Jean-François Mouney Président du Directoire Genfit : "La probabilité que la phase 3 démarre sur le 505 après accord de la FDA est très élevé".
Après la publication d'une étude qui a suscité des inquiétudes en Bourse, les explications de Genfit

1 avril 2015 14 h 59 min
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La société Genfit vient d’annoncer les premiers résultats de l’étude Golden-505 dans la NASH, et les investisseurs ont très mal réagi en Bourse, le titre perdant jusqu’à 40%. 

Sans que la valeur retrouve complètement le calme en Bourse, la Web Tv a voulu comprendre ce qui se passait sur cette société de biotechnologies. Ce qu’a mis en avant Genfit : “LE GFT505 MONTRE UNE EFFICACITE DOSE-DEPENDANTE SUR LE CRITERE PRINCIPAL D’EVALUATION APRES CONTRÔLE DE LA SEVERITE INITIALE ET DE L’HETEROGENEITE (P=0,027) LE TRAITEMENT AVEC GFT505 APPORTE DES BENEFICES CARDIOMETABOLIQUES SIGNIFICATIFS GFT505 EST SÛR ET A ETE BIEN TOLERE TOUT AU LONG DE CET ESSAI DE 1 AN DE TRAITEMENT”

Mon invité pour faire le point sur ces actualités est Jean-François Mouney Président du Directoire Genfit. 

REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION 


Web TV www.labourseetlavie.com : Jean-François Mouney, bonjour. Vous êtes le Pdg de Genfit. On va parler avec vous de votre actualité, elle est importante, avec à la fois la publication de votre étude Golden 505 dans la Nash Donc effectivement votre spécialité. Il faut que l’on revienne ensemble d’abord sur cette étude. Elle a été interprétée de différentes manières, plutôt négativement, on peut le dire, en tout cas sur les marchés, vous, le regard que vous portez, est-ce qu’elle est conforme à ce que vous aviez dit ici même il y a un an ?

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Je crois que le plus important, ce n’est pas seulement le regard que je porte ou mon équipe porte sur les résultats de cette étude, c’est le regard que portent les experts qui ont d’ailleurs avec nous rédigé un communiqué de presse complexe mais qui a été recomplexifié ensuite par d’autres intervenants, mais je dirais que ce qui est important, c’est que eux considèrent que ces résultats vont, selon les uns, de bon à très, très bon. Donc c’est cela qui est important, ce qui est important, c’est que des gens qui font aujourd’hui l’opinion scientifique du plus haut niveau dans le domaine de la Nash, qui parlent d’ailleurs avec tous les investisseurs et  nous ne manquerons pas de  continuer de parler avec eux, ce sont des gens qui parlent avec la FDA, qui sont proches de la FDA, ce sont les gens qui écrivent les guidelines, et bien que ces gens-là, dans leur immense majorité, tous ceux que j’ai rencontrés sont unanimes, considèrent que les résultats de l’étude sont bons, voire très bons, c’est cela qui est important. C’est cela qui est important. Cela ne veut pas dire que l’évolution du cours de bourse (…) je n’y attache pas d’importance…

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Oui parce que quand on perd 40 %, on peut se dire qu’il s’est passé quelque chose de grave.

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Bien entendu, cela nous stresse, on doit le dire, mais en tous les cas, j’ai l’assurance moi qu’à moyen terme, je ne parle pas de long terme, qu’à moyen terme, les choses reprendront un cours normal, mais…

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Cela veut dire qu’il y a eu une mauvaise interprétation puisque, c’est vrai, quand on lit, quand on pouvait lire ce que vous avez écrit dans le communiqué, on pouvait voir correction, on pouvait voir qu’il y avait effectivement des modifications, des adaptations, donc on pouvait se dire : « Est-ce qu’il y a quelque chose qui a été changé par rapport à ce qui avait été prévu initialement ? »

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Ce qu’il faut d’abord dire, c’est que l’on a voulu communiquer les résultats tels qu’ils étaient avec sincérité et dans leur entièreté, c’est-à-dire à la fois les résultats histologiques, je vais revenir là-dessus, les résultats de protection cardiométabolique qui n’ont besoin absolument d’aucun type d’ajustement pour être, non seulement excellents, mais de toute façon presque étonnants, étant donné leur puissance, et des résultats de sécurité, de safety, qui sont parfaits. A partir de ce moment-là, que s’est-il passé sur l’histologie ? L’histologie, nous avons eu un groupe, d’ailleurs essentiellement situé aux Etats-Unis, où la réponse placebo pour les patients les moins atteints, on appelle cela les patients qui démarrent leur Nash, avec un score de Nash, un score de 3, je pense que les gens qui s’intéressent au dossier savent de quoi je parle, ces gens-là ont eu des taux de réponse placebo jusqu’à 60 %. Il est bien évident que, quand on a cela, on ne peut pas ne pas, je dirais, avoir un impact sur l’ensemble de la statistique, qu’est-ce que l’on a fait ?

