou grandes sociétés européennes ?

 

Chris Connors : Oui exactement. Alors aujourd’hui on a investi énormément en Europe, on a presque 5000 personnes maintenant en Europe, en Amérique aussi et un peu partout dans le monde, ce qui veut dire que maintenant on est en direct, on a des équipes locales qui sont énormément importantes parce que c’est ces équipes-là qui pilotent les équipes mondiales pour assurer que l’on peut rendre les projets efficaces pour nos clients.

Fin de la première partie du Débat économique “l’Economie en VO”

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