L'Économie en VO : Débat économique consacré à l'impact de la Mondialisation sur les entreprises et les salariés (3ème partie).
Troisième partie : Perspectives pour les entreprises et les salariés dans la Mondialisation

26 septembre 2011 10 h 33 min
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Débat économique : 3ème partie – Perspectives pour les entreprises et les salariés dans la Mondialisation.

François Enaud : C’est clé dans l’élément de motivation, on vit très bien un changement, comme vous le disiez, lorsque l’on comprend les fondements de ce changement. Ce n’est pas le changement qui fait peur, c’est l’inconnu qui fait peur.

Web TV www.labourseetlavie.com : Une question qui est peut-être provocatrice pour tous les deux, mais est-ce que quand on a la taille d’un groupe Lafarge, la taille d’un Steria aujourd’hui, est-ce que les dirigeants que vous êtes arrivent finalement à avoir le retour de ce qui se passe sur le terrain avec, on le sait bien, entre les cadres moyens, les cadres supérieurs et certaines têtes, on ne va pas vouloir vous dire quand cela va mal, on ne va pas venir vers vous en disant : « on a un vrai problème dans cette filiale », est-ce que vous arrivez à encore percevoir, quelque part est-ce qu’il y a un moment où vous vous dites : « il y a peut-être une part où je n’ai pas toutes les informations » ?

Bertrand Collomb : Si ils ne l’ont pas, c’est que ce sont de mauvais dirigeants parce que c’est une des responsabilités essentielles d’un dirigeant, c’est de savoir ce qui se passe dans son entreprise et vous avez raison, ce n’est pas facile. Cela veut dire que si l’on n’y prête pas attention, on peut être entouré d’une cour de gens qui vous dit ce que vous avez envie d’entendre, etc. Donc c’est un des problèmes très importants. C’est par exemple le développement des filières ressources humaines est une des choses importantes dans ce domaine-là parce que ce sont des gens qui ne sont pas de la ligne hiérarchique qui peuvent vous remonter un petit peu le climat, les gens de la communication interne aussi, c’est très important. Et puis le chef d’entreprise doit être sur le terrain.

Moi je sais que j’avais effectivement certains collègues, pas forcément français d’ailleurs, qui considéraient que leur entreprise était tellement grande que de toute façon ils ne pouvaient plus tout voir, donc ils pouvaient rester dans leur bureau.

Ma conception, et je sais aussi que c’est la conception de mon successeur, c’est au contraire. Cela veut dire que l’on y passe plus de temps mais on va partout sur le terrain pour être, pour savoir ce qui se passe, pour voir les gens, pour que l’entreprise ne soit pas quelque chose de complètement tellement abstrait, dématérialisé. Et puis, comme le disait, il n’y a pas que la solidarité financière. Ce qui motive les gens, c’est le sentiment de participer à une œuvre commune, à quelque chose. Donc de comprendre, comprendre ce que l’on fait est absolument essentiel, et pour comprendre il faut expliquer et on n’explique pas que par des communiqués de la direction de la communication, on explique en voyant les gens, en ayant des réunions, etc., en faisant des vidéos et cela c’est très important dans l’entreprise. Et ce problème est absolument essentiel, toute entreprise où les gens apprennent par la presse ce qui leur arrive est une entreprise condamnée.

Web TV www.labourseetlavie.com : Surtout là c’est très rapide pour les sociétés cotées en plus, on pourrait dire que c’est encore plus rapide.

François Enaud : Vous ne ferez jamais rêvé des collaborateurs uniquement en communiquant par vos résultats financiers, y compris que ce soit en externe ou en interne, cela ne fera jamais rêver des collaborateurs, ce n’est pas cela qui va développer un sentiment d’appartenance à l’entreprise plus fort. Vous les ferez rêver lorsqu’ils se projetteront dans les succès commerciaux que nous pouvons avoir, dans les produits que nous développons, les services que nous développons. C’est cette identification à ces produits, ces services, ces succès qui font la fierté de ceux qui y contribuent.

