Interview Jean-Yves Courtois Pdg Orolia : "On a réussi à grandir plus vite que le marché ".
Résultats annuels 2013, stratégie et perspectives 2014
Après son exercice 2013 marqué par une croissance de l’activité, comment évolue la société spécialisée dans le domaine des applications GPS critiques ?
Les marchés (notamment aux Etats-Unis), l’évolution de la stratégie, l’organisation, les perspectives, revue de détail de l’actualité avec mon invité Jean-Yves Courtois Pdg Orolia.
Web TV www.labourseetlavie.com : Jean-Yves Courtois, bonjour. Vous êtes le Pdg de Orolia, On va parler avec vous de votre année 2013 et puis des perspectives. On voit une année… on peut dire, tous les clignotants sont au vert pour résumer cette année 2013 ?
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : Oui je crois, on peut dire cela, la croissance a été bonne dans un marché qui n’était pas forcément extrêmement porteur. On a réussi à grandir plus vite que le marché une nouvelle année, et c’est vrai qu’en termes de rentabilité, on a eu une progression quand même spectaculaire par rapport aux années passées, donc c’est une bonne année, oui, qui s’est conclue en 2013.
Web TV www.labourseetlavie.com : On peut dire qu’il y avait des échéances un peu importantes, c’était notamment dans les programmes spatiaux, la fin de l’activité en tout cas pour l’horloge atomique, c’était important pour vous, ça s’est bien passé cette « fin » ?
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : Oui, cela s’est passé vraiment de manière nominale ces programmes de déploiement de satellites de navigation par satellite, Galiléo, certes, c’était le plus important, mais aussi dans le passé les programmes chinois ou indien, tout cela c’est vraiment très bien passé, et vous savez que l’on a des activités complémentaires dans les grands programmes scientifiques qui ceux-là sont un peu plus risqués par nature puisque ce sont des avancées technologiques jamais faites, jamais réalisées, et qui ont tendance parfois à s’étaler un petit peu dans le temps, compte tenu des difficultés techniques. Mais au total on a toujours une excellente maîtrise technologique dans cette entité-là, on est bien rentable et on a des bonnes perspectives encore.
Web TV www.labourseetlavie.com : On connaît vos activités dans le secteur de la défense, mais on peut voir aussi dans le secteur de la finance, il y a eu des besoins sur vos activités, est-ce que vous pouvez justement nous donner des exemples de l’utilisation de vos produits par la finance ?
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : Oui, la finance est un secteur qui fait partie de ce que l’on appelle de manière plus globale les réseaux informatiques à haute performance. Dans le domaine de la finance, ce qui compte c’est le temps de latence c’est-à-dire le temps entre par exemple l’émission d’un ordre et son exécution qui sont des paramètres sur lesquels jouent d’ailleurs un certain nombre d’intervenants. On parle beaucoup de trading haute fréquence ou de trading algorithmique, ce sont des gens qui vont utiliser les imperfections de transmission d’ordres, l’hétérogénéité de carnets d’ordres entre différentes places financières de manière à rectifier finalement ces imperfections et au passage faire du profit. Ces gens ont besoin donc de s’assurer que la performance, tant des réseaux est la meilleure possible parce que le temps c’est de l’argent au sens littéral dans cette application-là. Notre marché, c’est de fournir des serveurs de temps qui vont permettre de mesurer les imperfections et puis aussi de constituer des bases de données horodatées qui corrèlent des carnets d’ordres avec leurs exécutions à des cours de bourse. C’est un marché qui est en développement relativement important, et certains acteurs à la pointe comme Morgan Stanley par exemple réfléchissent aujourd’hui à développer des infrastructures de timing mondiales, globales, comme un service finalement disponible pour tous leurs centres de trading et c’est quelque chose que l’on met au point avec eux.
Web TV www.labourseetlavie.com : Oui parce que l’on pourrait rappeler que le High Frequency Trading, c’est plus de la moitié des marchés, donc c’est un segment important qui va continuer à se développer pour vous a priori ?
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : Oui, et cela va dans le sens d’aller rechercher des précisions de plus en plus importantes. Il y a cinq ans on parlait de milliseconde, de millième de seconde, aujourd’hui la tendance est d’aller vers les microsecondes c’est-à-dire les millionièmes de seconde, petit à petit, et c’est une course que l’on peut imaginer être potentiellement sans fin.
Web TV www.labourseetlavie.com : L’une de vos activités aussi concernant… on a beaucoup parlé au cours des derniers mois des balises aéronautiques, là dans un cas précis, on la retrouvait malheureusement, comment se porte cette activité-là ?
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : Alors, le marché aéronautique est un marché qui est très porteur, qui est en forte croissance, comme on le sait, on le voit à travers les carnets de commandes d’Airbus ou de Boeing. Donc, comme nous nous sommes spécialisés plutôt sur les gros-porteurs ainsi que sur les hélicoptères et les avions militaires, on bénéficie de la croissance de ce secteur qui est lié à l’augmentation du trafic de passagers à travers le monde. Ces avions ont l’obligation d’emporter 3, 4, 5 balises de détresse à bord pour différents usages et nous avons gagné des parts de marché importantes au cours des dernières années, on continue à le faire grâce à des innovations technologiques qui permettent par exemple d’avoir une antenne GPS et un récepteur intégré à des antennes de transmission intégrée à la balise de sorte qu’en cas de crash par exemple l’antenne ne puisse pas s’arracher et que l’on ait une transmission beaucoup plus robuste du signal. Donc c’est un secteur qui aujourd’hui est en croissance et très rentable.
