Résultats semestriels 2012-2013 : Interview de Gilles Bogaert Directeur Financier Pernod Ricard.
Vins et Spiritueux : Stratégie et perspectives du co-leader mondial du secteur

14 février 2013 16 h 21 min
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Vins et Spiritueux : Stratégie et perspectives du co-leader mondial du secteur. Après la publication des résultats semestriels 2012-2013, le groupe Pernod Ricard a réitéré ses objectifs pour l’ensemble de l’exercice. Pour Pierre Pringuet, Vice-Président et Directeur Général du Groupe : « Nous sommes confiants quant à la poursuite de notre croissance à moyen terme et nous réitérons notre objectif de croissance interne du résultat opérationnel courant proche de +6% pour l’ensemble de l’exercice 2012/13″.

Marchés émergents, France, Europe, Etats-Unis, devises, mix-produit, nous faisons le tour des activités et de la stratégie de la société avec Gilles Bogaert Directeur Financier Pernod Ricard.

Web TV www.labourseetlavie.com : Gilles Bogaert, bonjour. Vous êtes le directeur financier de Pernod-Ricard. On va parler avec vous de votre premier semestre 2012-2013. Comment s’est passé pour vous notamment le 2ème trimestre attendu par les investisseurs, est-ce que c’est conforme à vos attentes ?

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Oui, une bonne performance, le 2ème trimestre s’est inscrit parfaitement dans la continuité du 1er, on a une croissance interne, si on retraite certains effets techniques que je vais mentionner, de 5 % au 2ème trimestre comme au 1er, et donc on a 5 % de croissance du chiffre d’affaires sur l’ensemble du semestre. L’effet technique qui pèse sur notre croissance faciale, c’est le fait que l’année dernière, compte tenu de la hausse des droits sur les spiritueux en France au 1er janvier, il y avait eu un stockage important des distributeurs. Donc une bonne performance d’ensemble tirée, comme les années précédentes, par les pays émergents, + 14 % de croissance des ventes, les États-Unis, + 9 %, et également tirée par nos marques stratégiques, le top 14, et également les whiskies indiens. Donc les moteurs de la croissance restent les mêmes que les années précédentes.

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a toujours des effets calendaires, et là, le nouvel an chinois a un impact aussi, peut avoir de l’effet effectivement aussi…

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Oui, il bouge dans le temps, cette année il est un peu plus tard que l’année dernière, donc du coup on a vendu un petit peu moins sur le semestre que l’année dernière, mais l’impact est relativement marginal, c’est 8 millions d’euros sur notre résultat opérationnel.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté de vos marchés justement, dans les vins et spiritueux, on voit toujours, on pourrait dire « toujours », le marché français qui a…, c’est le principal marché qui a souffert, alors cela représente à peu près 11 % de votre chiffre d’affaires total…

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Sur le semestre, c’est même moins, c’est 8 %.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc là il y a toujours un marché qui… ?

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Ce n’est pas toujours, c’est vraiment la hausse des droits qui a été un élément important. Elle date d’il y a 12 mois. On a eu des effets techniques très négatifs, donc nos ventes sont à -28 % sur la France, largement à cause de ces effets techniques et conjoncturels, le stockage de l’année dernière, bien sûr il y a quand même un impact de la hausse des droits sur la consommation. On estime que la tendance sous-jacente est à -3 %, donc la vraie tendance réelle c’est -3 %. C’est vrai qu’avant cette hausse des droits, nous étions en croissance, donc on a un effet négatif, mais je dirais que globalement, à partir du 2ème semestre, et surtout à partir de l’année prochaine, nous pensons que les choses devraient petit à petit rentrer dans l’ordre.

Web TV www.labourseetlavie.com : L’autre marché en Europe de l’Ouest, c’est l’Espagne, mais on dit qu’il est forcément lié à la conjoncture, à cette forte crise économique en Espagne ?

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Oui, en Espagne, je dirais que depuis 2008, on est sur une tendance à -5 % chaque année. Là on est à -9 sur le semestre, mais avec un effet déstockage qui accentue la baisse. Je pense qu’en tendance sous-jacente, on est à -5, -6 %, globalement c’est très lié au contexte macro-économique. Mais je dirais que globalement, en Europe maintenant, il y a l’Europe de l’Est qui tire fortement la croissance. En Europe de l’Ouest, il y a l’Allemagne qui se porte bien, et l’Europe du Sud désormais pèse pour peut-être 6 % du chiffre d’affaires du groupe, notamment avec l’Espagne. Donc on a une exposition Europe du Sud qui est finalement beaucoup plus faible qu’avant, et la part du chiffre d’affaires du groupe dans la zone euro est désormais ramenée à uniquement 20 %.

Web TV www.labourseetlavie.com : On parlait des marchés émergents, la zone Asie justement apporte des satisfactions dans quels domaines pour vous ?

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : De manière générale, on a toujours une très bonne performance en Asie, même si la croissance, y compris dans les pays émergents, est un petit peu moins dynamique, en ligne avec la situation macro-économique, en Chine on est toujours à plus de 18 %, en Inde on est toujours aussi à + 18 %. Le travel retail en Asie se porte bien. Le marché le plus difficile c’est la Corée, même si pour des raisons techniques il a été en légère progression sur le semestre, là on a une baisse structurelle du marché « on-trade »  traditionnel, mais en Chine cela se passe bien. Martel continue à gagner des parts de marché. Sur le marché du cognac, un peu moins dynamique mais toujours, toujours en croissance. C’est plus difficile pour les scotch, on a une baisse conjoncturelle sur le semestre. Et puis en Inde, c’est bien sûr avant tout nos whiskies indiens, on est leader dans la partie Premium des whiskies locaux indiens, et on renforce notre leadership année après année.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, bien sûr, ce que regardent de près les investisseurs, c’est le mix produit. Il est en amélioration donc par rapport à ce que vous faites justement pour les différentes marques ?