Ensuite bien sûr il y a une dimension qui est nouvelle, qui est forte, et qui est un élément également de fierté et de motivation, ce sont toutes les questions qui touchent à la responsabilité sociale de l’entreprise. Parce qu’on a commencé le débat en parlant de la société, de la perception de la mondialisation, et maintenant on parle évidemment de comment on le vit dans l’entreprise. Mais ce ne sont pas des mondes disjoints, l’entreprise est dans une société, la société vit des entreprises qui créent l’emploi, donc finalement et fort heureusement de plus en plus, on comprend qu’il y a des ponts entre la société et l’entreprise et c’est ce que l’on appelle globalement la responsabilité sociale. Donc je pense que là aussi, cela donne un sens au travail de chacun de dire « : mais finalement, dans mon travail en tant qu’employé je peux aussi collectivement, dans un projet collectif, participer à un mieux vivre ensemble dans la société ». Et je pense que cela aussi, ce sont des éléments de motivation et cela fait plaisir à voir que les entreprises ne font plus de la responsabilité sociale seulement un élément marketing, d’image, mais vraiment un élément moteur de motivation dans l’entreprise.

Web TV www.labourseetlavie.com : François Martin, comment on installe cette combinaison argent motivation, justement est-ce qu’il y a une combinaison idéale ?

François Martin : D’abord je pensais à une chose vous écoutant François Enaud, c’est une phrase de Guy Dollé que j’avais entendue où il disait : « dans l’entreprise, il faut partager le problème mais pas les solutions parce que sinon c’est la solution qui devient le problème ». C’est un peu l’idée comme quoi il faut aussi que si l’on veut que les personnes de l’entreprise, pas seulement je dirais les personnes, mais l’ensemble des stakeholders parce que c’est vrai aussi qu’il y a une espèce d’appropriation, cette nature qui est très importante, encore faut-il que les personnes aient le sentiment eux-mêmes que c’est à eux. Une des choses c’est ça.

Une autre c’est l’expérience de Bertrand Martin chez Sulitzer que vous connaissez où il est arrivé dans une entreprise en faillite en disant : « moi je ne sais pas ce qu’il faut faire », les gens lui ont dit : « mais attendez, vous êtes le patron », il leur a répondu : «si vous qui êtes là dans l’entreprise depuis dix ans, quinze ans, vingt ans, vous n’avez aucune idée sur ce qu’il faut faire, comment est-ce que vous vous voulez que moi je la sauve ». Donc le processus de réappropriation a commencé à ce moment-là avec les résultats que l’on sait, une entreprise qui a multiplié son chiffre d’affaires par 10 en dix ans.

Et puis l’autre, je pense à un paragraphe du livre de Xavier Fontanet « Si on faisait confiance aux entrepreneurs » où il raconte que quand ils sont allés en Inde, et qu’ils ont racheté un certain nombre de sociétés en Inde, ils ont annoncé au personnel que le personnel faisait partie du capital et les gens leur ont fait une standing ovation pendant dix minutes et après ils sont allés dans les bureaux le lendemain avec une caméra parce qu’ils ne sont pas idiots et les gens leur ont dit avec un grand sourire : « maintenant, on est chez nous, l’entreprise est à nous ». Alors quand vous avez atteint cela, le personnel dit « l’entreprise est à nous », là vous avez gagné parce que là vous n’avez qu’à mettre la clé et puis la créativité dont vous parlez est là, les gisements de motivation sont là.

Web TV www.labourseetlavie.com : Comment justement on va pouvoir…, on sent bien quand même que l’on a ce contexte, cette pression forte, krach boursier, questions sur les dettes souveraines, on se dit que les entreprises ont retrouvé effectivement une santé, on a parlé de cette crise de 2009-2010 même si il y a une certaine fragilité, comment retrouver de la motivation ? C’est-à-dire on a l’impression que notre environnement tout de même va rester fragile, l’environnement économique, clairement on n’a pas tous les jours des bonnes nouvelles macro-économiques, donc je dirais que chaque salarié qui regarde l’actualité, il a un peu de mal à trouver quelque part une motivation ?

Bertrand Collomb : Le monde de l’entreprise et le monde financier sont deux mondes différents. Et depuis le début de cette crise, la difficulté c’est de savoir quel impact la crise financière aura sur l’économie réelle, l’économie physique, le monde de l’entreprise.

Alors on a eu la première phase avec 2008, il y a eu un impact massif, une récession forte dans les pays industrialisés heureusement avec une poursuite de croissance dans les autres pays qui fait que l’on était en train d’en ressortir, et là maintenant on a une nouvelle crise de folie des marchés financiers. Les marchés financiers mondialisés, ce sont forcément des facteurs d’exagération des évolutions quand il n’y a aucun frein, les grandes vagues et les tempêtes sont plus grandes dans les océans que dans les petits lacs. Donc on a malheureusement une finance mondiale qui a des convulsions trop fortes. Alors il y a toujours des raisons bien entendu ce n’est pas par hasard, si les états sont trop endettés, ce n’est pas à cause des financiers, mais les états sont trop endettés depuis longtemps. La dette américaine c’est un phénomène qui remonte à très loin et elle ne posait aucun problème jusqu’au jour où brusquement elle en pose parce que la dette c’est la confiance.

