Pascal Beuvelet Président In&Fi Crédits : "On est sur une tendance baissière lente sur l'immobilier".
Immobilier : Bilan et perspectives du marché en France

17 décembre 2014 18 h 51 min
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L’immobilier en crise ?

La question peut se poser, mais il faut faire une analyse fine des marchés pour se rendre compte de ce qui se passe en ce moment en France.

« Le marché immobilier est résiliant » selon mon invité Pascal Beuvelet Président In&Fi Crédits.

Loi Alur, taux de crédits très bas, quelle est la tendance de fond sur ce marché ?

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Pascal Beuvelet, bonjour. Vous êtes le président-fondateur du réseau de courtage In&Fi. On va parler avec vous de marchés immobiliers, c’est votre domaine de prédilection. Alors, peut-être un mot de cette année 2014, pour vous, comment cela s’est passé ? Justement, on dit que le marché immobilier va moins bien que les années précédentes, et pour vous ?

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Effectivement, notre métier de courtage de crédits, nous sommes très corrélés avec l’immobilier. Donc sur notre marché propre, juste quelques mots, il marche bien. On a progressé de 10 %, on a progressé pour une raison très, très simple, c’est que le consommateur emprunteur, à l’heure actuelle c’est très clair, il a des difficultés avec sa banque pour obtenir son financement, et donc le recours à un courtier est vraiment une solution. En plus, cela lui fait gagner du temps, de l’argent, c’est utile. Sur le plan de l’immobilier en lui-même, nous avons un certain nombre de constatations que l’on a fait sur la France entière puisque on a un réseau, on a une centaine d’agences. Donc ce que je peux dire, c’est que l’immobilier a baissé partout, France entière, mais de façon très, très discontinue c’est-à-dire que cela n’est absolument pas les mêmes choses, les mêmes baisses suivant que l’on est en milieu urbain ou si l’on est en milieu rural, si l’on est dans l’ancien ou si l’on est dans du neuf, et même sur la typologie du logement, si l’on est sur de la maison individuelle ou sur de l’appartement, voilà.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part, il y a aujourd’hui une baisse, elle est incontestable, mais elle va être plus ou moins forte selon le type de biens et selon l’endroit où cela se passe ?

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Tout à fait. Donc sur nos constats, si on prend par exemple ce que l’on appelle les zones tendues, on va dire les milieux urbains c’est-à-dire je vais prendre Paris comme exemple, mais vous pouvez prendre Lyon, Bordeaux, toutes les grandes métropoles, là où il y a de l’emploi, là où il y a de la demande, je veux dire il y a plus d’emplois qu’ailleurs, il y a de la demande, il y a forcément une pression sur l’acquisition, et y compris sur le domaine de la location, donc là il y a une demande forte. Maintenant, dès que vous allez dans le milieu rural où il y a effectivement plus de… moins de facilité à trouver un emploi, etc., il y a une baisse de prix, et le différentiel est très, très important entre la zone tendue et la zone rurale, etc …

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté justement de ce marché immobilier, on dit toujours qu’il y a des cycles. Là on avait l’impression que l’on était parti sur un cycle infini, quand on regarde l’historique, il y a toujours eu des cycles dans l’immobilier ?

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Tout le temps, tout le temps, j’en parle puisque je suis dans l’immobilier depuis 72, donc vous voyez, c’est… donc ainsi j’ai eu Giscard avec le choc pétrolier et tout, etc., donc je sais que c’est un cycle que qui monte et qui descend. Il y a une chose sur laquelle je voudrais dire un mot parce que il y a un terme de journalistes et d’économistes qui parlent de bulle immobilière, alors là j’ai une théorie là-dessus en disant que en tous les cas, si en France il y a une bulle immobilière, moi je ne la vois pas, elle se dégonfle, elle se regonfle, elle se dégonfle, mais elle n’éclate pas, vous voyez ce que je veux dire. Donc en fait il y a quand même… On a un marché français qui, au point de vue de l’immobilier, est globalement très résiliant. Il faut le savoir. Je veux dire que pour moi, l’immobilier est une valeur très, très positive, à la fois pour la retraite que… de moyens d’utilisation. Donc là c’est bon, il n’y a pas de problème.

