Carrefour ou l'électrochoc Couche-Tard à la Bourse de Paris.
L'info éco + Sud Radio avec Didier Testot LA BOURSE ET LA VIE TV (émission du 16 décembre 2021)
Cette semaine dans « l’Info Éco + », Didier Testot le fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV évoque avec Philippe David sur Sud Radio, l’incroyable annonce du Québécois Couche-Tard pour racheter le Français Carrefour.
Pendant que le titre Carrefour perdait 60%, Couche-Tard voyait son cours multiplier par 37 !L’électrochoc Couche-Tard devrait réveiller nos autorités pour redonner à la Bourse de Paris toute sa place pour financer les entreprises.
Bonjour Didier,
Bonjour Philippe,
Cette semaine, vous avez décidé de passer du temps sur cette annonce de la semaine concernant Carrefour et de l’intérêt du Canadien Couche-Tard en quoi cette opération est-elle importante ?
Oui Philippe cette annonce est importante à plusieurs niveaux
Le premier niveau : un Québécois qui veut racheter le Français leader de la grande distribution c’est un événement.
Voyons le rapport de forces :
Carrefour 12.300 magasins dont des hypermarchés, concept inventé par Carrefour il y a 60 ans, de moins en moins en vogue, 320.000 salariés, dont plus de 100.000 en France, premier employeur privé, une trentaine de pays.
Côté Couche-Tard, le québécois : 130 000 personnes pour un réseau de 14 000 points de vente, essentiellement des « dépanneurs », expression québécoise
des sortes de supérettes, aux horaires élargis, où l’on peut acheter pour se « dépanner » des journaux, des cigarettes, du café, des hot-dogs, et éventuellement, faire son plein d’essence.
Cela ressemble aux points de vente que l’on peut voir dans la plupart des séries télé
Carrefour : chiffre d’affaires : 80 milliards pour Carrefour
et
Couche-Tard 49 milliards d’euros pour rester dans les comparaisons
Donc pour faire simple le petit Québécois en proportion propose de racheter le gros français ?
Philippe David : Didier c’est quand même le monde à l’envers ?
Oui Philippe et l’on peut quand même dire qu’il s’agit d’une opération financière présentée comme « amicale » par Carrefour, donc nous ne sommes pas dans une bataille boursière faut-il le préciser.
Voilà pour le premier tableau
Mais Philippe quand on creuse un peu le dossier, il faut préciser que les deux groupes sont cotés en Bourse
et là Philippe Vous avez pris des notes :
Carrefour chiffre d’affaires pas loin de 30 milliards de + que Couche-Tard
Et en Bourse cela donne un tableau édifiant !
Valorisation de Carrefour : presque 14 milliards d’euros
Valorisation de Couche-tard : en euros pour rester dans les comparaisons, pas loin de 27 milliards d’euros, Donc Couche-Tard vaut deux fois plus que Carrefour !
Et j’ai regardé ce qui s’est passé sur le titre Carrefour, Philippe vous aimez le ski les piste noires qui vont vite et descendent rapidement ?
Philippe David : oui avec prudence
Je suis remonté sur une longue période pour comprendre ce qui s’est passé
Carrefour je le disais inventeur de l’hypermarchés, a depuis des années chercher une stratégie pérenne, de nouveaux actionnaires sont venus au capital comme Bernard Arnault, actionnaire qui je le sais n’aime pas perdre quand il décide d’investir. Ou Colony, deux groupes qui souhaitaient voir Carrefour changer de justement de stratégie, notamment sur la partie immobilière.
Mais le cours de Bourse, lui c’est une piste noire sans faux plat !
42 euros 50 en janvier 2003, il y a dix sept ans, 17 ans après la surprise de cet intérêt par Couche-tard : -60 % une catastrophe boursière.
