Gilles Bogaert Directeur Général Adjoint Finances Pernod Ricard : "En 2014/2015, on envisage un début d'amélioration en Chine".
Résultats annuels 2013/2014 marqués par l'impact de la Chine et des devises

28 août 2014 17 h 14 min
+ de videos
132
Views

L’exercice 2013/2014 du groupe de vins et spiritueux, la stratégie de l’entreprise pour faire face aux changements fondamentaux sur le marché chinois et l’évolution des activités à travers le Monde.

Gilles Bogaert Directeur Général Adjoint Finances Pernod Ricard détaille la stratégie de l’entreprise.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Gilles Bogaert, bonjour. Vous êtes le directeur général adjoint en charge des finances de Pernod-Ricard, on va parler de votre exercice 2013-2014. La dernière fois que l’on s’était vu, on avait beaucoup parlé de la Chine puisqu’il y avait eu un premier impact, ce que l’on peut dire que la Chine reste aujourd’hui le point noir, en tout cas pour vous, dans vos activités ?

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Sur l’année 2013-2014, oui, c’était l’une des principales difficultés avec les changes. On a eu une baisse du chiffre d’affaires de 23 %, à change et périmètre constant, alors que l’année précédente, on avait une croissance de 9 % et que deux ans avant on avait une croissance toujours supérieure à 20 %. Donc on a eu très clairement l’impact du ralentissement macro-économique chinois et surtout de la campagne anti dépenses ostentatoires qui a impacté notamment le très haut de gamme, qui a impacté les canaux traditionnels, du KTV traditionnel, qui a impacté le marché des cadeaux. Pour autant, on termine l’année tout d’abord avec des stocks sains puisque on a fortement déstocké sur la fin de l’année fiscale. Les stocks ont baissé en valeur de 20 % par rapport au début de l’exercice et les dernières tendances sous-jacentes du dernier trimestre sont plutôt encourageantes, c’est certes seulement trois mois, c’est une période de basse saisonnalité, mais on a renoué avec des  (…) des sorties grossistes positives sur la marque Martel sur les trois derniers mois de l’année. Donc on commence à voir une amélioration graduelle de tendance en Chine qui est de bon augure pour l’année 2014-2015.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc ce sera vraiment à confirmer effectivement dans les prochains mois si on retrouve un marché plus dynamique, mais on ne retrouvera pas le marché chinois tel que on l’a eu en tout cas ?

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Globalement notre vision à moyen terme, cela reste une Chine en croissance à, disons, 8-9 %, certes pas les 20-25 % que l’on a pu avoir il y a deux ou trois ans, néanmoins cela reste une très belle croissance. On pense que l’on est capable de renouer avec ce type de croissance à moyen terme grâce à l’émergence des classes moyennes, compte tenu du fait que les spiritueux importés représentent simplement 1 % du marché des spiritueux en Chine. On va probablement moins se développer dans le très, très haut de gamme, mais plus dans les marques Premium et super Premium qui sont finalement le cœur de notre activité au niveau mondial. Donc on est confiant sur le moyen terme, et en 2014-2015, on envisage une amélioration, un début d’amélioration de la situation en Chine.

Web TV www.labourseetlavie.com : Si on enlève donc ce poids de la Chine, en dehors de la Chine, donc les autres marchés globalement, vous étiez à peu près en ligne sur ce que vous attendiez ou… ?

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Il y a quand même eu un contexte global macro-économique, et pour l’industrie, difficile, hors Chine les ventes ont crû de 3 % en croissance organique. Les marchés émergents globalement ont été à -2 % et hors Chine ils ont été à +7 %. Donc +7 % cela reste une croissance solide. Elle est plus faible que la croissance à deux chiffres que l’on avait il y a encore 18 mois ou deux ans, mais cela reste une bonne croissance, et notamment c’est le cas en Inde, en Afrique, au Brésil par exemple. En Europe de l’Est, on a quand même gardé une croissance de 8 %, même si on a eu un ralentissement assez net en Russie. Donc globalement les marchés émergents restent solides. Vous voyez, on a eu une croissance de 1 % des marchés matures avec notamment une amélioration de la situation en Europe de l’Ouest, que ce soit en Allemagne, au Royaume-Uni, en France. Cela reste difficile en Espagne, on n’a pas encore d’amélioration dans nos chiffres, mais les premiers signes d’amélioration commencent à poindre. Et enfin, on a eu une année un peu soft aux États-Unis, on a eu une croissance modeste de 1 %, dans un marché qui a ralenti par rapport à l’année précédente.

Web TV www.labourseetlavie.com : J’imagine que vous l’avez vu comme moi, il y a des titres de presse disant « Pernod-Ricard en difficulté supprime 900 postes », est-ce que le « Pernod-Ricard en difficulté » pour vous c’est la réalité ?

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Vous connaissez parfois les raccourcis médiatiques. Non, on n’est pas en difficulté, on a une période effectivement avec un contexte qui est plus difficile. Pour autant on est très confiant dans nos fondamentaux, dans la force de nos marges, dans la stratégie de prémiumisation et dans le potentiel de croissance, je dirais, sur la durée de nos activités. De manière très claire, on a estimé qu’il fallait que l’on améliore notre efficacité opérationnelle pour être plus efficace, pour accélérer nos processus de décision, pour être plus simple dans nos modes de fonctionnement, pour nous focaliser aussi sur les grandes priorités du groupe en clarifiant les rôles des différentes entités, les sociétés de marque, les sociétés de distribution. C’est de cela dont il s’agit, c’est cela qu’Allegro cherche à faire et bien sûr une des conséquences de ce projet, comme on cherche à simplifier, à être plus efficace, à mutualiser, il y a un certain nombre d’économies, 150 millions d’euros, nous confirmons cet objectif sur trois ans, qui vont être délivrées et cela implique certaines réductions de postes dans le monde entier.

