Bruno Paillard Président Conseil d'Administration Lanson-BCC.
Résultats semestriels 2011 et perspectives

13 septembre 2011 9 h 51 min
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Lanson-BCC : Résultats semestriels 2011 et perspectives.

Retour avec Bruno Paillard Président Conseil d’Administration Lanson-BCC sur l’actualité, les résultats semestriels et les perspectives du groupe de champagne.

Web TV www.labourseetlavie.com : Bruno Paillard, bonjour. Vous êtes le Président du Conseil d’Administration du Groupe Lanson-BCC. On va parler avec vous bien sûr des résultats semestriels et puis des perspectives. Un premier semestre qui par rapport à l’année dernière effectivement n’a rien à voir, est-ce que l’on peut dire que le marché du champagne a retrouvé un petit peu, je dirais, sa croissance ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Le marché du champagne tend à se stabiliser avec une stabilisation positive puisque l’ensemble des expéditions de la profession est en hausse d’environ+ 5% en volume, donc ça c’est positif. Ça vient après deux années très contrastées, 2009 avait vu une lourde chute des expéditions à la suite d’une très mauvaise fin d’année 2008 qui fait qu’il restait des stocks chez des clients, et 2010 par comparaison avec 2009 avait vu une forte remontée. Notre groupe est beaucoup plus stable dans ces périodes-là. Nous avons amorti considérablement et la chute et la remontée grâce à toutes les synergies entre nos maisons qui occupent toutes les niches de marché.

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement sur ce semestre, est-ce qu’il y a une catégorie de champagne qui a été plus demandée ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Oui. Sur ce semestre nous avons pu poursuivre nos progrès à l’export qui ont représenté 47 % de nos expéditions globales et particulièrement en Angleterre qui reste un marché très dynamique et sur lequel nous avons une position de leader alors que nous sommes beaucoup moins bien placés aux États-Unis par exemple où nous sommes là un très lointain challenger, et puis en Asie aussi où nous avons beaucoup de progrès à faire. Donc sur l’export, ce sont plutôt nos grandes marques qui ont bien performé, ce qui explique que bien que nos expéditions en volume global consolidé aient un petit peu baissé, un peu plus de 2 %, en fait notre mix-produit lui s’est considérablement amélioré.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot des récoltes récentes, de la vendange de cette année, qu’est-ce qu’on peut d’ores et déjà en dire ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Deux choses : premièrement, elle a été très précoce, tout le monde le sait, ça a été largement publié, nous avons terminé il y a déjà huit jours cette vendange. Deuxièmement elle sera de belle qualité, c’est un peu trop tôt pour dire si on fera un millésime ou pas, on verra ça lors des assemblages au printemps prochain, mais elle sera de belle qualité. Troisièmement, le raisin continue à être très disputé et il y a encore une sorte de guerre sur les contrats de raisin qui va amener une hausse de prix de l’ordre de 2,5 peut-être 3 % du raisin, ce que nous aurions préféré éviter, nous nous aurions souhaité une stabilité, je précise que la vendange aussi fait à peu près 20 % de plus que l’an dernier en volume n’est-ce pas, donc ça va quand même jouer sur les BFR.

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement sur ce marché, on a l’impression qu’il est encore fragile ce marché du champagne après avoir connu des années exceptionnelles, il faut bien le dire, est-ce que aujourd’hui c’est plus compliqué du côté de vos clients ? Qu’est-ce qu’il y a derrière ce marché finalement ? Un peu plus de volatilité aussi ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Je ne suis pas tout à fait de votre avis. Le marché du champagne effectivement, on peut dire c’est vrai que ce n’est pas un produit de première nécessité, le champagne, enfin sauf pour des gens comme moi, mais le champagne c’est un luxe, je suis d’accord, sauf que c’est un luxe accessible. Vous comprenez dans une situation de stress financier comme en ce moment, on peut très bien dire : « je voulais m’acheter une nouvelle Jaguar, je vais peut-être attendre, ou un nouvel appartement, je vais peut-être ne pas le faire tout de suite », une bouteille de champagne très franchement la consommation s’est largement démocratisée, je ne parle pas seulement des gens qui ont les moyens, même les gens modestes et en champagne il y a une offre assez large même dans les supermarchés de proximité, même les gens modestes ont quand même pour fêter un événement, et il y aura toujours des événements, il y aura toujours des mariages, des naissances, des moments heureux, bon on peut quand même acheter une bouteille de champagne, si vous voulez c’est un luxe oui mais abordable.

