Un bol d'air frais au côté des dirigeants d'entreprises - Economie : Inflation ça va secouer - Mondialisation : Après le "Juste à temps", le "juste-au-cas".
L'info éco + avec Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV sur Sud Radio (10 avril 2022)
L’INFO ECO + avec Didier TESTOT FONDATEUR DE LA BOURSE ET LA VIE TV sur #SudRadio
🔴 Cette semaine, Didier TESTOT revient dans “l’Info éco +” avec Jean-Marie Bordry sur plusieurs thèmes :
– Un bol d’air frais au côté des dirigeants d’entreprises et de leurs projets
– Economie : Inflation, ça va secouer
– Mondialisation : Après le « Juste à temps », le « juste-au-cas »
Cette semaine un bol d’air frais avec des dirigeants d’entreprises, pourquoi ?
Oui dans cette ambiance morose, guerre en Ukraine, flambée des matières premières, risques de récession, recrudescence des cas de Covid, bref des nuages noirs sur l’économie, je pouvais vous faire une émission déprimante, mais j’ai eu envie au contraire de commencer par un petit bilan de mes dernières rencontres auprès des dirigeants d’entreprises que j’ai eu la chance de rencontrer.
Des entreprises qui sont dans de nombreux secteurs.
La santé, les biotechs, le digital ou l’immobilier, l’économie circulaire, les transports, les jeux vidéos, l’emploi, les technologies laser par exemple.
Vous voyez un échantillon large et des entreprises qui sont dans toutes les régions de France et même en Suisse. Avec ces dirigeants, j’ai parlé de leur stratégie, des développements qu’ils ont pu réaliser, des enjeux du moment bien sûr (inflation, guerre en Ukraine…).
Alors oui il y a eu deux années particulières 2020 avec le confinement et 2021 avec la reprise mais avec encore des incertitudes. Mais ce qui est intéressant c’est qu’en 2022, ces entreprises vont réaliser des projets importants et elles vont concrétiser des projets.
Malgré les contraintes que vous avez évoquées ?
Oui c’est cela que je voulais partager avec vous par exemple j’ai entendu de l’espoir sur de nouveaux médicaments contre la sclérose en plaque, des solutions pour ceux qui ont besoin d’insuline comme des personnes atteintes de diabète, des logements de plus en plus durables. Et alors que les produits de consommation quotidiens sont encore trop largement composés de molécules issues du pétrole, une entreprise développe une offre aux industriels pour des molécules biosourcées de substitution, grâce à sa technologie respectueuse de l’environnement basée sur des micro-organismes naturels. Elle a construit une usine pour cela. Après avoir été réussie à venir en Bourse.
L’interim qui est en plein boom, avec l’emploi qui se porte bien, personne n’en parle, mais le sujet du moment pour nombre de chefs d’entreprises c’est d’abord comment trouver les ressources pour les commandes qui sont là.
Les dirigeants d’entreprises le disent, la demande est là, malgré cette guerre en Europe.
Récemment un constructeur de maison m’expliquait qu’il allait créer une école de formation pour embaucher ensuite par exemple des conducteurs de travaux qui manquent. Sans conducteur de travaux, pas de chantier c’est clair ! Et donc capital ! C’est aussi une entreprise qui est à la pointe des technologies lasers qui peuvent servir dans l’industrie, le médical la défense par exemple, le laser a plus de 50 ans mais il reste au cœur des nouvelles technologies. Durant la pandémie, les jeux vidéos ont connu un vrai boom, et l’avenir de ce secteur reste au beau fixe. Avec des Français à la pointe. Voilà pour quelques exemples.
Alors quand on vous dit que rien ne va dans notre pays, ce n’est pas exact, quand on a la chance comme moi de rencontrer ces dirigeants, qui font l’économie, on s’aperçoit qu’elle se transforme, s’adapte bien entendu à des chocs externes, celui de l’Ukraine est violent bien sûr, il survient après deux ans de crise sanitaire, mais les dirigeants d’entreprises innovent et avancent. Même dans la pire période elles ont toujours des ressources avec les hommes et les femmes qui œuvrent pour qu’elles trouvent des solutions. Je vous le garantis, c’est vivifiant, j’ai eu cette chance et je voulais partager avec nos auditeurs ce matin un bol d’air frais.
