Interview Gilles Bogaert Directeur Financier Pernod Ricard.
Résultats semestriels 2013/2014 du spécialiste des vins et spiritueux

13 février 2014 21 h 34 min
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Résultats semestriels 2013/2014 du spécialiste des vins et spiritueux qui a vu une stabilisation de ses ventes mais des baisses significatives principalement sur le marché chinois.

Nous parlons de cette actualité, de l’évolution de la stratégie, et des perspectives de la société, avec

notre invité :  Gilles Bogaert Directeur Financier Pernod Ricard.

Web TV www.labourseetlavie.com : Gilles Bogaert, bonjour. Vous êtes le directeur financier de Pernod-Ricard, on va revenir avec vous sur votre premier semestre et sur les perspectives, vous l’avez mis en avant clairement dans votre communication, ce qui s’est passé en Chine sur les ventes effectivement a eu un impact important, pourtant vous dites que… à l’automne encore 2013, vous pensiez que cela allait peut-être aller mieux sur ce marché chinois

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Oui. Il y a un ralentissement de l’activité en Chine, on le savait, c’est quelque chose que l’on avait déjà dit à l’époque de la communication de notre objectif annuel. C’est vrai que, je dirais que dans les derniers mois, chaque mois qui passait il y avait une nouvelle mesure qui était prise plus restrictive pour la consommation, notamment les mesures anti dépenses ostentatoires, et donc on pensait au départ qu’il pouvait y avoir un rebond de la consommation au deuxième semestre en Chine, aujourd’hui on considère qu’il n’y aura pas de rebond sur le deuxième semestre. On reste très confiant sur le moyen terme, mais c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons décidé d’abaisser notre objectif annuel à une croissance interne du résultat opérationnel de 1 à 3 %.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Là on peut dire clairement que c’est le segment haut de gamme, Premium, qui a le plus souffert dans la période ?

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Oui, tout ce qui est occasion cadeau, tout ce qui est, comme on dit en anglais, le business entertainment est plus touché, et donc les produits plus hauts de gamme sont davantage impactés. Donc on avait une base de comparaison très élevée sur le premier semestre, on était à + 18 % de croissance l’année dernière, cette année on est à -18 %, donc il y a évidemment un changement de tendance qui est assez brutal. On résiste mieux sur les marques Premium et on résiste mieux sur les cadeaux de distribution modernes, donc modern on trade, supermarchés, consommation à domicile. On souffre davantage dans les canaux traditionnels et donc dans les très hauts de gamme.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Il faut dire aujourd’hui que c’est votre second marché, donc c’est important la Chine ?

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : C’est vrai, c’est  12 % du chiffre d’affaires du groupe. Pour autant, il ne faut pas que la Chine occulte tout le reste, c’est vrai que c’est un des points les plus difficiles de l’activité sur le semestre. Pour le reste, dans les pays émergents hors Chine, on a une croissance du chiffre d’affaires de 7 %, donc c’est un peu moins dynamique que l’année dernière, mais cela reste soutenu. Les marchés matures sont en croissance, on a une belle croissance aux États-Unis, en Allemagne, en France, donc globalement on a aussi pas mal de motifs de satisfaction.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Oui parce qu’il y a eu la croissance organique de 2 % sur le deuxième  trimestre, donc ce qui était plutôt bien compte tenu du contexte ?

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Oui, ce qui nous amène à une performance stable en croissance organique à fin décembre, et donc une croissance interne de notre résultat opérationnel de 2 % sur la période, donc un contexte plus difficile, ce n’est pas une surprise, mais néanmoins toujours de la croissance avant effet devises et périmètre puisqu’effectivement l’effet devises est particulièrement négatif sur le semestre.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est vrai que sur les pays émergents, on était habitué ou vous aviez habitué quelque part les investisseurs à une croissance à deux chiffres, donc là on est en dessous, ce qui s’est passé sur les devises, cela a vraiment perturbé… c’est ce qui a le plus impacté, on peut dire, le semestre ?

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Je pense que si on parle d’abord des tendances sous-jacentes, les pays émergents, nous sommes convaincus du potentiel de croissance future des pays émergents, il n’y a pas de doute là-dessus, on a eu des croissances à deux chiffres dans le passé, on sait que ce sont des marchés plus volatiles, donc on est en ce moment dans une période moins favorable pour ces pays-là, mais nous sommes très heureux d’avoir plus de 40 % de notre chiffre d’affaires dans les pays émergents. Et, comme je le disais, si on enlève la Chine, on a quand même une croissance tout à fait satisfaisante de 7 % sur le reste des pays émergents. Donc ce qui se passe, c’est que oui il y a une consommation qui est un peu moins forte, et les devises des pays émergents ont baissé pour des raisons macro-économiques propres à certains de ces pays, aussi compte tenu de la politique de la Fed aux États-Unis qui a entraîné un reflux de capitaux depuis les pays émergents, et donc une baisse de ces devises.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On le sait, vous avez un portefeuille de marques très diversifié, ce qui peut être un atout dans cette période, vous comptez justement rebondir avec ce portefeuille-là ?