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a eu quand même dans les années 90, on s’en souvient, là il y avait eu des baisses spectaculaires, il y avait à la fois de la spéculation et puis, dans la foulée, il y avait eu un éclatement effectivement rapide ?

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Oui, alors ça c’était… Oui, il y a eu la tempête du désert, etc., donc… Mais en France, c’est toujours pareil, il y a un choc qui est brutal c’est-à-dire qu’en fait, quand cela arrive, c’est brutal, il y a une baisse qui est très, très rapide, mais généralement… Enfin, quand il y a une chute, elle est rapide, mais elle est de courte durée c’est-à-dire que cela reprend un rythme. Là, à l’heure actuelle, je dirais que l’on est sur une tendance baissière, mais une tendance baissière lente, vous voyez ce que je vais dire. Je dirais, c’est un soft lending, on peut le dire en quelque sorte. Les raisons, je pourrais vous les expliquer. Il y a d’abord un facteur psychologique qui est complètement déterminant c’est-à-dire qu’à l’heure actuelle, sur l’achat lambda, celui qui a un projet d’acquisition, il a peur, manifestement il a peur, il n’a pas de confiance à l’heure actuelle, et là je pense que la politique gouvernementale à l’heure actuelle y est pour beaucoup, avec une accumulation de normes, de lois, de taxations, donc ça c’est un problème, un manque de confiance, la peur de perte de l’emploi, etc. Tout ça, ce sont des facteurs qui font que l’on achète ou l’on ne vend que dans la contrainte c’est-à-dire que le seul marché immobilier qui existe à l’heure actuelle, sur lequel il y a une négociation, c’est le marché de contraintes c’est-à-dire je perds mon emploi, j’ai un divorce, j’ai un enfant supplémentaire, je suis muté… Enfin je veux dire, ça ce sont des raisons qui imposent et donc la négociation. Mais tout ce qui est l’immobilier de confort, ce que l’on avait avant, c’est-à-dire j’ai un logement qui me plaît bien mais je voudrais une pièce de plus, etc., plutôt que de faire un déménagement, on va vendre pour acheter. Pourquoi ? Parce que le marché est fluide. Là on a un marché qui n’est plus fluide, qui est contracté, donc automatiquement la négociation se fait à la baisse, à l’avantage de l’acheteur, au détriment du vendeur.

Web TV www.labourseetlavie.com : On peut dire aussi que l’on a un environnement de taux d’intérêt très favorable, et c’est peut-être cela qui a expliqué finalement que ce marché tienne encore, on va dire comme vous dites, un soft lending, atterrissage en douceur, parce que les taux n’ont jamais été aussi bas ?

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Les taux n’ont jamais été aussi bas, donc les raisons en sont très simples c’est-à-dire que d’abord on a… la banque a amélioré le coût de sa ressource, de revient de sa ressource, déjà avec la BCE qui lui fait un financement à 0-0,5, donc c’est très faible. Et puis également vous avez quand même un marché interbancaire qui est en concurrence permanente pour conquérir de nouveaux clients, donc qui baisse. Moi je dis qu’au niveau des taux, si vous voulez, pour donner une réponse là-dessus, ils ne remonteront pas tant que l’inflation ne remontera pas. Donc là on est tranquille pendant un bon moment. Alors, ce phénomène de taux, effectivement, c’est un avantage pour le consommateur. Mais d’un autre côté, il faut voir que ses revenus n’ont pas tellement augmenté. Il y a quand même une pression sur les salaires qui est relativement lourde à l’heure actuelle, donc, si vous voulez, ce serait formidable, notre situation, si effectivement nous avions des taux très bas et un gap important parce que les salaires seraient, je dirais, un phénomène inflationniste sur les salaires, donc cela ne l’est pas, donc en fait, le… je dirais, la baisse des taux permet simplement de maintenir la solvabilité de l’emprunteur.