Alors on assiste à ces choses incroyables, les États-Unis sont dégradés et le lendemain le coût de la dette américaine baisse. Bon, cela les entreprises industrielles face à ce genre de choses ne peuvent rien faire. Alors malheureusement on ne parle que de cela dans les journaux à juste titre parce que c’est l’actualité. Alors, nous, je crois qu’il faut garder le cap.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que vous diriez qu’il faudrait, en tant que chef d’entreprise et société cotée, qu’il faudrait plus de régulation sur la partie financière ? Parce qu’il y en a beaucoup qui disent qu’il n’y a pas eu finalement assez de régulation entre le début de la crise est aujourd’hui, on a été plutôt dans une période de dérégulation.

Bertrand Collomb : Depuis les années 1980, 1985, car encore une fois cela vient de loin, il y a eu une doctrine américaine que les marchés étaient capables de se régler tout seul, c’était la doctrine Greenspan, etc., cela a produit les conséquences que l’on connaît avec les subprimes de 2008, etc. et malheureusement il n’y a pas eu grand-chose de fait pour changer le système. Alors le G20 a listé un certain nombre de choses, les Américains ont fait Frank-Dodd, la législation qui introduit un certain nombre de contraintes et de régulations mais cette législation même met beaucoup de temps à se développer car il y a des autorités indépendantes qui doivent faire les règlements. L’Europe, Michel Barnier est en train d’essayer péniblement de faire des… Mais là aussi cela prend du temps. Il y a des intérêts divergents car clairement la City de Londres n’est pas dans la même position que l’Europe continentale

Web TV www.labourseetlavie.com : Je connais des hedge funds qui passent par Londres quand on leur dit de ne pas vendre à découvert des titres

Bertrand Collomb : Globalement, je veux dire quand j’écrivais mon livre il y a un an et demi, j’espérais que l’on retrouverait un équilibre, on n’a pas trouvé l’équilibre pour l’instant.

Alors évidemment les états sont très malvenus maintenant de vouloir punir les marchés financiers ou les agences de rating quand ce sont eux qui sont mis en cause. Alors autrefois l’État français obligeait tous les épargnants à acheter des bons du Trésor, c’était bien agréable mais ce n’était pas un système très efficace. Dieu merci on ne va pas y revenir. Il faut l’on trouve un système mais clairement une plus grande régulation… En fait en gros, on retrouve d’ailleurs les histoires de rémunération, quand la finance gagne trop d’argent, ce n’est pas sain par rapport au reste de l’économie.

François Enaud : Quand elle n’en gagne pas, ce n’est pas sain non plus.

Bertrand Collomb : Cela veut dire que quand on gagne plus d’argent à faire des transactions astucieuses de hedge funds qu’à lancer une entreprise et la développer sur dix ans, cela n’est pas sain. Donc il faut rééquilibrer les choses mais ce n’est pas commode à faire.

Web TV www.labourseetlavie.com : François Enaud, parce que les marchés vous y êtes confrontés aussi au jour le jour à ces marchés ?

François Enaud : Je pense que la question de la régulation est une question évidemment qui éclate en plein jour, les solutions ne sont pas simples, mais le problème en tout cas il est clair : tant que l’on aura un décalage énorme entre les marchés financiers et la réalité de la valeur des entreprises, cela veut dire qu’il y aura des règles du jeu à changer et à faire évoluer.

Je pense que ce que l’on attend des marchés financiers, c’est de refléter une valeur objective des entreprises. Cela, ce n’est clairement pas l’état du moment. Donc je pense qu’il faut, d’où l’importance du point déjà évoqué tout à l’heure à savoir qu’il faut distinguer, au sein même de l’entreprise, l’impact financier de ces crises et réellement la qualité de ce que l’on y fait parce que je pense que le collaborateur va mieux se projeter sur ce que produit l’entreprise que ce que l’on veut bien lui donner comme valeur. Néanmoins on est dans un environnement qui est comme celui-là, les entreprises, vous avez raison, ne sont pas dans un autre univers on est malheureusement dans le même univers, donc on n’est pas étanche, on subit ces crises.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que vous pouvez tenir ? Parce qu’une des questions peut-être majeures de cette dernière crise, c’est de dire, si vous écoutez un des anciens dirigeants de JP Morgan qui a expliqué à sa fille ce que c’était qu’une crise, il a dit : « c’est quelque chose, cela arrive tous les cinq ans ». Donc si les crises arrivent tous les cinq ans, est-ce que les entreprises vont pouvoir tous les cinq ans, vous parliez de chutes de ventes importantes, de chutes de production, est-ce que l’on peut subir autant si on ne fait rien ?