Didier sur les marchés financiers il se passent des choses qui auront des conséquences sur l’économie
Oui les taux d’intérêt augmentent. Ils ont entamé leur ascension au milieu de l’année 2020, période qui coïncide avec les flambées inflationnistes induites par les problèmes d’approvisionnements liés au Covid. Ce mouvement s’est progressivement accéléré avec la reprise économique et celle du marché du travail. La grande question que se posent aujourd’hui les investisseurs c’est jusqu’à quand ce mouvement va-t-il se poursuivre ?
Une question qui vaut plusieurs milliards de milliards. Le taux hypothécaire sur 30 ans aux États-Unis (celui qui fait référence quand on emprunte dans l’immobilier) grimpe à 4,72 %, son plus haut niveau depuis décembre 2018. L’année dernière, il a atteint un creux historique de 2,65 %. L’augmentation de 0,96 % des taux hypothécaires au cours des 5 dernières semaines est la plus forte hausse de 5 semaines que nous ayons connue depuis mai 1987.
Le sujet c’est que dans un premier temps les banques centrales ont estimé d’abord que la pression inflationniste serait temporaire, une opinion partagée par tous les acteurs. Mais aujourd’hui ce sujet d’inflation est devenu bien réel et complexe. Entre le sujet de l’offre et la demande sur certains produits après la désorganisation des usines ici et là, la guerre en Ukraine est venue aggraver les choses. Avec encore + de pression inflationniste.
Alors si aux Etats-Unis la Réserve Fédérale a décidé de combattre l’inflation avec des hausses des taux à venir, en Europe, la BCE semble aussi devoir s’atteler à ce sujet. L’inflation en février pour rappel dans la Zone euro c’est + 7,7%.
Cela fait 40 ans que nous n’avons plus connu de situation analogue avec une forte hausse des prix et des banques centrales qui luttent pour la contrôler. Cela risque se secouer.
Didier le fameux juste à temps a du plomb dans l’aile avec cette crise économique
C’est une intervention intéressante que je partage avec vous ce matin, et elle vient du Québec. La perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales annonce la fin du mode de gestion en juste-à-temps dans sa forme actuelle. Les entreprises ont donc intérêt à stocker davantage pour gérer leurs opérations en mode «juste-au-cas» afin de réduire leurs risques logistiques, affirme le PDG de l’Administration portuaire de Montréal, Martin Imbleau. Cité par le journal « Les Affaires ». Selon lui les nombreuses perturbations qui ont secoué les chaines d’approvisionnements depuis deux ans et encore avec la guerre en Ukraine ont changé la donne en matière de logistique.
Just In Time Didier cela vient du Japon ?
Oui Just in time est inspiré du Japonais Toyota dans les années 90 cela consistait à gérer en flux tendu avec le minimum de stocks, en fonction des commandes. Depuis 30 ans, toutes les entreprises ont réduit leurs inventaires.
Mais ce qui est arrivé avec la pandémie + Ukraine selon lui « quand il y a des perturbations des chaînes d’approvisionnement, cela a des conséquences graves économiques, sociales, environnementales, mais aussi sécuritaires ». Et donc les entreprises vont devoir recommencer à constituer des inventaires et construire des entrepôts. Ce que Martin Imbleau. appelle passer du juste à temps au juste au cas. Réduire les risques de perturbation de leur chaîne logistique (approvisionnement, production, commercialisation) devient essentiel. Et même si il n’évoque pas la disparition du juste à temps mais un mode hybride, ce stockage et cette manutention supplémentaires entraînent des coûts donc encore des pressions inflationnistes
Inflation le mot clé des prochaines années. Un mot que l’on avait oublié depuis longtemps.