Délais de paiements : Et si l'Etat aidait vraiment les PME (par Didier Testot).
La crise sanitaire a exacerbé ce sujet, et la France mauvaise élève doit revoir sa copie pour sauver son tissu économique.

6 août 2020 16 h 39 min
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Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV invité de Sud Radio sur les délais de paiements avec Philippe David dans l’émission Grand Matin week-end du 23 mai 2020.

Chiffres des retards de paiements : 100 milliards d’après un spécialiste qui suit les paiements des entreprises. Sur 700 milliards environ de paiements inter-entreprise. Le médiateur a lancé des appels pour que des pratiques de ce type cessent https://www.lesechos.fr/economie-fran… (Dans une lettre datée du 20 avril, General Electric a demandé à tous ses sous-traitants du territoire de Belfort de réduire leurs tarifs de 20 % pour passer le cap de la crise. Une diminution impossible à absorber pour le tissu de 270 fournisseurs, déjà affecté par la réduction de l’activité de l’usine.).

Au final un accord a été trouvé. On sait que le Gouvernement en a parlé, de grandes entreprises ont indiqué qu’elles se bougeaient pour régler. La réalité est violente pour les PME notamment (Les dirigeants anticipent à 82% une dégradation de leur trésorerie et à 60% un recul de leurs investissements, selon le baromètre Bpifrance-Rexecode.) C’est un classique, mais le monde d’après risque d’être très différent du monde d’aujourd’hui si rien n’est fait. Les petits face au gros, c’est un classique mais en temps de crise, il faut peut-être chercher d’autres solutions. Pourquoi doit-on aider les petites et moyennes je pourrais te répondre sur l’emploi PME ETI et CAC40, l’emploi est dans les PME et surtout les ETI Opposer les petites et les grandes, pas d’autres possibilités ? Il s’agit de filière, j’ai un souvenir précis de la crise de 2008 avec Beneteau, le patron de Beneteau de l’époque (bateau voile, moteur que tout le monde connait), avait mis sa trésorerie à contribution pour aider ses distributeurs, s’il ne l’avait pas fait, lors de la reprise, c’est simple, il n’aurait pas pu vendre un seul bateau ! Les solutions traditionnelles ?

Ce qu’on appelle l’affacturage, j’ai une facture, je la donne à un factor (pas un facteur;) il se charge de récupérer l’argent s’il estime que la facture, date de règlement est conforme et client solvable, moyennant une commission de quelques % de vous payer sans attendre le règlement, Dans l’ancien monde on parlait aussi des créances Dailly ( cession de créances par bordereau Dailly ), Mais le patron de PME ou d’ETI n’a pas forcément envie que son grand client sache qu’il a besoin d’argent, donc pas évident à mettre en place. Faudrait-il revoir le système ?

Les crises sont aussi l’occasion de changer ce qui ne marche pas, les alertes dont je vous parlais du médiateur du crédit montrent que il y a urgence. Pour en avoir parlé avec un spécialiste, je propose aujourd’hui à Bercy, Bruno Le Maire Emmanuel Macron s’ils nous écoutent, de faire une autre politique. Moderne, innovante en rupture avec le passé, mais pour cela il faut du courage politique Une solution de rupture consisterait à mettre l’Etat dans le jeu, non pas là où il est d’habitude, juste pour récolter les impôts, mais qu’il soit lui qui recouvre ces impayés à la place des petites entreprises. Il leur donnerait un vrai bol d’air, sans les autres intermédiaires. L’Etat deviendrait le factor, on sait quand vous ne payez pas votre impôt qu’il sait aller chercher l’argent, mettons le à contribution, imaginez l’Etat qui dit aux entreprises du CAC40 mais aussi aux grands groupes qui disent à leurs sous-traitants, faites plus, payez à l’Etat, sinon, on va s’occuper de vous.

Cela serait une révolution dans ce pays, mais je vous le dis Philippe, au lieu de déverser de l’argent, que nous devrons payer nous tous un jour, je parle de ceux qui travaillent, par nos impôts, faisons en sorte que l’Etat soit efficace. C’est urgent, nous l’avons vu sur la crise sanitaire, où nous avons vu ce que la lourdeur administrative pouvait coûter en chienlit pour tous. Les PME les entreprises moyennes, celle qui sont au coeur des territoires n’ont pas besoin de subventions, mais que leurs clients les payent. Aidons les en renversant la table !