 

François Enaud : Si vous permettez, on parlait tout à l’heure de l’accélération du changement et on est dans un monde mondialisé, donc cela veut dire dans un monde où finalement l’imprévu fait partie maintenant de…, l’entreprise doit vivre avec un certain nombre de… , ce risque effectivement de phénomènes difficilement prédictibles, et à partir de là je crois que l’on doit adapter nos stratégies et nos modes de management à un jeu qui est plus ouvert, avec une volatilité plus forte sur les marchés pas forcément financiers, également sur les marchés en termes de demandes et je pense que cela oblige à repenser peut-être les stratégies un peu différemment.

Personnellement je pense que sa première décision, en tout cas première conséquence, ce serait que les entreprises ont plus à gagner à se concentrer sur leurs points forts qu’à chercher à se disperser et à couvrir toujours… On a souvent fait des courses à la taille, je pense qu’il faut faire plus une course à la valeur et donc je pense que l’on saura beaucoup plus résistant si on se concentre sur ses points forts. Et là on voit, d’ailleurs on commence à le voir un peu, mais je pense qu’il est d’infléchir un peu les stratégies d’entreprise pour aller plutôt, surtout dans nos pays où on est moins tiré par la croissance, de se repositionner, de se reconcentrer sur ses points forts.

Deuxième conséquence je pense, c’est aussi dans le choix des hommes. On parlait les dirigeants, moi je pense qu’il faut aussi adapter les dirigeants à cette réalité du monde qui change vite, et donc des dirigeants plus réactifs, plus créatifs, cela c’est important. Évidemment il ne faut pas les fermiers partout, on n’est plus dans le même monde.

Ensuite je pense qu’il faut, on parlait aussi d’organisation, on parlait de communication au sein de l’entreprise, je pense qu’il faut des organisations de plus en plus plates, je pense que les modèles en hiérarchiques, strictement hiérarchiques pyramidaux, ne sont plus les bons et donc il faut repenser des organisations avec des circuits de décision plus courts, avec des possibilités de remontées d’informations beaucoup plus rapides. Bien sûr cela a des conséquences tout cela et cela a des conséquences qui se traduisent aussi en décisions concrètes ou stratégiques et d’exécution dans les entreprises.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un des paradoxes peut-être de la situation actuelle, si on prend dans les services informatiques, on sait qu’il y a de la demande, que vous recrutez, que vous cherchez des compétences, il n’y en a pas forcément, il y a une vraie tension sur les compétences en France, il y a besoin d’ingénieurs, …

François Enaud : Oui. Il y a plein de paradoxe dans cette crise et dans l’économie dans laquelle nous nous trouvons en ce moment c’est-à-dire que l’on a effectivement des prix qui sont sous forte pression parce que l’on voit bien que la demande est moins forte et que le consommateur, tout ce que l’on vit, l’endettement, la crise des marchés financiers, cela a un impact sur le pouvoir d’achat, donc un impact finalement sur les prix des produits et des services que développent les entreprises, et en même temps on a des coûts qui ne baissent pas, qui montent même parce qu’on a les coûts des matières premières qui montent, on a des coûts de main-d’œuvre qui montent parce que l’on est dans des économies où effectivement l’ingénieur formé coute cher et on n’en a pas assez par rapport aux besoins. Donc effectivement on a à manier ces paradoxes où on a une demande qui se tient pas mal puisque l’économie globale est plutôt bonne,

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a de la croissance dans certaines zones

François Enaud : Des prix qui n’évoluent pas autant que l’on aimerait puisque dans une économie où globalement il y a de la croissance on devrait avoir des prix théoriquement qui devraient également croître et qui ne croissent pas autant que les coûts augmentent. Donc effectivement cela appelle à beaucoup, beaucoup de créativité en matière de productivité.

Web TV www.labourseetlavie.com : On va arriver à la fin de notre émission. Peut-être un mot de conclusion, je ne sais pas si vous vouliez aussi répondre à la question sur… parce que c’est aussi le débat des marchés, de déflation ou d’inflation. Il y a des investisseurs qui disent : « on va être dans un scénario à la japonaise, une Europe qui pendant dix ans n’aura pas de croissance » mais d’autres vous disent : « attention au retour de l’inflation », et l’inflation on sait que pour les ménages, on sait ce que cela peut donner derrière pour les entreprises aussi. Est-ce qu’il y a un mot de conclusion là-dessus ?

