Résultats annuels 2012/2013 : Interview Gilles Bogaert Directeur Financier Pernod Ricard.
Vins et Spiritueux : Stratégie et perspectives dans les marchés
Vins et Spiritueux : Stratégie et perspectives dans les marchés européens et mondiaux.
Selon la société “la croissance interne du résultat opérationnel courant de +6% est conforme aux objectifs annoncés. Les marchés émergents maintiennent une croissance à deux chiffres (+10%) malgré un ralentissement au second semestre, en particulier en Chine. Les marchés matures sont stables : forte croissance aux Etats-Unis (+8%) et baisses des marchés français et espagnol“.
Notre invité pour parler de cette année, Gilles Bogaert Directeur Financier Pernod Ricard.
Web TV www.labourseetlavie.com : Gilles Bogaert, bonjour. Vous êtes directeur financier de Pernod Ricard, on va parler avec vous de votre exercice 2012-2013 et puis des perspectives. Concrètement, comment cela s’est passé pour vous ? On peut dire qu’il y ait eu deux types de tendances, une deuxième partie d’année qui a été plus compliquée ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Globalement, il y a une performance solide puisque l’on a dégagé une croissance interne de notre résultat opérationnel de 6 %, c’est conforme aux objectifs que l’on avait annoncés en début d’année. On savait que l’environnement macro-économique serait moins favorable et notre performance est dans ce cadre. On a une croissance des ventes de l’ordre de 4 % sur l’ensemble de l’année et les sources de croissance, finalement, sont les mêmes que les années précédentes, c’est toujours nos marques stratégiques, le fameux Top 14 qui tire la croissance à + 5, on a toujours un effet Prémiumisation très fort puisque on a un effet Prémix favorable de 5 %, et par zone, les pays émergents, malgré un ralentissement effectivement surtout au deuxième semestre, sont toujours les principaux moteurs de la croissance avec une croissance de 10 %.
Web TV www.labourseetlavie.com : Si on parle de l’Europe, marché plus compliqué, un mot de la France, qu’est-ce que l’on peut dire de ce marché français ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Parce que l’Europe, il y a l’Europe de l’Est, il y a l’Europe du Sud, il y a l’Europe de l’Ouest ou du Nord, donc c’est vrai qu’il y a plusieurs Europe avec des tendances différentes. La France a eu une année difficile puisque on a eu une baisse des ventes de 7 %, amplifiée par des effets techniques défavorables. Il reste encore un petit peu de stocks, héritage de la hausse des droits du 1er janvier 2012. Il y a eu toute une série de promotions qui n’avaient pas été répétées par la grande distribution. Retraité de ces éléments-là, la tendance sous-jacente, que l’on voit d’ailleurs dans les Nielsen, est plutôt de – 2 % pour le marché et – 2 % pour Pernod-Ricard. Donc, on s’attend globalement l’année prochaine, en 2013-2014, à voir une amélioration de tendance par rapport à cette année, à l’année 2012-2013, compte tenu de ces effets techniques qui vont se résorber.
Web TV www.labourseetlavie.com : On parlait d’Europe de l’Est, d’Europe du Sud, l’Espagne c’est un marché difficile ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Cela reste un marché difficile. On a fait une année à – 7, globalement depuis la crise de 2008, chaque année a été en baisse à – 5, – 6, – 7. Pour autant, on commence à voir sur le plan macro-économique des premiers signes plutôt encourageants, on verra s’ils se répercutent sur notre business, cela prendra sans doute un peu de temps, mais à un moment donné, on s’attend à voir un point d’inflexion dans le rythme de la décroissance. Par exemple, la Grèce avait fortement chuté dans les deux années après la grande crise, là on est revenu sur des niveaux de décroissance qui sont très faibles.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, un marché bien entendu important, les Etats-Unis. Sur le plan économique il y a encore beaucoup de doutes sur cette reprise ou en tout cas ce n’est pas la même reprise que l’on a pu avoir ou le type de croissance que l’on a pu avoir avant la crise, pour vous dans votre secteur, dans votre domaine, cela a bien fonctionné le marché américain ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Bonne année et même très bonne année, + 8 %, un marché qui continue à croître, où la prémiumisation continue à être forte, où le on-trade a une bonne tendance, et nous même sur ce marché, on a bien performé avec Jameson qui est la marque de spiritueux la plus dynamique du marché, Absolut qui a renoué avec une croissance en valeur. On avait augmenté les prix dans environ six états pour la première fois depuis trois ou quatre ans. On compte d’ailleurs sur l’amélioration progressive aussi du mix de la gamme Absolut grâce au lancement d’Elyx que l’on a fait il y a quelques mois. Cela s’est bien passé aussi pour Glenlivet, pour Malibu, grâce aux innovations des dernières années. Donc globalement on avait fait une bonne année aux États-Unis et on reste positif pour l’année et les années qui viennent.
