Bruno Benoliel Directeur Général Délégué Alten : "Une croissance organique comprise entre 2 et 5% serait une performance réelle".
Résultats annuels 2014 et perspectives du spécialiste du conseil en ingénierie
Retour sur l’actualité de la société Alten, spécialiste du conseil en R&D, après la publication des résultats annuels 2014.
Marchés, année 2014, acquisitions, et perpectives, comment le groupe se développe sur ses différents marchés ?
Mon invité est Bruno Benoliel Directeur Général Délégué Alten.
Web TV www.labourseetlavie.com : Didier Truchot, bonjour. Vous êtes le Pdg d’Ipsos. On va revenir avec vous sur vos résultats et puis sur les perspectives. Alors, une année particulière cette année 2014, vous aviez annoncé un plan de transformation, mais, en deux mots, qu’est-ce que vous dites de cette année 2014 parce que vous arrivez à une stabilité de l’activité, vous aimeriez forcément faire plus qu’une stabilité, qu’elle a été la vraie valeur de cette année 2014 pour vous ?
Didier Truchot, Pdg d’Ipsos : Si vous voulez, on vient de passer trois ans dans un paysage qui a été un petit peu perturbé pour nous pour deux raisons, d’abord parce que nous avons intégré une société très importante par la taille et par la diversité de ses activités en 2011-2012, elle s’appelait Synovate, et aussi parce que le marché change rapidement. Alors, c’est quoi les changements du marché ? C’est tout simplement la reconnaissance par les clients qu’ils ont besoin de mieux intégrer toutes ces sources d’informations qui leur parviennent via les réseaux sociaux, via les bases de données comportementales, via les enquêtes, via tout ce qui peut exister aujourd’hui sur la mesure des marchés, des comportements médias, des attitudes des consommateurs qui elles-mêmes changent, on y reviendra peut-être tout à l’heure, et donc tout cela fait que nos clients souhaitent sûrement que les sociétés comme les nôtres évoluent en faisant peut-être moins de… simplement de collecter encore plus d’informations, mais que par contre nous participions à une meilleure compréhension de ce que ces informations signifient, et donc de ce qu’ils peuvent en tirer en termes d’enseignement pour eux-mêmes agir. Donc il y a toute une idée de changement qui est évidemment aussi nourrie par l’existence d’un certain nombre de technologies, de nouveaux discours sur la communication, la relation des consommateurs aux marques, qui fait que nous avons décidé, et c’est un peu ce que nous avons fait dans la deuxième partie de 2014, de s’arrêter, de réfléchir, de regarder ce que nous faisions, de regarder ce dont nos clients avaient besoin, et de résumer cela en prenant une posture, en donnant une promesse à nos clients : « Oui, nous comprenons que vous avez besoin de changer. Nous, on va changer avec vous et on va vous aider à changer », donc on va être les « game changers » de ce métier.
Web TV www.labourseetlavie.com : C’était difficile d’anticiper justement ce mouvement, cela a été brutal, comment … ?
Didier Truchot, Pdg d’Ipsos : Non, aucun mouvement n’est jamais brutal sauf au moment où il arrive. Donc, si vous voulez, je vais prendre, excusez-moi, un exemple qui va vous paraître un peu lointain, mais Daesh cela a été très brutal, mais en même temps, rétrospectivement, on aurait pu s’y attendre… Non, je crois que… Ipsos, dès 2011, 2012, on a expliqué que, par exemple, nous n’étions pas qu’une société d’enquêtes, mais que l’on allait s’intéresser plus aux, ce que l’on avait appelé les consumers inside. Donc, si vous voulez, tous ces mouvements évidemment existaient, nous les ressentions puisque l’on discute tous les jours avec des centaines et des centaines de clients, donc sauf à être totalement sourd et aveugle, on voit bien comment les choses se passent. Simplement, entre le moment où on en parle et le moment où cela se passe, effectivement il y a le moment de l’action, et le moment de l’action il a une certaine brutalité parce que c’est le moment du changement.
Web TV www.labourseetlavie.com : Cela veut dire aussi une nouvelle organisation, là vous regroupez un certain nombre d’activités, publicité média, les médias, clairement, cela était brutal, sur la transformation média ?
Didier Truchot, Pdg d’Ipsos : Si vous voulez, le paysage des médias a énormément changé et d’ailleurs il continue à changer. Quand vous regardez les difficultés auxquelles sont confrontés beaucoup de groupes de presse par exemple, et pourtant ces groupes de presses ne sont pas dirigés par des imbéciles, certains d’entre eux appartiennent à des entreprises puissantes qui sont technologiquement avancées, donc, si vous voulez, il y a un problème de fond sur qu’est-ce que devienne aujourd’hui… ? Qu’est-ce que va devenir aujourd’hui l’industrie de la presse ? Comment elle va se monétiser ? Comment elle va recueillir un pourcentage suffisant des recettes publicitaires pour réussir à survivre, que ce soit dans un environnement papier ou que ce soit dans un environnement électronique ? Enfin il y a énormément de questions. Ipsos souffre de cela parce que notre base traditionnelle de clientèles dans l’univers des médias, c’était plutôt les groupes de presse, mais en même temps, comme nous avions anticipé cette évolution depuis déjà plusieurs années, on a développé des solutions à partir de téléphones mobiles, à partir de tablettes, à partir aussi d’autres technologies qui nous permettent aujourd’hui de présenter au marché des solutions pour mesurer les comportements des gens par rapport aux différents outils dont ils disposent, leur télévision, leur téléphone, leur tablette, mais aussi pour se servir de ces différents terminaux pour éventuellement comprendre comment, par exemple, aujourd’hui… c’est quoi le parcours d’achat d’un produit ? Parce que l’une des grandes révolutions des années qui viennent, cela va être évidemment le fait que les gens vont combiner différents moyens d’informations, ce qui se passe dans le magasin, ce qu’ils voient sur les sites, ce qu’ils discutent sur les réseaux sociaux, leur propre expérience…
Web TV www.labourseetlavie.com : C’est ce que l’on appelle le multicanal ?