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Oui, il y a plusieurs éléments. D’abord nos marques stratégiques qui sont plus rentables que les autres, croissent plus vite, donc un effet mix portefeuille. On augmente les prix, en moyenne sur nos marques stratégiques on a augmenté les prix de 4 % sur le semestre. Et marque par marque, on «premiumise », c’est-à-dire que l’on monte en gamme, on développe de plus en plus les qualités supérieures, les plus chères et les plus profitables. Et donc globalement sur le premier semestre on a eu un effet prix sur les marques stratégiques de 4 %, et un effet mix qualité également de 4 %, tout cela bien évidemment contribue à l’expansion de nos taux de marge brute et de notre taux de marge opérationnelle.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des confirmations attendues, c’est la confirmation de vos objectifs d’augmentation de résultat opérationnel sur l’ensemble de l’exercice, en même temps vous avez l’air ou en tout cas certains analystes ont l’impression que vous êtes prudents sur le second semestre..

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Un peu plus prudents C’est une observation assez classique et récurrente de la part de nos analystes. Je pense que l’on a quand même clarifié le fait que le contexte macro-économique cette année est moins favorable que l’année dernière. L’année dernière on avait une croissance exceptionnelle, c’était la meilleure croissance depuis la crise de 2008, + 8 % en vente, + 9 % en résultat opérationnel courant. Cette année, sur le 1er semestre, on a une croissance des ventes de 5 %, donc elles sont toujours en croissance, solides, mais néanmoins moins dynamiques que l’année dernière, compte tenu de ce ralentissement macro-économique, et donc nous annonçons, nous confirmons notre guidance pour l’ensemble de l’année, une croissance interne du résultat opérationnel courant  proche de 6 %, je pense que c’est une évolution qui est tout à fait cohérente avec la performance du 1er semestre et qui, par rapport à l’année précédente où nous avions crû de 9 %, intègre le fait que les marchés sont un petit peu moins dynamiques, tant les marchés matures que les marchés émergents.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot peut-être de l’impact que pourrait avoir la partie devise, on a vu ce qui s’est passé, on a parlé de guerre des monnaies avec notamment la chute brutale du yen, est-ce que cela peut avoir un impact, difficile forcément à estimer aujourd’hui, mais sur le second semestre ?

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Sur un plan strictement quantitatif, on estime sur la base des changes actuels, on aura un effet devise négatif sur le 2ème semestre alors qu’il était très positif sur le 1er semestre. L’eurodollar est à peu près à 1,34-1,35 alors que l’année dernière sur le 2ème semestre il était de 1,30. C’était une proportion totalement inverse au 1er semestre, on a eu 1,27 en moyenne contre 1,38 l’année dernière. Donc on pense que sur l’ensemble de l’année l’effet devise devrait être légèrement positif. Après sur un plan plus stratégique, plus business, depuis 4, 5 ans, on a eu l’habitude de vivre finalement avec des parités eurodollar qui ont fluctué entre 1,20-1,60, on a continué à croître. On est dans un business où on fait des taux de marge brute très élevés et donc on a la capacité à absorber ces fluctuations de devises. On parle de guerre des monnaies, cela n’a rien de nouveau. Je pense que cela existe depuis toujours et je pense que justement notre exposition géographique globale nous permet d’y faire face. Et d’un strict point de vue financement, je rappelle que l’on a un peu plus de la moitié de la dette en dollars, et donc quand le dollar s’affaiblit par rapport à l’euro, certes on a un impact négatif au niveau de notre résultat opérationnel, mais on a un impact positif au niveau de la dette du fait de cette couverture naturelle.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot encore sur la Chine, on voit des attitudes, toujours d’analystes, sur le fait qu’il y ait une nouvelle politique en Chine de lutte anticorruption et qui pourrait amener un peu moins de cadeaux festifs et autres, est-ce que cela vous inquiète justement sur le 2ème semestre, les prochains mois, éventuellement un impact qu’il pourrait y avoir sur vos ventes ?

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : C’est-à-dire que le nouveau gouvernement a annoncé la volonté de réduire un petit peu tout ce qui était dépense ostentatoire, les produits de luxe pourraient être impactés avec une croissance peut-être plus faible. Dans notre business, d’abord les cadeaux, ce que l’on appelle le gifting, c’est 10 % de l’activité, et une partie importante, ce sont des cadeaux que les gens se font entre amis, membres de la famille, justement au moment du nouvel an chinois, donc cela va bien au-delà du phénomène que vous décrivez. Il y a une dimension très culturelle dans cette activité qui va de fait demeurer. Nous pensons cependant que les produits vendus au-delà de 200 € la bouteille, donc on est déjà sur des produits très, très chers, pourraient être impactés par ce coup de frein qui pourrait être donné sur ces dépenses considérées par certains comme ostentatoires. On est finalement très peu exposé à ce niveau de la gamme. En ce qui concerne Martel, l’essentiel de la gamme c’est le Xo, c’est Cordon Bleu, c’est également Noblige et on est là dans des niveaux de prix qui sont en dessous de cette limite et qui sont très différents du gifting dont vous parlez.

Web TV www.labourseetlavie.com : On aura l’occasion d’en reparler ensemble. Merci Gilles Bogaert d’avoir fait le point avec nous. On rappelle que vous êtes donc le directeur financier du groupe Pernod-Ricard.

Gilles Bogaert, Directeur financier de Pernod Ricard : Merci.

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