Dominique Louis Président du Directoire Assystem sur les résultats semestriels 2010.
Résultats semestriels 2010 d'Assystem : l'évolution de la stratégie, le nucléaire, l'aéronautique...
Interview résultats semestriels 2010 Assystem.
Dominique Louis Président du Directoire Assystem détaille les résultats semestriels d’Assystem et revient sur l’évolution de la stratégie, le nucléaire, l’aéronautique…
Web TV www.labourseetlavie.com : Dominique Louis, bonjour, vous êtes le Président du Directoire d’Assystem. On va revenir avec vous sur vos résultats semestriels et puis sur les perspectives. On peut dire que pour Assystem ça va mieux au premier semestre ?
Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : «Alors, 2009 avait été une année particulièrement difficile dans le domaine de l’automobile ? on peut dire que ça a été un sinistre de l’automobile ? et la bonne surprise, finalement, de ce début 2010 et qui semble, se confirme, c’est qu’un certain nombre de secteurs redémarrent avec vigueur et en particulier l’automobile. J’oserais dire que l’automobile est en train de repartir aussi vite qu’elle avait chuté l’année dernière, et ça, c’était pas forcément prévu dans nos budgets. Donc, ces résultats sont, bien sûr, dus à la qualité du travail des équipes, mais sont dus aussi à un retour d’une conjoncture plus favorable, plus vite que ce qu’on avait anticipé. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Qu’est-ce que vous avez fait justement durant la période entre 2009 et ce premier semestre pour adapter Assystem, en quelque sorte, à ce nouvel environnement ? Puisqu’on a vu que les ruptures pour beaucoup d’acteurs du secteur avaient été brutales. Ca s’est passé sur un trimestre, un arrêt complet sur un trimestre, donc c’est pas facile de réagir dans cette période là.
Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : « C’est pas facile. Vous savez, il y a une expression qui veut dire ce qu’elle veut dire : on a serré les boulons. Ca veut dire quoi serrer les boulons dans des sociétés de service ? Nos actifs sont des hommes. Lorsqu’à un moment donné vous n’avez pas assez de contrats pour faire travailler tout le monde, il faut regarder quels sont les secteurs, éventuellement, où on peut encore se développer, donc réaffecter des équipes et puis dans certains cas, gérer effectivement la baisse des effectifs. Et en même temps, c’est très bien si vous êtes capable de gérer aussi la baisse de vos charges. J’allais dire, ça a été l’essentiel de ce qui s’est passé en 2009, début 2010 on peut considérer que l’entreprise est en ordre de marche. Alors ce que je vous dis, ça s’applique à Assystem, ça s’applique aussi à d’autres entreprises du secteur dans la même situation. Je crois qu’on a tous fait des efforts très importants en 2009 pour retrouver de la compétitivité et puis surtout être prêts pour le redémarrage qui manifestement, paraît durable à l’horizon de 24 mois. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Entre la France et l’international, est-ce qu’on a retrouvé le même type de situation ?
Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : «Alors, lorsqu’on parle d’international à la taille d’entreprise comme Assystem, il faut être prudent lorsqu’on généralise parce que c’est lié aux pays où nous sommes implantés, aux secteurs dans lesquelles nous sommes. Mais si on prend l’exemple de la Grande-Bretagne, on connaît depuis deux ans une très, très forte croissance en Grande-Bretagne, une très bonne rentabilité parce que nous sommes présents dans deux secteurs très porteurs, à la fois l’aéronautique et le nucléaire. En sens inverse, on a eu des difficultés en Italie. Mais globalement lorsqu’on regarde les chiffres d’Assystem, on s’aperçoit qu’effectivement, globalement l’international se porte mieux, a eu plus de croissance que la France. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot de la situation financière… Est-ce que pour vous, vous avez retrouvé de la flexibilité financière durant la période ?
Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : « Alors, depuis de nombreuses années, la capacité de la société à durer, pour nous, c’est le cash. On avait connu fin des années 90 l’effondrement du marché du nucléaire, on s’en était sortis parce qu’on avait de l’argent. Donc on a cette tradition chez Assystem, la culture du cash, je dirais plus encore que presque la culture de la marge. Et donc on a une situation extrêmement saine, on a un endettement nul, on a une capacité de lever des fonds, donc on est tout à fait prêts à saisir les opportunités de croissance externe qui vont nécessairement arriver… Vous savez, lorsqu’on sort d’une crise, il y a à la fois des gens qui vont peut-être dire : « moi je passe la main », parce qu’ils ont un peu souffert, d’autres parce qu’ils sont en difficulté, donc manifestement fin 2010 et surtout 2011, va être une année probablement propice à des opérations de fusion, d’acquisition entre certains acteurs. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, justement, vous parliez du nucléaire… c’est le métier historique d’Assystem, on le sait. Alors, il y a eu des crises, c’est revenu, on en reparle de plus en plus. Est-ce que ça veut dire que vous pouvez vous poser la question d’être multiservices, multi secteurs, ou est-ce que vous vous dites qu’il faudra revenir au nucléaire à 100% ? Est-ce que ce sont des questions qui reviennent ?
Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : « Nous étions quasiment mono secteur avant 2000, on a failli en mourir, donc on ne reviendra pas au mono secteur. Ceci étant, on considère que pour avoir des savoirs-faires extrêmement profonds, on peut pas l’avoir dans tous les secteurs. Donc on a fait manifestement un choix, on a deux secteurs essentiels : le nucléaire, l’aéronautique, l’aérospatial… et d’ailleurs on a fait un choix de pays derrière, c’est vrai que la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne sont aussi les trois pays stratégiques pour nous. Ca veut pas dire qu’on travaille pas ailleurs, mais ça veut dire qu’ailleurs on a une stratégie plus opportuniste. L’automobile redémarre, on accompagne le développement, mais on va pas investir dans le secteur automobile, à faire des acquisitions etc. Alors que dans le nucléaire et l’aéronautique, on cherche encore à renforcer nos positions. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Si on en revient au nucléaire qui est stratégique, on se pose la question aussi de la filière française, on voit aussi des étrangers qui remportent des contrats à l’international. Est-ce que ça veut dire que vous laissez la porte ouverte à travailler aussi avec des acteurs étrangers, ou vous serez qu’avec la filière française en quelque sorte ?
Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : «Alors, pour l’instant, nous défendons, et je dirais pour longtemps, la filière française, parce que… j’allais dire, je vois que vous faites référence probablement à ce qui s’est passé à Abu Dabi… Effectivement, on a découvert que la France n’était pas le seul pays capable d’offrir une technologie. Mais je vais dire, est-ce qu’il existe des grands marchés en forte croissance, mondiaux, où il n’y aurait qu’un seul fournisseur ? Non. Donc, on l’a peut-être un peu trop cru, effectivement, à ce positionnement, mais clairement, ce sont des sujets où il faut avoir une expertise extrêmement profonde. Nous jouons clairement le fait que nous avons cette relation privilégiée avec la filière française depuis 30 ans et ça va continuer dans ce sens-là pour Assystem. »
Web TV www.labourseetlavie.com : On parlait des différents pays et des différentes opportunités… vous parliez de ces pays européens… alors on parle aussi des Etats-Unis, mais les Etats-Unis aujourd’hui, quand on en parle sur le plan économique c’est pour dire « l’économie américaine ne redémarre pas »… Pour Assystem, quelles seraient vos ambitions ? Est-ce qu’il y a des ambitions sur les Etats-Unis ?
Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : « Jusqu’à ces années récentes, pour dire même ces derniers mois, c’est dire non, les Etats-Unis c’est trop compliqué, on est petits. Il se trouve aujourd’hui que lorsque l’on regarde l’aéronautique, nous sommes un des principaux acteurs dans l’ingénierie de l’aérostructure, nous avons un de nos principaux clients qui s’appelle Spirit, qui est un spin-off de Boeing, qui nous sollicite énormément pour aller sur le marché américain. Dès lors que nous avons la certitude que, si on est aux Etats-Unis, on a un client et quasiment deux parce que Boeing nous laisse entendre que si on vient aux Etats-Unis on pourra travailler… Là, on étudie effectivement de façon plus sérieuse la possibilité d’aller aux Etats-Unis. Maintenant ce qu’il faut, c’est de ne pas se tromper de cible. Je crois qu’il faut une société qui soit cœur de métier pour nous, c’est-à-dire qu’il faut qu’on comprenne très clairement ce qu’elle fait. Il faut qu’elle soit, j’allais dire, ni trop grosse, ni trop petite, vous m’excuserez de cette formule… Ni trop grosse parce que ça peut être compliqué. Si elle est trop petite, il y a un risque d’évaporation et surtout, surtout, elle doit être en très bonne santé, parce que bien évidemment on peut pas se permettre aujourd’hui de racheter une société qui aurait des difficultés et d’avoir le pécher d’orgueil de vouloir la redresser aux Etats-Unis. Mais si on arrive à respecter ce cahier des charges, à trouver une cible, je crois que pour nous les Etats-Unis c’est une opportunité de développement dans le secteur aéronautique. »
Web TV www.labourseetlavie.com : On parlait de l’exercice de 2010… est-ce que, en conclusion, est-ce qu’il y a un début de visibilité pour 2011 ?
Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : «Alors, écoutez, moi je suis confiant sur 2011 pour deux raisons : nos deux principaux secteurs sont dans des cycles longs, voire très longs. Le nucléaire, si vous voulez, on raisonne à 10 ans, à 15 ans et au-delà, donc 2010, 2011, 2012, c’est un peu pareil. L’aéronautique on est aussi dans le cycle de développement de l’A350, donc là aussi on a une visibilité qui dépasse 2011. Alors après vous avez l’automobile… bon, là, effectivement, peut-être que fin 2011, il peut se passer un certain nombre de choses. Globalement, il y a quand même eu un arrêt en 2009, on peut penser que 2011 sera encore une année de redémarrage. Et de toute façon, même s’il y a quelques nuages qui arrivent, qu’on a peut-être pas vus, en aucun cas ce ne sera ce qu’il s’est passé en 2010… en 2009, où là l’automobile est un secteur important pour un certain nombre de sociétés comme nous, et s’est totalement effondrée. Là nos secteurs principaux sont l’aéronautique et le nucléaire, donc, on peut peut-être avoir à la marge quelque chose, mais les risques sont extrêmement limités. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Dominique Louis d’avoir fait le bilan avec nous, Président du Directoire d’Assystem.Dominique Louis Président du Directoire d’Assystem : «Merci.
© www.labourseetlavie.com 7 septembre 2010