L'Économie en VO : Débat économique avec Yves Bouget (HF Company) et Philippe Benacin (Inter Parfums), la 3ème partie .
En fil rouge Pierre Sabatier Co-fondateur de PrimeView pour la partie Economie - Marchés
Dans ce magazine de débat économique sur la Web Tv www.labourseetlavie.com, nos trois invités pour parler Economie et Stratégie d’entreprises : L’Economie en VO.
La troisième partie, avec : Yves Bouget Pdg de HF Company et Philippe Benacin Pdg de Inter Parfums
En fil rouge, pour la partie Economie – Marchés, Pierre Sabatier Co-fondateur PrimeView.
Web TV www.labourseetlavie.com : Philippe Benacin, il y a des marques dans votre portefeuille qui se développent plus vite en raison de ce nouvel ordre en quelque sorte économique ? On parlait de cette zone Asie …
Philippe Benacin : Alors, c’est vrai, mais les marques sont très liées à leur culture et leur histoire. Donc si je prends Jimmy Choo qui a été lancé cette année, on a été très bon aux États-Unis et en Angleterre parce que la marque y est fortement reconnue. Donc on a de très bons chiffres sur le marché anglais qui n’a pas été fantastique et le marché américain qui a été meilleur quand même, on a aussi de très bons chiffres. Et après si on prend Lanvin qui est très fort en Asie, on a des bons chiffres en Asie aussi, donc là c’est un peu lié aux marques mais globalement je trouve une fois de plus que hors zone euro le marché n’est pas mauvais. Maintenant j’ai beaucoup entendu que 2012 allait être catastrophique, on l’a entendu, vu, écouté. On ne le ressent pas encore mais il y a quelques petits signes quand même pas très bons qui laisseraient penser que ce que l’on a entendu est vrai, enfin j’espère que cela ne le sera pas quand même.
Web TV www.labourseetlavie.com : Sur les marques, vous, vous avez l’origine de la société avec notamment Burberry. L’idée bien sûr sur l’avenir c’est à un moment donné de refaire ce que vous avez fait avec Burberry ou est-ce que Burberry était en soi exceptionnel, en termes de chiffre d’affaires pour vous cela était important, cela reste important ?
Philippe Benacin : C’est très difficile de le savoir. Burberry a été exceptionnel parce que il y a eu plusieurs éléments conjoints : la marque s’est développée fortement à partir de 1997 et nous on a repris la licence en 1995, elle a changé de stratégie en 1997, cela a été continué en 2004-2005 avec une extension de magasins, donc on a bénéficié complètement de tout l’effort qui a été fait sur la marque de couture et de mode. Sur Jimmy Choo et Montblanc, j’ai l’impression que c’est un peu le cas aussi parce que Jimmy Choo se développe fortement. Montblanc est une marque très implantée mondialement, très forte avec une image statutaire haute et on a la sensation que Jimmy Choo et Montblanc sont des très forts partants sur le futur. Maintenant les marques sont là depuis un an seulement, donc c’est un peu tôt.
Web TV www.labourseetlavie.com : Mais il y a un potentiel. Donc l’idée c’est effectivement d’aller…, alors il y a des marques qui ne pourront peut-être pas tout faire.
Philippe Benacin : Il faut aller le plus loin possible le potentiel de la marque. Si le potentiel de la marque est à 100 millions, on sait qu’il faudra aller à 100 et tenir, mais sur avril le potentiel était beaucoup plus haut, on peut évaluer cela deux ou trois ans après, et c’est très fonction aussi de la marque elle-même et de sa stratégie qui est indépendante cette fois-ci de la stratégie Parfum.
Web TV www.labourseetlavie.com : Là, en l’occurrence, l’Europe reste encore un marché important en termes de vente ?
Philippe Benacin : Oui, très important, c’est 40 %. De toute façon, quand vous prenez les six pays européens, c’est le premier marché du monde avant les Etats-Unis.
Pierre Sabatier : Là aussi, je rebondirai deux fois. Arrêtons de nous flageller quand même. L’Europe est en termes agrégés – le problème c’est que l’on a du mal à régler nos problèmes de tuyaux – mais en termes agrégés, la zone qui reste la plus riche du monde et qui présente, je dirais, les fondamentaux économiques les plus solides. Je rappelle que les États-Unis, c’est 100 % de la dette publique et un déficit public de 9 % par an. Personne ne les embête pour le moment.
Web TV www.labourseetlavie.com : On dit parce que les États-Unis ont le dollar, c’est plus facile…
Pierre Sabatier : Bien entendu, ils ont la monnaie crédit mais surtout quand la Californie est au bord de la faillite, les investisseurs ne vont pas attaquer les États-Unis parce qu’ils savent que la Fed se met en face. Donc là ils ont répondu à leurs problèmes de liquidités, pas à leurs problèmes de solvabilité auquel ils devront faire face de toute manière dans les années à venir à moyen terme. Mais attention la zone Europe a des fondamentaux qui sont plus solides qu’ailleurs. On est à 85 % de dette publique, ce n’est pas bien, mais c’est mieux que les 100 % américains ou les 220 % japonais, et on est bon an mal an autour de 4 à 5 % de déficit public lorsque le Japon est à 9 % et États-Unis idem, donc attention dans un premier temps.
Et la deuxième chose c’est, ce qui est remarquable dans les propos de vos invités, c’est que même si on imaginait un gâteau à se partager parce que c’est cela la réalité du monde des affaires qui diminuait ou qui stagnait, il y a toujours « moyen » avec des stratégies adaptées de gagner des parts de marché. Ce n’est pas la fin du monde parce que le gâteau arrête de grandir en tant que tel. Simplement la croissance sera plus discriminante, les entreprises seront plus discriminées en fonction de leur capacité d’adaptation d’élaborer des stratégies qui vont leur permettre de gagner des points face à leurs adversaires qui aujourd’hui sont internationaux.
