Interview Philippe Gaborieau Fondateur Happy Capital.
"Crowdfunding" : la finance participative a le vent en poupe, stratégie et perspectives
“Crowdfunding” : la finance participative a le vent en poupe, nous en parlons avec un acteur qui a choisi une stratégie de couverture de projet plus large que les projets de plateformes habituels.
Le manque de capitaux propres des petites entreprises, donner un sens à son épargne, la finance participative est en plein “boom”, des initiatives fleurissent, les autorités (AMF) viennent de donner leurs recommandations pour les acteurs du secteur.
Quels sont les attentes des entreprises, des particuliers, nous parlons avec un acteur du secteur de ce mouvement qui en est à ses débuts.
Notre invité est Philippe Gaborieau Fondateur Happy Capital.
Web TV www.labourseetlavie.com : Philippe Gaborieau, bonjour. Vous êtes le fondateur de happy-capital.com, une société de crowdfunding c’est-à-dire de financements participatifs. Vous mettez en relation des investisseurs et des entreprises, c’est un mouvement, on le sent, ce financement participatif, on voit beaucoup de sites qui se créent, vous, qu’est-ce qui vous a amené justement à dire « Il faut créer ce site » ?
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : C’est très simple. En fait, je dirige également par ailleurs un cabinet de fusions-acquisitions, et dans le cadre de cette activité, je réalise des levées de fonds. Il se trouve que depuis à peu près deux ans en conservant la tendance depuis la crise de 2007, mais depuis deux ans, il devient très compliqué de financer des entreprises entre la tranche de 150 000 à 1 000 000 d’euros de tickets d’investissement. Il y a des raisons à cela. La raison essentielle est une raison réglementaire, il s’agit de Bâle III pour les banques, Solvency II pour les assureurs, qui font que en fonction des investissements qu’ils font, si ce sont des investissements à risque, ils doivent mettre l’équivalent en fonds propres, d’où tous les communiqués de presse parus dans l’Afic l’été dernier, indiquant une baisse des financements et des afflux de fonds, des fonds de fonds, d’où une raréfaction du financement en haut de bilan et en bas de bilan. Et étant confronté à des besoins pour des clients, et en regardant ce qui se faisait outre-Atlantique, j’ai décidé de créer un site de financements participatifs adapté aux entreprises.
Web TV www.labourseetlavie.com : On pourrait dire oui parce que effectivement les Etats-Unis sont souvent en avance sur ces domaines-là, cela existe aux Etats-Unis, effectivement cela a beaucoup bougé aux Etats-Unis, même si le côté investissement d’une start-up était déjà quelque chose de réel ?
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : Oui, ils sont nettement plus en avance que nous, le phénomène des business angels est nettement en avance par rapport à nous. Je crois que c’est également une question de mentalité dans tout ce qui concerne le crowdfunding puisqu’il y a trois sortes de crowdfunding, rappelons-le, le crowd giving qui le financement participatif par don, il peut y avoir des contreparties, le crowd landing qui est le financement là des entreprises plutôt sous forme de prêts des particuliers aux entreprises, et puis le financement participatif tel que nous le pratiquons que l’on appelle aussi Equity crowdfunding ou crowd investing, il s’agit de prendre des actions, de prendre part dans le capital des entreprises.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc on sent en tout cas du côté des investisseurs, des français, il y a eu beaucoup de sondages qui sont parus, réalisés, il y en a un qui a été réalisé par l’Afic d’ailleurs récemment ou d’autres, où on voit que les investisseurs sont prêts à prendre plus de risques, donc on est dans une tendance favorable, on va dire, les investisseurs sont prêts à aller un peu plus loin ?
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : Oui, alors il y a plusieurs choses. Je pense qu’ils sont prêts à prendre plus de risques, mais surtout ils ont envie d’investir différemment. Jusqu’à présent, l’investissement pour un particulier, néophyte, il va voir sa banque, éventuellement il essaie de placer en bourse, il peut également placer dans l’immobilier, les sommes sont différentes, mais toujours est-il que pour certains investissements, ce sont des investissements sans nom et sans visage. Vous allez voir votre banquier « Tiens, prenez des sicav », on ne sait pas qui est derrière. Je crois que le principal changement, c’est dans les mentalités, et en fait les investisseurs privés particuliers ont envie de savoir où ils investissent, et en fait quelque part le crowdfunding, c’est un investissement avec un nom et un visage.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part on va investir effectivement dans une future PME, future entreprise qui commence avec quelques personnes, qui va pouvoir se développer, on va participer à cette aventure-là ?