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement dans la stratégie de vos différentes marques, vous dites que chaque marque quelque part a son potentiel de développement et sa segmentation aussi, sa clientèle, ses distributions aussi, son réseau de distribution différent, comment on aménage justement cette évolution puisque là c’est la clé aussi du futur ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Avec beaucoup de pragmatisme. Je serais tenté de prendre une comparaison et de dire le groupe Lanson-BCC finalement il est au champagne un petit peu ce qu’est le Groupe Volkswagen à l’automobile. Volkswagen, vous savez, ils font des Bentley. Nous quand nous faisons le Clos des Goisses de Philipponnat ou quand nous faisons la Noble Cuvée de Lanson, ce sont des Bentley, et puis à l’autre bas de l’échelle, ils font, je crois, des Skoda me semble-t-il, et bien on peut dire que peut-être le Chanoine c’est ça. Et au milieu il y aurait Philliponnat qui serait une Audy, Volkswagen qui serait peut-être Lanson par exemple ou Lanson serait plutôt Audi, enfin voilà, vous voyez tous ces positionnements. C’est important d’avoir une offre globale qui permette de répondre à tous les marchés différents.

Nous avons des marques qui font de la distribution sélective, Philipponnat, ça se trouve quasiment que dans la belle restauration, De Venoge ça se trouve surtout chez les cavistes un peu comme Besserat de Bellefon, Lanson est une marque plus transversale, on la trouvera chez le caviste, dans le restaurant mais aussi dans la grande distribution. Tsarine qui est le plus grand succès en champagne ces dernières années avec les plus fortes progressions de parts de marché se trouve essentiellement en grande distribution. Vous voyez, donc nous avons des marques un peu spécialisées. Boizel est une marque de proximité qui vend directement aux consommateurs par correspondance. Donc nous sommes sur tous les marchés et quand il y a un marché qui fléchit un peu, il y en a toujours un autre qui prend le relais, c’est ça qui est bien.

Web TV www.labourseetlavie.com : En termes de destination, d’export, vous parliez du Royaume-Uni qui reste effectivement la clé pour tous les acteurs du champagne, est-ce qu’il y a d’autres marchés qui sont vraiment en train de s’installer ou est-ce qu’il est encore un peu tôt ? On a souvent rêvé des pays émergents mais on sait que cela ne prend pas deux ans pour effectivement changer les modes de consommation et notamment ce produit-là, on garde les mêmes marchés aujourd’hui, les mêmes marchés forts sur le champagne ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Vous savez, bien entendu, c’est très très tentant d’aller vous parler de la Chine, de l’Inde, de la Russie, du Brésil, vous savez les fameux Brics, et c’est vrai qu’il y a des croissances à deux chiffres en pourcentage, mais en valeur absolue, ça reste modeste. Sur les 330 millions de bouteilles que la Champagne va expédier cette année, il y en aura peut-être 2 %, 3 % pour les Brics, pardon, 2 millions de bouteilles, donc cela ne fait même pas 1 %. Donc ça reste quand même très très modeste.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors on parle que du champagne. Est-ce qu’il y a eu des tentations de votre côté d’élargir je dirais au-delà du champagne, dans les vins, dans d’autres supports, on le sait certains groupes essayant justement d’être vis-à-vis des clients, avoir peut-être un portefeuille encore plus large, plus intéressant, plus attrayant en quelque sorte que seulement le champagne ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Ecoutez, nous, nous sommes un pur player absolu. Nous avons effectivement beaucoup de propositions dans d’autres vins, dans d’autres régions, mais on ne peut pas être bon en tout. Nous considérons qu’il y a encore beaucoup de choses à faire en Champagne et pour le moment nous nous concentrons exclusivement sur le champagne. Celui qui achète une action Lanson-BCC n’achète que du champagne.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors quand on regarde les rentabilités passées, on voit des pics effectivement dans les années 2000 avec cette croissance spectaculaire, est-ce qu’on va pouvoir retrouver cette rentabilité-là ou est-ce que, compte tenu peut-être de l’environnement, c’est plus compliqué ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Il faudrait quand même rappeler que Lanson-BCC n’a que vingt ans, un groupe que j’ai créé avec mon ami Philippe Baijot en 1991 et que en vingt ans, nous somment passés de la position de n° 100 à la position de n° 7 lorsque nous avons repris Lanson et Burtin en 2006, et que lors de cette opération et depuis cette opération, nous sommes passés au rang n° 2. Donc nous avons déjà pour commencer fait de la croissance.

