Naval Group : Après l'électrochoc de l'annulation de la vente des sous-marins à l'Australie.
L'info éco + avec Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV sur Sud Radio (18 septembre 2021)

18 septembre 2021 15 h 29 min
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#SudRadio] 🔴 Cette semaine, Didier TESTOT le fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV revient dans l’info éco + avec Jean-Marie Bordry sur le coup de Trafalgar de l’Australien pour les sous-marins de Naval Group.

Didier cette semaine, vous revenez sur le coup de Trafalgar Australien contre Naval Group  

Oui Jean-Marie, cette annonce est un coup de semonce sur notre stratégie vis-à-vis de nos Alliés.

La rupture par l’Australie d’un grand contrat passé auprès de la France pour la livraison de sous-marins conventionnels est “grave” et constitue “une très mauvaise nouvelle pour le respect de la parole donnée”, c’est ce qu’a estimé la ministre française des Armées, Florence Parly

C’est la réponse officielle.  Mais plusieurs choses à dire ce matin :

D’abord ceux qui pensaient voir un changement entre Trump et Biden en sont pour leur frais, le seul changement c’est la forme pas le fond. Les Américains sont toujours « business first ».

Didier que représente Naval Group pour ceux qui nous écoutent ?

 

Tout simplement le leader européen du naval de défense. Héritier des arsenaux de Richelieu et de Colbert, le groupe est une entreprise de très haute technologie et compte parmi les rares leaders mondiaux des systèmes navals de défense qui maîtrisent l’ensemble de la chaîne de réalisation des programmes complexes

DCNS devenu Naval Group présentait à l’époque le sous-marin d’une longueur de 97 mètres et de 4.000 tonnes pour un équipage de 60 sous-mariniers, son nom « le Shortfin Barracuda Block 1A » comme “le sous-marin à propulsion conventionnelle le plus avancé du monde” capable d’évoluer sur de longues distances et en plongée prolongée dans l’océan Pacifique

Et un rappel : Le capital de  Naval Group est détenu par l’Etat, à hauteur de 62,25 % et de 35 % par la société Thales, et 1,82 % par les collaborateurs et anciens collaborateurs.

 

Didier tout paraissait pourtant réglé pour ce « contrat du Siècle », plus 30 milliards d’euros tout de même

Oui un petit retour en arrière en 2016, et les annonces de l’époque, c’était l’euphorie, c’était plié

Manuel Valls Premier Ministre en 2016 après l’annonce australienne. « Magnifique succès pour DCNS et notre industrie nationale : fierté pour nos ingénieurs, techniciens et ouvriers, coup de chapeau au partenariat franco-australien. La France qui avance, la France qui gagne ».
Et c’était face aux concurrents allemands et japonais. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian aujourd’hui Ministre des Affaires étrangères : « Nous nous sommes mariés à l’Australie pour 50 ans. Des centaines d’entreprises et de PME françaises étaient partenaires potentiels pour Naval Group en Australie. Le nickel pour les coques était de Nouvelle Calédonie.

 Didier peut-on y voir des erreurs ? Ou uniquement une opération menée de main de maître par les Américains.

Les spécialistes de la Défense peuvent souligner que l’offre française ne portait que sur des sous-marins de nouvelle génération certes, mais diesel électrique

En face, l’armada Chinoise est constituée effectivement de sous-marins à propulsion nucléaire.

Les Etats-Unis sont en conflit avec la Chine dans cette zone Indo-Pacifique depuis des années et l’Australie est dans leur jardin si je puis dire. Les Australiens ont une Chine en mode conquête qui créée des iles artificielles pour ses armées, et fait monter la pression depuis des années. Sans même parler du sujet de Taïwan.

Deux logiques s’affrontent donc mais on peut dire que ce contrat du Siècle a été volé par les Américains. Il faudra combien d’échecs pour admettre que nous sommes dans une « guerre » économique avec les Etats-Unis ?

Et à ceux qui nous écoutent et qui pensent que j’exagère ce matin, je vais vous raconter une anecdote issue d’une interview exclusive que j’ai eu la chance de réaliser avec Didier Pineau Valencienne l’ancien patron de Schneider, fleuron français du CAC40, Son témoignage nous replonge dans les années 90, dites-vous bien avant internet, les cyberattaques, la NSA et Edward Snowden., etc….

Didier Pineau Valencienne qui était Pdg de Schneider me confie : Dans l’opération de rachat de Square D aux États-Unis, le président de General Electric lui disait de ne pas faire ce rachat au cours d’un diner et faisait durer le plaisir, avant de laisser partir Didier Pineau Valencienne pour l’aéroport. Une voiture avec des hommes en noirs était prévue, ceux des films US, en lui disant ne pas s’inquiéter. La voiture file vers l’aéroport et l’avion d’Air France avec des passagers attendait en bout de piste, l’arrivée de Didier Pineau Valencienne. Vous vous rendez compte du pouvoir de GE et de ses liens avec les services américains. Il y a déjà 30 ans.

Didier, c’est donc la réalité économique que vivent les grands patrons, mais aussi les entreprises innovantes.

Oui et je le dis souvent à des dirigeants que je rencontre, ne soyez pas naïfs, aujourd’hui ces batailles sont aussi numériques. Votre réunion Zoom, votre réunion Teams, il n’y a pas de confidentialité pour vos données qui sont stockées sur des serveurs aux US ou ailleurs.

Les sous-marins australiens certes c’est important, mais notre souveraineté numérique, celle qui occupe nos vies tous les jours, nous l’avons laissé à Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft. Cet abandon de souveraineté, personne n’en parle. Notre indépendance nucléaire sans indépendance numérique ne suffira pas.

Vous devriez interroger tous les politiques à ce sujet, vous verrez qu’ils n’auront pas de réponses. Ils n’ont pas réfléchi à ce sujet capital. L’échec de Naval Group est un électrochoc et nous rappelle juste que les Américains mettent tous leurs moyens pour leur stratégie militaire et politique. Nos amis deviennent trop souvent nos ennemis économiques et eux ne se posent pas de question contrairement à nous.

America is Back, Donald ou Joe, même combat America First, et ce n’est pas pour nos beaux yeux »

J’oubliai, Je ne vous ai pas donné le nom de ce projet AméricanoAustralo Anglais

C’est AUKUS (A, U, K,..), ne prononcer pas le S, tout est dit.