Web TV www.labourseetlavie.com : Il y avait eu aussi un certain nombre d’acquisitions dans ce domaine-là, notamment la société Boatracs, il y a eu un certain nombre d’acquisitions en juillet 2012, aujourd’hui vous en attendez le plein effet dans les prochains mois ou c’est déjà le cas ?
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : La question de Boatracs qui était plutôt une activité logicielle liée au système de géolocalisation de navires en l’occurrence fait partie d’un plan de développement, d’une offre de solutions et de services intégrés, qui va s’étaler sur plusieurs années. On a entamé effectivement par cette acquisition-là, il y a un an et demi, une nouvelle phase de développement du groupe qui va consister à utiliser toutes les technologies, balises, transmission satellitaire, marquage en temps éventuel du groupe, mais de les intégrer dans des solutions clés en main qui vont nécessiter l’adjonction de logiciels de supervision et de revente de minutes de communication généralement par des réseaux satellitaires. Donc ce sont des marchés qui sont émergents, ceux-là, ils ne sont pas véritablement existants, même s’ils sont en cours de développement. L’industrie maritime est peu consommatrice de technologies de l’information très modernes, telles que l’on peut les connaître couramment maintenant dans le domaine terrestre, c’est en train de venir, donc ce sont des marchés en devenir et ce sont des cycles d’investissement qui se chiffrent en années. Donc ce sont forcément des choses relativement lentes, mais on va continuer en fait à investir organiquement dans cette activité-là, mais aussi probablement par l’acquisition de manière à renforcer nos positions dans ce domaine que l’on peut dénommer système de surveillance maritime ou cloud maritime, disons, au sens large.
Web TV www.labourseetlavie.com : C’est vrai que l’on parle beaucoup de cloud, mais cela amène derrière d’abord sans doute des investissements, et puis ensuite effectivement peut-être en mode SAS, effectivement l’utilisation par les clients récurrente.
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : Exactement, comme toutes ces technologies-là, en fait elles sont très porteuses de rupture dans la façon d’opérer pourr les clients parce que des gens qui traditionnellement fonctionnaient avec des reportings papier, vont tout d’un coup devoir se doter d’une infrastructure informatique temps réel, avec des problématiques de gestion, de réseaux, de communication, avec, comme on en a tous l’habitude, des problèmes de fiabilité parfois, ils ne sont pas forcément prêts à maintenir ce genre d’infrastructures et leurs utilisateurs, aussi bien les gestionnaires de flotte que les capitaines de navires, ne sont pas habitués à utiliser ces technologies-là. Donc il y a un très gros changement dans les méthodes de management, de flotte, qui est derrière et qui est aussi un facteur qui explique que la progression de ces marchés est quand même relativement lente.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous parlez aussi pour les prochains mois d’une nouvelle organisation du groupe, cela peut peut-être peser, quel sera l’objectif justement de cette nouvelle organisation pour vous ?
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : L’objectif de cette nouvelle organisation est précisément de se mettre en situation de pouvoir gérer maintenant des solutions intégrées qui correspondent à des business models différents, des technologies différentes, des gestions de projets beaucoup plus complexes et des mécanismes de vente, des approches de vente différentes. Donc il nous faut en fait mettre en place l’infrastructure qui va nous permettre de concevoir et de marketer et de supporter ces nouvelles offres. Cela nécessite pour nous donc des investissements en termes humains d’abord, donc il faut que l’on recrute des gens qui viennent de ce monde-là, qui en ont l’expérience et qui vont nous aider à manager cette transition, et par ailleurs que l’on investisse en R&D dans des plates-formes évolutives, probablement sous architecture SAS, qui vont nous permettre de servir ces marchés. Donc mécaniquement on va devoir dégrader un petit peu la rentabilité du groupe volontairement par ces investissements en infrastructures, en management et en R&D, de sorte que l’on puisse à l’horizon de deux ou trois ans en tirer tous les bénéfices en termes de croissance organique.
Web TV www.labourseetlavie.com : L’année 2014, on verra d’autres acquisitions de votre part sans doute ?
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : L’année 2014 va se traduire par la finalisation de l’acquisition de Techno-Science que l’on a annoncé en décembre dernier. On a eu l’approbation du gouvernement américain pour acquérir cette activité sensible, qui est très exposée aux marchés gouvernementaux et militaires américains, ça y est, on a obtenu le feu vert de ces autorités, ce qui montre bien que l’on est considéré comme une société US friendly, ce qui est une bonne nouvelle pour nous. On pense pouvoir clore cette acquisition dans les jours qui viennent maintenant, et donc, à partir de ce moment-là, on va pouvoir pleinement déployer cette stratégie de leadership dans le domaine des technologies de recherche et sauvetage par satellite, et donc procéder à l’intégration de cette société£. Donc pour nous, 2014, c’est avant tout l’intégration d’une nouvelle activité à caractère système et solutions et, au-delà de cela, de repositionner notre pôle Positioning Tracking et Monitoring comme leader mondial des technologies de Search and Rescue par satellite. Au-delà de ça, bien sûr, on a toujours des activités de recherche de nouveaux partenariats ou de cibles d’acquisitions, et c’est pour cela que l’on a recruté Rémy Julien, un nouveau VP Corporate Development qui est en charge de gérer cette acquisition final et de gérer les partenariats puisque l’on passe à une échelle qui aujourd’hui est plus importante, et Rémy vient aussi d’un monde lié à la surveillance maritime et à ces grands systèmes maritimes dont je parlais, il nous apporte également cette expertise métier.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous Jean-Yves Courtois.
Jean-Yves Courtois, Pdg de Orolia : Merci à vous.
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