Deuxième chose que je voudrais faire remarquer, c’est que cette croissance a toujours été bénéficiaire, elle a toujours été bénéficiaire, certes on n’est pas revenu aujourd’hui au niveau d’un résultat net de 10 % sur chiffre d’affaires qui était notre objectif et qui est toujours notre objectif, et on a encore du chemin à faire pour y parvenir mais enfin on est en bonne voie.

Et puis troisièmement, je dirais que nous avons fait cette croissance de chiffre d’affaires en restant bénéficiaire, et assez nettement bénéficiaire, je crois qu’on est quand même dans les purs players les plus bénéficiaires. Il faut quand même bien voir cela même si nous ne sommes pas forcément l’action la plus chère, et puis même si nous avons donné peu de dividendes, je voudrais quand même rappeler que sur les deux dernières années nous avons à chaque fois donnée une action gratuite pour dix. Donc les actionnaires certes acceptent un dividende modeste, mais enfin on ne les oublie pas pour autant.

Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, vous dites dans votre communication, vous parlez de grande prudence pour la dernière partie de l’année, alors on sait bien sûr que c’est important pour les expéditions, pour les commandes bien sûr, pour vous, est-ce que c’est lié essentiellement à ce qui s’est passé au cours des derniers mois ? Vous, vous dites : « il vaut mieux aujourd’hui en tant que chef d’entreprise être prudent », d’où vient je dirais ce discours en quelque sorte ?

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Oui c’est exact. C’est ce qui s’est passé au mois d’août. La crise financière, la résurgence de la crise financière, quand on voit les cours des entreprises aujourd’hui, les banques par exemple, c’est complètement délirant, c’est de la folie. On a un peu l’impression d’être dans une atmosphère de fin du monde comme on était en octobre 2008 après l’affaire Lehman Brothers n’est-ce pas ? Alors est-ce que ça va aller aussi loin ? Est-ce que ça va tétaniser la consommation comme ça l’a fait fin 2008 ? J’espère que non.

Mais aujourd’hui ce que je constate, c’est que nous sommes mi-septembre, je constate que notre carnet d’ordres de septembre est bien, très bien même, il est dans la même veine que ce que nous avons fait depuis le début de l’année, mais évidemment est-ce que en octobre, novembre et décembre, les réassorts si vous voulez de nos clients pour Noël seront là où par là ? Je suis incapable de vous le dire. Donc comme la saisonnalité reste forte dans les ventes de champagne et que le dernier trimestre à lui tout seul pèse quand même presque 50 % de la consommation, et bien évidemment je ne puis être que très très très prudent et je me ferai donc aucune prévision. Nous avons tout de même la forte volonté d’augmenter notre résultat et nous espérons y arriver, mais de combien, ne me demandez pas.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors on suivra ça. Merci Bruno Paillard d’avoir fait le point avec nous, on rappelle que vous êtes donc le Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC.

Bruno Paillard, Président du Conseil d’Administration de Lanson-BCC : Merci pour votre invitation.

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