Michel Pelège Président Groupe Pelège : "La Bourse, non merci, j'ai déjà donné".
Si la Bourse et ses opérations financières spectaculaires ne sont plus, l'immobilier lui est toujours là
Michel Pelège pour ceux qui suivent la Bourse depuis les années 90 comme moi est un chef d’entreprise qui a eu plusieurs parcours, de ceux qui prennent des risques avec des banques qui les suivent, dans la promotion immobilière et la folie de ces années, avec un banquier « en pointe », en l’occurence le Crédit Lyonnais.
A l’époque il était facile de mettre la responsabilité des affaires qui tournaient mal sur le seul dos des dirigeants, en l’occurrence Michel Pelège pour sa partie promotion immobilière, mais avec le recul aujourd’hui et les scandales multiples des investissements hasardeux des banques, la crise des « subprimes », ou les crédits toxiques vendus à des particuliers, il faudrait sans doute revoir la copie des responsabilités. Pas forcément binaire, car un banquier est aussi censé juger le risque et prêter en conséquences aux entreprises !
Pour moi la Bourse et la Vie des entreprises c’est ma vie depuis 1989, alors rencontrer celui sur qui j’avais pu écrire dans le Figaro lors des batailles pour le contrôle de SAE avec l’espagnol Ocisa, dont j’avais appelé son Pdg, directement à l’époque, pas d’intermédiaire, c’est d’abord des souvenirs,
Puis l’occasion de parler de stratégie d’entreprises, et dans cette interview lorsqu’on parle de la Bourse, pour lui c’est du passé, le Groupe Pelège malgré l’intérêt de banquiers d’affaires (toujours là) pour lui dire d’y revenir, lui n’en a aucune envie.
Par contre étendre l’offre de son groupe, oui avec la gestion de patrimoine, la défiscalisation, et tous les métiers de l’immobilier. C’est toute sa vie finalement !
L’interview complète de mon invité Michel Pelège :
Web TV www.labourseetlavie.com : Michel Pelège, bonjour.
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Bonjour, Didier Testot. C’est avec grand plaisir que je vous revoie après de nombreuses années.
Web TV www.labourseetlavie.com : Voilà ! On parlera du 20e siècle peut-être à la fin de l’interview.
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Si vous voulez, oui.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors en tout cas, ce qui reste, c’est quand même votre passion pour l’immobilier, puisqu’aujourd’hui, on va parler du groupe Pelège et de toutes vos activités. Ça ne vous a pas quitté. L’immobilier, vous dites d’ailleurs que ça reste une valeur favorite des Français. Il y a beaucoup de choses à faire sur l’immobilier encore aujourd’hui ?
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Écoutez, tout est à faire. On le sait bien d’ailleurs. La passion de l’immobilier, c’est une passion d’activité d’entreprendre, de construire d’une certaine manière, d’être un bâtisseur. Et je l’ai été toute ma vie. J’ai essayé de l’être toute ma vie. C’est vrai que j’ai monté une société de promotion qui était très importante puisqu’elle est allée à plus de 500 collaborateurs, un chiffre d’affaires qui était considérable dans les années 90. Puis l’immobilier tel qu’on le conçoit aujourd’hui est quand même un tout petit peu différent. On prend moins de risques et moi je suis toujours autant passionné, mais par tout l’immobilier. Pas uniquement la promotion, mais ça peut être aussi bien l’administration de biens, une foncière. Ça peut être aussi des développements de zones effectivement. Donc, c’est un métier passionnant et au fond, je ne suis pas très différent de la majorité, sinon de la totalité des Français, qui ont toujours un certain amour pour la pierre.
Web TV www.labourseetlavie.com : On voit beaucoup de promoteurs qui effectivement se sont diversifiés. Qu’est-ce qu’on apprend des crises puisqu’il y en a eu quelques-unes en France ? Aujourd’hui, on a l’impression qu’on voit quand même l’immobilier au plus haut, mais on se pose des questions quand même sur ses prix. Mais les promoteurs en général ne se portent pas trop mal. En tout cas, les plus importants d’entre eux.
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Oui, c’est vrai. Simplement, tout récemment encore, dans les années 2008 – 2009, il y a eu une crise. On a bien craint aussi qu’un certain nombre de promoteurs connaissent encore eux aussi des difficultés très semblables à celles qui avaient été rencontrées dans les années 90. La plus grande crise, c’est quand même la crise de 1990 – 1992 – 1993 qui s’est prolongée. Il a fallu attendre pratiquement 1996 ou 1997 pour établir des prix qui étaient voisins de ceux qu’on avait presque dix ans avant. Donc la crise a appris de la crise. La crise est une accoucheuse, c’est bien connu. Les promoteurs actuels fonctionnent bien. D’abord, parce que le marché est bon, parce qu’il y a d’énormes besoins, parce que les Français ont toujours le goût de la pierre et aussi parce que les méthodes ont changé. À l’époque, on lançait des opérations, on montait des tours de table. Maintenant, c’est différent. On fait une pré-commercialisation. On attend d’avoir commercialisé 40 voire 50 % de l’opération avant de la lancer. C’est-à-dire qu’il n’y a plus le risque qu’il y avait à ce moment-là. Mais ceci étant, le métier est resté le même.
Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce qu’il n’y a pas la nouvelle génération quand même qui se pose des questions ? On parle d’eux en disant, ils ne vont plus acheter de voitures, l’immobilier finalement, ils vont prendre d’autres dispositions.
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : C’est vrai et on peut le penser d’ailleurs. Ce n’est pas absurde d’imaginer que le monde a beaucoup changé, que l’écologie est là, qu’il y a la préoccupation transition écologique, etc., d’évolution du risque inhérent à notre planète qui subit beaucoup de douleurs liées aux attaques des hommes et c’est vrai que le monde a changé sur ce plan-là. Alors, la jeune génération, comme toutes les générations, le monde change, mais l’homme reste identique à lui-même. Le monde change bien sûr, mais l’homme aura toujours besoin de se loger. Se loger, c’est une préoccupation majeure, avec manger, se loger, loger sa famille. Et actuellement, un des grands problèmes de la France, c’est que les problèmes ne sont pas réglés. Il y a des besoins considérables de logements qui ne sont pas réglés et avec la création du Grand Paris, il va bien falloir avoir un politique d’urbanisme, de construction de logements, d’environnement, qui soit menée à bien pour régler tous ces problèmes. On ne peut pas laisser des milliers, voire des dizaines de milliers, des centaines de milliers de Français, de Franciliens ou autour de grandes villes, vivre dans des conditions qui sont des conditions qui ne sont pas du 21e siècle.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, c’est vrai qu’on l’entend depuis de nombreuses années ce manque de constructions. Vous qui êtes dans cet environnement-là, vous pourriez avoir peut-être une explication. Qu’est-ce qui empêche qu’on ait construit après-guerre, depuis quasiment après-guerre, qu’on n’arrivera pas à construire suffisamment de logements ?
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Il y a eu différentes périodes. On ne va pas refaire l’histoire. Il y a eu la période des années 1960 où on a construit beaucoup pour faire face au retour des Français d’Algérie. Il y a eu d’autres périodes où on a essayé de construire et puis c’est vrai que la construction, un, ça coûte cher ; deux, pour construire il faut des terrains ; trois, il faut avoir des procédures qui soient des procédures qui facilitent la construction. Dans une vie un peu antérieure, j’avais fait une thèse de droit. Je suis docteur en Droit grâce à cette thèse. Elle portait le joli titre d’essai sur la liberté de construire en droit français. La liberté de construire en France, elle est évidemment jugulée. À juste titre. L’urbanisme fait partie de la politique de la ville. Mais c’est vrai qu’obtenir un permis, c’est une course sans fin, à tous moments. Si je vous racontais les difficultés qu’on a eues sur certains permis, les bâtiments de France, le vieux Paris, on nous a même demandé (…) sur une opération qu’on a faite avenue Mozart, de garder ce qui était l’enveloppe du garage qui était là et de la reproduire, la replaquer sur un immeuble en construction qu’on a fait, ce qui fait que les fenêtres de l’habitation sont derrière cette enveloppe de garage. Donc, vous savez, il y a des contraintes. On multiplie les contraintes, moyennant quoi, le coût de la construction est de plus en plus cher. Les délais pour réaliser sont de plus en plus longs. Entre l’instant où vous commencez à acheter un terrain et l’instant où vous livrez l’appartement, il faut trois, quatre, cinq ans. Et c’est vrai que des mesures devraient être à prendre, d’une part, pour pratiquement dégager les procédures inutiles, complètement libérer la construction, d’une certaine manière. Il faut la libérer. D’autre part, il faut aussi, c’est indispensable, trouver des terrains. Il y en a. Et ces terrains-là, il faut aussi faire en sorte qu’ils puissent être construits. Les besoins de la construction, c’est essentiellement pour des besoins de logements sociaux. Mais maintenant, c’est les classes moyennes. Paris aujourd’hui n’est plus peuplé que de professions libérales, voire de hauts fonctionnaires ou de cadres d’entreprise. La population d’origine de Paris telle que je l’ai connue quand j’étais beaucoup plus jeune, elle n’est plus là. Donc, c’est vrai que ce n’est pas tout à fait normal et il faut absolument avoir une politique de l’urbanisme qui soit à la fois une politique sociale et financière saine et qui aboutisse à des résultats qui soient des résultats concrets. On dit qu’il fallait 500 000 logements, je ne sais pas s’il en faut 500 000. Le nombre n’est pas là. Mais il en faut un certain nombre de milliers à construire là où il y a des besoins.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous parliez de logements sociaux, est-ce qu’aujourd’hui on sait construire des logements sociaux de qualité ?