On a tout simplement utilisé des modèles qui permettent de retrouver, face à cette hétérogénéité, de l’homogénéité, ces modèles ont été d’ailleurs préalablement discutés avec la FDA, ce sont des modèles connus, ce ne sont pas des artifices pour obtenir n’importe quel résultat. Ce sont des modèles connus, je m’en suis expliqué ce matin clairement dans une conférence de presse à Paris, et dans une conférence qui a été faite avec des analystes, vendredi dernier à New York, nos trois KOL sont intervenus 90 % du temps de la conférence et ont dit qu’ils étaient terriblement étonnés du mauvais accueil, ils ont répété ô combien ces résultats leur paraissaient satisfaisants. Ce matin j’ai essayé de donner quelques éléments de clarté, on va dire, pas pour le grand public, mais pour les gens qui s’intéressent véritablement à ces résultats, qui consiste à dire quoi ? On a montré qu’il y avait deux cas par exemple d’hétérogénéité et on a donné les exemples. D’une part, quand vous avez des centres qui n’ont qu’un patient, voire deux patients, et dont les patients n’ont pas une dose placebo, une dose de 80 mg, une dose de 120 mg, tout le monde sait que c’est une forme de déséquilibre statistique, que  d’ailleurs la FDA parfois parce que cela améliore trop les résultats, nous cela n’a pas été le cas, demande de rectifier. Simplement en enlevant ces quelques centres, en gardant près de 140 patients, l’étude sort toute seule, sans problème…

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc pour vous il y a une interprétation qui est démesurée …

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Bien sûr. Je vous donne un second exemple et je vous dirai comment je qualifie effectivement cette interprétation. Un deuxième exemple, si vous prenez l’Europe, 100, presque 150 patients, sans toucher à rien, mais c’est un modèle, l’Europe représente, on va dire, un ensemble assez homogène, les mêmes pratiques, la même ethnie, cela joue, on le verra, on se retrouve avec effectivement l’étude qui sort toute seule sur les résultats, le critère principal. Si je reprends enfin la comparaison avec Intercept,  si je prends les Nash égaux ou supérieurs à quatre, c’est-à-dire la population qu’ils ont recrutée, est celle qu’effectivement que tout le monde aujourd’hui considère devoir être traitée, donc je compare des choses égales par ailleurs, nous sommes en tous points égaux ou supérieurs dans le primary point, dans le secondary point, dans le primaire principal et les critrères secondaires, mais mieux que cela, nous avons une protection cardio-vasculaire qu’ils n’ont pas, il s’empire, le score cardio-vasculaire, et ils ont une safety qui laisse beaucoup à désirer, la nôtre est impeccable. Donc je ne vois pas en quoi l’ensemble de ces éléments puisse créer des inquiétudes durables, ni parmi les actionnaires individuels, ni parmi les analystes, parce que d’ores et déjà pour ce qui est des spécialistes, des médecins, de l’ensemble de la communauté, ils considèrent qu’ils ont là un médicament qui doit traiter leurs patients.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Cela, c’est pour effectivement cette étude qui doinc a suscité beaucoup de commentaires, on a pu aussi lire que vous étiez ouverts à des… Je dirais que beaucoup d’entreprises regardaient Genfit, donc ça c’est le côté spéculatif, opéable potentiel, vous dites finalement… vous êtes obligés parce que depuis le 1er janvier « tout le monde » s’intéresse à Genfit, beaucoup de gens, beaucoup d’entreprises ?