Bertrand Collomb : On pouvait effectivement penser qu’il y aurait de l’inflation parce qu’il y avait beaucoup de création monétaire et que les banques finalement ont résolu les problèmes à court terme en émettant de la monnaie. Mais finalement l’inflation, et par ailleurs il y a une demande forte sur certains produits, sur les matières premières. Moi je ne suis pas trop préoccupé par la déflation. Par contre je suis préoccupé par l’idée de stagflation c’est-à-dire que l’on n’ait pas suffisamment de croissance, et je crois que la seule façon d’avoir de la croissance, c’est d’être capable de s’adapter au changement des circonstances, c’est-à-dire d’avoir une réactivité.

Ce que l’on disait tout à l’heure sur le fait que l’on ne trouve pas de scientifiques suffisamment formés, cela dépend de nous. Il y a une désaffection pour les études scientifiques parce qu’il faut faire ce qu’il faut pour qu’un plus grand nombre de nos jeunes s’oriente vers les études scientifiques en changeant la façon dont on enseigne, en changeant les incitations. Pourquoi cela existe cela ? Parce que dans l’imaginaire collectif on a pensé que c’était beaucoup mieux d’être banquier que d’être ingénieur. Bon et bien cela il faut que cela revienne, il faut que l’on arrive à rééquilibrer tout cela.

Donc il y a des capacités de s’adapter. Le monde va changer tout le temps je pense, j’espère qu’on ne va pas vivre dans un monde où on a une crise type 2009 tous les cinq ans parce que cela serait la faillite de l’économie libérale. Par contre il n’y aura jamais l’économie stable, on va toujours être en mouvement, et l’entreprise et les politiques et les sociétés doivent s’adapter à cela.

Alors la société française a beaucoup de mal à s’adapter à un changement rapide et à voir le changement comme une opportunité. Nous voyons trop souvent le changement comme une menace, je pense que ce n’est pas consubstantiel à la culture française parce que la culture française est une culture qui a une certaine audace, un certain sens de l’entreprise, etc. mais cela date de 1975, c’est depuis le choc pétrolier, nous avons mal réagi, nous avons traîné un chômage pendant vingt ans, donc dans l’esprit français actuel, tout changement veut dire menace, veut dire chômage. Et on voit cela tout de suite, dès que le chômage remonte un tout petit peu, on a l’impression que c’est une catastrophe. Il faut que l’on s’habitue à l’idée que l’on peut s’adapter aux changements et que le changement, c’est aussi une opportunité.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot rapide, il nous reste quelques secondes, mais juste le mot de conclusion.

François Enaud : Effectivement, on a bien évoqué la question du changement d’état d’esprit, on a parlé de révolution culturelle, je pense qu’il faut oser penser différemment et je reviendrai sur la question du pacte social aussi bien au sein d’un pays, je pense qu’il faut recréer une confiance par rapport à cette question du changement et la manière dont on pilote le changement, et d’expliquer il n’y a pas des gagnants et des perdants, je pense que l’on peut démontrer un jeu où effectivement la collectivité peut être dans son ensemble gagnante comme il en est au sein même de l’entreprise, je pense que l’entreprise ne peut se développer sainement que si tous ceux qui y contribuent ont le sentiment d’être dans un jeu gagnant-gagnant.

Web TV www.labourseetlavie.com : François Martin, moins d’une minute, si il y avait un mot « Mondialisation, sans peur » on va pouvoir petit à petit y arriver ?

François Martin : Je reprendrai le thème qui est principalement celui développé par Jean-Paul Betbèze aujourd’hui qui est le préfacier de mon livre par ailleurs qui dit en fait en gros : « les états ont fait ce qu’ils devaient faire, la régulation il ne faut pas trop en attendre parce qu’on ne réforme que dans la crise. Dès que la crise est passée chacun reprend ses billes en fait et défend ses propres intérêts ». Par contre vraiment au cœur de l’entreprise qu’est la réhabilitation du modèle social. L’entreprise doit s’affirmer plus comme un acteur et comme un communiquant et c’est autour de l’entreprise et autour du travail que l’on peut réellement trouver ce que l’on veut reconstruire en fait.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci à tous d‘avoir participé à ce débat économique exceptionnel consacré à la Mondialisation, « L’économie en Vo ».

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