Et le très médiatique Alexandre Bompard, ancien dirigeant de la Fnac et de Canal Plus, qui a insuflé une nouvelle dynamique au groupe n’a pas renversé la vapeur,
Désolé pour lui c’est -30% depuis son arrivée, oui Philippe je note tout mois aussi !
Pendant ce temps là le Québécois Couche Tard, lui parti du Diable Vauvert à 1 dollar canadien sur la même période 2003-2020, en vaut 37, 37 fois la mise dans le même secteur.
De deux choses l’une Philippe, soit nos cousins québecois investisseurs sont des fous, 37 fois la mise pour des superettes, soit les investisseurs français mais aussi les groupes concernés ne sont pas à la hauteur.
Mais quand même un groupe qui pendant 25 ans je suis remonté à 1995 pour retrouver un cours équivalent à aujourd’hui, un groupe qui ne créé pas de valeur pour ses actionnaires c’est problématique.
Cela veut dire aussi qu’il n’a pas su se transformer le pionnier de l’hyper a pris trop tard le chemin d’un Couche-tard ou d’autres. Et ce retard le pénalise aujourd’hui.
Philippe David : Mais Didier n’est-ce pas aussi un sujet pour la Bourse de Paris ? Cette place financière qui avec le Brexit aurait pu prendre sa revanche et qui a du mal à valoriser ses entreprises tricolores ?
Là Philippe c’est le cœur du problème
et les oreilles de certains vont siffler ce matin
Philippe je vous parlerais la semaine prochaine de mes rencontres avec les dirigeants d’entreprises, tous en Off en ont marre de la Bourse française.
Je prends des exemples, nous parlons souvent de Santé en ce moment, Covid oblige, les biotechs françaises sont les grands groupes pharmaceutiques de demain, ils n’ont qu’un rêve, aller aux Etats-Unis (Nasdaq), le marché des techs) pour trouver des investisseurs qui valorisent leurs recherches et les aident à avancer. Les techs françaises également, des actionnaires individuels ont dit à une société tech, cela m’a été rapporté que la direction devrait aller étudier une cotation aux Etats-Unis pour mieux valoriser leur société
L’électrochoc Couche-Tard Philippe, devrait réveiller nos autorités, à commencer par le Ministère des Financiers à Bercy, qui lui a juste mis en avant un décret sur le contrôle des investissements étrangers, et la protection alimentaire des français et Bruno Le Maire a dit « un non courtois, franc définitif »
Car Carrefour est un « chaînon essentiel dans la sécurité alimentaire des Français, dans la souveraineté alimentaire » a-t-il dit
Nous verrons ce qu’il est est des discussions, avec ce véto qui pourrait refroidir ou pas les québécois.
Mais plus profondément, Philippe, ce que je voudrais dire aujourd’hui, encore une fois, c’est ce manque de puissance de la Bourse de Paris,
Et cela est un handicap pour nos entreprises et vous savez Philippe, dès que le siège social n’est plus en France, les intérêts de l’entreprise même française à l’origine ne sont plus les mêmes.
Et quand on parle de souveraineté il faut avoir ces sujets en tête, si nous ne sommes pas capable de valoriser un Carrefour / Couche-Tard ou un Renault / Tesla, nous allons pleurer dans quelques années et nous verrons des militants syndicaux nous dire, c’est dramatique, il sera trop tard Philippe.
Alors moi Philippe, je ne renonce pas, j’ai consacré ma vie à la Bourse, vous le savez, j’appelle tous ceux qui sont concernés, banquiers, énarques, parfois les deux, entrepreneurs, à venir en parler avec moi pour que cela change. Pas pour bavarder, non pour secouer la Bourse, pour la réveiller avec tous les Français qui peuvent avec leur épargne changer la donne !
Il ne s’agit pas juste de « flêcher l’épargne » comme le disent les énarques, non il s’agit de changer notre boussole, nos logiciels qui font que d’autres ont compris que sans puissance économique et financière la bataille pour la souveraineté économique était perdue.
