Daniel Harari Directeur Général Lectra.
Lectra : résultats annuels 2009 et perspectives. Après un quatrième trimestre marquant une reprise des commandes, comment le groupe Lectra prépare l’année 2010 ? Réponses avec Daniel Harari Directeur général de Lectra.
Web TV www.labourseetlavie.com : Daniel Harari, Directeur Général de Lectra bonjour. On va parler avec vous de l’exercice 2009 et surtout de la stratégie et des perspectives. Pour l’exercice 2009, on savait que l’année serait difficile, peut-être que le plus intéressant c’est de revenir sur le dernier trimestre. Pour vous, est-ce que ce dernier trimestre a montré des signes de redressement ?
Daniel Harari, Directeur Général de Lectra : « Très clairement, il y a deux parties en 2009, les 9 premiers mois qui ont été très difficiles, et il y a un 4ème trimestre plus sympathique où on a eu notamment un rebond très significatif des commandes. Nous avons également amélioré nos équipes d’exploitation trimestre après trimestre pour finir sur un 4ème trimestre positif avec une rentabilité accrue et un cash-flow significatif ».
Web TV www.labourseetlavie.com : En même temps, malgré ce dernier trimestre, en fait quand on le regarde, vous l’avez comparé vous, par rapport à 2007, aux années avant la crise, finalement on voit qu’on reste à des niveaux assez faibles ?
Daniel Harari, Directeur Général de Lectra : « On reste à des niveaux faibles, le chiffre d’affaires de Lectra est composé pour moitié de revenus récurrents et pour moitié de ventes de nouveaux systèmes. La vente de nouveaux systèmes a été pratiquement divisée par deux sur les 9 premiers mois de l’année. Donc, au total, le chiffre d’affaires baisse de 25%. Malgré cela, nos résultats ont bien résisté, nous sommes négatifs sur l’ensemble de l’année de quelques millions, mais ça aurait pu être pire puisque notre chiffre d’affaires a baissé lui de 46 millions. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté justement des clients, ça a été clairement un frein, on va dire, pendant une bonne partie de l’année 2009. Ce début de reprise, il est lié à quoi, il est lié à des besoins concrets parce qu’il y a de la demande ou parce qu’il fallait bien commencer à un moment donné à se rééquiper ?
Daniel Harari, Directeur Général de Lectra : « Je crois d’abord qu’il y a un phénomène structurel, la consommation a baissé de 3 à 5% dans le monde entier, mais la production de nos clients a baissé de 20 à 30%. D’abord, par un effet de déstockage, et puis parce que les donneurs d’ordre ont passé des commandes à court terme au lieu de les passer à long terme. Donc, devant le risque la plupart de nos clients, nos marques n’ont pas fabriqué de peur de ne pas vendre. Alors, petit à petit on voit que la production rattrape les niveaux de la consommation; donc, on revient à un niveau de moins quelques % par rapport à avant la crise. Cela entraine évidemment une demande plus forte. Ensuite, l’appréhension devant une crise qui n’était pas maitrisée, qui était en train de s’estomper, maintenant tout le monde sait à peu près où on en est, et donc les investissements commencent à revenir et on constate deux phénomènes très différents: D’abord une reprise plus significative aux Etats-Unis, en Chine et en Inde où après un passage à 0 la croissance est revenue vers une croissance à deux chiffres; et puis des clients sélectionnés en Europe de l’Ouest qui ont décidé d’investir de façon plus significative. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Sur vos différents marchés il y a des clients qui ont disparu compte-tenu de la crise. Ils ne pouvaient plus continuer à financer leurs équipements ?
Daniel Harari, Directeur Général de Lectra : « On est à un taux d’annulation sur nos contrats récurrents de l’ordre de 18% alors qu’il avait toujours été à 1 chiffre. Deux tiers de ces annulations sont soit des disparitions d’entreprises, soit des fermetures d’usines ou des mises sous bâches de systèmes de production compte-tenu du niveau de production. Donc, ça c’est un phénomène qui nous a frappé en début d’année, on sent maintenant que le niveau de production est revenu à un niveau plus fort, on a d’ailleurs un indicateur avancé qui sont les consommables, et pour la première fois au 4ème trimestre le niveau de vente du consommable est reparti à la hausse. Donc, quelque chose de beaucoup plus sympathique que ce qu’on a vécu avant; et en séquentiel au 4ème trimestre nos commandes de nouveaux systèmes sont en progression de 65%. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Depuis plusieurs mois vous avez fait en sorte de réduire les coûts comme le font on pourrait dire toutes entreprises. En même temps, on peut se dire 2009 et peut-être en 2010 encore chercher à réduire les coûts, ça fait deux années difficiles de ce point de vue là. A un moment donné on se dit qu’on a fait en quelque sorte le maximum. Est-ce qu’il y a encore, en termes de production, en termes d’organisation, des choses à améliorer chez vous ?