Didier Truchot, Pdg d’Ipsos : Ce que l’on appelle nous le past purchase qui est le voyage que l’on fait en quelque sorte jusqu’à l’acte d’achat, et cela, c’est amener à révolutionner par exemple le métier des constructeurs automobiles parce que, si vous voulez, avant, c’était simple, vous alliez chez le concessionnaire, vous regardiez ce qui se passait dans la rue, vous parliez avec deux ou trois copains et puis vous étiez d’ailleurs de toute façon plutôt acheteur de Mercedes depuis 30 ans, donc ce n’était pas un problème. Là, aujourd’hui, c’est beaucoup plus varié, c’est beaucoup plus volatil et d’ailleurs la loyauté… la probabilité pour que quelqu’un qui possède une voiture d’une marque réachète une voiture de la même marque a diminué depuis longtemps et continue à diminuer parce que justement l’offre est abondante et surtout parce que les moyens d’accès à la connaissance sur cette offre sont beaucoup plus importants. Donc tout cela a tendance à totalement changer la façon dont nos clients travaillent, et donc ce qu’ils nous demandent, et d’où cette reconnaissance qu’effectivement notre mission aujourd’hui, c’est d’aider nos clients, c’est de changer pour aider nos clients à changer.
Web TV www.labourseetlavie.com : Justement, comment concrètement vous allez faire pour… puisque vous dites, vous donnez un peu de nouvelles perspectives, vous dites « 2016, la progression de l’activité sera supérieure », vous espérez effectivement sur la marge, avoir une marge autour de 11 à 12 %, qu’est-ce qui va vous permettre, parce que ce n’est pas facile de se transformer en même temps que ses clients, qu’est-ce qui va vous permettre de réussir cela ?
Didier Truchot, Pdg d’Ipsos : D’abord, je ne pense pas que l’on ait le choix c’est-à-dire qu’une entreprise, quelle que soit sa taille, sa réputation, si elle ne change pas en même temps que son environnement change, je ne vais pas reprendre l’exemple darwinien des dinosaures, mais enfin il y a quand même un peu de cela, il n’y a pas de fatalité, ni au succès, ni à l’échec, donc c’est évidemment dépendant de la façon dont les entreprises s’ajustent, voire guident le changement dans leur propre environnement. Donc, on vient de passer donc trois années, en gros, à croissance 0, à marge opérationnelle constante, etc., ce qui d’ailleurs, d’une certaine façon, n’est pas… je veux dire, ce n’est pas bien, évidemment, mais ce n’est pas si mal si on prend en compte tout ce qui se passait en même temps dans notre environnement. Maintenant, on a donc engagé ce processus de transformation, on dépense de l’argent, plus en 2015 qu’en 2014, cela ne veut pas dire que l’on n’en dépensait pas en 2014, mais on en dépense quand même sensiblement plus et on en dépensera probablement aussi plus en 2016 pour, disons, renouveler notre offre, pour la rendre plus pertinente par rapport aux besoins et aux demandes de nos clients, ce qui revient à dire que nous escomptons de cet investissement, de ces dépenses supplémentaires, une meilleure performance dans le marché, et donc, tout en restant dans des niveaux raisonnables puisque, ce que l’on dit, c’est qu’en 2014 on n’a pratiquement pas fait de croissance, +0,3 en organique, cette année entre 1 et 2, et l’année prochaine au-delà de 2. Donc on est… on reste raisonnable, mais on pense que l’on réenclenche un mouvement et que ce mouvement doit permettre à Ipsos, dans les années qui viennent, de retrouver de la croissance et une meilleure rentabilité.
Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin, il y aura besoin de croissance externe aussi pour, au-delà de la transformation interne, pour réussir… ?
Didier Truchot, Pdg d’Ipsos : Je vais vous dire ce que je pense de la croissance externe. Je pense que la croissance externe, c’est dépenser de l’argent quand vous ne pouvez pas le faire en interne, donc plus les entreprises grandissent, normalement, moins de croissance externe elles ont besoin, sinon… Donc il y aura des opérations de croissance externe bien sûr mais elles seront alignées sur ce que sont nos priorités en termes de nouveaux services, donc il y en aura, bien sûr.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Didier Truchot d’avoir fait le point avec nous.
Didier Truchot, Pdg d’Ipsos : Merci à vous.
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