La Bourse de Paris n'attire plus les investisseurs.
L'info éco + avec Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV (29 décembre 2024)
Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV revient dans “L’info éco +” sur le thème suivant :
Cette semaine au sommaire :
La Bourse de Paris n’attire plus les investisseurs et les entreprises.
L’édition contrôlée par Vincent Bolloré, effective désormais avec la cotation de trois nouvelles entités en bourse à Londres, Amsterdam et Paris, avec Canal plus à la Bourse de Londres, le London Stock Exchange, Havas dans la communication chez Euronext Amsterdam et Louis Hachette Group, qui comprend Hachette Livre relais européen, JDD pour ne citer que ceux là qui restent à Paris sur le marché Euronext Gros, c’est régulé mais non réglementé, comme disent les spécialistes. Cet événement n’est pas neutre. Au delà des choix personnels de Vincent Bolloré, qui connaît parfaitement la Bourse pour s’être fait remarquer dans les années 90 avec l’acquisition de Delmas via le jeu. Même si les groupes de la galaxie Vivendi garderont leurs sièges sociaux en France, ce choix démontre qu’en 2024, la Bourse de Paris n’est plus attirante pour les entreprises françaises. Ce qui est grave car le financement des entreprises par la Bourse est une option à prendre en compte si on se réfère à ce qui se passe aux Etats-Unis ou en Chine. Qui dit bourse dit investisseurs, valorisation des entreprises pour développer leurs projets. Personne en France, je veux dire au niveau des politiques français, quelle que soit leur couleur, ne s’est interrogé sur la perte d’intérêt de la Bourse de Paris auprès des dirigeants d’entreprises. Cela dure depuis plusieurs années. Une des explications réside sans doute dans le fait que lorsque les candidats présentent leur patrimoine personnel, vous vous apercevez que très souvent, ils ont des actifs, peut être immobiliers, mais très peu, voire aucun, ont des actions cotées à la Bourse de Paris. La Bourse n’est donc pas dans leur ADN. Mais en quoi cette désaffection est elle impactante sur l’économie française alors ? Avec l’absence de fonds de pension français, notre bourse est déjà moins bien valorisée que Wall Street par exemple. Et ce débat, toujours signé en France sur ce sujet, voire un sujet tabou, celui des fonds de pension, n’est pas sans conséquence car cela conduit des fonds de pension, pas français cette fois, mais américains notamment, à détenir nos grandes entreprises, notamment du côté du CAC 40, avec des participations très importantes. Nos débats sur l’absence de débat sur une stratégie en la matière, sur la faiblesse de la Bourse de Paris qui en résultent, nous font perdre des centres de décision en France, y compris pour la R&D et la recherche et développement. L’exemple de Sanofi, dont la R&D est aux Etats-Unis, est symptomatique. Comment ce groupe peut il financer des entreprises françaises innovantes si sa priorité est désormais les Etats-Unis ? Alors le message que l’on peut lire de la décision de Vincent Bolloré, c’est que ce n’est pas en France que l’avenir se dessine pour des entreprises à vocation mondiale. On peut le critiquer, c’est facile. Vous considérez que ces décisions sont prises pour l’avenir de ces entreprises ? Ce n’est pas la même chose. Il faut s’interroger sur l’attractivité de la place financière de Paris.
Et donc ça veut dire que la Bourse de Paris, elle a toujours été en retard par rapport à d’autres places boursières.
Alors non, il y a eu une période faste à la Bourse de Paris, contrairement à ce que l’on croit. Eh bien, c’est plutôt lors d’une période gouvernementale socialiste que cela s’est produit dans les années 80, avec un fort renouvellement de la cote. De nouvelles entreprises sont venues en bourse et ont trouvé innovantes ce qu’on appelait à l’époque le second marché ou le nouveau marché. Ensuite, par exemple. Mais depuis la crise financière de 2008, il faut le dire, la Bourse de Paris, qui est dirigée par un monopole privé, la société Euronext, n’a pas su attirer de nouveaux entrepreneurs, alors même qu’aux Etats-Unis, durant la même période, de nouvelles entreprises, notamment dans les technos, les nouvelles technologies ont su émerger en changeant le profil de l’indice SNPE. Le grand indice américain, au bénéfice des grandes entreprises. Le CAC40, lui, l’indice phare de la Bourse de Paris, reste coincé avec des entreprises classiques, alors qu’aux Etats-Unis, investir en Bourse fait partie du quotidien, parfois avec excès. En France, on oublie trop souvent que sans la Bourse, LVMH n’aurait pas pu grandir autant. Autant comme Tesla aux États-Unis pour Elon Musk ou Nvidia dans les puces électroniques. Aujourd’hui, beaucoup de Français ont préféré aller chercher d’autres actifs à risque, comme le Bitcoin par exemple, plutôt qu’en Bourse, faute de nouvelles opportunités. Nos entreprises, les PME, ont pourtant besoin d’investissement des Français. Donc ça veut dire qu’on arrive à un moment où il faut faire évoluer les choses dans ce domaine. Déjà, est ce que c’est possible et comment est ce qu’on le fait ? Alors comme toujours, il faut une vraie volonté. On ne peut pas tous les matins se plaindre de la désindustrialisation des entreprises tricolores qui passent sous pavillon étranger sans mettre en place une stratégie visant à aider les entreprises qui grandissent chez nous. Ça fait 35 ans que je suis la Bourse. Il y a eu au cours des dernières années des rapports sur ce sujet, mais aucun changement. La bourse a perdu son aura au profit notamment du capital à capital investissement, ce qu’on appelle private equity, financement privé par des investisseurs privés. Première chose, j’avais eu l’occasion ici de parler de scandale financier. Il y a des financements que les banques classiques refusaient aux entreprises dans la biotech, notamment d’entreprises ne pouvant trouver que des financements qui ont mis à mal leur entreprise ou ruiner les actionnaires. Pour certains d’entre eux, ils ont tout perdu. Alors nettoyer la Bourse de Paris de ces pratiques et pratiques financières basées dans les pays exotiques, souvent redonner confiance aux actionnaires individuels. Récemment, un dirigeant d’une medtech, les dispositifs médicaux me disaient qu’il fallait 17 ans en moyenne pour arriver à la rentabilité. Imaginez ce que cela veut dire pour accompagner ce type d’entreprise. Mais si on ne le fait pas, si on ne trouve pas de nouvelles solutions, et bien d’autres pays en profiteront plus tard, le résultat sera que nous devrons importer ces produits. Mais le problème, c’est que la bourse est souvent présentée comme un outil de spéculation. Alors il faut arrêter de nous voir la bourse comme de la spéculation, c’est d’abord une prise de risque à prendre par des actionnaires qui osent faire ce pari avec leur argent. Il y a eu de belles réussites à la Bourse de Paris. Martin Bouygues, dirigeant du groupe éponyme, à qui je parlais de mon amour des PME françaises visibles sur mon site, m’avait dit Vous savez, Bouygues a été une PME, donc il peut y avoir des excès, il y en a eu, il y en aura. Mais au cours des dernières années, j’ai vu ces entreprises, moi, se prendre des crises de plein fouet. Tous les médias parlent souvent du CAC40 où on trouve LVMH ou Airbus, mais pas souvent des PME et des ETI, avec une présence dans nos régions encore importantes. Donc ce sont des entreprises déterminantes pour l’emploi. La bourse, c’est la vie de nos territoires, l’emploi de nos régions, des entrepreneurs qui partent à la conquête du monde avec leurs tripes, leur courage, leur volonté et aidons les dans une compétition internationale qui, elle, ne faiblit pas.
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