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Oui, on a un portefeuille varié, différentes catégories, différents niveaux de prix qui nous permet de nous adapter aux évolutions de l’activité. On a aussi une présence géographique globale qui nous permet d’aller chercher la croissance là où elle est. Et je dirai qu’en plus de l’existant, on a aussi toutes nos initiatives en termes d’innovation, des initiatives en termes de digital qui nous permettent aussi d’aller chercher de nouvelles sources de croissance dans des nouvelles catégories, dans des nouvelles tendances, dans des nouvelles occasions de consommation, et nous avons clairement accéléré en termes d’innovation. Cela a représenté à peu près un quart de la croissance du chiffre d’affaires de ces trois dernières années. On avait, il y a quatre ans, une centaine d’innovations dans nos pipelines, on en a aujourd’hui 350, donc on est clairement dans une phase d’accélération de l’innovation qui va tirer la croissance de demain.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On a parlé de la Chine, on en parle forcément, là justement pour la classe moyenne, vous présentez le Martel Distinction, donc là typiquement c’est d’aller plus loin et accéder encore plus à cette fameuse classe moyenne chinoise ?

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Je pense qu’aujourd’hui la pénétration des spiritueux importés en Chine est relativement faible, c’est seulement 1% du marché total des spiritueux. Donc là, clairement, avec l’essor des classes moyennes en Chine, et on estime que la croissance est de plus de 10 % par an, il y a pour nous la possibilité d’aller avec nos marques Premium conquérir de nouveaux consommateurs dans de nouveaux canaux, conquérir également de nouvelles occasions de consommation, sans cannibaliser bien évidemment la partie super Premium du portefeuille. Donc Martel Distinction a précisément l’objectif de saisir l’occasion de consommation repas, notamment dans les restaurants chinois, et donc de prendre des parts de marché notamment au Baïdu, donc on l’a lancé en début de semestre, il est encore trop tôt évidemment pour donner des résultats chiffrés, mais les premiers retours qualitatifs sont satisfaisants.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot de votre plan d’économies que vous avez baptisée Allegro, le mot est sympathique, c’est quand même 150 millions d’euros d’économies sur trois ans, on sait que le groupe est plutôt décentralisé, donc la réactivité normalement cela fait partie de votre ADN, qu’est-ce qu’il y a besoin justement de faire en plus au sein du groupe ?

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : D’abord cela n’est pas un plan, c’est un projet. On commence tout juste l’analyse détaillée. Donc on a une ambition d’économie qui est celle que vous avez mentionnée, 150 millions d’euros. Un mot également sur le mot que nous avons choisi Allegro, justement c’est par rapport à la rapidité d’exécution qui est un sujet sur lequel on veut progresser. On veut être plus rapide dans la mise en œuvre de nos initiatives justement pour saisir les nouvelles occasions, les nouvelles opportunités de développement, l’innovation, le digital. Notre organisation doit évoluer. Je dirais qu’il y a trois mots-clés, la simplification de nos processus, le focus, être sûr que l’on met les ressources derrière les bonnes priorités et qu’on les allège là où les sujets ne sont pas prioritaires, et également la mutualisation. Donc c’est un projet qui va concerner surtout les frais généraux dans la totalité du groupe, dans la totalité des fonctions, et qui va s’étaler sur une période de trois ans, et une partie des économies pourra être réinvesti derrière le développement de nos marques. Donc c’est vraiment un projet qui s’inscrit dans le long terme pour tirer la croissance de demain.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot d’une actualité, vous avez dit que vous ne feriez pas de contre offre sur l’Américain Beam, c’est le japonais Suntory… c’est une offre d’un peu plus de 13 milliards, est-ce que cela veut dire pour autant que vous n’êtes pas attentifs à ce qui se passe sur ce marché ou, compte tenu du contexte, vous ne voulez pas justement prendre trop de risques ?

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Nous sommes attentifs, nous regardons tout ce qui se passe sur le marché, nous analysons toutes les opportunités de croissance externe. Je pense que l’on est tout simplement très cohérent avec ce que l’on dit déjà depuis plusieurs semestres. Nous sommes ouverts aujourd’hui à des opérations ciblées sur des marques attractives plutôt Premium, en croissance, dans des marchés attractifs pour nous, États-Unis, ou émergents, mais pas des opérations transformantes, et donc en l’occurrence, je pense que la cible que vous mentionnez est une opération transformante, donc cela ne répond pas à nos objectifs. Et par ailleurs, comme vous le savez, nous avons des critères de discipline financière stricts, à la fois en termes de levier d’endettement, nous voulons rester « investment grade », et également de création de valeurs. Donc pour toutes ces bonnes raisons, nous ne ferons pas de contre offre sur la société Beam, mais pour autant la croissance externe fait partie de notre feuille de route pour les années qui viennent et pour complémenter la croissance interne.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Gilles Bogaert d’avoir fait le point avec  nous sur ces résultats semestriels de Pernod-Ricard, on rappelle que vous êtes le directeur financier.

 

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Je vous remercie.

 

© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 13 février 2014.