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Oui, bien évidemment. Les bâtisseurs aujourd’hui savent construire. Ils ont les méthodes modernes. Maintenant, vous savez, mes amis développent la construction en bois et pourquoi pas aller développer aussi ce type de construction. Donc, on sait construire. Simplement, les blocages administratifs, construire dérange. Toutes collectivités locales, tous maires, quand il doit construire, ça le dérange d’une certaine manière. Donc, il faut faciliter les choses et il faut qu’il y ait une psychologie aussi qui comprenne que le problème du logement, il y a même plus de ministère du Logement en ce moment. C’est n’est pas grave. il vaut mieux qu’il n’y ait pas de ministère et qu’on construise, plutôt qu’on ne construise pas avec un ministre. Mais il n’empêche que c’est quand même révélateur que le logement n’apparaît plus comme une affaire d’État.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, vous parliez du 20e siècle, une autre époque. Le Michel Pelège qu’on a connu à l’époque, qui faisait des batailles boursières, il est où celui-là ? C’est dans ses souvenirs, les batailles boursières ?
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Si vous voulez, je considère que le métier de promoteur n’est pas forcément un métier adapté à la bourse. Parce qu’il est lié à des cycles de production et lorsque j’ai fait en sorte que, ça a été la première société cotée en bourse, la SMCI, ma société de l’époque soit cotée en bourse dans les années 90, en reprenant d’ailleurs une société qui était cotée en bourse à la bourse de Marseille. La bourse de Marseille étant supprimée, on s’est trouvé de facto coté en bourse de Paris. Eh bien, le fait d’être côté en bourse, ça a eu un effet multiplicateur. Lorsque la crise est arrivée, les prix des appartements baissaient, la bourse baissait. Lorsque la bourse baissait, ça faisait baisser l’immobilier, donc c’était pratiquement un cercle infernal. Et d’ailleurs, on l’a revu cette crise en 2008. Je ne vais pas citer de noms de promoteurs amis qui ont vu le cours de l’action descendre en flèche, pour les mêmes raisons. La bourse étant mauvaise, l’immobilier l’était, etc. Donc, je ne suis pas sûr que la promotion en tant que telle soit un métier qui soit bien directement avec la bourse (incompris, 00:09:02) ce métier-là. Donc actuellement, avec le groupe si on veut développer, on m’a demandé, un banquier récemment est venu me trouver en disant « Allez, revenez en bourse », j’ai dit « Non, merci. j’ai déjà donné et je n’ai pas envie de me retrouver dans ce cycle infernal ».
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, j’ai vu que dans les activités aussi, vous développiez la gestion de patrimoine, la gestion de fortune. C’est lié à quoi ? C’est parce que justement, cet immobilier doit faire partie d’un patrimoine et doit être géré de manière, peut-être comme la bourse, c’est-à-dire peut-être plus régulière ?
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Je crois que votre question montre que vous avez bien compris ma démarche. En fait, le groupe que j’ai monté est un groupe totalement cohérent puisque d’un côté, vous avez l’administration de biens, vous avez la promotion, vous avez une foncière qui permet de posséder des immeubles, vous avez le courtage d’assurance, tous les métiers de l’immobilier sont là. Et il manquait un point important, c’est-à-dire, qui est développé actuellement, c’est la défiscalisation. Donc, on vient de mettre à disposition un outil de défiscalisation qui s’appelle Excell Finance qui est un outil agréable, qui fonctionne bien, qui vend du Pinel, qui vend des parts de SCPI, qui fait aussi de la copropriété, de l’assurance vie et qui, d’autre part, a un développement et qu’on va essayer d’accélérer pour justement apporter un élément supplémentaire à toutes personnes qui souhaitent investir, défiscaliser, etc., que nous puissions apporter un produit. La prochaine étape peut-être, celle-ci est faite. La prochaine étape, puisqu’on est dans la gestion de patrimoine, c’est d’aller vers la gestion de fortune. On a eu quelques contacts et c’est vrai que c’est un métier qui me passionnerait et qui serait très complémentaire à ce que nous faisons puisque nos clients nous font confiance, certains depuis des dizaines d’années et qu’effectivement on pourrait continuer à les accompagner dans d’autres domaines. Donc, peut-être que si nous nous revoyons dans un an, je vous dirais qu’on a repris une conciergerie peut-être et qu’on a repris peut-être un family office,ou bien une structure qui va vers la gestion d’actifs. J’en ai étudié une récemment. Elle était trop chère. Elle a plutôt été rachetée par une banque. Mais si vous en connaissez une, puisque c’est votre métier, vous voyez du monde, appelez-moi. Peut-être que je serai intéressé pour la prendre.
Web TV www.labourseetlavie.com : Eh bien, on regardera ça. Merci Michel Pelège.
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : C’est moi qui vous remercie, Didier, de cette interview qui est très sympathique et qui me permet de situer un peu ma philosophie ou ma stratégie plutôt actuellement.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci.
Michel Pelège – Président du Groupe Pelège : Merci beaucoup.
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