Web TV www.labourseetlavie.com : On peut le dire aussi pour les acheteurs aujourd’hui comme pour les vendeurs, il y a de plus en plus effectivement de documents… pour ceux qui passent devant les notaires, ils s’en rendent compte, cela s’épaissit. Est-ce que ça c’est la loi… ? Il y a la loi Alure bien sûr qui a été modifiée, est-ce que c’est un élément important du blocage potentiel actuel ?

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Non, non, sincèrement cela ne l’est pas parce que en fait ce n’est pas cela qui va empêcher un vendeur de vendre et un acheteur… disons simplement que cela complique l’opération. Cela la complique dans la masse des documents à fournir, cela la complique dans le délai puisqu’effectivement celui qui est vendeur, qu’il soit notaire ou qu’il soit un intermédiaire, un agent immobilier, il va être obligé de demander un nombre incalculable de documents. Et en fait il s’en remet à un tiers pour fournir ces documents, donc en fait, des réseaux, des grands réseaux comme Century 21, Laforêt, etc. ou Guy Hoquet, évaluent à peu près à 15 à 30 jours supplémentaires de délais pour réaliser une vente, ce qui est quand même, dans un process qui durait à peu près trois mois, à l’heure actuelle c’est quand même très, très long, c’est sûr.

Web TV www.labourseetlavie.com : Les perspectives, de votre point de vue, on est sur ce marché baissier sur plusieurs années ?

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Moi j’ai un avis contraire. Donc en fait, je pense qu’en fait, 2014 on a baissé, début 2015 devrait encore baisser, mais je pense que dans ce qui a été décidé par le gouvernement, il va y avoir quand même des choses qui vont être positives. Je pense que la loi Pinel va entrer en cours, le PTZ va entrer en cours. Si vous voulez, moi j’ai fait une estimation, je pense que l’on devrait avoir 70 000 nouveaux logements qui arriveraient à la vente c’est-à-dire que, à l’heure actuelle, la FNAIM annonce et les notaires annoncent de l’ordre de 730 000 ventes dans l’ancien, je parle, etc., je pense que, rien que pour l’ancien, on devrait gagner 5-6 % là-dessus. Donc on devrait passer à 770 000 et on devrait gagner 20 à 30 000 logements sur le neuf. Donc ça c’est une part, c’est-à-dire que l’on fait… L’offre devrait être meilleure. D’autre part, je pense que… vous savez, la baisse du chômage, elle va avoir un temps c’est-à-dire que tôt ou tard on va avoir un effet de stagnation, on va se rendre compte que cela n’augmente plus, c’est un jargon, mais il va y avoir une baisse de la hausse du chômage. Cela paraît ridicule comme phrase, mais c’est cela.

Web TV www.labourseetlavie.com : On est arrivé à un point… Voilà…

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Donc il peut y avoir un petit phénomène de retour à la confiance, donc moi je suis optimiste pour dire plutôt en 2015, fin 2015, avec une stabilisation, voilà. Donc je suis… Moi, pour ma part, optimiste, je ne suis plus aussi vindicatif que j’aurais pu l’être il y a un an. Et puis on arrive à un… Maintenant on est déjà dans le quinquennat, donc politiquement on est à une phase qui est différente, donc en fait, ceux qui vont vouloir se présenter à l’heure actuelle, certes ils vont taper sur l’ancien, sur ce qui a été fait avant, mais ils vont être obligés de vendre des valeurs positives. Donc la vente de ces valeurs positives, cela a un impact quand même, voilà, donc je le pense.

Web TV www.labourseetlavie.com : On suivra cela. Merci Pascal Beuvelet d’avoir été avec nous.

Pascal Beuvelet, président-fondateur d’In&Fi : Je vous en prie. Merci beaucoup.