Daniel Harari, Directeur Général de Lectra : « Nous avons réduits les frais en 2008 et en 2009 de près de 22%. C’est quand même très significatif et le tout sans sacrifier les actifs les plus importants de l’entreprise. Nous avons poursuivi nos efforts de recherche, nous avons gardé nos équipes et nos meilleurs experts et nous avons absolument serré tous les frais partout. Cela nous amène aujourd’hui à un point mort qui a été réduit de plus de 30 %, nous avons amélioré nos marges en améliorant nos prix de revient et en maintenant nos prix de vente, donc l’un dans l’autre, il y a aujourd’hui est une situation plus sympathique pour aborder 2010, en particulier nous couvrons 73% de nos frais par les revenus récurrents pratiquement déjà connus au 1er janvier. Donc, une situation qui est bien meilleure. Evidemment, on est à la limite de ce qu’on peut économiser sans casser, mais on a réduit encore au 4ème trimestre nos frais pour 2010 ce qui fait qu’on démarre l’année 2010 avec un niveau de frais qui est déjà de 5 millions inférieure à ce qu’il était en 2009. »
Web TV www.labourseetlavie.com : D’habitude, on vous parle souvent de la baisse du dollar par rapport à vos concurrents en dollar, on pourrait dire qu’au cours des dernières semaines on a plutôt parlé de l’inverse puisque c’est l’euro qui s’est déprécié. Est-ce que ce genre de phénomène a un impact rapide ou peut-être compte-tenu de ce qui se passe justement, cette volatilité n’aura pas d’impact ?
Daniel Harari, Directeur Général de Lectra : « Cela a un impact significatif, en gros 10 centimes sur le dollar ça représente 3 millions de chiffre d’affaires en plus pour nous sur l’année et à peu près 1,4 million de résultat opérationnel de plus. Donc, c’est quand même significatif. En plus, nous avons évidemment une position concurrentielle renforcée, nous nous battons sur la qualité du retour sur l’investissement. Mais, quand le dollar est faible, nos concurrents attaquent sur le prix d’avantage. Aujourd’hui, la marge de manœuvre est plus limitée et nous pensons donc que ça aura un effet sur nos parts de marché assez significatif. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous restez prudent sur l’exercice 2010 global en ne donnant pas de prévision. Comment voyez-vous les choses en termes de reprise, c’est difficile aujourd’hui de dire à quel moment de l’année la reprise va se confirmer, c’est à dire au delà de ce qu’on a évoqué ensemble sur le dernier trimestre 2009 ?
Daniel Harari, Directeur Général de Lectra : « Je pense d’abord qu’il y a un phénomène qui est un phénomène assez stable, c’est la nécessité de produire ce qui est vendu, et donc, naturellement le niveau de production va rattraper le niveau de consommation, ça c’est pour nous un appel d’air très significatif. Le niveau de commande du 4ème trimestre est très encourageant. Nous avons un début d’année avec un niveau de carnet de commandes renforcé puisque nous n’avons pas tout livré en 2009 sur ce qui était commandé en fin d’année, et nous avons un volume d’affaires en cours de négociation beaucoup plus significatif, à peu près 2 à 3 fois ce que nous avions il y a un an. Donc, ça ce sont des signes encourageants. En même temps, on l’a vu l’économie est fragile, il y a énormément d’événements extérieurs à nos marchés qui pourraient peser très fortement, donc, nous restons prudents, mais nous sommes convaincus qu’en 2010 nous aurons une année positive, simplement nous ne souhaitons pas nous prononcer sur combien parce que dans l’état actuel des choses nous n’avons pas de visibilité au delà de quelques semaines. »
Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, vous pensez pouvoir passe la crise compte-tenu des efforts qui ont été faits en 2008, 2009 même si la crise perdurait encore quelques mois ?
Daniel Harari, Directeur Général de Lectra : « Mieux que ça, si on regarde nos équilibres à fin 2009 ils sont renforcés; nous avons énormément travaillé sur nos besoins en fonds de roulement, aujourd’hui nous gérons l’entreprise avec un besoin de fonds de roulement négatif, c’est à dire que nous n’avons pas besoin de cash pour gérer l’entreprise, nous avons des équilibres qui ont été renforcés au 31 décembre, nous générons plus de cash que de résultat et nous abordons l’année avec de meilleures équilibres. Donc, non seulement, nous pensons traverser cette crise sans dégâts majeurs, mais nous pensons en sortir plus forts parce que nous avons continué à investir en recherche lorsque nos concurrents ont freiné leurs budgets et aujourd’hui nous investissons 4 à 5 fois plus que notre concurrent principal. Donc, autant d’atouts qui devraient jouer pleinement en 2010, 2011, 2012.
© www.labourseetlavie.com 12 février 2010