Pourquoi les Chinois ont laissé leurs entreprises aller en Bourse après les Américains, la bataille se joue là en ce moment, avec même des « delistings » retraits de sociétés chinoises cotées aux US
La bataille mondiale économique se passe à la Bourse, Wall Street qui permet à Tesla s’il le voulait de racheter tous les autres, les Gafas qui pourraient faire de même quand ils le désireront sont une menace réelle sur nos entreprises et nos emplois futurs.
Ce réveil que j’appelle de mes vœux, parler de la Bourse, faire de la pédagogie avec les Français, non la Bourse ce ne sont pas que les vilains spéculateurs avec leur gros cigare
La Bourse ce sont des entreprises de nos régions, familiales souvent, et qui cherchent à conquérir le Monde, aidons les à grandir, et si nous sommes fort collectivement, nous éviterons à ces entreprises la tentation de la fuite en avant.
Souvenez-vous de JMMMMMM J6M sans aucun contrôle il avait failli coûler Vivendi.
Si nous laissons la situation en l’état, de grands groupes français mais aussi des petites entreprises innovantes n’auront pas d’autres choix que de se faire racheter ou partir là où des investisseurs ont fait le pari de croire en leur projet.
Pour moi, COUCHE-TARD CARREFOUR c’est l’alerte de trop.
La Bourse a mauvaise presse, les banquiers n’aiment pas la Bourse, préfèrent vous vendre un PEL ou un prêt immobilier, les élites politiques de droite ou de gauche n’ont même pas d’action en portefeuille quand ils nous dévoilent leur patrimoine.
En 2020, le Pape a dit « L’argent doit servir et non gouverner ! »,
Et bien investir dans les entreprises françaises c’est permettre de créer des emplois, les garder, développer des entreprises qui feront vivre des familles. C’est simple, mais visiblement aucun énarque à Bercy n’a réussi à changer la donne.
Le seul qui a réussi, je ne m’intéressais pas encore à la Bourse à l’époque, René Monory, garagiste avant d’être un Ministre de l’Economie plein de bon sens, la fameuse Sicav Monory les Français qui nous écoutent le savent, ils ont pu en profiter car c’était un produit simple et bénéfique pour les entreprises françaises.
Faisons de la Bourse de Paris un outil de conquête qui aidera nos entreprises à conquérir le Monde, si nous ne le faisons pas, les Anglais qui n’ont plus qu’une place financière ne se géneront pas.
Le patriotisme économique Philippe, il doit aussi concerner la Bourse.
Moi je suis prêt
Derrière la Bourse, une aventure humaine,
Philippe pour terminer sur ce sujet Bourse et entreprises, aviez-vous entendu parlé de Moderna avant la crise du Covid ?
Vous n’êtes pas le seul
Peu de personnes en dehors du secteur des biotechnologies avaient entendu parler de Moderna Inc. ou de BioNTech SE au début de l’année 2020 !
Aujourd’hui, ces sociétés sont connues de tous, car les vaccins révolutionnaires à base d’ARN messager commencent leur distribution cruciale dans le monde entier. Le Français Stéphane Bancel, directeur général de Moderna, est devenu milliardaire au printemps après que la société de Cambridge, dans le Massachusetts, se soit imposée comme l’un des premiers acteurs du sprint vaccinal.
Le scientifique allemand Ugur Sahin, fils d’immigrés turcs, a mis au point Covid en janvier dernier. Avec son épouse Ozlem Tureci, médecin en chef de BioNTech, ils ont dirigé le développement d’un vaccin qui a été le premier à être autorisé à être utilisé aux États-Unis. Sahin a déclaré que son objectif a toujours été la science, et non l’esprit d’entreprise et encore moins la richesse, mais que la valeur de sa participation lui a permis d’atteindre 3,6 milliards de dollars.
C’est aussi çà la Bourse, et cela va aider des millions de gens.