Interview Marc Henry Directeur Financier Michelin.
Résultats annuels 2013 de l'équipementier automobile

11 février 2014 11 h 33 min
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Retour sur l’exercice 2013, la stratégie de l’entreprise Michelin, en Europe et dans les pays émergents.

Le groupe se dit confiant pour 2014 sur ses différents marchés (Tourisme, Poids Lourds, produits de spécialités), comment évolue la stratégie ?

Nous en parlons avec Marc Henry Directeur Financier du groupe Michelin.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Marc Henry, bonjour. Nous sommes avec vous pour votre publication des résultats annuels. Vous êtes le directeur financier de Michelin. Comment s’est passée cette année 2013 ? On a senti qu’il y avait une nette amélioration sur le deuxième semestre pour vous ?

 

Marc Henry, Directeur financier de Michelin : Oui, c’est vrai, vous avez raison, une nette amélioration sur le deuxième semestre qui finalement donne une année 2013 avec de bons résultats dans un environnement qui a été, par contre, meilleur en termes de volume sur le deuxième semestre, mais plus chahuté en termes de parité. Vous savez que dans le deuxième semestre, nous avons dû faire face à la baisse significative des parités des monnaies des zones émergentes, dans le même temps une hausse relative de l’euro par rapport au dollar, c’était donc assez difficile pour nous qui sommes une entreprise très implantée sur le plan industriel et international, c’est notre force, évidemment on a pâti de ces événements, à l’arrivée un bon résultat en hausse hors effet parité, et cela, je crois que c’est le résultat de toute la stratégie du groupe, la stratégie en termes d’innovation que vous connaissez et la stratégie bien sûr en termes de positionnement international qui nous permet d’équilibrer finalement tous les marchés, à la fois du pneu et les marchés des zones géographiques chaque année.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Sur la partie devises on ne peut pas faire grand-chose quand cela arrive, quand il y a de telles dévaluations, néanmoins vous investissez aussi dans le monde entier aujourd’hui, on a vu notamment des investissements dans les pays émergents, cela pourra permettre aussi peut-être de changer ces effets que l’on peut voir ?

 

Marc Henry, Directeur financier de Michelin : Cela limite l’impact, vous avez raison, puisque du coup en investissant industriellement dans un pays donné, vous ne perdez pas, en quelque sorte, l’effet de la parité sur les fabrications. Par contre vous avez toujours un résultat en monnaie locale que vous ramenez en euros, et là vous avez un effet de conversion pour lequel vous ne pouvez rien. Alors celui-là, la seule chose que l’on peut faire, et que nous faisons de manière systématique, c’est que dans toutes ces zones nous passons l’impact des hausses des coûts matières premières exprimés dans ces devises dans nos prix parce qu’il n’est pas question, bien sûr, de réduire de manière structurelle la rentabilité sur ces produits, sur ces marchés, mais par contre nous passons bien sûr l’impact des matières, c’est cela que nous devons faire. Au passage je dois dire que Michelin est courageux et assume son rôle de price leader sur tous les marchés, ça c’est vraiment important. Je pense que certains de nos concurrents en profitent de temps en temps.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Sur les marchés eux-mêmes, les trois marchés sur lesquels vous êtes, si on parle du marché en Europe, est-ce que cela va mieux en Europe ? Quelle est un peu la tendance sur ce marché ?

 

Marc Henry, Directeur financier de Michelin : Très nettement, on voit une amélioration en Europe. Le premier endroit, vous l’avez vu clairement, c’est le poids-lourd qui a fait une croissance de 8 % cette année, après une décrue très forte en 2012 qui avait été très pénalisante pour nous, une bonne reprise qui est liée au fait que finalement tous les stocks qui étaient soit dans la distribution, soit auprès de nos clients finaux, sont épuisés, et donc nous retrouvons et nous allons retrouver je pense en 2014 le niveau de volume du marché en ligne avec l’activité. Nous étions très en dessous et nous allons revenir en 2014. Ce qui veut dire encore une belle croissance devant nous, probablement autant que cette année, qui ramènerait le marché à un niveau, on va dire, en ligne avec son activité, ça c’est très bon pour nous en Europe. On sent aussi une reprise en tourisme, vous avez vu, le marché été reprend 1,5 % cette année, c’est un bon signe, cela a été particulièrement vrai au deuxième semestre, ce qui va dire que les économies plus du Sud de l’Europe finalement elles-mêmes reviennent à un niveau d’activité qui va être un peu plus en ligne avec leurs historiques. C’est quelque chose sur lequel nous comptons en 2014, et je dirais que le mois de janvier nous confirme dans cette hypothèse.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On a beaucoup parlé de marchés émergents et de problèmes de devises sur ces marchés émergents, mais il y a aussi de la croissance. Globalement vous êtes satisfaits de la croissance que vous obtenez sur les différents marchés émergents ?