Web TV www.labourseetlavie.com : On a parlé de la Chine en introduction, vu le contexte géopolitique, on peut penser aujourd’hui à la Russie avec l’embargo russe, est-ce que vous pouvez être touché par cet embargo russe et de quelle manière ?

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Écoutez, aujourd’hui on reste en croissance en Russie. On était à +5 % l’année dernière. Aujourd’hui notre activité n’est pas impactée par l’embargo. Il est clair que nous suivons la situation autour de la crise ukrainienne avec beaucoup d’attention.

Web TV www.labourseetlavie.com : On a vu dans le secteur aussi des vins et spiritueux que cela bouge, en tout cas il y a des batailles boursières, cela se passe en Australie, c’est un peu loin, mais c’est un secteur qui vous intéresse, quel est le regard que vous portez justement sur ce secteur du vin ?

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Globalement le vin fait partie des activités de Pernod-Ricard. Je dirais que c’est une activité complémentaire de l’activité des spiritueux, ce n’est pas l’activité principale, elle pèse pour à peu près 5-6 % du chiffre d’affaires du groupe. Nous nous sommes d’ailleurs récemment renforcés dans le vin en acquérant la marque de vin californien Kenwood avec l’ambition finalement d’avoir une taille critique dans le vin, notamment aux États-Unis qui est un marché important, et d’ajouter une origine importante à nos vins. On avait des vins australiens, des vins néo-zélandais, des vins espagnols, des vins argentins, on a désormais un vin américain. Mais je dirais que globalement on a aujourd’hui le portefeuille qui nous convient dans le vin. On pense que c’est suffisant pour dégager de la croissance et une croissance créatrice de valeurs, et nous ne voyons pas de nécessité de procéder à de nouvelles acquisitions dans le vin.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot peut-être des États-Unis, on voyait Ballantine’s qui était en repli au global en tout cas, le marché américain il a été comment de votre point de vue ?

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Il a été un peu mou. Globalement c’est un marché qui reste en croissance avec une croissance plus faible que celle de l’année précédente. Les marques Premium continuent à tirer leur épingle du jeu, néanmoins il y a certaines catégories sur lesquelles on a un environnement concurrentiel très fort, c’est le cas des alcools blancs et notamment de la vodka, donc c’est vrai qu’Absolute a eu une année difficile. On s’en tire beaucoup mieux sur les marques d’alcools bruns, c’est le cas de Jameson qui a continué sa croissance à deux chiffres ou par exemple the Glenlivet ou Martel qui devient une nouvelle priorité pour nous aux États-Unis. L’innovation, c‘est clé. On a beaucoup de projets d’innovations qui ont été lancés, notre whisky canadien Wyser’s, Avión, Elyx, la marque super Premium de la gamme Absolute. Il faut un petit peu de temps pour que ces projets aient un impact tangible sur les chiffres, mais nous sommes confiants dans le futur. Pour l’année prochaine, on s’attend à un marché américain qui va rester, je dirais, en croissance molle avec notamment le canal on trade qui restera peu dynamique.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin sur le nouvel exercice, comment vous l’envisagez aujourd’hui avec un certain nombre de facteurs de risques l’on a évoqués, mais globalement pour vous ?

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Globalement, on pense que l’on va commencer à voir une amélioration graduelle de nos ventes, à la faveur notamment de l’amélioration progressive de la situation en Chine. Pour autant, l’environnement global restera tendu, ce sera le cas sur les prix. C’est vrai que l’on a réussi à avoir une croissance de nos prix de 2 % l’année dernière, on ambitionne d’avoir toujours une croissance l’année prochaine, mais probablement à un niveau un peu inférieur, et c’est vrai que le marché américain pour nous restera sans doute un peu tendu. Sur le front des changes, on s’améliore à avoir une amélioration après une année, une annus horriblis, on va dire, en 2013-2014 où on a eu un impact   défavorable de -199 millions d’euros sur nos résultats, donc un impact de -8 % sur le résultat opérationnel courant. Sur la base des taux actuels, on s’attend à une amélioration, sans doute une évolution positive, et c’est vrai que depuis le 1er juillet le dollar s’est apprécié de 1,37 à un peu moins de 1,32. Et dans ce contexte, on va bien sûr continuer la mise en œuvre du projet Allegro avec comme objectif que la mise en œuvre soit finalisée sur l’année 2015 et nous ambitionnons d’augmenter l’investissement derrière nos marques clés et derrière nos projets d’innovation stratégiques notamment à travers le réinvestissement d’une partie des économies d’Allegro. Sur les 150 millions d’euros d’économie, on ambitionne de réinvestir au moins un tiers sur deux ans derrière nos marques clés.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Gilles Bogaert d’avoir été avec nous.

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des finances de Pernod Ricard : Je vous remercie.

 

©www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés. 28 août 2014.