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : Tout à fait. Alors vous faites bien de parler de cela. Au niveau du crowdfunding, jusqu’à présent, c’est une tendance plutôt mondiale, peut-être une tendance jeune également, les sites proposent des entreprises jeunes, plutôt des start-up, plutôt dans les domaines des NTIC, du médical, et également avec des innovations plutôt technologiques. Le choix de notre plate-forme a été de faire un panel de ce qui existe et de se dire « Mais en fait dans cette tranche, et dans les besoins vraiment qu’ont les entreprises », dans cette tranche de 150 à 1 million d’euros, les entreprises peuvent être en phase de création, de développement, de reprise d’entreprises, voire de retournement, et en fait nous avons décidé de… c’est ce que l’on appelle les cinq S de Happy Capital, d’aider les entreprises, quel que soit leur stade de vie, quel que soit leur secteur d’activité, d’assurer un suivi, d’imposer ce suivi pendant un an pour aider les entreprises à se développer par des experts dans le domaine de l’accompagnement des entreprises, et puis ensuite l’aspect bien entendu social et simplicité que l’on peut avoir avec le crowdfunding.
Web TV www.labourseetlavie.com : On voit que effectivement les régulateurs se sont forcément intéressés, on va dire, un peu après coup, à ce mouvement, en s’intéressant effectivement à ce qu’il y avait derrière, la réglementation donc des autorités financières, l’AMF et autres, comment elle va changer justement ce… ? Elle est en train de se mettre en place ? Qu’est-ce que cela change pour vous par exemple ?
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : Ce que cela change pour nous, pour l’instant pas grand-chose. Le projet est en consultation, il va y avoir trois principaux changements. Le premier, c’est la création de deux statuts, un statut de conseiller en investissements participatifs, donc statut adapté qui sera en gros un conseiller en investissements financiers participatifs, donc peu de changements par rapport à ce qui existe aujourd’hui. Le deuxième changement, la création d’un statut de PSI conseil qui est un statut allégé du statut de prestataires en services d’investissement, avec un capital minimum de 50 000 €, qui aura l’avantage de permettre d’obtenir un passeport européen. Donc en fait, en tant que plate-forme, on pourra aller n’importe où en Europe. Et pour finir, une augmentation du seuil qui déclenche en fait l’appel d’offres public. Aujourd’hui ce seuil est de 100 000 €, il va être porté à 300 000 €, pour notre part on pense qu’il devrait être porté à 500 000 € puisque c’est la tranche médiane, cela permettrait de financer 80 % des projets, et surtout de permettre à des investisseurs d’investir dès 100 €, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, puisque du fait, c’est un peu technique, mais du fait du cercle restreint d’investisseurs à 150 personnes, les tickets minimum d’investissement sont de 1.000 €, ce qui est assez conséquent, qui ne permet pas un développement important du crowdfunding, et qui en plus augmente les risques puisque il vaut mieux être 1000 à placer 100 € que 100 à placer 1.000 €.
Web TV www.labourseetlavie.com : On transmettra Bercy qui va… qui en général décide de ce genre de seuil…
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : Avec plaisir.
Web TV www.labourseetlavie.com : On transmettra l’information auprès de qui vous savez. Sur les perspectives justement pour votre plate-forme, comment cela va se passer parce qu’on voit beaucoup d’acteurs, on se dit est-ce qu’il ne va pas y avoir déjà une consolidation ? Comment vous allez faire pour grandir vous-même ?
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : Alors, moi je pense qu’avant la consolidation, il va y avoir des phénomènes de différenciation. Nous avons ouvert la voie avec le principe des cinq S que je vous ai expliqué, je crois que le crowdfunding est vraiment en phase d’amorçage en France et le crowdfunding dans le domaine des entreprises, et qu’il va devoir se développer encore pendant quelques mois, voire années, avant de voir des phases de consolidation.
Web TV www.labourseetlavie.com : Et il faudra investir ? Il va falloir investir en notoriété, en… ?
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : Il faudra investir à la fois en notoriété, en bien entendu pédagogie, et également en investissement au sein des sites, des réseaux sociaux, des plates-formes, pour les améliorer, pour permettre la dématérialisation, pour l’instant pas le paiement en ligne puisque ce n’est pas autorisé malheureusement par Bercy, mais on ne désespère pas.
Web TV www.labourseetlavie.com : On suivra cela, ce crowdfunding, ce financement participatif, merci Philippe Gaborieau d’avoir été avec nous, donc fondateur de Happy Capital.
Philippe Gaborieau, Pdg de Happy Capital : Merci de m’avoir reçu.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 23 septembre 2013.
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