Yves Bouget : On a été amené à s’adapter, cela fait quand même trois ans que l’on tourne en dessous de 3 % de croissance du PIB sur la zone euro, donc il a bien fallu le faire.
Web TV www.labourseetlavie.com : Sur les perspectives – on n’arrive pas très loin de la fin de cette émission – Yves Bouget, sur les perspectives dans votre secteur, donc on parlait de produits (…), pour la réception TV, pour la TNT, il y a des marchés qui vont avancer, on a parlé de l’ADSL …
Yves Bouget : C’est une bonne radiographie de l’activité vu que l’on a deux types d’activité. On a une activité B to C, on a une activité B to B. Je rappelle qu’on est leader mondial des splitters ADSL Internet, ce qui est installé dans les centraux téléphoniques dans le monde entier, donc ça c’est de l’activité B to B qui dépend globalement de la volonté des états d’investir dans leur économie numérique. Donc on est assez révélateur des positions. Aujourd’hui on est en train d’équiper les États-Unis depuis deux ans, curieusement, là depuis six mois, les investissements sont stoppés.
Sur l’activité B to C, ce que je constate aujourd’hui mais je deviens très court-termiste, ce qui n’est pas du tout la culture du groupe et certainement pas la culture d’innovation, mais je deviens très court-termiste parce que je m’aperçois que d’une semaine à l’autre sur le plan européen, le consommateur est capable de se mettre en marche, de s’arrêter. Donc il est extrêmement difficile aujourd’hui sur l’univers du B to B de tracer des perspectives, mis à part être volontariste, mis à part sortir des nouveaux produits extrêmement bien ciblés ou mis à part gap technologique comme on a pu le vivre avec la TNT ou comment on le vivra certainement avec la radio numérique qui devrait être un relais de croissance à 3-4 ans. En dehors de cet aspect-là, je pense que nous sommes extrêmement prudentiels parce qu’il faut financer des BFR sur les croissances et que aujourd’hui, même si nous sommes un groupe extrêmement sain, absolument pas endetté avec un gearing à zéro, il reste que la mère des prudences dans des situations économiques tendues, c’est d’avoir une culture du cash-out, un cash-out Innovation, je pense qu’aujourd’hui ce sont les deux mamelles de l’entrepreneur.
Web TV www.labourseetlavie.com : Philippe Benacin, sur cette partie Parfum, alors crise 2008-2011, on est toujours dans cette crise, Angéla Merkel nous en a promis pour 10 ans en tout cas de croissance faible, vous, vous êtes dans une situation où vous vous dites : on va continuer quand même à investir. Il y a des perspectives dans votre secteur de croissance ?
Philippe Benacin : Oui, il y a des perspectives de croissance bien sûr parce que nouvelles marques, parce que croissance interne, parce que nouveaux produits, parce que quand même nouveaux marchés. Nouveaux marchés cela existe aussi. Le Vietnam par exemple s’est beaucoup développé, la Mongolie commence à s’ouvrir aussi à la parfumerie, donc il y a quand même des nouveaux marchés qui existent. Donc oui, je reste assez optimiste mais je pense que ce que l’on a dit au début c’est que l’ensemble de l’environnement, c’est comme cela depuis trois-quatre ans et à mon avis cela va le rester longtemps. Il faut s’adapter à cet environnement-là et savoir qu’il est très changeant et que ce n’est pas seulement – on parlait des changements aussi – les changements courants en termes de créativité, de marketing, de commercialité, c’est permanent tous les jours, donc l’entreprise doit s’adapter. Elle est obligée de changer, pas sa gouvernance, mais de s’adapter à tout ce qui se passe tous les jours et il se passe beaucoup de choses.
Web TV www.labourseetlavie.com : Pierre Sabatier, rapidement le mot de conclusion, c’est ça, on va vivre dans ce nouvel environnement plus volatile on dirait en prenant un terme des marchés ?
Pierre Sabatier : Plus volatile. Alors j’aimerais quand même rendre hommage aujourd’hui, on compte trois agents dans nos économies, l’agent public, l’État, les agents privés qui sont les consommateurs et les agents privés qui sont les entreprises. Il est très clair que depuis trois ans les plus réactifs sont les entreprises. Elles ont mené en fait à terme un désendettement, aujourd’hui les entreprises sont saines. Maintenant voilà, si la question c’est : est-ce qu’elles seront capables de faire face a des marchés qui seront très erratiques ? Maintenant nos projections, c’est très clairement que l’on aura des marchés qui vont être peu expansifs, qui vont grandir, je dirais, à un rythme extrêmement modéré et que l’objectif, cela sera d’avoir les stratégies relativement agressives de captation de parts de marché chez les concurrents. C’est-à-dire qu’aujourd’hui il ne faut pas vivre dans le monde passé qui était le monde des trois dernières décennies avec une décroissance mondiale qui dépasse allègrement les 3,5 %. Si demain on est à 2,5 – 3 % de croissance mondiale, cela suffit pour nourrir tout le monde. Voilà, simplement il faudra être un petit peu meilleur qu’avant et être un peu plus exigeant qu’auparavant.
Web TV www.labourseetlavie.com : Eh bien, merci d’avoir fait le point avec nous dans cette émission. Merci Philippe Benacin, vous êtes donc le Pdg d’Inter Parfums, Yves Bouget, Pdg de HF Company et puis Pierre Sabatier donc co-fondateur de Prime View.
Merci à vous de nous avoir suivi.
Fin de la troisième partie.
© www.labourseetlavie.com 29 novembre 2011. Tous droits réservés
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