Didier Testot : Et si l'on parlait des PME et des ETI.
Invitation de Jean-Philippe Denis Professeur des universités en sciences de gestion sur Xerfi Canal

17 juin 2019 13 h 37 min
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Un sujet qui me tient à coeur depuis tant d’années, vous le savez, si vous suivez le média que j’ai créé en 2009, la Web TV www.labourseetlavie.com, devenue en quelques années, la première base de données en vidéos avec les dirigeants de PME et d’ETI cotées en Bourse, ces entreprises sont au coeur de notre économie, mais font rarement la Une du 20 heures.

J’ai eu l’occasion d’en parler avec Jean-Philippe Denis, professeur des universités en sciences de gestion, dans la lettre #FenêtresOuvertesSurLaGestion du samedi 8 juin 2019, en partenariat avec Xerfi Canal, dans cette vidéo, merci à lui pour son invitation et son intérêt pour ce sujet.

Pourquoi s’intéresser aux PME et aux ETI ?

Il y a 30 ans j’étais comme les Français, je ne connaissais rien à la Bourse, j’avais fait du droit et une maitrise de Science Po, loin de la Bourse et des entreprises, mais celui qui m’avait embauché au Figaro m’avait dit : « Didier, vous apprendrez sur le tas », cela fera 30 ans que cela dure à la fin de cette année !

J’ai vu ces entreprises grandir, passer de PME à ETI de la France à l’international, j’ai même vu des financiers racheter des sociétés et en faire un leader mondial.

J’ai eu cette chance, les Français non !

Eux ils ont vu la mondialisation que les politiques ont occulté, et les conséquences sur leur emploi

L’emploi justement, les ETI son les principales créatrices en France. Elles ne font pas la Une du 20h pourtant. Comme si en France nos élites y compris médiatiques avaient un problème avec ces petites et moyennes entreprises. Non il n’y pas que le CAC40 et son indice dans la vie !

2/ Que trouve-t-on parmi les ETI ? 

Des entreprises familiales beaucoup, résiliantes, elles investissent dans la durée, se moquent parfois des recommandations des analystes leur disant, vendez cette activité, si elles estiment que l’activité est stratégique, malgré une baisse de la rentabilité. LISI spécialiste des composants et fixations pour l’assemblage dans l’aéronautique et aussi l’auto.

Exemple Plastic Omnium, le Pdg Laurent Burelle me dit avant la crise de 2007, « je ne comprenais pas ce qui se passait, mes équipes dans le monde voyaient des baisses d’activités », rien officiellement ne disait que la crise était déjà là, « par prudence, j’ai réduit les coûts de 200 millions d’euros », 10 ans après la crise, la société, devenue pur player automobile fera 5 fois plus de CA !

3/ La stratégie des entreprises c’est votre dada depuis 2009 sur votre site pourquoi pensez-vous que c’est pertinent de parler de stratégie ?

J’ai un parcours unique, journaliste financier, mais j’ai été porte-parole de la COB le fameux gendarme, donc je connais la com financière, les entreprises cotées tiennent un discours, formaté, à vous Jean-Philippe, ils diraient comme à moi, ma marge opérationnelle est de 8%, ils ne peuvent pas varier, sinon ils doivent avertir le marché.

L’intérêt est donc de parler de la stratégie, moins des chiffres que tout le monde peut avoir. La stratégie c’est Lectra et son dirigeant qui m’a parlé de la Chine et des donneurs d’ordres chinois dans l’habillement, avant qu’on ne parle de mondialisation en France, sujet évité par les politiques.

Quand Bonduelle marque bien connue, se développe en Amérique du Nord et réalise d’un coup 50% de son activité sur place, alors qu’il était principalement européen.

Ces entreprises ont passé la crise de 2000, celle de 2007. Elles sont + fortes

Un dirigeant d’un groupe familial que je connais depuis son IPO, son introduction en Bourse en français, c’était en 2000, il est dans la construction de maison neuve, Maison France Confort devenu Hexaom, quand je le recevais sur Bloomberg, personne ne le connaissait, entreprise d’Alençon, aujourd’hui il est le leader français, toise le milliard de CA, la 5ème Génération de la famille Vandromme est aux commandes.

C’est la force de ces entreprises.

Et nous en avons besoin / Allemagne qui elle sait y faire.

 

4/ Et le CAC40 dans tout çà ?

Ah le fameux CAC40 celui qui fait la Une du 20H avec les frasques de Carlos Ghosn ou de l’ancien dirigeant de Lafarge et ses activités en Syrie.

Le CAC40 c’est encore l’entre-soi, administrateurs, dirigeants, comités de rémunération.

Mais aussi des leaders (LVMH, St Gobain, Danone, L’Oréal) qui font l’essentiel de leur activités à l’international, Total n’en fait que 5% en France.

Leur croissance est souvent inférieure aux ETI et aux PME, compte tenu de leur taille. De vrais sujets de gouvernance se posent, on l’a vu lors des Assemblées Générales d’Essilor par exemple ou celle de Scor.

L’enjeu de notre pays, ou les politiques adorent les dirigeants du CAC40 certains dans la banque ou la tech ont des parcours politiques comme conseiller cela aide, est plus majeur.

L’enjeu c’est l’actionnariat, peu de gens le savent mais quand on parle des actionnaires des sociétés du CAC40, on y trouve des fonds de retraite Californiens Calpers on a des niveaux de 40% c’est beaucoup.

Pourquoi pas les Français dans leurs entreprises, aucun candidat pour les élections européennes n’en parle, pourtant il s’agit de souveraineté nationale, avez-vous entendu parlé de Lafarge quand il a été racheté par un suisse, Lafarge était leader mondial.

Ce que j’ai fait pour les PME et les ETI c’est pour montrer que nous avons des entreprises dynamiques en France, des dirigeants qui se projettent dans l’avenir

Ces entreprises sont dans nos régions, là ou si l’on regarde les chaines d’information tout va mal

Dans la Sarthe LDC (Loué Le Gaulois) tout le monde connait la marque a du mal à embauché : chez lui, outre le salaire, vous avez des actions qui ont performé.

Les PME et les ETI tous les Français devraient les connaître comme moi,

Ils verraient le monde différemment avec de l’espoir.

Le CAC40 devrait avoir un actionnariat Français plus développé et impliqué, car si elles n’y font pas attention, vous avez sans doute vu les fonds activistes à la manoeuvre, certains dirigeants ont été obligé de céder. Avec un actionnariat Français, le rapport de force pourrait changer.

5/ Un mot de conclusion sur ce qu’il faut faire

J’ai une mission dans ma vie, ce n’était pas prévu au départ, moi j’ai fait du droit, et une maitrise de Science Po, je connaissais rien à la Bourse, celui qui ma embauché au Figaro, Luc Demeuleunaere, au service Bourse, m’a dit « c’est pas grave, vous apprendrez sur le tas »

Cela fait 30 ans que c’est le cas par mes rencontres, j’aimerais que ceux qui nous écoutent partagent nos échanges. Et découvrent ces entreprises de tous nos territoires

Car derrière la Bourse, il y a la vie, l’entreprise c’est une aventure humaine, si tous les Français actifs pouvaient découvrir la bourse et la vie, ils pourraient préparer leur retraite sereinement, et comprendre le monde qui nous entoure.  Je vous remercie de m’avoir reçu pour en parler aujourd’hui.