Bernard Gilly Président Pixium Vision : "Les technologies ont suffisamment évolué".
Introduction en Bourse réussie pour la société spécialiste de la restauration de la vision
Pixium Vision est une société développant des Systèmes de Restauration de la Vision (SRV) pour les personnes ayant perdu la vue suite à des troubles dégénératifs des photorécepteurs de la rétine.
La société a mis au point le système IRIS® composés de plusieurs éléments de haute technologie associés à une intervention chirurgicale et à une période de rééducation.
Les SRV de Pixium Vision ont pour but de permettre aux personnes ayant perdu la vue de vivre de façon plus autonome. IRIS® fait actuellement l’objet d’essais cliniques. Pixium Vision développe aussi PRIMA, un second SRV, qui utilise un implant positionné sous la rétine. PRIMA est à un stade de développement préclinique.
Nous parlons de la stratégie de l’entreprise, et des perspectives, avec Bernard Gilly Président Pixium Vision
Web TV www.labourseetlavie.com : Bernard Gilly, bonjour. Vous êtes le Pdg de Pixium Vision. On va parler avec vous de votre introduction en bourse puisque elle a été réussie avec une levée de fonds à un peu plus de 34 millions d’euros. Alors peut-être que le plus dur commence pour vous maintenant, il va falloir délivrer, comme on dit, comme disent les investisseurs, quelles sont aujourd’hui vos priorités justement après cette introduction en bourse ?
Bernard Gilly, Pdg de Pixium Vision : Alors oui, vous avez raison, il va falloir faire le business plan. En même temps, on est vraiment sur une traction qui est plutôt bonne. Notre première priorité, c’est de mettre sur le marché le premier système de restauration de la vision que nous avons développée, qui s’appelle Iris, dès l’an prochain en Europe, 2015, on devrait obtenir le marquage C.E. dans l’année 2015, et tout de suite commencer les premières commercialisations. Et puis le deuxième gros projet pour nous, c’est de commencer les essais cliniques aux États-Unis puisque les États-Unis, c’est quand même le marché tracteur pour la technologie médicale. Donc on commencera dès 2015 les essais cliniques aux Etats-Unis pour une approbation, c’est toujours plus long aux États-Unis, aux environs de la fin 2017, tout début 2018. Et puis le troisième gros projet de l’entreprise, c’est de terminer le développement industriel et puis évidemment les essais cliniques sur le deuxième système de restauration de la vision que nous développons, plus orienté vers les dégénérescences maculaires c’est-à-dire les personnes âgées qui ont perdu la vie, et qui devrait arriver sur le marché en 2018.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous dites que c’est un produit de rupture, c’est vraiment un produit de rupture que vous allez effectivement mettre en place ?
Bernard Gilly, Pdg de Pixium Vision : C’est une technologie de rupture. Rendre la vision à des aveugles, c’est quelque part entre le miracle biblique et la science-fiction. Mais aujourd’hui les technologies ont suffisamment évolué pour que l’on puisse le faire, et d’ailleurs dans les essais cliniques, on voit les patients qui retrouvent une vision. Alors, je ne suis pas en train de dire qu’on leur restaure une vision comme vous et moi, bien entendu on n’en est pas encore là, un jour on le sera, mais aujourd’hui on n’en est pas encore là. Aujourd’hui, l’objectif est de rendre une vision utile c’est-à-dire d’être capable de se mouvoir dans un environnement étranger, de sortir dans la rue sans aide, sans chien, sans canne, et on y arrive. On voit les patients qui effectivement arrivent à obtenir cette vision utile. Ils peuvent repérer des objets, ils peuvent reconnaître des formes, ils peuvent effectivement être quasiment complètement autonomes.
Web TV www.labourseetlavie.com : Cela nécessite une opération chirurgicale pour retrouver ensuite cette vision-là ?
Bernard Gilly, Pdg de Pixium Vision : Absolument. Alors c’est un système de restauration de la vision, donc comme dans tous les systèmes, il a plusieurs composants. Il y a un composant qui a un implant, qui est effectivement mis par un chirurgien spécialiste de la rétine à l’intérieur de l’œil. Si vous voulez, on peut l’évoquer, cela correspond un petit plateau d’électrodes, avec un peu d’électronique autour, qui est mis, qui est tout petit et qui est mis à l’intérieur de l’œil. Et puis, le deuxième composant, c’est une paire de lunettes qui est un peu plus grosse, mais pas beaucoup plus grosse qu’une paire de lunettes normale, et qui contient une caméra qui va capter les informations visuelles et puis un émetteur qui va transmettre ces informations une fois qu’elles sont un peu codées aux électrodes pour qu’elle stimule la rétine. Donc le fonctionnement est simple. Dans le détail, c’est un tout petit peu plus compliqué à réaliser, mais cela fonctionne bien.
Web TV www.labourseetlavie.com : Par rapport justement la santé, est-ce qu’aujourd’hui cela coûte très cher pour l’instant ce type d’opérations, ce type de… pour un patient ?