Web TV www.labourseetlavie.com : On parlait des pays émergents, effectivement si on parle du marché chinois, qu’est-ce qui s’est passé sur le second semestre pour vous, sur ce marché ? Est-ce que c’est lié à la conjoncture parce que là aussi on a des questions sur l’économie chinoise ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Il y avait eu un ralentissement macro-économique en Chine, c’est très clair. Par ailleurs, il y a eu une transition, il y a eu un changement de leadership sur le plan politique qui s’est accompagné d’une réduction des dépenses dites ostentatoires, donc moins de cadeaux, moins de sorties dans les clubs chinois, les fameux KTV et c’est vrai que l’on a eu l’impact, qui s’est fait surtout sentir à partir du nouvel an chinois, qui a été faible. Alors, on a fait quand même une croissance des ventes de 9 % sur l’ensemble de l’année, ce qui est une performance qui reste dynamique, on était à + 25 % l’année précédente, donc il y a bien un affaiblissement du rythme de croissance. La tendance sous-jacente est plus faible que ces 9 % de croissance parce qu’on a eu en fait aussi une reconstitution de stocks à des niveaux normatifs, on a désormais à peu près deux mois de stocks dans le marché, et donc la tendance sous-jacente en Chine, c’est plutôt une faible croissance, une croissance à 9 %. Néanmoins, Martell a continué à croître, a continué à gagner des parts de marché. On a continué à augmenter les prix et à améliorer le mix, c’était beaucoup plus compliqué pour le marché du scotch qui était en décroissance à deux chiffres l’année dernière. Et pour l’année 2013-2014, globalement on s’attend à avoir des tendances sous-jacentes qui vont rester comparables à celles que l’on a pour l’instant au moins jusqu’au nouvel an chinois, et on espère avoir une amélioration par la suite.
Web TV www.labourseetlavie.com : Deux autres marchés que l’on peut évoquer avec vous parce que, on rappelle pour ceux qui ne le sauraient pas que vous êtes spécialiste des vins et des spiritueux, sur les vins, qu’est-ce que l’on peut dire sur ce marché au niveau mondial pour vous ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Globalement, on a eu une légère croissance du chiffre d’affaires, une croissance plus soutenue de notre rentabilité opérationnelle puisqu’on a une croissance de 6 % de la contribution du pôle Vin grâce à cette stratégie de Premiumisation que l’on applique aussi aux vins, montée en gamme et diversification des sources de croissance c’est-à-dire que on dépend de moins en moins des pays matures qui étaient très bataillés, comme le Royaume-Uni, où là aussi le rythme de décroissance commence à s’atténuer, et à l’inverse, on peut exploiter de nouvelles sources de croissance, les pays émergents, notamment la Chine où Jacob’s Creek a eu une belle année. Donc globalement on est très satisfait d’avoir ce portefeuille Vin dans le portefeuille Pernod Ricard, c’est un bon complément d’activité pour les spiritueux, et on a désormais un rythme de croissance qui est assez solide.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc cela nous amène à parler de champagne avec là une divergence entre Mumm et Perrier-Jouët, quelle est la raison principale de cette divergence de croissance ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Perrier-Jouët est une marque qui beaucoup plus globale, beaucoup plus internationale, très forte aux États-Unis, forte en Asie, et donc ce profil international a bénéficié à la marque tandis que Mumm, beaucoup plus exposé sur la France et l’Europe de l’Ouest, a davantage pâti d’un contexte macro-économique plus morose dans cette région.
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté de ce que l’on appelle les duty-free, compte tenu, je dirais, de la conjoncture mondiale et du positionnement que vous avez là-dessus, cela a été plutôt une bonne année pour vous ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Oui, une bonne croissance, globalement un peu plus faible que l’année précédente, mais on a continué à avoir une belle croissance du duty-free à deux chiffres en Asie, une croissance en Amérique, une croissance également en Europe. Donc c’est encourageant parce que le duty-free est un bon indicateur avancé de l’activité. C’est également une vitrine importante bien sûr pour nos marques Premium, donc le duty-free a bien résisté dans ce contexte.
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des perspectives, on parlait de l’exercice à venir, vous dites finalement saisir des opportunités de croissance, on s’inquiète peut-être plus aujourd’hui, ou en tout cas quand on regarde les marchés, alors c’est peut-être momentané de ce qui se passe sur les pays émergents, de votre point de vue à vous, cela reste quand même la clé de la croissance des prochains mois de Pernod Ricard ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : La clé pour nous c’est d’être un groupe global, avec une présence très équilibré entre les différentes régions, entre les pays matures et les pays émergents. On a 41 % du chiffre d’affaires dans les pays émergents, 59 % dans les pays matures, on est très heureux de cet équilibre. Il ne fait aucun doute pour nous que le potentiel à long terme de croissance des pays émergents est là, et dans les pays matures aussi, certains pays comme les États-Unis et certains pays d’Europe vont tirer leur épingle du jeu. Donc notre atout, je pense, c’est d’être un leader global avec une croissance bien répartie, ce qui nous permet finalement d’aller chercher les sources de croissance où qu’elles soient.
Web TV www.labourseetlavie.com : Ce qui vous préoccupera peut-être dans les prochains mois, c’est les questions de devises, quand on a vu ce qui s’est passé en Inde notamment et sur d’autres pays en Asie ?
Gilles Bogaert, Directeur financier de pernod Ricard : Oui, on a eu l’année dernière un effet devise positif sur le résultat, il sera négatif lors de l’année 2013-2014. Il y a la parité euro dollar qui a l’habitude de fluctuer, et c’est vrai que l’on est sensible à cette volatilité-là, sachant que l’on a une couverture naturelle avec plus de la moitié de la dette qui est en dollars. En ce qui concerne les devises émergentes, c’est vrai que certaines d’entre elles ont eu des baisses parfois très prononcées, la roupie indienne qui a perdu 30 % de sa valeur depuis janvier, le rouble ou le réal brésilien, donc oui, cela pourra avoir un impact défavorable. Je pense que les variations de devises sont très accentuées par les anticipations sur l’évolution de la politique de la FED plus que par des déséquilibres macro-économiques des pays émergents. Espérons qu’un peu de clarification de la part de la FED dans les semaines qui viennent permettra de ramener un peu moins de volatilité sur le front des devises.
Web TV www.labourseetlavie.com : On en reparlera à la prochaine occasion. Merci Gilles Bogaert d’avoir été avec nous, directeur financier du groupe Pernod-Ricard.
Gilles Bogaert, Directeur financier
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés 29 juin 2013
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