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Là j’ai l’impression que l’on me pose une question, pas vous,  mais d’une banalité déconcertante. Vous êtes une entreprise de Biotech, vous avez une phase 3 qui coûte un certain prix, nous avons 75 millions en caisse, une phase 3 cela coûte plus cher. Qu’est-ce que va vous répondre un patron normal d’une boîte de Biotech ? Il va vous répondre qu’il faudra financer cette phase 3. Qu’est-ce qu’il répond aujourd’hui ? C’est qu’il y a plusieurs possibilités. D’une part il y a des investisseurs qui vont être très intéressés de continuer, et nous le savons, il y en a déjà qu’ils nous le disent. D’autre part il y a une possibilité d’avoir un partenaire pharmaceutique pour développer ensemble le produit vers la phase 3 et s’en partager ensuite les résultats. Et puis il y a une possibilité que je ne peux pas ignorer, sinon je fais une autruche avec la tête dans le sable, c’est que des gens peuvent effectivement nous faire une proposition en disant « Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée de racheter Genfit parce que c’est peut-être moins cher que de devoir payer le médicament ? » Qu’est-ce que je réponds ? Je réponds aujourd’hui, qu’en homme raisonnable, nous étudions toutes les possibilités. Que voulez-vous que l’on suppute après cela ? Il n’y a rien, si ce n’est la réponse d’un patron normal d’une boîte de Biotech normal qui entame sa phase 3.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Cela veut dire qu’il y aurait une réponse quand même, il y aurait une réponse à un moment donné, on sait bien que au mois de juin…

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Bien entendu. Cela veut dire que 2015 se met en place la phase 3, donc se mettra en place également les moyens de financer cette phase 3. Vous m’auriez posé cette question il y a un mois alors que je n’avais pas la moindre information sur le résultat, je vous aurais répondu cela. Si vous me posez la question dans un mois, probablement je vous réponds cela. Mais entre-temps, c’est vrai, je ne peux pas nier que l’on a des discussions, on ne les avait pas avant les résultats parce que l’on avait souhaité faire une sorte de « cool off period », pas discuter, mais on a fait cela entre JP Morgan en janvier et les résultats, désormais oui notre agenda est couvert de rendez-vous avec des investisseurs et notre agenda et couvert de rendez-vous avec des pharmas.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Autre sujet, c’est donc l’augmentation de capital, on pourrait dire une nouvelle augmentation de capital. Effectivement on parle de 200 millions de dollars, cela veut dire aussi que Genfit potentiellement a plus un intérêt à se faire coter sur le Nasdaq pour aller lever ces fonds ?

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Je prendrai…  d’abord dollar et euro malheureusement, malheureusement ou heureusement d’ailleurs, c’est à peu près pareil, je crois que d’abord il faut considérer que lever ces 200 millions, cela ne veut pas dire les lever en une fois. Cela ne veut surtout pas dire, là les interprétations sont terriblement abruptes, cela ne veut pas dire les lever quand notre valo est celle d’aujourd’hui, la valorisation va continuer de progresser, on lèvera quand l’effet dilutif sera le moins mauvais possible, et au moment où on en a besoin.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est une précision importante.

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : C’est important, et on n’en a pas besoin. Je ne vais pas faire un chèque à quelqu’un de 200 millions en disant « Maintenant on fait la phase 3 ». Les 200 millions, je vais dépenser dans les quatre années qui viennent, la phase 3 sera déjà terminée, mais vous continuez de payer. Et donc on se retrouve avec cette possibilité de lever des fonds. Il est vrai que sur le Nasdaq, c’est une des hypothèses que l’on avait déjà évoquée, pourquoi pas ? Mais là encore, c’est absolument quelque chose qui n’est pas nouveau, on est dans une valorisation aujourd’hui qui n’est pas celle sur laquelle j’ai forcément envie d’appuyer une levée de fonds de 200 millions, évidemment, et je n’ai pas besoin de 200 millions tout de suite.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Mot de la fin, peut-être en un mot, pour tous les actionnaires, les individuel, ceux qui suivent au quotidien, qui sont en train d’essayer d’interpréter tout ce qui s’est dit, on a fait le  point ensemble, vous pensez les rassurer aujourd’hui ?

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Je suis certain que ceux qui se penchent correctement sur… presque aussi le premier « Press Release » mais ceux qui se penchent correctement sur les verbatim qui ont suivi, qui se penchent correctement sur la conférence que l’on a faite ce matin auprès des analystes et gérants, qui se penchent sur ce que je viens de dire, évidemment je pense que la probabilité que la phase 3 démarre sur le 505, après un accord de la FDA, est très élevée, de mon point de vue, et je serai peut-être le premier à réinvestir dans Genfit, je le crois même.

Web TV www.labourseetlavie.com : On suivra cela. Merci Jean-François Mouney d’avoir fait le point avec nous aujourd’hui.

 

Jean-François Mouney, Président du Directoire de Genfit : Je vous en prie

 

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