 

Marc Henry, Directeur financier de Michelin : Oui, nous en sommes très satisfaits, et nous sommes satisfaits, non seulement du niveau de croissance, mais également du mix de produits que nous sommes capables de capter avec nos offres. Vous avez vu en tourisme camionnette, nous montrons des petits tableaux qui expriment par rapport aux marchés de Chine, du Brésil notamment, notre capacité à capter le haut de gamme, vous avez vu qu’elle est très bonne, nous en sommes très heureux, à vrai dire nous sommes limités par nos capacités de production malgré des croissances, vous avez vu, de 40, 50 %. Cela prouve donc que l’offre de Michelin est très pertinente sur ces marchés, en particulier dans le haut de gamme.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On attend beaucoup des États-Unis en 2014, sur la croissance américaine pour vous, compte tenu de ce qui s’est passé fin 2013 et en ce début d’année, vous êtes confiant sur ce marché américain ?

 

Marc Henry, Directeur financier de Michelin : Particulièrement en tourisme, il faut le noter. Vous avez vu le deuxième semestre une croissance de l’ordre de 3 à 4 %, qui doit donc continuer de se matérialiser en 2014, nous le voyons clairement. En poids-lourd, cela a été plutôt intermédiaire, vous voyez que l’on est quasi stable, et nous attendons cette reprise. Ce n’est pas tout à fait cohérent, j’allais dire, avec le volume d’activité, ce qui veut dire tout simplement que nos clients utilisent au mieux leurs actifs pneus, et donc font leurs achats plutôt au dernier moment. Dans le fond c’est une bonne gestion pour eux, ce qui veut dire que probablement la croissance est vraiment devant nous parce qu’on ne voit pas très bien comment ils pourraient continuer à utiliser les produits qu’ils ont, il va falloir qu’ils passent à l’achat, et donc nous pensons que ce marché du pneu de poids lourds remplacement nord-américain va repartir en croissance en 2014.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Si on regarde la partie financière, vous avez aujourd’hui une situation de dette plutôt confortable c’est-à-dire que vous avez amélioré nettement ces ratios-là, et du coup on en est à envisager de la croissance externe pour Michelin, cela peut se passer dans quelle zone selon vous ?

 

Marc Henry, Directeur financier de Michelin : Oui cela peut se passer. Vous savez que dans le domaine du pneumatique, les entreprises indépendantes qui existent sont toutes situées en Asie. Ce sont des entreprises de deux types, soit des entreprises familiales que vous trouvez bien sûr en Inde, en Indonésie, à Taiwan, voilà, ce sont ces marchés principaux, ou en Corée, bien sûr. L’autre type d’entreprises, ce sont des entreprises plutôt d’État en Chine. Alors je dirais que bien évidemment le moteur qui va faire qu’elles seront à un moment potentiellement sur le marché va être très différent et à nous d’être présent, d’être vraiment à l’affût, pour pouvoir obtenir… je crois que toutes ces entreprises n’ont pas forcément vocation à être vendues, mais par contre elles ont toute envie de travailler avec Michelin.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est plutôt bon signe. En conclusion peut-être, cette année 2014 comment vous l’envisagez justement pour le groupe en termes d’activité et de perspectives de résultats ?

 

Marc Henry, Directeur financier de Michelin : Nous l’avons dit, c’est plus de 3 % de croissance sur nos marchés. Ce 3 % de croissance, il faut bien le comprendre, au fait que le tourisme et le poids lourd vont être plutôt au-delà puisque dans le troisième secteur on sera plutôt stable, ce qui veut dire donc une croissance vigoureuse, ce qui va donc nous amener une hausse du résultat en valeur, bien entendu avec l’inconnue des parités, mais cela, je dirais que l’on y fera face le mieux possible.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Marc Henry d’avoir été avec nous.

 

Marc Henry, Directeur financier de Michelin : Merci à vous.

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