Bernard Gilly, Pdg de Pixium Vision : Alors, évidemment, l’opération chirurgicale elle-même ne coûte pas extrêmement cher. Le système lui, c’est une demande de remboursement que l’on fera et cela va être évidemment en fonction des résultats cliniques et des avantages, du bénéfice que l’on procure aux patients. En fait, notre système, on a un concurrent qui lui fait un peu moins bien que nous en termes de résultats cliniques et qui a un remboursement aux États-Unis qui est autour de 140 000 $ pour le système lui-même, pour l’ensemble du système, et donc on pense à ces niveaux de prix effectivement pour l’Europe en équivalent euros, 80 000 à 100 000 € en Europe. Et en fait c’est assez avantageux parce que un patient aveugle aujourd’hui, cela « coûte », même si les données ne sont pas forcément très précises parce que on a des systèmes de santé qui ne captent pas bien ces informations, mais cela coûte à peu près une quarantaine de milliers d’euros par an entre le coût médical direct c’est-à-dire ce qui est lié à l’accidentologie, ce sont des gens qui ont beaucoup plus d’accidents que nous, qui sont beaucoup médicamentés. Et puis il y a aussi l’aide nécessaire, l’aide à domicile, l’aide pour sortir dans la rue. Donc juste cela, juste ces paramètres-là, cela coûte une quarantaine de milliers d’euros. Donc si on peut réduire l’accidentologie à quelque chose qui est à peu près la moyenne normale pour eux et si on peut leur permettre d’avoir une vie sans assistance, on va réduire ce coût considérablement, et n’oublions pas que nos systèmes, une fois implantés, ils vont durer 10 ans, 15 ans, 20 ans, à vie si possible. Et donc on fera des économies substantielles même avec un prix qui est autour de 80 000 à 100 000 € pour le système.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc par rapport à cette levée de fonds réussie aujourd’hui, vous avez aujourd’hui la visibilité justement pour vos investissements et y compris sur la partie commerciale bien sûr qui sera nécessaire ?
Bernard Gilly, Pdg de Pixium Vision : Absolument. On avait et on a eu la chance d’avoir le soutien d’investisseurs qui nous permettent d’avoir levé cet argent qui va nous amener jusqu’en 2018, mais à un moment donné où on sera au break even ou quasiment au break even de la société, ce qui veut dire qu’en principe, notre plan aujourd’hui, si tout se passe bien, ne devrait pas faire un nouvel appel au marché pour permettre de réaliser ces développements.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous avez, je dirais, les outils nécessaires en interne aujourd’hui justement pour aller au bout de ces essais cliniques ou vous aurez besoin de peut-être rajouter des briques technologiques par exemple comme on dit souvent, vu la technologie que vous évoquez ?
Bernard Gilly, Pdg de Pixium Vision : Je ne pense pas. Honnêtement aujourd’hui, les deux systèmes sont… les technologies sont là. On les a validées. Le premier, il est en essai clinique et il donne des bons résultats, le deuxième il est déjà prototypé en termes industriels, c’est le stade juste avant l’industrialisation, non… Et en plus, ces technologies sont extrêmement bien protégées par… on a pratiquement de 250 brevets qui couvrent ces différentes technologies. Donc je pense que de ce côté-là on n’aura pas de briques supplémentaires à ajouter. On va avoir des briques à ajouter en termes de puissance commerciale. Il va falloir que l’on recrute un certain nombre de vendeurs. Mais ce n’est pas une armée non plus parce que en fait, si on regarde l’Europe, on a entre 35 et 40 centres hospitaliers spécialisés dans l’ophtalmologie qui vont faire ces implantations, et avec ces 25 à 30 centres, pardon, on va couvrir 90 % de la population cible. Donc voilà, on n’est pas en train d’imaginer une armée de vendeurs, probablement 25, 30 personnes supplémentaires vont suffire.
Web TV www.labourseetlavie.com : La bourse, donc on disait, c’est effectivement des résultats, c’est peut-être tous les 15 jours, voir toutes les semaines, des nouveautés. Ce n’est pas évident pour vous par rapport à ces développements, comment vous allez gérer cela justement entre les attentes que vous avez évoquées à moyen terme et puis le quotidien de la société ?
Bernard Gilly, Pdg de Pixium Vision : Des news flow toutes les semaines, je vais avoir du mal parce que la technologie malheureusement n’évolue pas à ce rythme-là, mais on a un certain nombre d’étapes dans notre développement que l’on a pu partager avec les investisseurs qui nous ont fait confiance. On a très largement de quoi alimenter ce news flow positivement dans les 18 mois et même dans les quatre ans qui viennent puisque cela va jusqu’à la mise sur le marché aux États-Unis du système Iris. Il faut aussi dire, et je pense que les investisseurs qui nous ont suivi là-dessus savent que c’est un investissement qui n’est pas un investissement de court terme, ce n’est pas un investissement spéculatif, c’est un investissement de long terme. On a d’ailleurs à la fois nos actionnaires qui nous avaient financé jusqu’à maintenant et BPI France qui est venu dans cet IPO, qui nous donnent un noyau d’actionnariat assez stable et assez long termiste, ce n’est pas un très joli terme, mais qui voit le développement et qui est là pour accompagner le développement. Et je dirais que, oui, on a les briques technologiques aujourd’hui nécessaires pour construire un champion, un leader français basé sur des technologies massivement françaises, on a aussi des technologies allemandes et américaines, mais ce sont beaucoup des technologies développées en France, pour en faire un vrai leader mondial dans ce domaine qui est le domaine de la neuro-modulation sensorielle qui va se développer de façon énorme dans les années qui viennent.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous Bernard Gilly.
Bernard Gilly, Pdg de Pixium Vision : Je vous en prie. Merci à vous.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 22 juin 2014.
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